La passion pour la gent féline n’est pas propre aux Égyptiens de l’Antiquité. On sait en effet qu’elle fut notamment partagée par de nombreux personnages historiques à travers les âges - d’abord dans le monde oriental, puis également en Occident à partir des Temps modernes.
Par exemple, plusieurs empereurs chinois et japonais s’intéressaient de très près à cet animal - notamment Huizong (1082-1135) en Chine et Ichijō (980-1011) au Japon.
Le premier n’avait que faire du pouvoir et préférait s’adonner à la peinture. Alors que son pays courait à la ruine, il passait son temps à peindre des animaux, notamment des chats, ainsi qu’à composer des poèmes sur eux.
Ichijō, pour sa part, allait jusqu’à traiter sa chatte comme si elle faisait partie de la noblesse. La bien nommée Myōbu no Otodo (ce qui signifie littéralement « Dame d’honneur en chef du Palais Intérieur »), sa femelle Bobtail Japonais femelle, avait ainsi plusieurs personnes à son service. Il alla même un jour jusqu’à congédier la vétérinaire de la cour au motif qu’à ses yeux elle ne traitait pas Myōbu avec le respect qui lui était dû.
À partir des Temps modernes, certaines grandes figures historiques occidentales succombèrent elles aussi aux charmes de représentants de la gent féline. Leur passion parfois démesurée donna ainsi lieu à toutes sortes d’anecdotes, dont certaines sont restées célèbres.
En France, le cardinal de Richelieu (1584-1642), qui fut le principal ministre d’État du roi Louis XIII (1601-1643), aimait par exemple tant les chats à poil long (en particulier les Persans et les Angoras Turcs) que ses protégés avaient un médecin attitré et des domestiques.
Le pape Léon XII (1760-1829) n’allait pas aussi loin, mais traitait son chat Micetto avec beaucoup de respect. Celui-ci était semble-t-il souvent à ses côtés, y compris lorsqu’il recevait ses illustres visiteurs. C’est ainsi qu’il fit la connaissance de François-René de Chateaubriand (1768-1848), alors ambassadeur de France à Rome. Le souverain pontife et l’auteur français s'entendaient si bien qu’ils décidèrent qu’à la mort du premier, le second hériterait de son animal. C’est effectivement ce qui se produisit peu de temps après, et le célèbre écrivain français ramena par la suite Micetto avec lui à Paris. Il évoque d’ailleurs à plusieurs reprises son animal dans Les Mémoires d’outre-tombe, son autobiographie en 12 volumes publiés entre 1849 et 1850, qui est un des grands classiques de la littérature française.