Les épillets : quels dangers pour le chat, et que faire ?

Un chat sur un lit d'épillets

L’ennemi N°1 des propriétaires d’animaux pendant les beaux jours, ce sont les épillets ! Ils s’accrochent au pelage du chat pendant les promenades, pénètrent dans la peau puis font leur chemin à l’intérieur des tissus, non sans causer au passage quelques dommages. On craint toujours de ne pas les déceler à temps et qu’ils créent des lésions à l’animal, le menant tout droit chez le vétérinaire.


Mais que sont réellement les épillets, et que peuvent-ils causer au chat ? Quelles précautions prendre pour protéger son chat contre les épillets ?

Où et quand y a-t-il des épillets ?

Des épillets verts et gris

Qui n’a jamais retiré de ses vêtements pendant une promenade ou lancé sur le pull de ses amis ces épis garnis de nombreux épillets, sans pour autant connaître leur nom ?

 

En effet, les épillets sont de petits épis contenant une graine de graminée, regroupés eux-mêmes le long d’un épi. Il peut s’agir de blé, d’avoine ou même d’herbe sauvage comme l’Hordeum murinum (ou « orge des rats »), qu’on retrouve dans les chemins comme dans les jardins.

 

Ces graminées poussent de mai à septembre et sont tout particulièrement dangereuses durant les mois chauds (juillet et août), quand les épillets sèchent, devenant plus fins et durs que jamais. Ils se détachent alors de leur tige, tombent au sol et/ou s’accrochent au contact de n’importe quelle matière filamenteuse, qu’il s’agisse par exemple des vêtements des passants, de cheveux humains ou du pelage des animaux.

 

Les épillets sont un danger à ne pas négliger pour le chat, qui risque d’en attraper pendant ses balades à l’extérieur, en particulier s’il rôde dans des champs ou des herbes hautes. Appelé aussi spigaou en Provence ou encore « le voyageur », l’épillet a pour particularité de se déplacer à l’intérieur des tissus une fois qu’il a percé la peau - c’est justement ce qui fait son danger.

Le danger des épillets pour les chats

Un chat gambade dans un champ d'épillets

Dans les meilleurs cas, l’épillet se décroche seul des poils du chat ou est retiré par l'animal lorsqu’il fait sa toilette. Il peut aussi être avalé, digéré puis expulsé naturellement. Il arrive également qu’il se retrouve dans les poumons et qu’il s’y enkyste sans conséquence ultérieure.

 

Néanmoins, dans la majorité des cas, l’épillet pénètre les tissus, et ne peut alors plus reculer, du fait de sa forme de harpon. Il continue ensuite son voyage dans l’organisme, créant une inflammation puis une infection, comme tout corps étranger le fait.

 

En outre, il est parfois difficile de remarquer qu’un chat est porteur d’un épillet, car en l’espace de quelques heures à peine, il sera totalement entré dans les tissus et devenu indétectable à la vue. Néanmoins, une gêne sera vite ressentie par l’animal, qui présentera des signes d’inconfort voire de douleurs qui alerteront son propriétaire. Une fièvre élevée du chat, un manque d’appétit, des miaulements persistants ou encore une apathie inhabituelle sont autant de signaux qu’il ne faut pas négliger.


Lorsque l’oreille du chat est touchée, il secoue régulièrement la tête et peut refuser qu’on lui touche les oreilles. Si l’épillet continue son chemin, il peut engendrer une plaie, une otite du chat, voire même lui perforer le tympan. Si ce n’est pas soigné, la plaie peut s’infecter ou l’otite dégénérer. Dans les deux cas, une mauvaise odeur pourrait émaner de l’oreille ; il sera alors grand temps de s’inquiéter !

