La maltraitance envers les chats : histoire, lois, statistiques…

Un chat assis derrière un grillage

L’histoire d’amour entre les humains et les chats dure depuis plus de 9000 ans. Pourtant, les seconds sont fréquemment victimes d’actes de maltraitance commis à leur encontre par les premiers.


La maltraitance est toutefois une vaste notion, qui recouvre une grande variété d’actes néfastes pour la santé physique ou mentale des intéressés. En effet, elle ne se limite pas aux sévices physiques, mais englobe également la négligence, l’abandon, ou tout simplement le fait de ne pas répondre aux besoins vitaux de l’animal - parfois du fait qu’on en a accumulé un trop grand nombre.


En outre, alors qu’on pense parfois qu’ils découlent inexorablement d’une volonté de le faire souffrir, la majorité de ces actes sont en réalité commis par simple ignorance de ses besoins ou par une mauvaise compréhension de son comportement.


Par ailleurs, en matière de maltraitance animale, la culture joue pour beaucoup. Certains actes considérés comme de la maltraitance dans un pays - y compris du point de vue de la loi - ne le sont pas dans un autre, et vice versa.


Depuis quand s’interroge-t-on et légifère-t-on sur la maltraitance à l’égard des chats ? Qu’est-ce qui est effectivement considéré comme de la maltraitance, et pourquoi ? Comment certaines personnes en viennent-elles à effectuer de tels actes, que ce soit à l’encontre de leur propre animal ou d’un autre ? À quelles sanctions s’exposent-elles alors ?

L’histoire de la maltraitance des chats en Occident

Dès sa domestication entre 7500 et 7000 avant J.-C., le chat déjà se démarque du chien par son rapport à l’être humain comme par son rôle dans la société. En effet, alors que le second est utilisé pour accomplir des tâches précises, le premier lui ne peut pas être dressé.

 

Dès le début, sa relation avec les humains est donc marquée par un mélange de fascination, de vénération, de crainte et d’amusement. Ces sentiments ont évidemment un impact considérable sur le traitement réservé à cet animal d’un territoire à l’autre et d’une époque à l’autre.  

Un animal vénéré et apprécié durant l’Antiquité

Une statue de Bastet, divinité égyptienne ayant une apparence de chat
Une statue de Bastet

La domestication du chat commence en Égypte ancienne, probablement entre 7500 et 7000 avant J.-C. Il y jouit alors d’un statut social spécial, car il est considéré comme un représentant des dieux sur Terre. Cela explique qu’il prête ses traits à trois divinités de l’époque dont Mafdet, Bastet et Sekhmet, respectivement dieux de la justice, de la fertilité et du pouvoir. À son décès, un chat peut même être momifié en signe de respect. On respecte alors une période de deuil de 70 jours, soit le temps qu’il faut pour procéder à la momification.

 

De façon plus terre à terre, les historiens spécialistes de cette époque pensent que le petit félin était également utilisé pour éliminer des animaux nuisibles, notamment les serpents venimeux - un rôle qu’il conserve de nos jours.

 

L’importance du chat dans la culture égyptienne diminue au moment de la colonisation par les Romains, en 30 avant J.-C. L’Égypte devient alors une province romaine, et le règne des pharaons prend fin. Peu à peu, les pratiques religieuses égyptiennes disparaissent, et avec elle l’importance du chat dans cette société.

 

Les Romains sont cependant intrigués par ce petit animal et l’introduisent en Europe. Il y devient un favori des familles riches, puis des classes populaires et même des soldats, qui les emmènent avec eux en campagne (ce qui favorise la propagation de l’espèce un peu partout en Europe et dans les îles britanniques).

 

Les choses se compliquent à partir du 5ème siècle, alors que la christianisation de l’Europe s’intensifie. En effet, cet animal divise le clergé. Certains le considèrent comme un animal païen, mais quelques figures majeures de la chrétienté du haut Moyen Âge lui témoignent au contraire beaucoup d’intérêt. Il est par exemple très apprécié par Saint Patrick et par le pape Grégoire le Grand (540-604).

Un souffre-douleur au Moyen Âge ?

Un chasseur et des chiens attaquent un chat sauvage perché dans un arbre

On admet généralement que durant le Moyen Âge européen, le chat est victime de toutes sortes de mauvais traitements en raison des superstitions qui lui sont attachées. Toutefois, il serait erroné de penser que la maltraitance des chats est un phénomène généralisé dans l’Europe médiévale. Il est établi par exemple qu’au Moyen Âge tardif (1250 – 1330), il jouit d’une excellente réputation dans les campagnes, où l’on apprécie particulièrement ses talents de souricier.

 

À cette même époque, le pape Grégoire IX (entre 1145 et 1170 – 1241) associe certes le chat à certains rituels sataniques dans sa bulle pontificale Vox in Rama, mais l’impact de cette dernière ne doit pas être surestimé. En effet, le petit félin continue même d’obtenir les faveurs d’une partie du clergé : il est par exemple un compagnon privilégié des moines et des sœurs dans les monastères et les couvents, du fait notamment de sa capacité à protéger les livres contre les rongeurs.

 

Certains évoquent également un lien entre la soi-disant guerre déclarée aux chats par Grégoire IX au 13ème siècle et les ravages de la peste noire au siècle suivant, mais rien n’autorise à penser que la bulle pontificale a réellement déclenché une véritable chasse aux chats ni que la supposée disparition de ses derniers a pu faciliter la transmission de cette maladie.

Les traditions zoosadiques du Moyen Âge à l’Époque moderne

Même si le tableau n’est pas aussi noir que ce que l’on dépeint parfois, il est avéré qu’au Moyen Âge le chat devient victime de traditions zoosadiques, du fait de la méfiance de l’église catholique à son égard. Certaines perdurent même jusqu’à l’époque moderne (de 1453 à 1789), voire au-delà.

Les buchers de chat : une longue tradition

Une illustration moyenageuse de chats sur le point d'être jetés au bûcher

À partir du 15ème siècle et jusqu’au 19ème siècle, des documents attestent de cas de chats brûlés (individuellement ou par groupes) lors des rituels de la Saint-Jean, après avoir été capturés à l’aide de filets et jetés dans des feux de joie. Cette coutume est notamment décrite en France par le moine bénédictin Jean François (1722-1791) dans son ouvrage Histoire de Metz : dissertation sur l'ancien usage des feux de la Saint-Jean et d'y brûler des chats à Metz, publié en 1758.

 

A posteriori, l’historien américain Robert Darnton s’est également intéressé aux buchers de chats dans son ouvrage Le Grand Massacre des chats, paru en 1984. Il a notamment identifié d’autres cas similaires ayant eu lieu à Paris dans les années 1730 et détaille également les nombreux sévices dont les chats sont victimes à l’époque, parmi lesquels les coups et l’exposition volontaire au froid et aux mauvais temps.

 

Concernant les buchers, Darnton affirme que cette pratique avait cours simplement parce qu’elle était considérée comme « amusante ». Toutefois, des critiques remettent en cause cette thèse, arguant que l’auteur omet volontairement les autres raisons pouvant expliquer de tels rituels afin de privilégier la piste du sadisme.

Une victime collatérale de la chasse aux sorcières ?

Une réprésentation médiévale de sorcières accompagnées de chats

Qu’il y ait ou non une dose de sadisme, il est certain que la maltraitance des chats au Moyen Âge et à l’Époque Moderne est aussi motivée par la méfiance des autorités religieuses à son égard. En particulier, la bulle pontificale Summis desiderantes affectibus promulguée en 1484 par le pape Innocent VIII (1432–1492) n’est pas sans conséquences néfastes sur les chats en Europe. Ce document pontifical renforce en effet les pouvoirs de l’Inquisition dans la lutte contre la sorcellerie. C’est le début de la chasse aux sorcières, dont les chats sont des victimes collatérales du fait de leur proximité supposée avec ces dernières.

