Les chats sont des as de la propreté : ils font (normalement) attention à bien recouvrir leurs besoins, et se nettoient plusieurs fois par jour.
Il peut toutefois leur arriver, pour différentes raisons, de ne pas être très propres, et en particulier de faire leurs besoins n'importe où - voire carrément de se faire dessus. En effet, l'incontinence n'est pas un souci spécifiquement humain. Or, si elle prête parfois à sourire, elle est en fait potentiellement le signe d'un grave problème de santé.
Qu'est-ce qui peut faire qu'un chat devient incontinent, et quels sont les signes qui doivent mettre la puce à l'oreille ? Quelles solutions sont envisageables pour le soigner ? Quand ce n'est pas possible, comment vivre avec un chat incontinent ?
L'incontinence désigne une diminution - voire une perte - de la capacité à se retenir de faire ses besoins, ce qui se traduit par des accidents occasionnels ou plus réguliers - voire systématiques dans les cas extrêmes.
Il en existe deux types :
Naturellement, un même individu peut souffrir des deux types à la fois. Cela étant, l'incontinence urinaire reste de loin la plus fréquente, en tout cas chez les chats - comme chez les humains, au demeurant. D'ailleurs, lorsque le terme est utilisé sans davantage de précision, c'est habituellement de l'incontinence urinaire dont il est question.
Il convient toutefois de noter que l'incontinence reste rare au sein de la gent féline, contrairement à ce que l'on observe chez les chiens ou les humains. En effet, différentes études sur le sujet permettent de conclure qu'elle touche vraisemblablement moins de 1% des individus.
Comme c'est le cas pour un humain, l'incontinence d'un chat peut avoir de nombreuses causes possibles.
Le plus souvent, elle est le fait d'une anomalie au niveau de l'appareil urinaire. Elle peut toutefois aussi être la conséquence d'un traumatisme, du vieillissement, ou plus rarement de certaines maladies ou médicaments.
Comme le souligne notamment une étude intitulée « Retrospective analysis of diagnoses and outcomes of 45 cats with micturition disorders presenting as urinary incontinence » et publiée en 2020 dans le Journal of Veterinary Internal Medicine, les anomalies de l'appareil urinaire semblent être la cause la plus fréquente d'incontinence chez le chat. En effet, elle est souvent le fait d'une malformation au niveau de la vessie ou de l'urètre (c'est-à-dire le canal de sortie de la vessie), plus rarement de l'uretère (le conduit reliant le rein à la vessie).
Plus précisément, l'étude intitulée « Congenital urinary incontinence in cats: a review of 19 cases » et publiée en 1992 dans la revue The Veterinary Record a mis en évidence deux grands types d'anomalies :
Dans un cas comme dans l'autre, les symptômes apparaissent généralement très tôt, dès les premiers mois de vie.
Chez les chats, l'incontinence survient souvent à la suite d'un traumatisme au niveau de la colonne vertébrale. En effet, si les nerfs permettant de contrôler la vessie et/ou l'anus sont atteints, il en résulte généralement une difficulté à contrôler ces organes, et donc potentiellement des fuites plus ou moins importantes et fréquentes.
Le plus souvent, ce genre de situation se présente lorsqu'un chat s'est fait renverser par une voiture ou par tout autre véhicule. Le cas échéant, d'autres symptômes sont généralement présents, comme une perte de sensibilité et/ou une paralysie des pattes arrière ou de la queue.
Le traumatisme est toutefois susceptible d'avoir d'autres origines. En particulier, il peut arriver que la queue se coince dans une porte ou une fenêtre, ou encore que quelqu'un tire violemment dessus (par exemple un enfant, ou bien un chien lors d'une bagarre).
Comme pour les humains, le vieillissement est une cause possible d'incontinence chez la gent féline. Cela s'explique notamment par le fait qu'avec le temps, les muscles qui maintiennent la vessie, l'urètre et l'anus fermés perdent en tonicité et jouent alors moins bien leur rôle, ce qui peut entraîner des petites fuites - voire des accidents plus importants.
Toutefois, l'incontinence liée au vieillissement semble rare chez les chats - contrairement à ce que l'on observe par exemple chez les humains et chez les chiens. Cela signifie que la part d'individus âgés touchés par une incontinence est moins importante au sein de la gent féline que chez d'autres espèces.
L'incontinence d'un chat a la plupart du temps pour origine une malformation, un traumatisme ou le vieillissement, mais ce ne sont pas les seules causes possibles.
Ainsi, elle peut résulter aussi notamment de :
Ces cas sont toutefois très rares - et il convient en outre de rappeler que toutes causes confondues, l'incontinence est de toute façon peu fréquente au sein de la gent féline.
