Comme les humains, les petits félins sont dotés de deux oreilles. Elles sont toutefois bien plus grandes et développées : d'ailleurs, l'ouïe des chats est considérée comme le plus développé de leurs sens, et est bien plus fine que la nôtre.
Toutefois, elles aussi peuvent être sujettes à diverses maladies et infections. Celles-ci sont rarement graves, mais souvent douloureuses. Par ailleurs, elles sont susceptibles de détériorer l'audition si elles ne sont pas soignées rapidement. La plus connue de toutes est l'otite ; c'est d'ailleurs aussi l'une des plus répandues.
Quels sont les différents types d'otites, ainsi que les causes qui peuvent en être à l'origine ? Quels sont les symptômes possibles ? Comment soigner un chat qui a une otite ? Enfin, peut-on prémunir son compagnon contre cette maladie ?
Une otite est une maladie de l'oreille du chat. Plus précisément, il s'agit d'une inflammation de la muqueuse interne de l'oreille, généralement d'origine infectieuse ou parasitaire. Elle est le plus souvent unilatérale (c'est-à-dire qu'elle ne touche qu'une oreille), mais peut aussi être bilatérale (c'est-à-dire affecter les deux à la fois).
Les otites sont relativement courantes chez le chat. D'ailleurs, elles représenteraient autour de 5% des motifs de consultation chez le vétérinaire, si l'on en croit une étude intitulée « Incidence of otitis externa in dogs and cats in Japan » et publiée en 1981 dans la revue Veterinary Record. Elles sont toutefois probablement sous-diagnostiquées, car les symptômes qu'elles occasionnent ne sont pas toujours bien visibles.
Si un chat a une otite, celle-ci n'est pas transmissible aux humains, quand bien même elle est d'origine infectieuse ou parasitaire. En effet, ce ne sont pas les mêmes microbes ou parasites qui sont impliqués chez les deux espèces.
En fonction notamment de la cause qui en est à l'origine, l'otite peut se situer à différents endroits de l'oreille du chat : dans le conduit auditif, derrière le tympan... Elle ne provoque alors pas exactement les mêmes symptômes.
Ainsi, il existe trois grands types d'otites chez le chat : externe, moyenne et interne.
Comme son nom l'indique, l'otite externe touche l'oreille externe du chat, et plus spécifiquement le conduit auditif externe. Celui-ci relie le pavillon (la partie visible de l'oreille) au tympan (la membrane qui transforme les sons en vibrations).
Il s'agit de la forme la plus fréquente : une très large majorité des otites sont externes, aussi bien d'ailleurs chez les chats que chez les chiens et les humains. C'est également la moins grave : elle guérit généralement sans difficulté, en tout cas dès lors qu'elle est prise en charge rapidement.
L'otite moyenne survient dans l'oreille moyenne, plus précisément dans la cavité tympanique (l'espace vide situé derrière le tympan).
Elle est plus rare que la forme externe, et est généralement le fait de microbes qui remontent depuis les voies respiratoires en passant par la trompe d'Eustache (le canal qui relie l'oreille au nez). Elle peut aussi être une complication d'une otite externe qui s'est propagée jusqu'à l'oreille moyenne, même si c'est peu fréquent.
Compte tenu de sa localisation, elle est globalement plus grave et plus difficile à soigner que l'otite externe.
L'otite interne touche comme son nom l'indique l'oreille interne, aussi appelée labyrinthe. Celle-ci comprend la cochlée, qui transforme les vibrations en impulsions électriques pour les envoyer au cerveau, et le vestibule, qui est l'organe en charge du sens de l'équilibre.
Une otite interne est presque toujours une complication d'une otite moyenne n'ayant pas été correctement soignée - voire pas soignée du tout. C'est aussi la forme la plus grave des trois : le risque de surdité du chat est réel. Elle demeure toutefois très rare.
Comme chez les humains, il existe un grand nombre de causes possibles d'otites chez les chats.
La plus courante est la gale des oreilles, une maladie elle-même causée par un parasite du nom d'Otodectes cynotis. Elle touche l'oreille externe et serait à elle seule responsable d'une très large part des otites au sein de la gent féline : autour de 50% voire davantage, selon différentes études réalisées. On peut citer notamment celle intitulée « Chronic Otitis in Cats: Clinical management of primary, predisposing and perpetuating factors » et publiée en 2021 dans le Journal of Feline Medicine and Surgery.
