Les éliminations de chats : empoisonnement, noyade...

Une gamelle de nourriture empoisonnée placée en extérieur

Les chats qui ont accès à l’extérieur aiment explorer leur environnement et n’ont que faire du concept de propriété privée. Leur présence n’est cependant pas du goût de tout le monde.


En effet, non contents de parfois prendre leurs aises dans le jardin de personnes n’appréciant guère ce genre de choses, ils ont aussi tôt fait de causer toutes sortes de nuisances, avec potentiellement à la clef un impact sur la biodiversité ou telle ou telle activité économique. 


Cela pousse certaines personnes à vouloir éliminer la source du problème, au sens littéral du terme. Quelles sont les situations les plus susceptibles de conduire à envisager une solution aussi radicale ? Certains chats sont-ils davantage ciblés que d’autres ? Quelles sont les techniques les plus couramment employées dans un tel but ? Pour autant, est-il légal de tuer un chat ?

Les raisons pouvant conduire à vouloir éliminer un ou les chat(s)

Empoisonner ou éliminer un ou plusieurs chats par quelque moyen que ce soit n’a rien de nouveau : des petits félins sont victimes de tels actes de cruauté depuis la nuit des temps. Les raisons de le faire sont assez variées...

Protéger sa propriété privée

Un chat prêt à sauter depuis le haut d'un portail de jardin

Les chats qui se déplacent librement se cantonnent rarement aux lieux publics. Les barrières ainsi que les portails sont généralement pour eux des obstacles facilement franchissables, et leur curiosité les pousse régulièrement à s’introduire dans des jardins ou toutes sortes d’autres lieux dans lesquels ils ne sont pourtant pas les bienvenus.

 

Entre les vols potentiels de nourriture, les dégradations voire destructions d’objets personnels, le fait de se soulager sur les plantes ou encore celui de s’attaquer à d’autres animaux (par exemple des oiseaux ou des petits chiens), ils sont alors susceptibles de causer toutes sortes de désagréments et ainsi de se faire des ennemis. 

 

En outre, certaines personnes souffrent tout simplement d’allergie aux chats et ne peuvent donc pas laisser un petit félin vagabonder librement chez elles.

 

D’autres, enfin, ne les aiment tout simplement pas, pour des raisons plus ou moins (ir)rationnelles. En voir un s’inviter chez eux est alors susceptible de les pousser à employer les grands moyens pour s’en débarrasser.

Protéger la faune

Un chat ayant attrapé un oiseau et le tenant dans sa gueule

Il est de notoriété publique que les chats sont de redoutables prédateurs. Dans un article intitulé « A global synthesis and assessment of free-ranging domestic cat diet » et publié en 2023 dans la revue scientifique Nature Communication, l’équipe de Christopher A. Lepczyk, professeur et chercheur américain spécialisé en écologie, estime qu’ils chassent plus de 2000 espèces différentes.

 

Si on ajoute à cela le fait qu’ils sont présents partout dans le monde, on comprend aisément que leur impact sur la biodiversité est conséquent. Les spécialistes estiment d’ailleurs qu’ils ont contribué à l’extinction d’une soixantaine d’espèces en tout genre : des oiseaux, des reptiles, des petits mammifères...

 

La lutte contre la surpopulation féline est donc une nécessité du point de vue de la protection de la biodiversité. Elle passe principalement par la stérilisation des chats, mais il arrive que des méthodes plus radicales soient employées - notamment en zones rurales. En effet, pour protéger la faune, les autorisés décident parfois d’employer aussi des moyens léthaux.

 

C’est ce que firent par exemple en 2023 celles de l’Australie-Occidentale, qui couvre tout l’ouest du pays : elles introduisirent en effet cette année-là un plan quinquennal visant à éliminer une partie des six millions de chats errants présents sur leur territoire. En effet, comme l’expliquent plusieurs universitaires dans un article paru en 2021 sur le site The Conversation et intitulé « Australia must control its killer cat problem. A major new report explains how, but doesn’t go far enough », un rapport commandé cette année-là par le Département de la biodiversité, de la conservation et des attractions du gouvernement de cet État a établi que ces petits félins y sont responsables chaque jour de la disparition de 9 millions d’animaux - dont 3 millions de mammifères, 2,8 millions d’invertébrés, 1,7 million de reptiles, 1 million d’oiseaux et 0,3 million d’amphibiens. 

