10 anecdotes historiques avec des chats

Un soldat de l'US Navy portant dans ses bras Tige, le chat de la femme du président Calvin Coolidge

La domestication du chat par l’Homme ne date pas d’hier, puisqu’elle était déjà une réalité environ 7000 ans avant notre ère.

Tout au long des siècles qui se sont écoulés depuis, le petit félin a laissé son empreinte dans notre histoire, même si son sort fut très variable. Par exemple, après avoir été vénéré dans l’Égypte antique, il fut traqué et torturé dans l’Europe du Moyen Âge.

Quoi qu’il en soit, certains chats ont eu l’occasion de se faire remarquer lors de toutes sortes d’évènements et de périodes marquantes. Qu’ils aient été simplement les compagnons de grands personnages historiques ou qu’ils se soient eux-mêmes illustrés par leurs faits et gestes, voici 10 petits félins dont on parlera probablement encore longtemps...

Snowball, le chat blanc de l'enquête sur la mort de Shirley Duguay couché sur de la moquette

Au début de l’automne 1994, sur l’île du Prince Edouard (dans l’est du Canada), une femme nommée Shirley Duguay disparut soudainement. Sa voiture fut retrouvée par la police quelques jours plus tard sur l’autoroute 169. Trois semaines plus tard, on découvrit également une veste tachée de son sang dans des bois, à huit kilomètres de son domicile.

 

Très vite, les enquêteurs se mirent à soupçonner son ex-mari, Douglas Beamish, déjà connu des services de police. Toutefois, aucun élément tangible ne leur permettait de prouver sa culpabilité.

 

Un détail vint cependant attirer l’attention de Roger Savoie, un des policiers chargés de l’affaire : des poils blancs trouvés dans la doublure de la veste. En les faisant expertiser, on découvrit qu’ils appartenaient à un chat. Roger Savoie décida donc de creuser cette piste, et découvrit que les parents du suspect possédaient un gros chat blanc baptisé Snowball.

 

Il fit alors effectuer un prélèvement sanguin sur l’animal, dans le but de comparer son ADN avec celui des poils retrouvés sur la veste. Il découvrit cependant qu’une telle analyse n’avait jamais été effectuée où que ce soit dans le monde dans le cadre d’une enquête policière. Il faut dire que dans les années 90, le recours aux tests ADN dans le cadre d’investigations criminelles n’était pas encore très répandu. Savoie essuya d’ailleurs plusieurs refus de la part des laboratoires qu’il contacta avant de parvenir à convaincre le généticien américain Stephen O’Brien, spécialiste de l’ADN félin travaillant au sein du National Cancer Institute dans le Maryland (États-Unis), de relever ce défi. 

 

Comme O’Brien l’expliqua dans un article intitulé « Pet cat hair implicates murder suspects  » et publié en 1997 dans le n°386 de la revue scientifique Nature, l’ADN des poils de Snowball et celui du sang retrouvé sur la veste correspondaient parfaitement. Toutefois, compte tenu de la nature insulaire du lieu du crime, il fallait s’assurer que la population féline n’était pas consanguine. En effet, le cas échéant, ces poils auraient aussi bien vu appartenir à un autre chat dont l’ADN aurait été similaire à celui de Snowball. Lui et son équipe effectuèrent donc également des prélèvements sanguins sur 19 autres représentants de la gent féline habitant sur l’île. Ils constatèrent alors que leur profil génétique était suffisamment varié pour qu’il soit possible d’affirmer avec certitude que les poils retrouvés ne pouvaient pas être ceux d’un autre chat. 

 

Le 6 mai 1995, le corps de Shirley Duguay fut retrouvé enterré à quelques kilomètres de l’endroit où avait été découverte sa voiture. Douglas Beamish fut alors inculpé pour meurtre et jugé par la Cour suprême de l’île du Prince Edward. Les tests génétiques effectués par Stephen O’Brien furent admis comme preuve et jouèrent un rôle capital dans le procès. En juillet 1996, le suspect fut ainsi déclaré coupable et condamné à 18 ans de prison. 

 

Ce n’est cependant qu’en 1997, au moment de la publication de l’article écrit par le scientifique dans Nature, que l’affaire reçut l’attention des médias. Non sans raison, car c’était la première fois de l’Histoire qu’un test ADN non humain était présenté comme preuve au cours d’un procès. Cette affaire démontra donc la pertinence de tels tests génétiques dans le cadre d’une enquête policière, et d’autres en firent de même par la suite.

 

Cela fut notamment rendu possible par l’apparition de bases de données d’ADN félin constituées par différents instituts de recherche vétérinaires. Celles-ci sont utiles au travail des chercheurs, mais peuvent aussi potentiellement servir à la police dans le cadre d’enquêtes criminelles impliquant une victime ou un suspect ayant été en contact avec un chat.  

 

L’université de Leicester, au Royaume-Uni, dispose d’un tel fichier depuis 2013. Celui-ci fut constitué à la suite du meurtre de David Guy, dans le Hampshire : là encore, des poils de chat furent retrouvés à différents endroits liés à l’enquête et permirent d’identifier le meurtrier, un certain David Hilder. En effet, la victime possédait un chat avec lequel ce dernier avait interagi. 

 

Ces bases de données sont cependant encore peu nombreuses, et la recherche doit se poursuivre pour améliorer les analyses ADN effectuées à partir de prélèvements sur le terrain, en particulier lorsque le matériel génétique contenu dans les échantillons collectés est dégradé. De fait, il n’est pas toujours possible d’exploiter ces derniers. D’ailleurs, parmi les poils de chat retrouvés dans la veste rattachée au meurtre de Shirley Duguay, un seul était utilisable par des généticiens : l’ADN des autres poils était bien trop détérioré pour être analysé.

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Snowball, le chat à qui l’on doit le premier test ADN animal utilisé dans une enquête criminelle
Dernière modification : 03/30/2025.