 

Pourtant, dans le cas des rituels de la Saint-Jean comme dans celui de la chasse aux sorcières, il est difficile de savoir si les victimes félines sont réellement si nombreuses. De fait, alors que les travaux de certains historiens comme Darnton laissent à penser que ces pratiques étaient courantes, d’autres mènent plutôt à la conclusion inverse : c’est le cas notamment d’une étude d’archives du Moyen Âge menée en 2000 par l’écrivaine française Laurence Bobis dans son livre Le chat – histoire et légendes, dont il semble ressortir que les condamnations de chats au bucher étaient en réalité relativement rares.

 

Il est donc documenté et avéré que certaines superstitions à propos des chats ont entraîné au Moyen Âge diverses maltraitances à leur encontre, mais le manque de sources (peu d’archives médiévales en parlent) invite à la prudence quant à la popularité réelle de ces pratiques.

Un animal réhabilité à partir de l’époque moderne

Un chat gris ayant attrapé un rat dans un pré

Il est difficile de quantifier les actes de cruauté dont au Moyen Âge le chat est victime à cause des superstitions qui lui sont associées, mais on sait en revanche que son image évolue positivement à partir de l’époque moderne (c’est-à-dire du milieu du 15ème siècle à la fin du 18ème). En particulier, les souvenirs de la peste noire (1346-1353) poussent les familles à en adopter pour se protéger contre les rats.

 

Plus tard, à l’époque contemporaine, les travaux de Louis Pasteur (1822-1895) sur la transmission des maladies prouvent que ces dernières n’ont pas de cause surnaturelle, mais sont dues à des microbes. Alors que l’on comprend l’importance de l’hygiène, le chat devient en quelque sorte un véritable exemple à suivre, lui qui passe son temps à se laver.

 

Il est alors partout : dans les fermes et les entrepôts pour protéger des denrées, mais aussi dans les magasins, les bureaux, etc. Il retrouve même la place qui était sienne dans l’Antiquité à bord des bateaux, pour protéger les cargaisons et les marins contre la prolifération des rats et des maladies.

La perception du chat dans le reste du monde

Dans le monde musulman

Un chat allongé sur une place devant une mosquée.

Si la perception du chien dans le monde musulman demeure ambigüe, le chat y jouit en revanche d’une excellente réputation. Cela est notamment lié à un épisode narré dans le Coran, au cours duquel Mahomet est sauvé d’une morsure de serpent par son chat Muezza.

 

En particulier, cet animal est considéré comme un modèle de vertu et de propreté - au point que l’islam autorise les fidèles à faire leurs ablutions au sein d'une source dans laquelle un chat s’est désaltéré,  ce qui serait impensable dans le cas d'un chien.

 

Au Moyen-Orient et dans les autres pays musulmans, il n’est d'ailleurs pas rare de croiser des chats aux alentours des mosquées et parfois même à l’intérieur de celles-ci, sans que cela ne soit considéré comme un problème.

 

De fait, même si aucun animal n’est sacré dans l’Islam, maltraiter un chat y est considéré comme un grave péché. Un hadith (c’est-à-dire une communication orale du prophète) évoque ainsi le cas d’une femme qui « a été châtiée pour avoir séquestré un chat jusqu’à ce qu’il meure. Elle entra à cause de cela en Enfer. En effet, elle ne l’avait ni abreuvé, ni nourri pendant qu’il était enfermé, et elle ne lui avait pas non plus laissé la liberté afin qu’il puisse se nourrir des insectes de la terre. » 

 

Ce statut accordé au petit félin lui a permis d’être au fil des siècles nettement plus à l’abri de la maltraitance dans le monde musulman que dans l’Occident chrétien.

Dans le monde oriental

En Chine

Un chat allongé sur un muret à l'intérieur du temple Lin Kai, à Macao (Chine)

Le chat serait présent en Chine depuis plus de 5000 ans. En effet, des chercheurs de l’Académie des sciences de Pékin ont découvert en 2001 dans le nord du pays des ossements de chats qui remonteraient à environ 3500 avant J.-C.

 

Les chats domestiques que l’on trouve aujourd’hui en Chine descendent du Felis silvestris lybica, le chat sauvage occidental qui est également l’ancêtre des chats présents en Occident. On sait que celui-ci arrive en Chine dans le cadre d’échanges commerciaux avec les Occidentaux, mais on ignore quand exactement. Les deux principales hypothèses sont au moment de l’ouverture de la route de la soie (entre -138 et -126 avant J.-C.) ou lorsque Rome et l’empire des Han commencent à établir des liens commerciaux (au 2ème siècle après J.-C.).

 

Quoi qu’il en soit, comme en Europe, ce petit animal ne tarde pas à être apprécié des Chinois pour ses talents de souricier. 

 

Par ailleurs, la maltraitance des animaux est incompatible avec le respect et la compassion que le bouddhisme prône à leur encontre. Or, l’influence de cette religion sur la culture chinoise est considérable.

 

En outre, le petit félin fait l’objet de superstitions principalement positives qui elles aussi lui octroient un certain degré de protection contre d’éventuelles persécutions. On dit par exemple qu’il peut attirer la fortune et la sérénité à ses propriétaires, et même repousser les démons. 

 

Le poids des croyances et des superstitions a cependant ses limites. En effet, le chat figure depuis des siècles au menu de certains restaurants dans des provinces du sud du pays (notamment le Guangdong, le Guangxi et le Fujian),  au même titre d’ailleurs que le chien, et fait parfois à ce titre l’objet d’un braconnage difficile à endiguer. Ainsi, l’association de lutte contre la maltraitance animale Animals Asia estime qu’encore aujourd’hui, plus de 4 millions de chats sont abattus pour leur viande chaque année dans ce pays dont le nombre de chats domestiques s’élevait à 65 millions en 2022. 

 

Il faut dire que plus largement, la Chine est très en retard dans le domaine de la lutte contre la maltraitance animale. En particulier, elle ne possède aucune loi spécifique pour lutter contre la cruauté envers les animaux : le vol d’un animal de compagnie est le seul cas de figure prévu – et puni - par la loi. On trouve d’ailleurs sur les réseaux sociaux chinois comme Youku (un équivalent de YouTube) et Douyin (la version locale de TikTok)  des vidéos dans lesquelles des chats sont mutilés et torturés par leurs propriétaires, sans que ces derniers ne soient inquiétés par la justice.

 

Ce vide juridique est d’autant plus étonnant qu'aujourd’hui le petit félin est un compagnon domestique très apprécié des Chinois, plus particulièrement des générations nées à partir des années 90. En effet, avec l’essor de l’économie, les jeunes ont tendance à quitter leurs villages et leurs campagnes pour venir étudier et travailler dans les grandes villes. Nombre d’entre eux font alors le choix d’adopter un chat afin de lutter contre le stress de la vie urbaine et la solitude. D’ailleurs, même en l’absence de loi sur la question, les mentalités évoluent : de plus en plus de Chinois sont sensibles à la question du bien-être des animaux de compagnie.

Au Japon

Un chat assis à côté du sanctuaire Fushimi Inari Taisha, à Kyoto (Japon)

La date exacte de l’arrivée du chat au Japon est incertaine, mais on suppose généralement qu’elle remonte à 538 ou 552 après J.-C., au moment de l’introduction du bouddhisme dans l’archipel. Des tests génétiques effectués sur des ossements montrent par ailleurs que le chat domestique japonais serait originaire d’Inde et aurait transité par la Chine.