En cas d'incontinence, il est naturellement courant d'observer des pipis ou des cacas à divers endroits de la maison. Cela étant, la malpropreté d'un chat peut avoir un grand nombre d'autres causes : un stress important, une litière sale ou inadaptée, une volonté de marquer son territoire... Il faut donc réussir à distinguer l'incontinence des autres cas de figure, qui sont d'ailleurs beaucoup plus fréquents.
Lorsqu'un chat est incontinent, il ne fait pas exprès de faire ses besoins : ce n'est pas un acte volontaire, contrairement aux autres cas. Concrètement, cela se traduit par le fait qu'il se salit lors d'activités banales de la vie quotidienne : par exemple pendant qu'il est en train de manger, de marcher, de jouer ou encore tout simplement de dormir.
En plus de cela, les malpropretés causées par un chat incontinent ont tendance à être diffuses : ce sont le plus souvent des petites gouttes d'urine ou des morceaux d'excréments répartis par-ci par-là dans le logement, plutôt qu'une flaque ou une véritable crotte en un endroit donné.
Enfin, un chat incontinent a tendance à avoir un pelage mouillé et/ou sali par des excréments au niveau de l'arrière-train, puisque ces émissions n'ont pas lieu alors qu'il est dans une position adaptée - c'est-à-dire le bassin baissé, les pattes arrière écartées et la queue relevée, comme il le ferait en temps normal ou dans le cas d'une malpropreté volontaire.
Il convient aussi de souligner que l'incontinence n'est pas forcément conséquente ni même fréquente : tout dépend de la cause sous-jacente. Par conséquent, les signes précédents doivent alerter même s'ils ne se produisent que de manière occasionnelle, et donc même si par ailleurs le chat continue de faire ses besoins normalement.
Qu'elle soit urinaire ou fécale, l'incontinence n'est pas forcément grave en soi : après tout, l'élimination des besoins se fait de manière moins bien contrôlée (voire pas contrôlée du tout), mais elle se fait tout de même.
En revanche, elle est presque toujours la conséquence d'un problème de santé qui lui peut s'avérer douloureux et/ou grave. C'est le cas par exemple lorsqu'elle est causée par un traumatisme au niveau de la colonne vertébrale ou par une tumeur. Il est donc important de se tourner rapidement vers un vétérinaire afin qu'un diagnostic soit établi, puis qu'un traitement soit rapidement mis en place si c'est possible.
Par ailleurs, l'incontinence entraîne des fuites d'urine et/ou d'excréments qui tâchent la peau et le pelage. À terme, ces saletés finissent par causer des irritations et/ou des infections cutanées au niveau de l'arrière-train, qui se traduisent entre autres par des démangeaisons, des rougeurs, voire une perte de poils localisée.
Enfin, même si ce n'est pas l'aspect le plus problématique, le fait qu'un chat incontinent salisse ses accessoires mais aussi les sols, les meubles sur lesquels il monte... entraîne des problèmes d'hygiène et de mauvaises odeurs.
Dès lors qu'une incontinence urinaire ou anale est suspectée chez un chat, il convient de se tourner vers un vétérinaire afin de confirmer le diagnostic, mais aussi d'identifier la cause sous-jacente - si bien sûr c'est possible. Cela permet ensuite de mettre en place un traitement adéquat.
En général, le vétérinaire effectue a minima une palpation de la vessie, ainsi qu'une analyse d'urine pour mettre en évidence une éventuelle infection urinaire.
Ensuite, en fonction des symptômes présents, il peut également réaliser une échographie, une radiographie et/ou une IRM afin de repérer l'emplacement et la nature du problème : une anomalie de l'appareil urinaire (vessie, urètre, uretère...), une atteinte de la moelle épinière, une présence de calculs rénaux, etc.
L'incontinence est souvent la conséquence d'un problème de santé plus ou moins sérieux : c'est donc à ce dernier qu'il faut s'attaquer pour espérer la faire disparaître, si c'est possible. Autrement dit, le traitement à mettre en place dépend de la cause sous-jacente.
En général, les dépenses correspondantes sont prises en charge au moins en partie si l'on avait pris soin avant l'apparition des symptômes d'assurer la santé de son compagnon - par exemple avec la mutuelle pour animaux MACIF. Cela permet de limiter les frais, en particulier dans le cas où une opération chirurgicale s'avère nécessaire : le coût est alors souvent élevé.
Lorsqu'un chat est incontinent du fait d'une anomalie de son appareil urinaire (congénitale ou apparue au cours de son existence), une opération chirurgicale peut être tentée pour atténuer le problème, voire y remédier.