Parmi les autres causes fréquentes figurent la dermatite atopique ainsi que l'intolérance alimentaire. En effet, l'une comme l'autre sont susceptibles d'entraîner des lésions dans l'oreille externe, elles-mêmes susceptibles d'y dégénérer en inflammation auriculaire.
Enfin, d'autres causes sont également possibles, mais elles sont plus rares : une maladie auto-immune telle que le pemphigus foliacé, un corps étranger dans l'oreille (en particulier un épillet), une grosseur empêchant le bon drainage des sécrétions auriculaires (comme dans le cas du polype nasopharyngé), une autre maladie parasitaire (en particulier la démodécie) ou d'une infection respiratoire (bactérienne ou virale) qui remonte depuis le nez jusqu'à l'oreille. L'otite peut alors avoir différentes localisations selon la cause sous-jacente.
Comme son nom l'indique, un facteur de risque augmente les chances qu'une otite survienne. Ce n'est donc pas une cause en soi, mais un élément qui favorise son apparition dès lors que par ailleurs une ou plusieurs causes sont présentes.
Chez les chats, le principal facteur de risques pour une otite est un entretien inadapté des oreilles. En tout cas, c'est ce qu'il ressort de l'étude intitulée « Feline Otitis: Diagnosis and Treatment » et publiée en 2013 dans le Veterinary Clinics of North America: Small Animal Practice. Plus précisément, il s'agit généralement d'une fréquence de nettoyage trop élevée, du versement d'un produit irritant dans le conduit auditif, ou encore de l'usage répété de coton-tiges pour nettoyer l'intérieur de l'oreille.
Par contre, contrairement à ce que l'on observe pour les otites chez le chien, il ne semble pas exister chez la gent féline de prédisposition particulière liée à l'âge, au sexe ou à la race. Même un chat avec des oreilles repliées comme le Scottish Fold ne semble pas spécialement sujet aux otites, comme le souligne l'étude précédemment mentionnée.
À l'instar de ce qu'on constate chez un humain, les symptômes d'un chat qui souffre d'une otite dépendent de si elle touche l'oreille externe, moyenne ou interne.
Lorsqu'un chat souffre d'une otite externe, c'est-à-dire située dans le conduit auditif externe, celle-ci génère une vive douleur au niveau de l'oreille touchée - ou des deux, dans le cas d'une atteinte bilatérale.
On voit alors le petit félin se secouer souvent la tête, en la penchant sur le côté ou en se grattant fréquemment l'oreille avec la patte.
En plus de cela, il est courant d'observer une quantité importante de cérumen noirâtre et odorant sur le pavillon, ainsi que potentiellement une rougeur ou du pus.
Les principaux symptômes d'une otite moyenne sont assez similaires à ceux d'une otite externe. En particulier, on voit alors généralement le petit félin souffrir de douleurs au niveau de l'oreille, la gratter du fait de démangeaisons ou encore se secouer souvent la tête.
En plus de ces symptômes qui font normalement penser à un problème auriculaire, il est courant d'observer aussi des signes cliniques concernant d'autres parties du corps : un manque de coordination des membres, une paralysie faciale, un torticolis, des atteintes oculaires (par exemple un affaissement de la paupière ou une rougeur de l'oeil), une sécheresse du nez, etc.
Une otite interne est généralement une complication d'une otite moyenne mal soignée - voire pas soignée du tout. En effet, il est très rare qu'une inflammation commence directement dans cette zone de l'oreille.
Ses symptômes sont essentiellement d'ordre neurologique. Ainsi, on constate le plus souvent des vertiges, des pertes d'équilibre à la marche ou au repos, un port anormal de la tête (par exemple penchée sur le côté), des mouvements incontrôlés des yeux...
D'autres signes cliniques sont possibles, parmi lesquels une perte d'appétit, des vomissements ou une paralysie faciale.
Dès lors qu'un chat présente des symptômes pouvant faire penser à une otite, il est important de se rendre chez un vétérinaire sans attendre pour établir un diagnostic. En effet, même si cette maladie est rarement grave, elle n'en demeure pas moins très souvent douloureuse, et peut même finir par empirer avec le temps.