 

Le plan mis en place par les autorités marque une véritable guerre contre ces petits félins retournés à l’état sauvage : en plus d’une campagne massive de stérilisation, il comprend le fait de larguer des saucisses empoisonnées, d’utiliser des pièges et de déployer des « Felixers », des robots tueurs de chats créés par la société Thylation. Ceux-ci sont capables de reconnaître qu’un animal est un chat (à partir de sa silhouette et sa démarche), de calculer la distance à laquelle il se trouve puis de l’asperger de fluoroacétate de sodium, un gel toxique et mortel que l’intéressé finit par ingérer lorsqu’il fait sa toilette.

Protéger un passe-temps

Un chat se léchant les babines à côté d'un lapin mort

Certains chasseurs n’hésitent pas à utiliser des pièges et des armes à feu pour éliminer les représentants de la gent féline qui s’aventurent sur leur terrain de chasse. 

 

Même s’ils invoquent souvent des considérations écologiques pour justifier ces actes, c’est surtout l’impact que les chats ont sur leur passe-temps qui motive leur action. Ces derniers ont en effet tendance à s’en prendre à certaines proies qu’ils convoitent également, notamment les oiseaux et les lièvres. 

 

Les chats menacent aussi parfois la pratique de la colombophilie, c’est-à-dire l’élevage de pigeons voyageurs. Loin d’avoir disparu, cette activité fait notamment partie intégrante du patrimoine culturel en Belgique, et y est encore pratiquée par des dizaines de milliers d’amateurs. Elle est également populaire entre autres dans le nord et l’est de la France, ainsi qu’au Maroc.

Des raisons économiques

Un chat tenant dans sa gueule un poussin mort

Les éleveurs de volaille et les pisciculteurs voient les chats comme une menace, du fait qu’ils s’en prennent à leurs animaux et, ce faisant, impactent directement leurs revenus.

 

Certains peuvent donc être tentés d’employer des moyens radicaux pour protéger leur activité. 

Éliminer une portée indésirable

Une chatte couchée dans du foin avec trois chatons à ses côtés

Une chatte qui n’est pas stérilisée a en moyenne 3 à 4 portées par an, chacune comptant généralement 4 à 8 chatons.

 

Il peut être difficile de savoir quoi faire de tous ces animaux, surtout dans le cas d’une portée qui n’était pas souhaitée. Lorsqu’elles ne parviennent pas à trouver un foyer pour tout ou partie des petits d’une portée, certaines personnes n’hésitent pas à les éliminer, le plus souvent en les noyant.

 

Cette pratique était relativement courante dans les milieux ruraux jusqu’au milieu du 20ème siècle, notamment parce que la stérilisation des chats était moins répandue. Elle est difficile à chiffrer mais s’est manifestement raréfiée depuis, sans pour autant avoir totalement disparu.

Le sadisme ou l’indifférence

Un chat avec de multiples blessures sur le corps et la tête

Certains individus qui s’en prennent aux chats le font sans raison valable. En effet, il arrive depuis bien longtemps que des petits félins soient victimes d’actes de cruauté perpétrés notamment par des personnes instables et/ou qui prennent plaisir à les faire souffrir.

 

Les autres animaux domestiques ne sont pas épargnés, mais les chats sont particulièrement touchés du fait que contrairement par exemple aux chiens, il est courant pour eux de se rendre dans toutes sortes d’endroits sans leur propriétaire – sans même parler de tous ceux qui n'ont pas ou plus de propriétaire.

 

En outre, ils sont parfois considérés comme moins importants que les chiens, compte tenu de leur proximité moins grande avec les humains. Aux yeux de certaines personnes, tuer un représentant de la gent féline est donc moins grave que s’en prendre à un chien, en particulier s’il s’agit d’un chat errant. C’est d’autant plus vrai que dans certains endroits ces derniers sont perçus comme envahissants, compte tenu à la fois de leur nombre et de leur propension à s’inviter un peu partout. 

