Le laurier-rose et le chat : toxicité, symptômes, comment réagir...

Très toxique

Très présent sur le pourtour du bassin méditerranéen, le laurier rose est présent aussi dans d'autres endroits du monde, comme le Japon ou encore la Chine. Il s'agit d'un arbuste dense aux longues feuilles rigides et persistantes, couramment utilisé pour concevoir des haies. Son nom scientifique est Nerium oleander, mais on le désigne parfois sous d'autres appellations telles que oléandre, lauraine, rosage ou encore nérion.

Le laurier-rose est, comme son nom l'indique, une espèce de laurier possédant la particularité d'avoir des fleurs couramment de couleur rose. Ces dernières peuvent toutefois arborer d'autres coloris, notamment le blanc. Dans tous les cas, elles sont très décoratives et ont un puissant parfum très reconnaissable - ce qui contribue encore plus à son charme.

Malheureusement, le laurier-rose est bien connu pour sa très grande toxique, que ce soit pour l'être humain ou pour nombre d'animaux tels que le chat. En cela, il constitue l'un des plus puissants poisons que l'on puisse rencontrer dans un jardin.

La très forte toxicité du laurier-rose est connue de longue date : déjà, des écrits datant du Moyen Âge relatent des cas de décès humains à la suite d'une intoxication, la plupart ayant eu lieu après avoir consommé de la viande ayant été rôtie sur des branches de laurier-rose. C'est dire si cet arbre est vraiment très toxique...

Sa grande dangerosité vient du fait qu'il contient plusieurs molécules : les hétérosides, aussi appelées glycosides. La plus toxique d'entre elles est l'oléandrine : elle a une puissante action tonique sur le coeur, et une quantité infime peut causer un arrêt cardiaque et donc le décès. À titre d'exemple, une seule feuille peut tuer un chat ou un petit chien...

Ces différentes substances sont présentes dans l'ensemble de l'arbre : les feuilles, les fleurs, les branches, les graines, les racines... Heureusement, le laurier-rose a un goût amer, qui déplaît aux animaux de compagnie - en tout cas quand il est frais. Or, en séchant, il perd cette amertume mais reste tout aussi redoutable : un chat peut donc très bien s'intoxiquer en mangeant par exemple des feuilles ou des fleurs séchées, ou un mâchouillant un bout de bois mort.

La toxicité du laurier-rose va même plus loin que cela, puisque même l'eau dans laquelle il trempe ou la fumée qui se dégage lorsqu'on le brûle sont elles-mêmes toutes deux très dangereuses.

Un chat qui a mangé du laurier-rose et s'est intoxiqué avec commence par souffrir de divers problèmes digestifs, comme pour beaucoup d'autres types d'intoxication. On peut citer des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, des diarrhées et/ou une hypersalivation. Ils se produisent généralement dans les deux heures qui suivent l'ingestion.

Puis, dans un deuxième temps, d'autres symptômes commencent à se manifester : un abattement voire une prostration, des contractions, des troubles de la coordination, des convulsions...

Ce sont toutefois les symptômes cardiaques qui sont les plus graves, mais aussi les derniers à apparaître. Les toxines engendrent en effet le plus souvent une bradycardie (une diminution anormale du rythme cardiaque), qui entraîne elle-même une hypotension potentiellement mortelle. Cela étant, le rythme cardiaque augmente au lieu de ralentir : on parle alors plutôt de tachycardie. Quoi qu'il en soit, des contractions rapides et désordonnées des oreillettes apparaissent généralement et rendent alors inefficace le muscle cardiaque : c'est ce que l'on appelle une fibrillation auriculaire.

Dans la plupart des cas, le chat décède quelques heures après l'ingestion, par arrêt cardiorespiratoire.

Encore plus qu'avec n'importe quelle autre plante, une intoxication avec du laurier-rose nécessite de réagir sans perdre un instant, car il s'agit d'une question de vie ou de mort. La meilleure chose à faire est de contacter immédiatement son vétérinaire habituel, car il connaît déjà l'animal, ce qui facilite la prise en charge. Si toutefois il n'est pas disponible, il faut alors se tourner vers un autre vétérinaire en urgence, à défaut de mieux.

La prise en charge consiste tout d'abord à tenter de réduire la quantité de toxines que l'organisme absorbe, de toutes les manières possibles. Le plus souvent, cela passe par le fait de faire vomir l'animal (si l'ingestion date de moins de deux heures), lui faire avaler du charbon actif, et/ou lui faire faire un lavage gastrique. Ces différentes interventions doivent être réalisées par le vétérinaire, car si elles sont mal faites, elles peuvent aggraver l'état de l'animal au lieu de l'améliorer.

Une fois que cela a été fait, il convient de surveiller l'apparition éventuelle de symptômes, et le cas échéant de les traiter au fur et à mesure. Ce sont surtout les problèmes cardiaques qui sont les plus dangereux, et donc qu'il faut suivre de près : ainsi, plusieurs médicaments peuvent être utilisés pour aider le chat à retrouver un rythme cardiaque normal et faire cesser la fibrillation auriculaire. Mais d'autres symptômes peuvent aussi être problématiques et doivent donc être traités : c'est le cas en particulier des convulsions, qui nécessitent alors une prise d'anti-convulsifs.

Tous ces efforts ne suffisent toutefois pas toujours à sauver l'animal, qui bien souvent finit par décéder même en cas de prise en charge rapide. Et même s'il survit, il peut conserver des séquelles toute sa vie.