 

Au début, il est notamment utilisé pour protéger les textes sacrés contre les rongeurs. Toutefois, sa réputation est nettement plus ambigüe qu’en Chine. En effet, certains le considèrent comme un porte-bonheur, mais d’autres au contraire le voient comme une créature maléfique. À partir du 12ème siècle, la population féline est tellement importante dans les villes et les campagnes que ces craintes sont exacerbées. 

 

Il faut dire que les comportements étranges des chats ne sont pas toujours bien compris, ce qui donne parfois lieu à toutes sortes d’interprétations surnaturelles. On les accuse ainsi pêle-mêle de vouloir voler le corps des défunts pour se livrer à des rituels nécrologiques, de chercher à dévorer leurs propriétaires pour usurper leur identité, et même d’être capable de lancer des boules de feu. Ces croyances ont parfois des conséquences fâcheuses pour eux, surtout dans les campagnes : par exemple, certaines personnes superstitieuses coupent leur queue quand ils sont encore petits, car on pense que cela les empêche de se transformer ensuite en monstre.

 

Toutefois, la place importante du bouddhisme dans les mentalités et dans la politique nationale offre pendant des siècles aux représentants de la gent féline un certain degré de protection contre les abus. En effet, c’est sous l’influence de cette religion que le Japon adopte entre le 7ème et le 17ème siècle quelques-unes des lois les plus strictes jamais promulguées dans le monde en matière de protection animale. Par exemple, dès 675, l’empereur Tenmu (né en 622 ou 631 et décédé en 686) fait interdire la consommation de viande d’animaux domestiques entre le 1er avril et le 30 septembre de chaque année. Les différentes lois n’interdisent pas explicitement l’abattage de ces derniers, mais elles influencent fortement et durablement le rapport des Japonais au monde animal. Elles impactent notamment leurs habitudes alimentaires, puisqu'ils se mettent alors à privilégier un régime à base de poissons et fruits de mer. C’est d’autant plus vrai qu’elles restent en vigueur pendant des siècles.

 

À partir du 17ème siècle, la protection des chats est renforcée. En effet, la production de la soie est alors un secteur important pour l’économie du Japon ; or, ils jouent un rôle essentiel dans la protection des filatures de soie contre les rongeurs. Pour s’assurer d’avoir de nombreux petits félins chassant librement en ville, le gouvernement en fait interdire la vente et l’achat en 1602. Confiner un chat à l’intérieur de son domicile devient également prohibé. 

 

Dans le même ordre d’idée, lorsque le cinquième shogun de la dynastie Tokugawa, Tsunayoshi Tokugama (1646-1709), arrive au pouvoir en 1680, il fait de la cause animale l’un de ces chevaux de bataille – notamment sous l’influence du bouddhisme, qu’il pratique. Ainsi, il promulgue en 1687 le décret Shōrui Awaremi no Rei (qu’on peut traduire par « Décret de la compassion pour les êtres vivants »), qui vise à protéger les animaux contre la maltraitance et le meurtre. Au départ limité aux chevaux, son périmètre s’étend progressivement à l’ensemble du vivant – notamment donc les chats et les chiens, mais aussi par exemple les insectes et les mollusques. En 1691, l’une des 135 modifications ultérieures de ce texte va même jusqu’à interdire l’utilisation de chiens, de chats et même de souris dans les spectacles. Novateur pour l’époque, le Shōrui Awaremi no Rei n’en est pas moins impopulaire : ses détracteurs considèrent qu’avec lui les animaux sont désormais mieux traités (du moins en théorie) que les Japonais eux-mêmes. 

 

Suite à la chute de la dynastie Tokugawa et à la restauration de l’empereur Meiji (1850-1912) en 1868, la loi est abrogée par ce dernier, sous l’influence croissante de l’Occident et de ses traditions. Dès lors, il n’existe plus de texte de loi protégeant les animaux contre les maltraitances. Néanmoins, cela n’entraîne pas une explosion de ces dernières, notamment parce que les mentalités évoluent. En effet, l’ère Meiji (1868-1912) est marquée par une importante diffusion des savoirs et l’amélioration du système éducatif, qui ont notamment pour effet de faire reculer les superstitions concernant le petit félin. 

 

Il faut attendre 1973 avant que le Japon légifère à nouveau sur la question de la maltraitance, à travers la loi Dōbutsu no Aigo oyobi Kanri ni Kansuru Hōritsu (loi sur le bien-être et l’administration des animaux). Celle-ci criminalise de nouveau le meurtre d’animaux ainsi que la cruauté à leur encontre.

 

Elle est amendée plusieurs fois par la suite, notamment en 2012 pour mieux réguler la vente de chats et de chiens en obligeant les vendeurs à prendre soin des animaux invendus. L’amendement adopté cette année-là conduit aussi à élargir la notion de maltraitance, en y incluant la négligence.

En Inde

Un chat errant dans les rues de Varanasi, en Inde

On trouve des chats en Inde depuis très longtemps, puisque différentes preuves archéologiques montrent qu’ils y étaient déjà présents il y a près de 9000 ans. Toutefois, la population féline connut une forte croissance durant la colonisation du pays par les Britanniques, de 1757 à 1947. 

 

Très majoritairement hindouistes, les Indiens doivent en théorie traiter avec le plus grand respect les animaux considérés comme sacrés par cette religion dont les origines remontent à 4000 ans. C’est le cas par exemple de la vache, du tigre ou encore du singe. Le chat en revanche n’a pas cet honneur, quand bien même il est implanté dans le pays depuis des millénaires.

 

Il est également absent du panthéon hindou, où figurent pourtant des divinités possédant des caractéristiques animales – la plus connue étant le dieu-éléphant Ganesh. Tout juste le voit-on parfois représenté en tant que monture de Sashti Maata, une divinité de second rang vénérée au Bengale (une région située dans l’est du sous-continent indien), qui est associée aux femmes enceintes et aux enfants en bas âge.

 

Malgré sa quasi-absence dans l’hindouisme, le chat est généralement bien traité par les croyants, du fait qu’il est considéré comme très propre. En effet, cette religion accorde une grande importance au concept de « shaucha », c’est-à-dire de pureté et de propreté. Pour autant, cela ne le met pas toujours à l’abri de la maltraitance.

 

Néanmoins, il bénéficie d’une protection juridique depuis 1960 et le vote du Prevention of Cruelty to Animals Act (Loi de prévention contre la cruauté animale), le premier texte à interdire sur l’ensemble du territoire les sévices physiques et psychologiques, la négligence, les combats d’animaux et leur meurtre.

 

Ce texte est ensuite amendé à plusieurs reprises, notamment en 2018 avec l’introduction de différentes règles relatives aux animaleries : elles obligent ces commerces à s’inscrire sur des registres officiels, à respecter le bien-être des animaux qu’ils proposent à la vente et à leur fournir les soins vétérinaires dont ils ont besoin.

 

Comme le soulignent diverses associations locales de défense des animaux comme The Institute Of Animal Law of Asia (IALA), la loi est toutefois peu respectée et les sanctions ne sont pas assez dissuasives – d’autant qu’elles sont principalement monétaires.

