27/06/2009, 18h32
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Cette nouvelle s'intitule : SUR LES CHATS
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(extraits)....Le chat se roulait sur mes genoux sur le dos, les pattes en l'air, ouvrant et fermant ses griffes, montrant sous ses lèvres ses crocs pointus et ses yeux verts dans la fente presque close de ses paupières. Je maniais la bête molle et nerveuse, souple comme une étoffe de soie, douce, chaude, délicieuse et dangereuse. Elle ronronnait ravie et prête à mordre, car elle aime griffer autant qu'être flattée. Elle tendait son cou, ondulait, et quant je cessais de la toucher, se redressait et poussait sa tête sous ma main levée. Je l'énervais et elle m'énervait aussi, car je les aime et je les déteste, ces animaux charmants et perfides. J'ai plaisir à les toucher, à faire glisser sous ma main leur poil soyeux qui craque, à sentir la chaleur dans ce poil, dans cette fourrure fine, exquise. Rien n'est plus doux, rien ne donne à la peau une sensation plus délicate, plus raffinée, plus rare que la robe tiède et vibrante d'un chat. Mais elle met aux doigts, cette robe vivante, le désir étrange et féroce d'étrangler la bête que je caresse. Je sens en elle l'envie qu'elle a de me mordre et de me déchirer, je la sens et je la prends, cette envie, comme un fluide qu'elle me communique, je la prends par le bout des mes doigts dans ce poil chaud, et elle monte, monte le long de mes nerfs, le long de mes membres jusqu'à mon coeur, jusqu'à ma tête, elle m'emplit, court le long de ma peau, fait serrer mes dents. Et toujours, toujours, au bout de mes dix doigts, je sens le chatouillement vif et léger qui me pénètre et m'envahit.... Ils sont délicieux pourtant, délicieux surtout, parce qu'en les caressant, alors qu'ils se frottent à notre chair, ronronnent et se roulent sur nous en nous regardant de leurs yeux jaunes qui ne semblent jamais nous voir, on sent bien l'insécurité de leur tendresse, l'égoïsme perfide de leur plaisir. Des femmes aussi donnent cette sensation, des femmes charmantes, douces, aux yeux clairs et faux, qui nous ont choisis pour se frotter à l'amour. Près d'elles, quant elles ouvrent les bras, les lèvres tendues, quand on les étreint, le coeur bondissant, quand on goûte la joie sensuelle et savoureuse de leur caresse délicate, on sent bien qu'on tient une chatte, une chatte à griffes et à crocs, une chatte perfide, sournoise, amoureuse ennemie, qui mordra quand elle sera lasse de baisers. Tous les poètes ont aimé les chats. Beaudelaire les a divinement chantés (.....) A quelle admirable plume, mais que de préjugés, misogynie en tête, enfin on est en plein 19ème siècle.... ![]() |