Une superstition

Un chat noir assis dans la rue et regardant vers la caméra

Depuis le Moyen Âge, les chats font l’objet de superstitions et croyances négatives - en particulier ceux qui sont de couleur noire. Celles-ci ont fortement reculé depuis, mais n’ont pas complètement disparu. L’association des chats avec le diable reste tenace chez certaines personnes, tout comme l’idée qu’ils portent malheur.

 

Aucune statistique ne prouve que les chats noirs sont plus éliminés que les autres. En revanche, il existe des chiffres montrant qu’ils sont de façon générale davantage touchés par la maltraitance et qu’ils mettent plus de temps à être adoptés dans les refuges. Ce dernier point explique d’ailleurs qu’ils sont également davantage euthanasiés, du fait de la difficulté à leur trouver de nouveaux foyers en cas de perte ou d’abandon. Il est donc très probable qu’ils soient aussi davantage concernés par les éliminations que ceux arborant un autre pelage.

Les méthodes d’élimination les plus souvent employées

Il est difficile de savoir quelle est exactement la méthode d’élimination la plus souvent employée pour tuer un chat : la plupart des cas ne sont pas détectés ou signalés, et même ceux qui le sont ne donnent pas nécessairement lieu à une autopsie.

 

Néanmoins, il semble que les procédés les plus couramment utilisés sont l’empoisonnement, la violence physique et la noyade.

L’empoisonnement

L’empoisonnement est un moyen courant d’éliminer un chat : sans doute parce qu’il est facile de trouver un poison approprié, mais aussi parce qu’il est généralement difficile d’identifier l’auteur du crime. C’est d’autant plus vrai que le décès n’intervient parfois que plusieurs heures - voire plusieurs jours - après l’ingestion.

 

Les substances les plus fréquemment employées sont les raticides, l’antigel, le paracétamol, les molluscicides, les insecticides et pesticides ainsi que les produits ménagers.  

Les raticides 

Une personne tenant dans sa main une petite saucisse avec des pilules bleues fourrées dedans

Les raticides provoquent une hémorragie interne en bloquant la coagulation sanguine. Normalement utilisés contre les rats et les souris, ces produits peuvent aussi être facilement dissimulés dans de la nourriture destinée à un chat. 

 

Le délai entre l’ingestion et le décès est généralement très long, puisque ce dernier intervient le plus souvent entre un et cinq jours plus tard.

Le paracétamol

Une personne en train de donner une pilule à un chat gris

Très utilisé par les humains pour traiter toutes sortes de douleurs, le paracétamol est en revanche toxique pour les chats, même à faible dose. En effet, il endommage gravement leur foie et provoque des difficultés respiratoires.

 

Un simple comprimé de 500 mg suffit généralement à tuer un petit félin dans un délai de 72 heures. Or, il est facile de s’en procurer un, puis de l’écraser et de le mêler à de la nourriture destinée à ce dernier.

Les molluscicides

Des granulés de molluscicides répandus sur de la terre à côté de deux escargots

Très utilisés par les jardiniers pour protéger leurs plantes contre les limaces, les molluscicides, notamment ceux à base de métaldéhyde ou de méthiocarbe (une substance d’ailleurs interdite au sein de l’Union européenne depuis 2015, et fortement réglementée au Canada) provoquent lorsqu’un chat les ingère des convulsions et une hyperthermie qui très souvent entraînent sa mort en quelques heures à peine. 

Les insecticides et pesticides

Une personne dépose des granulés de pesticides près de fleurs

Certains insecticides et pesticides utiles pour protéger les plantes et les récoltes peuvent être létaux pour un chat. C’est le cas notamment de la perméthrine, des organophosphorés et des carbamates. 

 

En effet, ces substances entraînent généralement le décès dans les 24 heures après l’ingestion (ou 48 heures dans le cas des organophosphorés).

Les produits ménagers

Un chat en train de renifler des bouteilles de produits ménagers

De simples produits de nettoyage peuvent servir d’armes redoutables contre les chats. 

C’est par exemple le cas de l’eau de Javel et de la lessive, qui provoquent des brûlures internes, des vomissements, des convulsions et entraînent la mort - même à faible dose.

 

La première est d’autant plus dangereuse que l’ammoniaque qu’elle contient a tendance à attirer les petits félins, du fait que son odeur leur rappelle celle de l’urine. 