 

Par ailleurs, le nombre important de chats errants en Inde (8 millions en 2023, d’après le rapport « State of Pet Homelessness » du groupe agro-industriel américain Mars), notamment dans les grands centres urbains, attise parfois l’hostilité des habitants à leur égard. Il existe certes des initiatives visant à limiter la croissance de leur population, mais seulement au niveau local et celles-ci sont peu médiatisées. À l’échelle nationale, les efforts du gouvernement contre la prolifération des animaux errants se concentrent presque exclusivement sur les chiens, en raison du nombre important de décès à cause de la rage (20.000 personnes chaque année selon l’OMS, soit 36% des décès dus à la rage dans le monde).

 

Les lois sur la maltraitance animale

Dans la plupart des pays industrialisés, on assiste depuis la fin du 20ème siècle à une multiplication des textes de loi relatifs à la maltraitance animale, même si certains en possédaient depuis bien plus longtemps et renforcent donc simplement leur arsenal législatif.

 

Ces textes visent à sanctionner les auteurs d’actes de maltraitance, mais aussi parfois à accorder aux animaux un statut juridique particulier, afin de les différencier de simples objets que l’on possède.

Les premières lois contre la maltraitance

Un chat assis à côté de plusieurs livres et d'une balance représentant la justice

L’Occident commence à se pencher sur la question du bien-être des animaux dès le 17ème siècle, sous l’impulsion des philosophes de l’époque et des pouvoirs publics : c’est l’époque des premières lois contre la cruauté à leur encontre.

 

L’Irlande joue un rôle précurseur, en adoptant dès 1635 une loi protégeant les moutons contre les mauvais traitements.

 

Les États-Unis lui emboîtent le pas en 1641, en faisant figurer l’interdiction des actes de cruauté envers les animaux dans le Massachusetts Body of Liberty, le premier code juridique du pays.

 

En France, c’est surtout la popularité des combats d’animaux qui préoccupe la société civile et les autorités. En 1781, un article publié dans le Journal de Paris, tout premier quotidien français, les décrit comme une pratique d’un autre temps : « il n’y a rien à objecter en faveur du combat des animaux », déclare ainsi l’auteur de l’article. « Il est gratuitement sanguinaire ; il n’est propre qu’à émousser la douce sensibilité, présent le plus précieux que nous avons reçu de la nature. […] Il est donc étonnant qu’à Paris, cette ville si douce dans ses mœurs, un spectacle aussi barbare, plus digne de renfermer une horde de sauvages que de réunir un peuple civilisé, puisse attirer des spectateurs ». Douze ans plus tard, les révolutionnaires tentent de faire cesser cette pratique en rachetant à leur propriétaire les animaux destinés aux combats. Elle persiste néanmoins pendant longtemps, puisqu'il faut attendre 1883 pour qu’elle finisse par être abolie – du moins dans la capitale. Fondée en 1845, la Société Protectrice des Animaux (SPA) s’implique fortement sur le sujet et contribue à cette interdiction.

 

Le Royaume-Uni légifère aussi sur les questions de bien-être animal. Ainsi, les mauvais traitements contre le bétail y sont interdits en 1822, les combats d’animaux en 1835 et l’expérimentation animale est réglementée à partir de 1875. Le lobbying de la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA), fondée en 1824 et première association de lutte pour la protection des animaux à voir le jour en Europe, est pour beaucoup dans la prise de conscience du grand public et des décideurs.

Les lois sur la maltraitance animale en France

Un livre de droit et un maillet derrière un drapeau français

En 1850, l'Assemblée nationale législative de la Deuxième République adopte la loi Grammont, du nom de son auteur le député Jacques Delmas de Grammont (1796-1862). Elle prévoit une amende de 5 à 15 francs et 5 jours de prison pour toute personne reconnue coupable de maltraitance envers les animaux domestiques. C’est la première loi de la sorte votée en France. Toutefois, en dépit des efforts de Grammont pour qu’elle s’applique également à la sphère privée, son périmètre se limite aux faits se produisant dans l’espace public.

 

Ce n’est qu’un siècle plus tard, en 1959, qu’Edmond Michelet (1899-1970), ministre de la Justice du Général de Gaulle (1890-1970) abroge la loi et la remplace par le décret n°59-1051 du 7 septembre 1959 punissant désormais également les mauvais traitements qui ne sont pas commis en public. En outre, lorsque le propriétaire d’un animal est condamné pour maltraitance, le tribunal est désormais fondé à lui retirer la garde de ce dernier et le confier plutôt à un refuge pour animaux.

 

Dix ans plus tard, soit en 1969, le délit « d’acte de cruauté envers les animaux » est ajouté à ce décret et expose toute personne qui en est reconnue coupable à une peine de prison ferme pouvant aller jusqu’à 6 mois.

 

En 1999 est adoptée une nouvelle loi, la loi n° 99-5 du 6 janvier 1999, qui durcit les sanctions en cas de maltraitance animale : elle prévoit en effet jusqu’à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende. 

 

Le député Loïc Dombreval, auteur de la loi du 30 novembre 2021
Portrait de Loïc Dombreval

2015 marque un tournant : cette année-là, l’Assemblée nationale française décide de modifier le statut juridique des animaux domestiques. L’article 515-14 du Code civil est ainsi révisé pour que l’ensemble des animaux, domestiques ou non, soient définis non plus comme des biens meubles au même titre qu’un quelconque objet, mais comme « des êtres vivants doués de sensibilité. »

 

Cette réforme permet de les protéger davantage contre la maltraitance, et notamment contre les cas de négligence. En 2021 est votée une nouvelle loi sur le sujet, la loi n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes. Présentée par le député Loïc Dombreval, auteur d’un rapport sur le bien-être des animaux de compagnie et des équidés, elle renforce l’arsenal juridique mis en place pour leur protection, notamment afin de limiter les abandons. Ainsi, la publication d’offres de cessions d’animaux de compagnie sur Internet est interdite, ainsi que la vente ou le don d’animaux de compagnie à un mineur sans l’accord de ses parents. Elle prévoit aussi l’interdiction de la vente de chiens et de chats en animalerie à partir de 2024, à l’exception d’animaux abandonnés proposés en partenariat avec des refuges.

 

La loi de 2021 aggrave aussi les peines en cas d’acte de cruauté ou de sévices graves à l’encontre d’un animal. Ainsi, une personne reconnue coupable encourt jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. En outre, elle introduit la possibilité d’obliger une personne reconnue coupable à suivre un stage de sensibilisation à la prévention et à la lutte contre la maltraitance animale.

 

Enfin, le texte vise aussi à lutter contre les délits sexuels, notamment la zoophilie et la zoopornographie, pour lesquels il y avait jusqu’à présent un certain flou juridique. Elle clarifie ainsi la nature criminelle de tels actes, posant l’animal comme une victime sexuelle. Sont ainsi passibles de 45.000 euros et 3 ans de prison les abus sexuels perpétrés sur un animal, de 30.000 euros d’amende et 2 ans de prison la diffusion d’images zoopornographiques.

Les lois sur la maltraitance animale en Belgique

Un livre de droit et un maillet posés sur un bureau devant le drapeau belge

La Belgique ne s’intéresse que tardivement à la question de la maltraitance et du bien-être des animaux, puisque la première véritable loi dédiée à ce sujet date de 1986.

 

Intitulée Loi relative à la protection et au bien-être des animaux, celle-ci est ensuite améliorée à plusieurs reprises, et notamment en 2018. Cette année marque un tournant, car c’est celle où le statut de l’animal est modifié : jusqu’alors simple bien meuble, il devient défini comme « un être vivant doué de sensibilité, de propres intérêts et d’une propre dignité, qui bénéficie d’une protection particulière ».

