Blinx, le chat de « Blinx: The Time Sweeper » (Artoon, 2002)

Le chat Blinx dans le jeu « Blinx: The Time Sweeper »

Microsoft a toujours eu des difficultés à s’imposer sur le marché vidéoludique japonais, tant celui-ci est dominé par ses concurrents Nintendo et Sony. Se demandant comment faire pour séduire le public nippon, la firme de Redmond décide au tournant des années 2000 de lui proposer de jouer un chat.

 

C’est ainsi que sort en 2002 Blinx : The Time Sweeper, un titre exclusivement disponible sur Xbox et développé par Artoon, un studio japonais fondé par une équipe ayant travaillé sur Sonic. Ce jeu prend place dans un univers comprenant de nombreux mondes indépendants les uns des autres, mais qui ont tous un point commun : ils ont besoin de cristaux temporels pour fonctionner correctement. Ceux-ci leur sont fournis par la Centrale du temps, qui au demeurant ne se contente pas de fabriquer les précieux cristaux, mais dispatche également ses agents aux quatre coins de l’univers afin d’empêcher quiconque de les voler.

 

Pour une raison non précisée, les employés de cette usine pas comme les autres sont tous des chats anthropomorphiques. C’est l’un d’eux, un spécimen roux nommé Brinx, que le joueur incarne alors qu’un beau jour, un des mondes de l’univers du jeu (B1Q64) est attaqué par un gang de bandits. Le héros doit alors intervenir pour récupérer les cristaux dérobés et libérer la princesse qu’ils ont kidnappée.

 

Ce scénario abracadabrantesque est surtout un bon moyen de mettre la notion de temps au cœur du gameplay. Équipé d’un aspirateur ayant la capacité d’absorber les cristaux temporels, Blinx peut ensuite les utiliser pour accélérer le temps, le ralentir, le mettre en pause et même revenir dans le passé. En 2002, ce niveau d’interaction très poussé avec l’environnement de jeu est une petite prouesse technologique dont seule la Xbox est capable, grâce à sa puissance de calcul supérieure à celles des autres consoles. Microsoft mise d’ailleurs beaucoup là-dessus dans sa communication en qualifiant Blinx de « premier jeu en 4D de l’histoire ».

 

Il en faut cependant plus pour séduire les joueurs japonais. Le titre n’atteint pas ses objectifs dans l’archipel, même s’il parvient à s’écouler à 600.000 unités au total dans le monde. La critique souligne l’originalité de son gameplay ainsi que la qualité de ses graphismes très colorés, mais pointe du doigt sa difficulté, sa répétitivité et le fait que le contrôle du temps soit mal exploité. En effet, pour ralentir le temps, l’accélérer ou le manipuler de quelque façon qu’il soit, il faut collecter trois cristaux de temps du même type (parmi cinq types différents). Or, ces ressources s’avèrent trop rares, si bien que de nombreux joueurs finissent par s’en passer et par parcourir Blinx comme un jeu de plates-formes ordinaire.

 

Pire encore, en tant que personnage, Blinx ne parvient pas vraiment à fédérer le public japonais qu’il est censé séduire. En effet, celui-ci le trouve trop enfantin. La déception est d’autant plus grande pour Microsoft que l’entreprise espérait en faire sa mascotte sur l’archipel afin de rivaliser avec des personnages comme Mario. 

Une suite voit néanmoins le jour en 2004, soit deux ans plus tard : Blinx 2: Masters of Time and Space. Elle est elle aussi développée par Artoon et disponible exclusivement sur Xbox, mais suscite beaucoup d’incompréhension, car Blinx n’en est pas le héros – alors même qu’il lui donne son nom. En effet, on y incarne toujours un chat, mais il s’agit cette fois-ci d’un employé lambda de l’usine du temps – qu’on peut d’ailleurs personnaliser à sa guise. Quant à Blinx, c’est à peine s’il intervient dans l’histoire.

 

Ce deuxième opus est plus dynamique et plus mature que le premier, mais il reçoit néanmoins des critiques assez mitigées. Trop générique, il ne parvient pas vraiment à trouver son public. Quant à la quasi-absence du personnage qui lui donne pourtant son nom, certains s’en s’étonnent, mais d’autres en revanche s’en accommodent sans mal, y voyant même une des qualités du titre. Cela en dit long sur la popularité du personnage…