Des aliments nocifs

Un chat s'approchant d'une assiette avec des carrés de chocolat

Il existe toutes sortes d’aliments nocifs pour un chat parmi ceux que les humains consomment couramment : c’est le cas notamment du chocolat, du raisin, de l’oignon ou encore de l’ail.

 

Il est très aisé pour une personne mal intentionnée de les utiliser afin d’éliminer discrètement un petit félin. En outre, il est alors difficile de prouver qu’elle avait l’intention de tuer, étant donné qu’elle peut simplement prétexter ignorer qu’il s’agit d’un mets toxique pour les chats.

La violence physique

Un homme s'apprête à donner un coup de pied à un chat allongé sur un tronc d'arbre.

Si les empoisonnements sont assez plébiscités, la violence physique est aussi fréquente pour éliminer des chats, en particulier ceux qui errent dans la nature : coups de pied, jets de pierres, utilisation d’objets contondants comme armes improvisées…

 

Certaines personnes vont même jusqu’à utiliser des armes à feu ou à air comprimé : par exemple un fusil de chasse, une carabine à plomb ou un pistolet à air.

Les pièges

Un chat bloqué dans un piège

Il arrive qu’une personne souhaitant se débarrasser d’un chat en particulier ou des chats en général utilise un piège. Ce dernier peut soit servir simplement à immobiliser et capturer l’animal (il faut alors l’éliminer « manuellement »), soit carrément provoquer des blessures destinées à entraîner directement la mort.

 

Parmi la première catégorie figurent les cages équipées d’un mécanisme qui referme la porte derrière l’animal une fois celui-ci à l’intérieur. Elles ne sont pas dangereuses en soi : d’ailleurs, les organismes (associations, collectivités locales…) menant des campagnes de capture et de stérilisation des chats errants y ont recours, alors qu’elles n’ont bien sûr nullement l’intention de tuer ces derniers. Toutefois, une personne moins bien intentionnée peut détourner l’usage de cet objet afin de l’utiliser pour éliminer définitivement un petit félin.

 

Des pièges à chasse conçus pour capturer des animaux sauvages peuvent eux aussi voir leur usage détourné pour blesser ou tuer des chats. C’est le cas par exemple de ceux dotés de mâchoires qui se referment sur la cible. Leur but est d’immobiliser une proie, mais ils causent souvent au passage des fractures, des hémorragies et des mutilations. Lorsqu’elles ne sont pas prises en charge, ces blessures peuvent entraîner la mort. 

 

Les pièges à collets, pour leur part, immobilisent l’animal par le cou, une patte ou la queue. Plus il se débat pour essayer de se libérer, plus le mécanisme se resserre sur lui, ce qui peut entraîner des mutilations. S’il est pris au cou, il risque également de s’étrangler en se débattant. 

La noyade

Les corps de quatre chatons morts noyés étendus sur le sol

Discrète et ne laissant aucune trace, la noyade est une méthode particulièrement employée pour se débarrasser de chatons non désirés.

Est-il permis de tuer un chat ?

Dès lors qu’un pays dispose d’une loi pour lutter contre la maltraitance animale, il est généralement interdit de procéder soi-même à l’élimination d’un chat quel qu’il soit. C’est notamment le cas en France, en Belgique, en Suisse et au Canada. Néanmoins, les peines encourues ne sont évidemment pas les mêmes partout. Par ailleurs, les sanctions effectivement prononcées tendent globalement à être plus lourdes si l’animal a un propriétaire.

 

Quoi qu’il en soit, il convient de souligner que tenter d’éliminer un chat sans y parvenir est aussi répréhensible aux yeux de la loi. Cela peut donc également aboutir à une procédure judiciaire, surtout si l’animal est blessé ou traumatisé.

En France

Un chat assis devant une terrasse de café à Paris

L’article 521-1 du Code pénal français stipule que tuer un chat (y compris si on en est le propriétaire) constitue un crime passible de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.

 

Concernant les chats errants, une collectivité locale faisant face à un important problème de surpopulation peut prendre un arrêté afin d’organiser des campagnes de capture en vue de les identifier et les stériliser, mais elle ne peut en aucun cas prévoir leur élimination systématique.