 

La Wallonie adopte ensuite en 2019 un Code du bien-être animal, qui réforme en profondeur le texte de 1986 et contient pas moins de 109 mesures nouvelles visant à améliorer la condition des animaux. Il accroît notamment les peines encourues par les personnes reconnues coupables de maltraitance : elles peuvent ainsi se voir interdire d’adopter un nouvel animal, et encourent jusqu’à 15 ans de prison et 10 millions d’euros d’amende si le parquet engage des poursuites. Dans le cas contraire, l’administration wallonne peut décider de se saisir du dossier, et le contrevenant s’expose alors à une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros. En outre, la notion de maltraitance est élargie afin d’englober également les cas d’abandon et de négligence, le fait de maintenir son animal perpétuellement attaché ou encore celui d’entraver sa liberté de mouvement.

Les lois sur la maltraitance animale en Suisse

Un maillet sur un bureau devant le drapeau suisse

Dès 1893, la Suisse interdit l’abattage rituel des animaux.

 

Toutefois, il faut attendre 1973 pour qu’elle se penche réellement sur les questions du bien-être animal et de la maltraitance. Ce n’est en effet que cette année-là que la protection des animaux est inscrite dans la constitution fédérale du pays.

 

Une première loi de protection des animaux, la Loi fédérale sur la protection des animaux, est ensuite votée en 1978. Elle entre en vigueur en 1981, et est par la suite révisée à plusieurs reprises.

 

C’est le cas notamment en 2005 : à cette occasion, on y ajoute le fait qu’elle vise à « protéger la dignité et le bien-être de l’animal ». Elle considère que ce dernier est respecté lorsque :

 

  • sa détention et son alimentation ne perturbent pas ses fonctions corporelles et son comportement, et ne mettent pas à l’épreuve sa capacité d’adaptation de manière excessive ;

  • il a la possibilité de se comporter conformément à son espèce, dans les limites de sa capacité d’adaptation biologique ;

  • il est cliniquement sain ;

  • les douleurs, les maux, les dommages et l’anxiété lui sont épargnés.

 

En outre, l’article 4 de la loi stipule que les personnes qui ont la charge d’animaux doivent « tenir compte au mieux de leurs besoins et veiller à leur bien-être dans la mesure où le but de leur utilisation le permet ». Il se fait encore plus précis en arguant que « personne ne doit de façon injustifiée causer à des animaux des douleurs, des maux ou des dommages, les mettre dans un état d’anxiété ou porter atteinte à leur dignité d’une autre manière. Il est interdit de maltraiter les animaux, de les négliger ou de les surmener inutilement ». C’est donc cet article qui constitue le cadre juridique permettant de poursuivre les auteurs de maltraitances.

 

L’article 26 prévoit que les personnes reconnues coupables de tels actes s’exposent à 3 ans de prison et à une amende, mais le montant de cette dernière n’est pas défini.

Les lois sur la maltraitance animale au Canada

Un maillet sur un bureau devant le drapeau canadien

Une première loi relative au bien-être et à la protection des animaux est inscrite au Code criminel canadien en 1892. Intitulée « Loi sur la cruauté envers les animaux », elle est ensuite amendée plusieurs fois. C’est le cas notamment en 2008, afin entre autres de durcir les peines pour les personnes reconnues coupables.

 

À ce texte fédéral s’ajoutent des lois sur le bien-être animal votées par les différentes provinces.

 

Au Québec, le texte de référence quant à la maltraitance envers les animaux est la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, adoptée en 2015 et qui indique que l’animal est un « être vivant doué de sensibilité » ayant des « impératifs biologiques ».

 

Au chapitre 2, elle stipule que le propriétaire ou la personne ayant la garde d’un animal doit s’assurer que son bien-être et sa sécurité ne soient pas compromis. Elle ajoute qu’ils sont présumés l’être lorsqu’il ne reçoit pas « les soins propres à ses impératifs biologiques », qui se déclinent en 7 points.

 

Il faut ainsi que l’animal :

 

  • ait accès à une quantité suffisante d’eau et de nourriture de qualité convenable, étant entendu que la neige et la glace ne sont pas considérées comme de l’eau ;

  • soit gardé dans un lieu salubre, propre, convenable, suffisamment espacé et éclairé. En outre, l’aménagement ou l’utilisation du locale ne doit pas être susceptible d’affecter son bien-être ou sa sécurité ;

  • ait l’occasion de se mouvoir suffisamment ;

  • soit protégé contre la chaleur ou le froid excessifs, ainsi que contre les intempéries ;

  • soit transporté convenablement dans un véhicule approprié ;

  • reçoive les soins nécessaires lorsqu’il est souffrant (maladie, blessure…) ;

  • ne soit soumis à aucun abus ou mauvais traitement pouvant affecter sa santé.

 

La loi prévoit contre les contrevenants des peines allant jusqu’à 18 mois de prison et 250.000 dollars d’amende.

Les statistiques sur la maltraitance envers les chats

Un chat Persan dans une cage

En dépit du travail des associations et des pouvoirs publics, la maltraitance envers les chats (et plus généralement envers les animaux quels qu’ils soient) est un phénomène qui demeure difficilement quantifiable. En effet, tous les cas de maltraitance ne sont pas signalés à la justice – loin de là. C’est particulièrement vrai pour ceux qui se produisent dans la sphère privée, à l’abri des regards.

 

Les données recueillies sont donc forcément partielles, mais permettent néanmoins de se faire une idée de l’ampleur d’un phénomène qui demeure loin d’être marginal. En effet, qu’il s’agisse d’abandons, de sévices physiques ou psychologiques, de faits de négligence ou encore d’accumulation déraisonnable d’animaux, les chiffres restent élevés.

 

Quel que soit l'endroit, l’abandon reste de loin le type de maltraitance le plus commun : c’est la raison pour laquelle associations et pouvoirs publics en font depuis toujours une priorité dans la lutte contre la maltraitance.

En France

Une personne attrapant un chat gris par la peau du cou

Donner des statistiques sur le nombre d’actes de maltraitance commis envers des chats en France est compliqué, car les chiffres officiels regroupent l’ensemble des animaux, sans distinction par espèce.

 

D’après un bilan publié en 2020 par la gendarmerie nationale, 9504 actes de maltraitance d’animaux domestiques ont été recensés en 2018. 

 

Le ministère de l’Intérieur et des outre-mer a quant à lui publié en 2022 un rapport permettant de connaître le détail des cas traités par la justice. 35% d’entre eux correspondent à des mauvais traitements, 34% à des sévices graves, 14% à des atteintes involontaires à la vie ou à l’intégrité de l’animal, et 5% à des abandons. Le rapport précise également que la moitié des cas de violences physiques concernent des chats, c’est-à-dire que cette espèce est la plus affectée par ce type de maltraitance.

 

Il convient cependant de relativiser ces pourcentages. En particulier, le fait que les abandons ne représentent qu’une très faible part du total ne veut pas dire qu’ils sont marginaux, mais simplement qu’ils ne sont que rarement signalés. De fait, il est difficile de prouver un abandon et de faire en sorte que son auteur soit poursuivi en justice.

 

En réalité, on estime généralement qu’environ 100.000 chiens et chats sont abandonnés chaque année dans le pays. Or, d’après un rapport de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, le nombre de procès intentés pour abandon d’un animal domestique était de 257 en 2016 et 395 en 2018.

 

Plus largement, toujours selon ce rapport, le nombre de personnes ayant fait l’objet d’un procès pour maltraitance (qu’il s’agisse d’un abandon ou d’un autre type d’acte) était de 1025 en 2016, et 1256 en 2018.