 

Un chat caché derrière des pousses de céréale

Si le chat a respiré de trop près des graminées, il peut avoir reniflé un épillet et se mettre alors à éternuer et souffler dans son nez pour essayer de le retirer. Le nez peut aussi couler, et il se peut même que le chat saigne du nez si l’épillet a endommagé la muqueuse. Dans de rares cas, l’épillet continue son chemin par les sinus jusqu’au cerveau, créant alors des dommages irréversibles.

 

Concernant les yeux, il est particulièrement difficile d’y détecter un épillet, car il se loge souvent sous la troisième paupière de l’animal. Cependant, quelques signes peuvent trahir sa présence : il peut y avoir une plaie, ou bien l’oeil peut pleurer, être fermé ou être rouge. Dans tous les cas, la présence d’un épillet dans l’oeil peut engendrer des maladies oculaires du chat, comme une conjonctivite, une infection des canaux lacrymaux, voire même un ulcère de la cornée s’il n’est pas enlevé à temps. A terme, le risque de cécité du chat existe.

 

S’il arrive à votre chat de se promener la bouche ouverte lorsqu’il évolue à l’extérieur (par exemple pour sentir davantage d’odeurs), l’épillet peut aussi se loger directement dans sa bouche. Dans le meilleur des cas, il sera alors digéré et éliminé. Sinon, il se dirigera vers les voies respiratoires et pourrait ainsi se retrouver dans le poumon. Votre animal se mettra alors à tousser et cracher, avec présence de sang si la muqueuse buccale est touchée. Si le problème n’est pas détecté et traité rapidement, il pourrait alors dégénérer en pneumonie.

 

Un chat marche dans un champ de blé

Plus rarement, il arrive que l’épillet se loge dans l’appareil génital du chat et engendre alors des vaginites chez la chatte. Elle se léchera alors la vulve, aura des pertes vaginales, et un gonflement de la zone est probable.

 

Enfin, il peut aussi se glisser tout simplement entre les doigts et causer une blessure des coussinets, créant une plaie ouverte. L’animal peut alors se mettre à se lécher frénétiquement ou boiter, ce qui présente des signes évidents d’inconfort qui devraient alerter son propriétaire. Si elle n’est pas bien soignée et désinfectée, la plaie pourrait évoluer en fistule.

 

A noter qu’en cas de plaie ouverte, il vaut mieux mettre une collerette à son chat en attendant le rendez-vous chez le vétérinaire, pour éviter qu’il ne se lèche et surinfecte le problème.

Soigner un chat blessé par un épillet

Chat blessé par un épillet examiné par un vétérinaire

Les épillets sont susceptibles de voyager très loin dans le corps du chat, poursuivant leur chemin tant qu’ils le peuvent. Le temps est donc un facteur primordial pour soigner un chat porteur d’un épillet. En effet, plus le temps passe, plus les risques d’infections et de lésions augmentent. Et plus un épillet est ancien, plus il sera parti loin dans le corps de l’animal et aura pu causer des dommages sur son passage, en plus d’être potentiellement plus difficile à retirer. Par conséquent, dès que l’on remarque que son chat est victime d’un épillet, il est primordial de ne pas attendre pour l’emmener chez le vétérinaire : cela ne ferait qu’aggraver la situation, compliquer son extraction et alourdir la facture.

 

Il est même possible que le chat ait attrapé plusieurs épillets en respirant directement près d’un épi ou en marchant sur un épi tombé au sol. Le cas échéant, le vétérinaire devra les trouver et les extraire un par un pour éviter toute autre infection interne, car ils ont pour habitude de continuer leur chemin dans l’appareil digestif, respiratoire ou génital, créant ainsi une infection.

 

Un chat se fait examiner les oreilles

Pour enlever un épillet à un chat, le vétérinaire doit donc d’abord le localiser, en ayant recours si besoin à une échographie ou une endoscopie, avant que de procéder à son extraction. Dans les cas les plus complexes, cette dernière doit être effectuée sous anesthésie générale, voire nécessiter un acte de chirurgie lourde. Toutefois, le plus souvent, et notamment lorsque l’épillet se situe dans une zone courante (comme par exemple l’oreille du chat), une simple tranquillisation de l’animal à l’aide de sédatifs suffit.