En Belgique

Au niveau fédéral, la Belgique possède bien un texte visant à protéger les animaux contre les actes de maltraitance : la Loi relative à la protection et au bien-être des animaux, promulguée en 1986 et amendée à plusieurs reprises depuis lors. Toutefois, ce texte ne parle pas explicitement de l’élimination des animaux, qu’ils aient un propriétaire ou non.

 

 

De fait, la protection des animaux relève principalement de la compétence des régions, et chacune dispose de sa propre législation en la matière. 

En Wallonie

Un chat sur le toit d'une maison en briques

Depuis 2018, la Wallonie est dotée d’un Code du bien-être animal qui stipule dans son chapitre 7 qu’un animal « ne peut être mis à mort que par une personne ayant les connaissances et les capacités requises ». Il interdit également explicitement de « donner à un animal une substance qui peut lui causer des souffrances ou des lésions », c’est-à-dire notamment de tenter de l’empoisonner. 

 

Il prévoit en outre des sanctions très lourdes en cas de maltraitance et d’actes de cruauté. En effet, l’élimination d’un chat est passible de 10 à 15 ans de réclusion criminelle et d’une amende pouvant aller jusqu’à 10 millions d’euros.

 

Il est peu probable qu’un tel montant soit effectivement exigé lors d’une condamnation, mais le Code du bien-être animal permet en revanche à l’administration régionale d’infliger au moins une amende administrative comprise entre 50 euros et 100.000 euros si le Parquet se refuse à engager des poursuites.

En Flandre

Un chat assis dans une rue de Belgique

En Flandre, le Décret relatif au bien-être des animaux qui s’applique depuis 2024 prévoit des sanctions pouvant être très lourdes pour punir l’élimination d’un animal. En effet, ce crime y est passible de 8 jours à 5 ans de prison ainsi que d’une amende allant de 52 euros à 100.000 euros, même s’il s’agit d’une première infraction.

 

En outre, les peines maximales sont fortement alourdie en cas de récidive dans un délai de cinq ans : on s’expose alors à jusqu’à 10 ans de prison et une sanction pécuniaire pouvant aller jusqu’à 1,6 million d’euros.

À Bruxelles-Capitale

Un chat assis au milieu d'une rue pavée à Bruxelles

Le parlement de la région Bruxelles-Capitale prévoit de prendre exemple sur la Wallonie en créant un Code du bien-être animal visant à renforcer la lutte contre la maltraitance.

 

En attendant, l’élimination d’un chat y est déjà passible de 100.000 euros d’amende. Une peine de prison peut également être prononcée par le juge, mais la loi ne fixe pas la durée maximale de celle-ci.

En Suisse

Un chat allongé au bord d'un lac en Suisse

La Suisse est dotée depuis 1978 d’une Loi fédérale sur la protection des animaux, qui vise à lutter contre les maltraitances. En 2005, le texte a été amendé pour mieux les protéger contre les actes de cruauté. Ses dispositions s’appliquent à tous les chats, qu’ils aient ou non un propriétaire, et le cas échéant que ce dernier soit un tiers ou directement l’auteur des faits lui-même. 

 

En particulier, l’article 4 stipule que « personne ne doit de façon injustifiée causer à des animaux des douleurs, des maux ou des dommages, les mettre dans un état d’anxiété ou porter atteinte à leur dignité d’une autre manière. Il est interdit de maltraiter les animaux, de les négliger ou de les surmener inutilement ».

 

Concernant les peines, l’article 26 précise que l’élimination d’un chat (ou d’ailleurs tout autre acte de cruauté à son encontre) est passible de 3 ans de prison et d’une amende dont le montant n’est pas défini. Cela vaut que l’on soit ou non le propriétaire de l’animal en question, ou même d’ailleurs si ce dernier n’en a pas.

 

Il convient enfin de souligner que la Suisse pratique encore l’euthanasie pour lutter contre la surpopulation féline, mais seuls certains organismes habilités peuvent ainsi éliminer des chats errants. Il est interdit d’employer une quelconque méthode pour s’en charger soi-même.

