Les chats ont beau être assez robustes et vivre plutôt longtemps (en tout cas pour des animaux de cette taille), ils sont tout de même sujets à de nombreuses maladies. Ces dernières peuvent toucher notamment les oreilles, les yeux, le nez, la peau, l'estomac...
Il en existe aussi qui affectent plusieurs organes à la fois, et qui ce faisant causent des symptômes multiples et divers. C'est le cas notamment du polype nasopharyngé, qui touche à la fois l'oreille, le nez et/ou le pharynx.
En quoi consiste-t-il, et à quoi est-il dû ? Quels en sont les principaux symptômes ? Quel traitement peut-on mettre en place, et combien cela coûte-t-il ? Peut-on prévenir cette maladie ?
Un polype désigne une excroissance de tissus se développant à la surface de certaines muqueuses : le nez, l'oreille interne, le côlon, l'intestin grêle, l'utérus... On parle aussi de tumeur bénigne, par opposition à une tumeur maligne (c'est-à-dire un cancer), qui est une grosseur caractérisée quant à elle par une expansion aux tissus environnants et/ou l'apparition de métastases à plus ou moins court terme.
Comme son nom l'indique, le polype nasopharyngé est un polype situé dans le nasopharynx, c'est-à-dire la zone supérieure du pharynx, localisée derrière le nez. Toutefois, il touche aussi l'oreille interne (la zone située derrière le tympan) ou la trompe d'Eustache (le conduit qui relie l'oreille interne à la gorge) - voire les deux à la fois.
Il est considéré comme bénin, dans le sens où les tissus qui le composent ne sont pas nocifs ou agressifs en soi. En revanche, il peut gêner le fonctionnement des organes et tissus situés à proximité, en les comprimant ou en les obstruant.
Même s'il demeure rare chez le chat, il s'agit d'une des affections du nasopharynx les plus fréquentes chez cet animal. Il est par ailleurs anecdotique chez les autres espèces, notamment le chien et l'Homme.
Le polype nasopharyngé survient presque toujours avant l'âge d'un an, donc chez des chats encore jeunes. Il peut toutefois le faire théoriquement à n'importe quel âge.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser compte tenu de son nom, il ne naît pas dans le nasopharynx, mais dans l'oreille. Plus précisément, il apparaît dans l'oreille interne ou dans la trompe d'Eustache ; ce n'est qu'au fil des mois, au fur et à mesure qu'il grandit, qu'il finit par s'étendre jusque dans le nasopharynx. Il arrive parfois qu'il croisse également dans l'autre sens (c'est-à-dire vers l'oreille externe en plus de le faire vers le nez et la gorge) : il a alors de grandes chances de détériorer le tympan.
Quoi qu'il en soit, le polype nasopharyngé peut se stabiliser à une taille raisonnable ou continuer sa croissance pendant de longs mois - voire « indéfiniment », du moins en théorie.
Il ne touche en général qu'une seule oreille, donc un seul côté de la tête. Il arrive toutefois qu'il soit bilatéral, c'est-à-dire qu'il se développe dans les deux oreilles à la fois.
La cause exacte du polype nasopharyngé n'est pas connue à ce jour, en tout cas chez le chat.
Plusieurs hypothèses sont évoquées pour expliquer son apparition. Si l'on en croit l'étude intitulée « Nasopharyngeal polyps in cats » et publiée en 2002 dans la revue Clinical Techniques in Small Animal Practices, les causes les plus probables sont :
Il est possible que le polype nasopharyngé résulte d'une combinaison de plusieurs de ces facteurs, ou qu'il n'ait pas la même cause d'un chat à l'autre - voire les deux à la fois.
Chez le chat, le polype nasopharyngé survient presque toujours avant l'âge d'un an : les premiers symptômes apparaissent donc relativement tôt.
Tant qu'il reste de petite taille, les signes cliniques sont généralement peu nombreux (on constate par exemple juste une gêne au niveau d'une oreille), voire totalement absents. Il passe donc souvent inaperçu au début, ou est confondu avec une otite.
Puis, plus il grossit et s'étend dans l'oreille, le nez ou le pharynx, plus les signes cliniques deviennent visibles et se multiplient. Les plus courants sont :
La nature des symptômes dépend de la taille du polype ainsi que de sa progression dans l'oreille, le nez ou le pharynx.
À terme, si rien n'est fait, le chat peut être nettement handicapé dans son quotidien, en particulier s'il a du mal à déglutir ou à respirer. Ce sont d'ailleurs bien souvent ces symptômes qui finissent par attirer véritablement l'attention et qui poussent à consulter un vétérinaire.
Même s'il est susceptible d'être confondu dans un premier temps avec une otite, le polype nasopharyngé n'est pas bien difficile à diagnostiquer. En effet, peu d'affections conduisent à terme à la présence simultanée de symptômes au niveau de l'oreille, du nez et/ou de la bouche, en particulier chez un jeune chat.
Lorsqu'il soupçonne un polype nasopharyngé, le vétérinaire commence par placer le petit félin sous sédatif, puis visualise l'état du conduit auditif de chaque oreille ainsi que du nasopharynx en utilisant divers instruments (notamment un otoscope ou un endoscope doté d'une caméra). La grosseur est alors normalement bien visible sur les images.