 

Autrement dit, il y a un écart énorme entre le nombre de cas de maltraitance et le nombre de procès. Néanmoins, cela ne signifie pas que seul un millier environ d’auteurs d’actes de maltraitance sont inquiétés chaque année par la justice française. En effet, la majorité des affaires de maltraitance donnent lieu à une simple amende : elles sont rarement instruites par un juge, si bien que le nombre de procès demeure relativement faible.

 

Du reste, même si la législation permet d’imposer aux personnes reconnues coupables d’actes de maltraitance une peine de prison ferme, une telle sanction demeure exceptionnelle. D'ailleurs, l’indulgence des juges français est souvent dénoncée par les associations de protection des animaux, qui déplorent que même dans ce domaine-là le monde judiciaire ne fasse pas appliquer et respecter les lois.

En Belgique

Un chat noir et blanc blessé dans la rue

En 2019, 1546 signalements de maltraitance à l’égard d’un animal ont été effectués auprès de l’Unité du bien-être animal de Wallonie via le formulaire en ligne instauré en 2015 et utilisable par n’importe quel résident belge, contre 1452 en 2018 et 1792 en 2017.

 

Le nombre de dossiers ouverts par l’unité chargée d’enquêter sur les affaires de maltraitance envers un animal s’est élevé quant à lui à 3454 en 2018, contre 2403 en 2017.

 

Enfin, le nombre d’animaux saisis (c’est-à-dire retirés à leur propriétaire) après avoir été victimes avérées de maltraitance est lui aussi en nette augmentation. Il est passé de 256 en 2017 à 923 en 2018.

 

Quant à la Flandre, les chiffres du ministre régional en charge du Bien-être animal font état de 6204 signalements pour maltraitance animale en 2020, soit une augmentation d’un tiers en cinq ans. Le nombre d’animaux saisis est également passé de 2435 en 2016 à 4109 en 2020.

 

Quel que soit l’endroit, l’évolution des statistiques doit toutefois être prise avec précaution. Comme le soulignait en 2020 Bernard Clerfayt, ministre bruxellois du Bien-être animal, « l’augmentation du nombre de plaintes ne signifie pas automatiquement augmentation du nombre de cas de maltraitance animale. Cela veut surtout dire que d’une part, les citoyens identifient clairement à qui s’adresser pour déposer une plainte et d’autre part, [qu’ils] sont de plus en plus sensibles à la condition animale. »

 

Par ailleurs, on estime qu’entre 50.000 et 60.000 chats et chiens sont abandonnés chaque année en Belgique. Il n’existe pas de statistiques fiables sur le sujet ni sur la répartition entre les deux espèces, mais les acteurs du monde associatif s’accordent pour dire que les chats sont largement majoritaires. Cela dit, ce n’est pas particulièrement surprenant, dans la mesure où la population féline du pays est sensiblement plus nombreuse que la population canine.

En Suisse

Un chat Européen Shorthair gris dans une cage en refuge animalier

D’après les travaux de Tier im Recht, une association suisse qui milite pour les droits des animaux et compile chaque année les données sur la maltraitance fournies par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, le nombre de procédures judiciaires engagées pour des affaires de maltraitance était de 1001 en 2009, et de 1760 en 2018 (toutes espèces confondues). Sur l’ensemble de la période 2009-2018, un peu moins de 60% concernent des animaux domestiques, mais le chat est nettement moins représenté que le chien : il représente environ 6% du total toutes espèces confondues, contre environ 50% pour ce dernier.

 

Cela dit, il ne faudrait pas croire là non plus que cette augmentation est le signe d’une explosion de la maltraitance. Comme l’association le souligne elle-même, cette évolution est avant liée au fait que davantage de personnes sont sensibles à cette cause, et effectuent donc un signalement si elles constatent un problème. Elle considère d’ailleurs plutôt cette augmentation comme un signal positif, en prenant soin toutefois de souligner qu’il existe en la matière de grandes disparités d’un canton à l’autre.

 

Concernant les abandons, le chat est l’espèce la plus représentée dans les refuges du pays. En 2021, ils représentaient ainsi pas moins de 60% des animaux recueillis par les différentes institutions membres de la Protection Suisse des Animaux (PSA). Il faut toutefois noter que cela comprend aussi bien les chats abandonnés que ceux qui se sont perdus. Un quart des petits félins sont d’ailleurs directement récupérés par leur propriétaire, le plus souvent en retrouvant les coordonnées de ce dernier grâce à la puce électronique de l’animal – si tant est qu’il en ait une.

Au Canada

Une personne bénévole tenant dans ses bras un chat sans abri

Statistique Canada, l’organisme fédéral chargé de la collecte de données et de l’établissement de statistiques officielles, ne recueille pas de chiffres sur la maltraitance animale. Il est donc impossible de disposer de données fiables concernant la maltraitance des chats - et plus largement des animaux – au niveau du Canada dans son ensemble.

 

Néanmoins, l’association de défense des animaux Humane Society International affirme qu’en moyenne 45.000 cas de maltraitance sont signalés chaque année dans le pays.

 

En ce qui concerne les abandons, d’après le rapport 2020 de l'association, environ 60.000 chats sont passés par un refuge cette année-là. Près de la moitié (48%) étaient errants, un tiers étaient amenés par leur maître qui souhaitait s’en séparer, 10% y étaient transférés par un autre organisme.

 

Un peu moins de 3% d’entre eux étaient recueillis suite à des faits de maltraitance. Ce pourcentage est sensiblement inférieur à celui constaté pour les chiens, où il était alors de 7%.

 

Au Québec, la situation en ce qui concerne les statistiques est la même qu’au niveau du pays dans son ensemble : on ne dispose pas de chiffres officiels concernant les signalements de cas de maltraitance et/ou le nombre de personnes condamnées.

 

Il semble toutefois qu’en termes d’abandons, la province fasse partie des pires élèves de toute l’Amérique du Nord. En effet, selon l’Association des Médecins Vétérinaires du Québec (AMVQ), pas moins de 500.000 animaux y sont abandonnés chaque année toutes espèces confondues, dont 50.000 dans la région de Montréal.

Les causes de la maltraitance envers les chats

Les raisons pouvant amener une personne à maltraiter un chat sont multiples, et c’est d’ailleurs ce qui explique que les profils des auteurs de tels actes sont assez variés.

 

En effet, la maltraitance n’est pas l’apanage de personnes se livrant volontairement à des actes sadiques, mais résulte souvent plus simplement d’un manque de connaissance, de disponibilité et/ou d’intérêt du propriétaire de l’animal. Elle peut aussi être occasionnée par une réduction de ses capacités physiques, économiques ou même psychologiques.

La maltraitance volontaire

Une personne sur le point d'écraser avec son pied un chat

On parle de maltraitance volontaire à partir du moment où, pour une raison ou pour une autre, une personne commet en pleine conscience un acte de violence physique ou psychologique. Au-delà des coups et blessures ainsi que des divers types de sévices, cela peut également inclure des actes de privation délibérée de nourriture, d’eau ou d’autres ressources nécessaires au bien-être de l’animal.

 

Cela dit, une personne commettant un acte de maltraitance volontaire ne le fait pas forcément par sadisme : elle peut aussi simplement vouloir punir son compagnon, en pensant qu’ainsi il se comportera mieux par la suite.

Pour sanctionner le chat

Une personne pointant son doigt sur le visage d'un chat, lui marquant une punition

Un chat n’entretenant pas avec ses humains la même relation qu’un chien, son éducation s’avère généralement plus compliquée.