Au Canada

Un chat assis devant le Parlement, à Ottawa (Canada)

Au Canada, l’élimination des chats est interdite par la Loi sur la cruauté envers les animaux, inscrite au Code criminel canadien en 1892 et amendée plusieurs fois.

 

Son article 445 stipule ainsi que causer des souffrances « sans nécessité » à un animal dont on est le propriétaire ou non, ou bien « administrer une drogue ou substance empoisonnée ou nocive à un animal », est un crime passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison et 10.000 dollars d’amende. 

 

En plus de cette loi fédérale, certaines provinces se sont elles aussi armées de textes permettant d’engager des poursuites au niveau provincial (plutôt que de le faire au niveau fédéral).

 

C’est le cas notamment du Québec, qui a adopté en 2015 une Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal. Dans son article 2, elle stipule qu’un animal ne doit être soumis « à aucun abus ou mauvais traitement pouvant affecter sa santé », et cela vaut quel que soit le cas de figure : on en est le propriétaire, il appartient à un tiers ou il n’a pas de maître. Tout contrevenant s’expose à une sanction maximum de 18 mois de prison et 250.000 dollars d’amende. 

Un traitement juridique différent selon les cas

Un juge en robe tenant un marteau de justice dans sa main droite

Quel que soit le territoire concerné, la loi pénale (c’est-à-dire celle qui définit les crimes, les délits et leurs sanctions) ne fait pas de distinction selon que le chat appartienne à l’auteur des faits, à une tierce personne ou qu’il n’ait pas de propriétaire : la personne l’ayant tué s’expose dans les trois cas à la même peine au pénal. Pour déterminer cette dernière, différents éléments sont pris en compte par la cour : la méthode employée, la préméditation, le mobile et les antécédents judiciaires. En outre, la sanction est normalement plus lourde si plusieurs animaux sont concernés, et non un seul.

 

Dans les faits, que ce soit en France, en Belgique, en Suisse ou au Canada, une personne tuant un chat ayant un propriétaire est généralement davantage sanctionnée que si l’animal est errant. En effet, cette élimination s’apparente alors aux yeux du droit non seulement à un acte de cruauté, mais aussi à une destruction de la propriété d’autrui : en plus de l’action pénale, elle a donc des chances de faire l’objet de poursuites au civil. 

 

Ces deux procédures judiciaires n’ont pas tout à fait le même objectif : alors qu’un procès au pénal vise à sanctionner un crime ou un délit (par une amende, une peine de prison, ou les deux), un procès au civil règle quant à lui un litige entre personnes physiques ou morales (par une compensation financière).

 

S’en prendre au chat de quelqu’un peut donc s’avérer bien plus coûteux que tuer un animal errant, car le propriétaire est fondé d’entamer des poursuites au civil en vue de demander une indemnisation. Celle-ci peut alors inclure :

  • la valeur marchande de l’animal ;
  • les frais vétérinaires engagés, si des soins ont été tentés pour lui sauver la vie ou si une autopsie a été réalisée pour identifier les causes de la mort ;
  • le préjudice moral. 

 

Cela dit, des poursuites au civil sont également possibles dans le cas d’un chat n’ayant pas de propriétaire. En effet, ce dernier (s’il existe) n’est pas le seul à pouvoir se porter partie civile : il arrive aussi que des organismes de défense des animaux (ou plus rarement une collectivité locale) le fassent, en particulier quand plusieurs animaux sont concernés.  

 

Dans les pays fédéraux, les peines pénales prévues au niveau fédéral et celles qui le sont au niveau de l’État ou la province sont susceptibles d’être différentes - les premières étant généralement plus lourdes que les secondes. Par exemple, au Canada, l’élimination d’un chat peut être jugée par une cour fédérale ou par une cour provinciale, telle que celle du Québec : cela dépend généralement de la gravité des faits. Les peines prévues par la législation fédérale étant effectivement plus sévères que celles en vigueur au niveau provincial, un juge fédéral est davantage susceptible de se saisir d’une affaire si l’élimination est particulièrement cruelle et sordide, ou si l’accusé est suspecté de s’en être pris à de nombreux chats.  

