Suisse - Les chats menacés ont leurs Miss

02/03/2008

La campagne contre le commerce des peaux de chats dépasse toutes les espérances. 112 000 personnes ont signé la pétition en moins de six mois. Et, parmi elles, même des femmes portant de la fourrure...


Sophie Roselli - 01/03/2008
Le Matin Dimanche

«Dès que l'on prononce le mot «chat», les gens s'arrêtent et signent!» s'étonne Fanny. Comme elle, une trentaine de candidates à Miss Suisse romande ont arpenté hier les rues basses de Genève pour recueillir, en trois heures, près de 2400 signatures en faveur de la pétition suisse contre le commerce des peaux de chats. Avec plus de 112 000 paraphes récoltés en un temps record de cinq mois et demi, cette pétition est la plus populaire depuis quelques années (lire encadrés). Elle sera déposée à Berne jeudi prochain.

Les chats, un sujet rassembleur
«C'est plus facile de parler des chats que de l'imposition des entreprises!», convient le Genevois Luc Barthassat, conseiller national PDC, organisateur de cette action. Auteur d'une motion demandant au Conseil fédéral de modifier la loi sur la protection des animaux, il ne s'attendait pas à tel succès populaire et médiatique. «Tout le monde se sent concerné, des enfants aux grands-parents.»

«Ça marche surtout avec les garçons», remarque la sylphide Marion, candidate à Miss Suisse romande. Même lorsqu'elle ose faire signer une passante couverte de fourrure de la tête au pied, c'est gagné. Le peuple est conquis. De nombreuses personnalités aussi. De Brigitte Bardot à Michael Schumacher en passant par Franz Weber et Emil, tous refusent que la Suisse reste le seul pays européen à produire et à exporter des peaux de chats.

Une forte mobilisation
Celle par qui tout a commencé n'en revient toujours pas. «On ne comptait pas sur un tel soutien! s'émeut Tomi Tomek, codirectrice de SOS Chats à Noiraigue (NE). Les gens ont enfin compris que ce n'était pas des racontars et que nous avions des preuves. Ils prennent ce problème au sérieux. Notre combat était juste.» Les preuves justement: 22 tanneries en Suisse pratiquent ce commerce en Suisse et en Europe, selon SOS Chats. Elles achètent des cadavres de chats tirés par des paysans ou des chasseurs sur commande. L'argument de vente? Cette fourrure soulagerait l'arthrose notamment.

Depuis que ces révélations ont éclaté l'été dernier, tout s'est emballé. Une pétition a été lancée par SOS Chats, recevant un grand écho médiatique. Le problème a rebondi en France. La Fondation 30 Millions d'amis a recueilli 120 000 signatures remises en décembre à la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey. Le PDC s'est emparé du problème en déposant une motion cosignée par Christophe Darbellay et Luc Barthassat. L'interdiction du commerce des peaux de chats doit désormais être approuvée par les deux Chambres avant d'entrer en vigueur. Bref, tout le monde en parle. A tel point que cela commence à agacer les défenseurs des animaux eux-mêmes. «Il y a d'autres problèmes plus importants à combattre», relativise Samuel Debrot, président de la Société vaudoise de protection des animaux. Pour lui, cette campagne, «c'est presque de l'hystérie».



Les prochains combats

Une pétition lancée par le mouvement AZOT circule actuellement pour interdire les cirques avec des animaux en Suisse. Concernant les chats, une campagne est lancée au plan national pour encourager les propriétaires à marquer électroniquement leur félin. L'an prochain, une action contre la consommation des cuisses de grenouilles - traitées avec cruauté dans certains pays producteurs - sera menée par la Société vaudoise de protection des animaux.


Photo : Avec la participation de trente candidates à Miss Suisse romande, comme les Genevoises Daisy Genet (à g.) et Jessica Ribeiro, la campagne contre le commerce des peaux de chats ne s'essouffle pas, à quelques jours du dépôt des signatures.