 

En tout état de cause, enlever soi-même un épillet à son chat n’est absolument pas recommandé. En effet, même s’il semble facilement accessible, sa forme de harpon risque de faire encore plus mal à l’animal lors de l’extraction, et il a des chances de se décomposer en plusieurs éléments. Les vétérinaires ont du matériel adapté et des compétences que vous n’avez pas. Par conséquent, si vous constatez ou soupçonnez la présence d’un épillet, la seule bonne attitude à adopter est de se tourner vers un vétérinaire.

Protéger son chat contre les épillets

Un jeune chat marche sur une pelouse verdoyante

Un seul épillet peut entraîner la mort du chat, même plusieurs semaines après avoir pénétré l’organisme. En effet, planté dans une patte, il peut remonter jusqu’au cœur. Planté près de la tête, il peut remonter jusqu’au cerveau, et ainsi de suite. Toutefois, la prévention contre les épillets peut réduire considérablement le risque que le chat soit touché.

 

En premier lieu, lorsque cela est possible, éviter qu’il aille se promener dans les champs (au moins pendant les périodes les plus critiques de l’été) est évidemment la meilleure façon de protéger son chat contre le risque d’épillets. Néanmoins, il peut être difficile d’interdire à son chat d’aller gambader à cette période s’il y est habitué en temps normal. Le cas échéant, il faut au moins prendre l’habitude de procéder à une inspection régulière quand il rentre de promenade, de la tête à la queue : cela permettra d’intervenir rapidement s’il y a un problème. Certaines zones de son corps nécessitent une vigilance toute particulière : les yeux, le nez, les oreilles ou encore les orifices génitaux sont autant d’endroits où les épillets sont particulièrement susceptibles de se cacher.

 

Par ailleurs, comme ils peuvent pousser aussi dans la pelouse du jardin, couper l’herbe et bien ramasser les restes de tonte peut permettre d’enlever de nombreux épillets situés dans l’environnement immédiat du chat.

 

Un chat allongé se fait examiner

Enfin, il faut noter que les chats aux poils longs sont davantage exposés au risque d’attraper ces graminées pendant leurs promenades. Il faut donc prendre l’habitude de brosser le pelage de son chat très régulièrement, afin d’éviter que des boules de poils ne se forment : elles représentent en effet un vrai nid douillet pour les épillets.

 

Si jamais le brossage du poil du chat n'est plus possible - notamment s'il contient trop de noeuds ou d'épillets -, il peut être nécessaire de tondre le pelage de son chat. La tonte du poil du chat ne doit toutefois être envisagée qu'en dernier recours, car elle est souvent très mal vécue par le chat.

Conclusion

Il ne faut pas négliger la dangerosité des épillets pour le chat. Ils piquent la peau ou s’insèrent par les orifices naturels, puis créent des lésions et des infections sur leur passage. Quel que soit l’endroit du corps, la situation risque d’empirer si un vétérinaire ne les enlève pas rapidement. En effet, leur forme de harpon ne leur permet pas de ressortir d’eux-mêmes, comme tout corps étranger le ferait normalement : ils ne peuvent que s’enfoncer toujours plus dans l’organisme de l’animal.

 

Pour éviter tous ces soucis, ou du moins en minimiser le risque, il est essentiel d’inspecter son chat régulièrement et d’observer son comportement afin de s’assurer qu’il n’y a rien d’anormal. Au demeurant, être à son écoute et partager des moments de proximité avec lui ne peut que renforcer la relation entre le maître et son compagnon.

Par Céline C. - Dernière modification : 05/11/2020.

Commentaires sur cet article

Cet article est très intéressant car ce problème est souvent inconnu des propriétaires d’animaux. Les explications sont claires et à la portée de tous très bien documenté
Merci !

   
Par Jaffrai Nicole
Chien.com

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