Des poursuites rares

Il en va de l’élimination de chats (et plus largement de la maltraitance animale) comme de nombreux autres sujets : les textes de loi sont une chose, leur application en est une autre. De fait, alors que de nombreux pays sont aujourd’hui dotés d’un arsenal légal leur permettant de sanctionner les personnes éliminant des chats, celles-ci ne se retrouvent pas systématiquement devant la justice.

 

En effet, différentes raisons font que, dans la pratique, les poursuites sont assez rares.

La difficulté de trouver le coupable

Une personne agenouillée en train de donner de la nourriture sèche à des chats

Il est particulièrement difficile d’identifier le coupable en cas d’empoisonnement d’un chat, car il peut se passer plusieurs heures - voire plusieurs jours - entre l’ingestion de la substance mortelle et le décès.

 

Ceci explique d’ailleurs aussi que généralement ce dernier n’intervient pas là où le crime a été commis, ce qui évidemment complique les choses.

 

Au demeurant, sachant qu’un représentant de la gent féline parcourt normalement plusieurs kilomètres par jour, il est difficile de connaître de manière exhaustive l’ensemble des endroits où il s’est rendu – et donc potentiellement d’identifier celui où il a été empoisonné. 

 

Du reste, quand bien même on parvient à identifier l’endroit où les faits se sont produits, il ne s’agit pas forcément d’une propriété privée : il peut s’agir d’un lieu public. Il est alors potentiellement difficile non seulement de connaître les personnes l’ayant fréquenté, mais aussi d’identifier parmi elles un suspect.

 

Enfin, dans le cas d’un chat errant, la tâche est encore plus compliquée puisqu’il n’y a personne pour signaler sa mort ou sa disparition – hormis éventuellement un membre du personnel d’une collectivité locale ou d’une association qui s’en occupe de manière plus ou moins régulière.

L’absence de preuves

Une personne en train d'écrire une déclaration sur une feuille de papier, avec des menottes à côté

Même si on a la conviction de connaître l’identité de la personne ayant éliminé un chat, encore faut-il pouvoir le prouver.

 

Or, obtenir des preuves ou un témoignage a tôt fait d’être difficile, en particulier si les faits ont eu lieu sur une propriété privée.

L’autopsie, une démarche difficilement accessible

Radiographie de l'estomac d'un chat

Pour prouver qu’un chat a été éliminé volontairement, quelle que soit la méthode employée (intoxication, violence physique…), il faut procéder à une autopsie et parfois à des examens supplémentaires – par exemple une analyse toxicologique.

 

Ces procédures existent, mais sont coûteuses et à la charge du propriétaire (sauf si la police décide d’ouvrir une enquête, ce qui n’arrive généralement que lorsqu’on compte plusieurs victimes). Une simple autopsie nécessite déjà de débourser entre 50 et 200 euros, mais une analyse complète peut revenir à carrément plusieurs milliers d’euros. 

 

En outre, l’argent n’est pas le seul problème : il peut être difficile de trouver un vétérinaire ou un laboratoire capable d’effectuer une analyse complète, surtout lorsqu’on habite en zone rurale. 

 

Enfin, non seulement ces démarches ne ramènent évidemment pas l’animal à la vie, mais en plus rien ne garantit qu’elles permettent de confondre le coupable : dans la plupart des cas, le propriétaire de l’animal préfère y renoncer.

Le manque de coopération de la police

Un officier de police recueillant la déposition d'une femme

Il est parfois difficile d’obtenir l’aide de la police pour trouver l’assassin d’un animal de compagnie. Celle-ci a souvent, pour ainsi dire, d’autres chats à fouetter, en particulier en ville où elle est généralement plus sollicitée qu’à la campagne et où elle manque parfois de personnel pour traiter correctement toutes les affaires qui se présentent. 

 

Toutefois, elle est davantage encline à prendre le problème au sérieux lorsque les éliminations se multiplient dans un secteur ou lorsqu’un cas est particulièrement cruel - a fortiori si l’affaire est médiatisée, car il y a alors une certaine pression de l’opinion publique pour confondre et sanctionner le coupable.

Des sanctions souvent légères

Une personne lève les bras au ciel en défaisant ses menottes

Ce n’est pas parce que la loi permet de prononcer des peines de prison ferme en cas de meurtre d’un chat que dans les faits le coupable se retrouve forcément derrière les barreaux. En réalité, c’est même très rare.