 

Afin de « remettre dans le droit chemin » leur animal en cas de comportement inapproprié, certains propriétaires n’hésitent pas à recourir à la violence physique ou psychologique, voire à la privation.

 

User de telles méthodes s’explique en général par un manque de connaissances concernant la psychologie de cet animal, ainsi que la meilleure façon de l’éduquer. Les chats ont en effet tendance à apprendre par imitation et se montrent davantage sensibles aux méthodes de renforcement positif impliquant des récompenses qu’aux punitions.

Par sadisme

Gros plan sur la main d'une personne sur le point d'attraper le visage d'un chat

En plus des violences commises par des personnes qui ne savent pas éduquer leur chat et/ou perdent facilement leurs nerfs lorsque ce dernier se comporte mal, la maltraitance peut également découler de tendances sadiques, que ce soit de la part d’adultes ou d’enfants.

 

La petite taille des chats et leur relativement faible capacité à se défendre les rendent d’autant plus facilement victimes de tous types de violences corporelles : coups, lancer, brûlures, noyade...

Le profil type des auteurs de maltraitance volontaire

Une personne tenant dans ses mains un chat à hauteur de son visage tout en le regardant dans les yeux

Selon les statistiques recueillies par l’association américaine de défense des animaux Humane Society of the United States, les personnes commettant des actes de maltraitance volontaire sont en grande majorité des hommes de moins de 30 ans.

 

Cela est confirmé notamment par Kathleen Gerbasi, professeur de psychologie au Niagara County Community College, dans une étude intitulée « Gender and nonhuman animal cruelty convictions: Data from Pet-Abuse.com » et parue en 2004 dans la revue scientifique Society & Animals. Elle a utilisé pour cela les rapports de presse concernant des cas de violences sur des animaux figurant sur le site Pet-Abuse.com, qui les compilait au sein d’une base de données accessible à tous. Ses travaux ont ainsi porté sur pas moins de 720 affaires ayant donné lieu à une condamnation, sur l’ensemble du territoire américain. Il en ressort que les cas de violence physique (coups, utilisation d’armes à feu, torture, noyade, combat d’animaux, brûlures, actes de bestialité) sont dans 95% des cas le fait d’hommes. Pour ce qui est des cas de négligence et d’abandon, les choses sont un peu plus équilibrées, puisque ce sont des hommes qui en sont à l’origine dans 57% des cas, et des femmes dans 43% d’entre eux.

 

Des criminologues néerlandais ont également mené en 2018 aux Pays-Bas une grande enquête pour étudier le profil les personnes commettant des actes de maltraitance volontaire sur les animaux, dont les résultats ont été compilés au sein d’un article intitulé « Animal abuse: Offender and offence characteristics. A descriptive study ,» paru dans le Journal of Investigative Psychology and Offender Profiling. Il en ressort que l’âge des auteurs des violences s’étale de 7 à 85 ans.

 

L’étude néerlandaise montre par ailleurs que les actes de violence sont dus le plus souvent à la frustration de la personne qui les commet, à un mauvais contrôle de ses impulsions et à une empathie réduite.

 

Il ressort également du rapport que les chiens sont les animaux domestiques les plus souvent victimes de maltraitance – davantage donc que les chats, alors même que ceux-ci sont un peu plus nombreux dans le pays.

La négligence

Un chat qui regarde par la fenêtre en ayant l'air triste

On ne maltraite pas forcément un animal de manière consciente. Ainsi, un chat peut souffrir du comportement de son maître sans que ce dernier ne s’en rende compte ou ne puisse remédier à la situation.

 

Le manque de connaissances concernant la psychologie et les besoins de l’animal, une incapacité physique, un problème psychologique ou tout simplement le manque de temps et de ressources financières sont autant de facteurs pouvant amener un maître à faire preuve de négligence coupable envers son compagnon.

Par manque de connaissances

Un homme assis sur un fauteuil à côté d'un chat et qui semble assez perplexe

Une partie des cas de maltraitance de chats par négligence découlent d’un simple manque de connaissances vis-à-vis de leurs besoins et de leurs comportements. Il faut dire que les petits félins sont de façon générale moins bien compris que les chiens, comme le soulignent d’ailleurs les experts en comportement animal.

 

D’après James Serpell, professeur d’éthique et de bien-être animal à l’École de médecine vétérinaire de l’université de Pennsylvanie, si les chats sont mécompris, c’est parce que leurs maîtres s’intéressent moins à leur comportement du fait qu’ils sont moins attachés à eux qu’ils ne le seraient à un chien. Cela se voit d’ailleurs dans le montant qu’ils dépensent en moyenne à l’année pour leur petit félin, sensiblement plus faible que celui consacré à leur compagnon par les propriétaires de chiens. Ils sont ainsi notamment moins enclins à se tourner vers un professionnel pour régler un problème comportemental de leur animal, quand bien même celui-ci pourrait être le signe d’un profond mal-être.

Du fait d’une incapacité physique

Un chat en train d'être gratté au niveau du cou par une personne en fauteuil roulant

La négligence résulte parfois d’une incapacité physique temporaire ou permanente du propriétaire. Cela peut se produire en particulier lorsque sa mobilité ne lui permet pas – ou plus – de s’occuper convenablement de son animal.

 

On s’imagine d’ailleurs parfois à tort qu’un chat est un animal qui ne demande quasiment aucun investissement de la part de son propriétaire. Il est vrai qu’à la différence d’un chien, il n’a par exemple pas besoin d’être sorti pour faire ses besoins. Pour autant, il faut au moins être en mesure de le nourrir, de lui procurer de l’eau ou encore de changer sa litière.

Du fait d’absences trop longues ou trop fréquentes

Un chat regardant dehors à travers d'un store vénitien

Si un chat est en général capable de rester seul plus longtemps qu’un chien, une absence prolongée n’est pas sans conséquence.

 

C’est la conclusion à laquelle aboutissent notamment des chercheurs de l’École de médecine vétérinaire de l’université de Pennsylvanie (États-Unis) dans une étude intitulée « Behavioral Associations with Breed, Coat Type, and Eye Color in Single Breed Cats » et publiée en 2016 dans le Journal of Veterinary Behavior Clinical Applications and Research.

 

En étudiant les effets d’une séparation prolongée d’avec son maître, ils ont pu confirmer scientifiquement que celle-ci peut être vécue par le chat comme un véritable traumatisme et donner lieu d’ailleurs à toutes sortes de comportements anormaux : destructions, vomissements, malpropreté...  Ils soulignent d’ailleurs que de nombreux propriétaires signalent des problèmes de comportement modérés à graves lorsque leur animal est séparé d’eux pendant longtemps.

Par manque de disponibilité

Une femme assise sur un canapé, qui semble accaparée par son ordinateur et ignorer son chat.

Ce n’est pas parce qu’on est suffisamment présent à la maison qu’on accorde suffisamment d’attention à son animal. Il est vrai qu’un chat n’a pas les mêmes besoins sociaux qu’un chien et est nettement plus indépendant, mais il l’est tout autant qu’il a malgré tout besoin de la présence de son propriétaire à ses côtés et d’interactions avec lui. Ne pas recevoir suffisamment d’attention peut fortement l’affecter sur le plan psychologique.

 

Or, de nombreuses raisons font qu’on peut pendant une période plus ou moins longue être moins disponible pour s’occuper convenablement de son animal : problème de santé, maladie ou décès d’un membre de la famille, divorce, début d’une nouvelle relation, arrivée d’un bébé, augmentation de la charge de travail…

Du fait de difficultés financières

Un chat en train de regarder une pile de pièces de monnaie

Posséder un chat représente un réel engagement financier, qui peut éventuellement devenir conséquent. En effet, il faut non seulement le nourrir et se procurer toutes sortes d’accessoires (litière, jouets, sac ou cage de transport…), mais aussi prendre soin de sa santé – avec parfois de mauvaises surprises aux conséquences très coûteuses.