S'il l'estime nécessaire, il peut également réaliser une radiographie ou une IRM. De cette façon, il parvient à voir certaines zones de l'oreille non accessibles depuis l'extérieur, et donc à évaluer correctement la taille du polype.
Si un doute persiste, le vétérinaire peut aussi effectuer une biopsie, c'est-à-dire un petit prélèvement de la grosseur, pour l'examiner de près au microscope. Cela lui permet de confirmer définitivement le diagnostic.
Le traitement recommandé consiste à retirer le polype nasopharyngé via une opération chirurgicale. En effet, seul son retrait permet de décomprimer les tissus alentour et de soulager la gêne ressentie - en particulier si l'on observe des symptômes respiratoires ou des difficultés à déglutir.
Pour cela, le vétérinaire place le chat sous anesthésie générale, puis se charge d'enlever le polype. Toutefois, dans la pratique, il est rarement possible d'éliminer la totalité des tissus problématiques sans endommager l'audition. Il cherche alors à en retirer le plus possible sans causer de dégâts : cela permet d'atténuer fortement les symptômes. Néanmoins, les récidives sont loin d'être rares, car souvent les tissus qui n'ont pas été enlevés continuent de grossir : le cas échéant, une nouvelle opération risque donc d'être nécessaire quelques mois ou années plus tard. Des anti-inflammatoires sont parfois administrés pour limiter la croissance des tissus et prévenir les rechutes, mais l'efficacité de ces traitements est limitée.
Le vétérinaire a autrement la possibilité de créer une ouverture dans la cavité de l'oreille interne (on parle d'ostéotomie de la bulle) et de retirer le conduit auditif. L'avantage de cette technique est qu'elle permet généralement d'enlever la totalité du polype et de supprimer le risque de récidive. L'inconvénient est qu'il s'agit d'une opération nettement plus lourde, et qui conduit à la perte d'audition de l'oreille concernée. Elle n'est donc pratiquée que dans certains cas bien précis, en particulier si les récidives sont très fréquentes malgré la prise d'anti-inflammatoires.
Dans tous les cas, le vétérinaire profite de l'occasion pour soigner le tympan si celui-ci a été détérioré par l'excroissance.
En général, le prix de l'opération pour retirer un polype nasopharyngé chez un chat est de l'ordre de 800 euros. Toutefois, si les deux oreilles sont atteintes ou si des complications sont présentes (par exemple si le tympan a été endommagé), le montant peut même être bien plus élevé.
Quoi qu'il en soit, dès lors qu'on a pris soin d'assurer la santé de son compagnon auprès d'une mutuelle féline, les dépenses correspondantes sont normalement prises en charge au moins en partie : cela réduit d'autant la facture.
Il est difficile de prévenir efficacement l'apparition d'un polype nasopharyngé, étant donné que l'on ne sait pas encore exactement ce qui en est à l'origine. Toutefois, plusieurs mesures assez basiques permettent de limiter le risque du mieux possible.
Ainsi, il est essentiel de faire vacciner son chat contre le coryza dès que son âge le permet, c'est-à-dire qu'il a atteint 3 mois. En effet, non seulement cette maladie grave est susceptible d'être mortelle (en particulier chez les chatons), mais en plus elle fait partie des affections respiratoires pouvant causer un polype nasopharyngé, si le virus qui en est à l'origine migre dans l'oreille et y cause une inflammation.
En plus de cela, il est important de ne pas perdre de temps pour réagir si le chat souffre d'une otite. En effet, cette affection fait elle aussi partie des causes possibles d'un polype nasopharyngé, en particulier lorsqu'elle devient chronique. Au demeurant, même lorsqu'elle reste bénigne, une otite est très douloureuse pour l'animal. Par conséquent, si l'on constate des symptômes de gêne ou de douleur au niveau d'une oreille, mieux vaut contacter un vétérinaire rapidement.
Ces quelques conseils ne suffisent absolument pas à prémunir son compagnon contre le polype nasopharyngé, mais ils permettent probablement de réduire les chances qu'il survienne.
Le polype nasopharyngé est une tumeur bénigne apparaissant dans l'oreille interne ou dans la trompe d'Eustache, et qui en grossissant finit par s'étendre jusque dans le pharynx. Sa cause exacte est inconnue, et les symptômes qu'il occasionne sont assez variés en fonction de sa taille et de sa localisation. Le traitement consiste à pratiquer une opération chirurgicale sous anesthésie générale pour le retirer : totalement si c'est possible, partiellement sinon.
Il convient en tout cas de souligner que le polype nasopharyngé est une tumeur bénigne, dans le sens où il n'est pas spécialement agressif pour l'organisme. C'est loin d'être le cas de tous les types de polypes. En particulier, certains peuvent en grossissant devenir malins et évoluer vers un cancer du chat : les conséquences sur la santé sont alors susceptibles d'être bien plus graves. Toutefois, la gent féline est globalement peu touchée par cette affection - en tout cas pour ce que l'on en sait aujourd'hui.