 

Par exemple, comme le soulignait par exemple Tamara Guelton, responsable juridique de la Société Protectrice des Animaux (SPA), dann un article publié sur le site de la chaîne de télévision française TF1 en 2021, plusieurs centaines de condamnations sont prononcées chaque année en France pour mauvais traitements contre des animaux : toutefois, les peines de prison ferme « se comptent encore sur les doigts d’une main. La plupart du temps, les auteurs de ces actes écopent d’une simple amende, voire d’une peine de prison avec sursis ».

 

Elle souligne toutefois aussi que la proportion de cas classés sans suite diminue, et que « les tribunaux sont un peu moins frileux ». Ainsi, les sanctions prononcées tendent à être plus lourdes que ce n’était le cas par le passé. Cela montre bien que la maltraitance animale laisse de moins en moins indifférentes nos sociétés contemporaines.

L’élimination d’un chat, un crime qui peut en cacher d’autres

Un homme tenant violemment un chat par le cou sur le sol et lui montrant son poing fermé

Les actes de cruauté contre les chats ne constituent pas toujours des crimes isolés.  Ainsi, dans un article intitulé « The relations among animal abuse, psychological disorders, and crime : Implication for forensic assesment » publié en 2018 dans la revue scientifique Behavioral Science & The Law, les professeurs américains Frank Ascione et Shelby E. McDonald ont clairement documenté les liens statistiques entre certains types de crimes et les actes de cruauté envers les animaux. 

 

Ils ont établi que contrairement à une idée reçue, seule une minorité de tueurs de masse et en série avaient précédemment au cours de leur existence tué un ou plusieurs animaux. En revanche, ils ont constaté qu’un pourcentage non négligeable d'individus se livrant à des violences contre des personnes, commettant des crimes sexuels, des actes de violence conjugale ou même un féminicide s’attaquent aussi à des animaux, notamment des chats.

 

Ainsi, ils évoquent notamment une étude menée sur un échantillon de 269 personnes incarcérées au Colorado pour des faits de violences sexuelles : il en est ressorti que 44 % de celles condamnées pour abus sexuel sur des mineurs et 68 % de celles condamnées pour viol avaient également commis des actes de cruauté envers des animaux.

 

Selon une autre étude citée dans le même article, 67% des enfants américains dont les mères ont été victimes de violences conjugales disent avoir été témoins de violences envers des animaux perpétrées par le conjoint en question. 

Éloigner un chat sans lui faire du mal

Un chat fuyant le jet d'eau d'un arroseur automatique dans un jardin

Si recourir à des méthodes violentes voire léthales pour s’en débarrasser est interdit, on n’est pas en revanche forcé d’accepter la présence d’un petit félin s’invitant sur sa propriété ou venant perturber une activité que l’on pratique.

 

Il existe heureusement de nombreux moyens non léthaux permettant d’éloigner un chat indésirable sans pour autant faire preuve de cruauté à son égard : utiliser un répulsif végétal et olfactif, un arroseur automatique avec détecteur de mouvements, un dispositif à ultrasons, un matériau désagréable pour ses pattes... 

Conclusion

Bien que difficile à chiffrer et probablement en recul, l’élimination des chats est une pratique qui perdure de nos jours et peut prendre différentes formes : intoxication, violence physique, noyade...

 

Il faut dire que même si l’arsenal juridique s’est considérablement renforcé par rapport à autrefois, avec souvent de lourdes sanctions prévues par la loi, il est difficile de lutter contre, tant il est aisé d’agir de manière discrète.

 

Ainsi, dans la plupart des cas, l’auteur des faits demeure inconnu et n’est pas inquiété. Au demeurant, même en cas de poursuites, les sanctions prononcées sont généralement très en deçà de celles prévues.

 

Reflétant bien souvent une méconnaissance concernant la souffrance animale, voire carrément une indifférence vis-à-vis de cette dernière, ces crimes sont d’autant plus inacceptables qu’il existe de nombreuses autres manières de tenir éloignés les représentants de la gent féline, qui s’avèrent pour la plupart peu coûteuses et faciles à déployer.

Par Nicolas C. - Dernière modification : 07/09/2025.