 

Or, nul n’est à l’abri de se retrouver dans une situation financière difficile du fait par exemple d’une séparation, d’une perte d’emploi, d’un échec entrepreneurial… Ainsi, il arrive régulièrement que des maîtres ne soient plus en mesure de répondre correctement aux besoins de leur petit félin, faute de moyens. Même s’ils en souffrent potentiellement eux aussi, ce type de négligence est lui aussi considéré comme de la maltraitance.

Du fait d’un problème psychologique

De nombreux chats dans un espace intérieur restreint

Une partie des cas de maltraitance par négligence s’expliquent par des problèmes psychologiques du maître.

 

L’exemple le plus médiatisé est sans doute le syndrome de Noé, également connu sous le nom de « animal hoarding » (de l’anglais « to hoard », qui signifie stocker). Si le cliché bien connu de la vieille fille vivant seule avec de nombreux chats prête parfois à sourire, les choses peuvent en réalité s’avérer bien plus sinistres. En effet, les personnes accumulant des animaux de façon excessive finissent souvent par ne plus être en mesure de leur offrir des conditions de vie décentes et de répondre à leurs besoins vitaux.

 

Le syndrome de Noé est d’ailleurs considéré comme un trouble psychiatrique aux États-Unis, et comme un symptôme de trouble psychiatrique en France.

 

Il n’existe que peu de travaux de recherche sur le sujet, mais l’âge des personnes concernées conduit certains médecins à émettre l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’un symptôme précoce de démence. En effet, une étude intitulée « Hoarding of Animals: An Under-Recognized Public Health Problem in a Difficult-to-Study Population » et publiée en 1999 dans Public Health Reports montre qu’il est en grande majorité l’apanage de femmes de plus de 40 ans.

 

D'autres spécialistes considèrent ce trouble comme une variante de la syllogomanie, qui désigne l’accumulation compulsive d’objets que pourtant on n’utilise pas. Ils estiment dès lors qu’il s’agirait d’une forme de trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Une dose de paranoïa serait également en jeu, car les personnes souffrant du syndrome de Noé peuvent penser qu’elles ne reverront plus jamais leurs animaux si elles décident de solliciter de l’aide.

La négligence dans les élevages

Plusieurs chatons enfermés ensemble dans une cage

La maltraitance n’est pas l’apanage des particuliers : certains éleveurs négligent eux aussi le bien-être des animaux dont ils s’occupent, que ce soit en ne leur consacrant pas suffisamment de temps ou en lésinant sur certaines dépenses.

 

L’exemple le plus emblématique est celui des « usines à chatons ». Dans ces élevages intensifs, les chats sont accumulés dans des conditions néfastes à leur bon développement tant physique que mental : alimentation de piètre qualité et ne permettant généralement pas de satisfaire leurs besoins nutritionnels, soins insuffisants, impossibilité de se dépenser autant que nécessaire, cadre de vie insalubre, socialisation insuffisante voire inexistante, multiplication des saillies sans laisser aux femelles le temps de récupérer entre deux gestations, etc.

 

Chez les femelles, ces conditions très défavorables peuvent finir par entraîner entre autres un dérèglement de leur cycle sexuel. Il arrive aussi qu’elles soient abandonnées ou tuées une fois qu’elles ne donnent plus de portées – il en va d’ailleurs de même des mâles, lorsqu’ils ne sont plus fertiles.

 

Par ailleurs, les chatons ont beaucoup plus de chances de naître avec des malformations et des maladies diverses, mais également de souffrir de troubles psychologiques toute leur vie durant.

 

Le phénomène est moins connu que celui des « usines à chiots », mais plus difficile à enrayer. En effet, comme les chats sont plus petits et plus discrets sur le plan sonore, quasiment n’importe qui peut dissimuler un élevage intensif chez lui.

 

 

Des chats dans des cages empilées

Pendant longtemps, l’existence d’élevages intensifs a été stimulée par la vente de chats en animalerie, constituant des canaux de production à grande échelle au service de canaux de distribution eux aussi à grande échelle.

 

En Europe, plusieurs pays comme la France, la Belgique, la Suisse ou encore la Grande-Bretagne ont décidé de lutter contre ce phénomène en réglementant fortement l’activité des animaleries, voire carrément en y interdisant la vente d’animaux afin d’éviter d’encourager l’élevage intensif. De nos jours, les éleveurs qui travaillent ainsi ont tendance à se rabattre sur Internet et les sites de petites annonces afin de trouver de nouveaux débouchés pour leur « production » de masse, mais dans ce domaine aussi plusieurs pays tendent à renforcer leur législation.

 

Au Canada, il n’existe pas de loi à l’échelle nationale empêchant les animaleries de vendre des chatons achetés auprès d’éleveurs quels qu’ils soient. À l’instar par exemple de Montréal, certaines villes prennent toutefois des arrêtés municipaux allant dans ce sens, mais ceux-ci ne sont pas toujours respectés. La loi n’empêche pas non plus la vente d’animaux sur internet, mais de nombreux sites de petites annonces très populaires comme Craigslist ou BuySellTrade ont pris les devants en interdisant eux-mêmes la vente d’animaux via leurs plateformes. D’autres sites continuent d’autoriser ce type de commerce, mais mettent en place certaines règles visant à lutter contre la négligence. C’est le cas par exemple de Kijiji : les annonces postées par des animaleries y sont interdites et les particuliers ne peuvent pas publier plus de 3 annonces à la fois, chiens et chats confondus. Le travail de filtrage des annonces de vente de chats effectué par les acteurs de ce genre reste néanmoins imparfait et ne permet pas à lui seul de réguler convenablement cette activité.

 

 

De fait, les usines à chatons restent nombreuses au Canada, et plus largement dans toute l’Amérique du Nord. Le Québec est particulièrement concerné, puisque les associations estiment qu’il y existe entre 1500 et 2000 structures de ce type. Elles sont d’autant moins inquiétées que les moyens financiers et humains disponibles pour des contrôles sont très limités.

Conclusion

Pendant longtemps, la maltraitance des chats était en bonne partie liée aux superstitions qui leur étaient associées. Ces dernières ont assurément moins de poids que par le passé et les mentalités évoluent dans le bon sens, mais la maltraitance n’a pas disparu pour autant. Au-delà du cas des comportements sadiques de certaines personnes ainsi que des pratiques douteuses de certains élevages, elle découle souvent simplement d’un manque de connaissances vis-à-vis des besoins vitaux de l’animal.

 

Il faut dire que si le petit félin est de plus en plus populaire, il demeure trop souvent mal compris. La lutte contre la maltraitance des chats requiert donc notamment une meilleure éducation et sensibilisation non seulement des maîtres, mais aussi des personnes qui envisagent de partager leur vie avec l’un d’eux – et qui parfois ne se rendent compte que trop tard que c’était une mauvaise idée.

 

Pour autant, la prévention seule ne saurait suffire : il faut également des sanctions qui soient dissuasives et réellement appliquées. Or, c’est là que le bât blesse : les pays occidentaux sont de plus en plus nombreux à se munir d’un arsenal juridique conséquent pour punir les actes de maltraitance, mais celui-ci reste encore trop peu employé pour avoir un effet dissuasif digne de ce nom.

Par Nicolas C. - Dernière modification : 07/06/2024.