Pour réaliser son diagnostic, le vétérinaire commence normalement par un examen de l'intérieur de l'oreille à l'aide d'un otoscope. Cela lui permet notamment d'observer l'état du conduit auditif ainsi que du tympan, d'évaluer la quantité et la nature du cérumen, mais aussi de détecter l'éventuelle présence de parasites ou d'un corps étranger (en particulier un épillet).
En plus de cela, il réalise généralement un prélèvement à l'intérieur de l'oreille pour l'examiner au microscope : cela lui permet de mettre en évidence une éventuelle infection bactérienne ou fongique, ou bien une infestation parasitaire qui ne serait pas visible avec un simple otoscope.
Enfin, il a parfois recours à une radiographie ou une IRM pour affiner son diagnostic : elles permettent de visualiser des atteintes plus profondes de l'oreille, en particulier dans le cas d'une otite moyenne ou interne.
Une fois que le diagnostic d'une otite a été posé et que le vétérinaire a une idée assez précise de sa cause, il peut mettre en place un traitement adéquat.
Si l'otite est une conséquence de la gale des oreilles (ce qui est le cas de figure le plus courant au sein de la gent féline), c'est cette maladie qu'il faut soigner en priorité, puisqu'elle en constitue la cause sous-jacente. Le traitement d'un chat qui a la gale des oreilles suppose de lui administrer un antiparasitaire sous forme de gouttes à verser dans le conduit. Il faut généralement le faire chaque jour pendant plusieurs semaines, afin de bien détruire tous les parasites (y compris les oeufs) et donc d'éviter une rechute.
Si elle est le fait d'une infection bactérienne ou fongique, le traitement consiste alors respectivement en des antibiotiques ou des antifongiques. Ceux-ci prennent le plus souvent la forme de gouttes à mettre dans l'oreille, mais il peut aussi s'agir de comprimés à avaler, d'une pommade à appliquer sur le pavillon voire d'une combinaison de plusieurs de ces méthodes. Tout dépend en fait de l'étendue de l'inflammation et de sa localisation.
Si l'otite est causée par une grosseur (en particulier un polype) ou un corps étranger coincé dans l'oreille, une opération sous anesthésie générale est bien souvent nécessaire pour résoudre le problème.
Au global, le prix pour soigner l'otite d'un chat est le plus souvent compris entre 50 et 100 euros. Toutefois, il peut être bien plus élevé dans le cas où une opération chirurgicale est nécessaire. Cela dit, il est généralement couvert au moins en partie par l'assurance, si l'on avait pris soin d'assurer la santé de son chat avant que le problème ne survienne.
Il en va d'un petit félin comme d'un humain : on ne peut pas empêcher totalement les otites, mais il est possible en revanche de limiter la probabilité qu'elles surviennent.
Pour cela, le plus important est de nettoyer les oreilles de son chat chaque fois que nécessaire - généralement toutes les quelques semaines à quelques mois. Cela permet en effet de retirer les saletés et autres petits éléments qui se seraient incrustés dans le conduit auditif et pourraient favoriser la survenue de diverses maladies auriculaires - pas seulement une otite, donc.
Il convient d'employer à chaque fois un produit spécialement conçu à cette fin, car les autres substances (y compris l'eau) sont au contraire susceptibles de favoriser l'apparition d'une otite. Il faut en outre éviter les cotons-tiges, qui sont plus problématique qu'utiles : mieux vaut utiliser une lingette, un morceau de coton ou éventuellement un mouchoir.
Une otite peut sembler un problème bénin, et d'ailleurs l'est effectivement la plupart du temps. Néanmoins, il est important de ne pas attendre avant de chercher à la soigner. En effet, non seulement elle s'avère généralement douloureuse pour le chat, mais en plus elle pourrait finir par devenir grave avec le temps.
Cela étant, le mieux est évidemment d'éviter qu'elle ne survienne. De fait, on peut diminuer fortement le risque en veillant à bien nettoyer régulièrement les oreilles de son animal avec un produit adapté.
En tout cas, si une otite n'est généralement pas très grave ni difficile à traiter, on ne peut pas en dire autant de toutes les autres maladies auriculaires. Le polype nasopharyngé par exemple est nettement plus problématique : il s'agit d'une tumeur qui apparaît dans l'oreille et qui à force de grossir peut finir par gêner la respiration et la déglutition. Par conséquent, si l'on détecte des symptômes d'une maladie d'oreille chez son chat, mieux vaut ne pas perdre de temps avant de contacter un vétérinaire.