En particulier, dans le cas d'une défaillance du muscle chargé de fermer l'urètre, il est possible de le « réparer » afin qu'il ferme de nouveau convenablement. Une intervention réussie de ce type, en l'occurrence sur une jeune femelle Maine Coon, est expliquée en détails dans un article scientifique intitulé « Treatment of urinary incontinence in a cat with genitourinary dysplasia using an urethral sphincter occluder » et paru en 2021 dans le Journal of Small Animal Practice. Un cas similaire mais sur un petit félin plus âgé est évoqué dans un autre article ayant pour titre « Management of incontinence following pre-pubic urethrostomy in a cat using an artificial urethral sphincter », publié quelques mois plus tard dans la même revue.
De fait, une telle opération semble avoir une bonne efficacité pour traiter une incontinence. Elle a toutefois l'inconvénient d'être onéreuse, puisqu'il faut généralement compter entre 300 et 1000 euros au total. En outre, comme n'importe quelle opération, elle n'est pas sans risques (notamment du fait de l'anesthésie générale) : elle n'est donc généralement réalisée que si le chat est en bonne santé.
Lorsque l'incontinence est la conséquence d'un traumatisme ayant endommagé la colonne vertébrale, les chances de guérison sont généralement moins bonnes qu'en cas d'anomalie urinaire. Néanmoins, tout dépend de la localisation et de la gravité de l'atteinte.
Si les vertèbres - et donc les nerfs correspondants - ne sont que peu endommagés, l'incontinence a de grandes chances d'être passagère. La récupération se fait alors généralement en quelques semaines à quelques mois.
En revanche, en cas d'atteinte sévère, la guérison est rarement possible : le chat reste souvent incontinent, en plus de potentiellement souffrir de troubles de la locomotion (le plus souvent une paralysie des pattes arrière et/ou de la queue). Différents travaux scientifiques ont été menés pour tenter de trouver un moyen de remédier à ce type d'incontinence. Publiée en 2016 dans le Journal of Veterinary Internal Medicine, une étude intitulée « Pathophysiology, Clinical Importance, and Management of Neurogenic Lower Urinary Tract Dysfunction Caused by Suprasacral Spinal Cord Injury » évoque en particulier des traitements à base d'électrodes ou d'implants. Toutefois, à ce jour, on a encore trop peu de retours sur de telles techniques pour connaître leur efficacité réelle, et elles sont relativement inaccessibles au grand public.
Par ailleurs, d'autres soins sont souvent nécessaires pour traiter non pas l'incontinence elle-même, mais les autres problèmes causés par les lésions de la colonne vertébrale. Par exemple, il est parfois conseillé de couper la queue, en particulier si elle est paralysée et/ou a perdu toute sensibilité : cela permet d'éviter de nouvelles blessures, des infections voire une nécrose (c'est-à-dire la mort des tissus).
Néanmoins, si les atteintes sont trop importantes (notamment s'il est fortement paralysé) et s'il y a peu d'espoir qu'il puisse retrouver une vie à peu près normale, faire euthanasier son chat est parfois la moins mauvaise option étant donné que cela lui épargne des souffrances inutiles.
Lorsque l'incontinence est due au vieillissement, une opération peut éventuellement être tentée pour la corriger : elle vise à « réparer » les muscles qui ne ferment plus correctement la vessie, l'anus et/ou l'urètre, lorsque cela est possible.
Toutefois, dans la mesure où une anesthésie générale n'est jamais anodine pour un chat (comme d'ailleurs pour un humain), cette intervention n'est généralement réalisée que si l'animal est en bonne santé et si l'incontinence est vraiment gênante. Dans le cas contraire, il est préférable d'apprendre à vivre avec, notamment en faisant porter des couches à son petit félin et en prenant soin de le nettoyer quand il se salit.
Le plus souvent, un chat incontinent l'est du fait d'une anomalie de l'appareil urinaire ou d'un traumatisme. D'autres causes plus rares sont toutefois possibles.
Le traitement est alors susceptible de prendre différentes autres formes, notamment :
Enfin, si l'incontinence est un effet secondaire d'un médicament (par exemple un contraceptif), un changement de molécule ou de dosage peut être envisagé dans l'espoir que cela suffise pour régler le problème.
Un chat incontinent ne peut pas toujours être guéri, que ce soit totalement ou même partiellement : tout dépend de la cause sous-jacente. Cela dit, ce n'est pas forcément un problème, car s'il ne souffre pas d'autres symptômes, il peut tout de même vivre à peu près normalement. Simplement, il est judicieux de prendre quelques précautions pour limiter les désagréments.
Les principaux conseils pour une cohabitation réussie sont de :
Si l'incontinence est vraiment marquée, une solution consiste à recourir à des couches pour chat. Le principe est le même que pour un bébé : on place une couche absorbante autour des pattes arrière et de la queue pour éviter qu'il ne répande ses besoins n'importe où dans la maison, et on la change de temps à autre lorsqu'elle est sale. Il en existe des jetables, mais la plupart sont lavables : dans ce dernier cas, il faut généralement compter autour de 20 euros pour un lot de trois.
L'incontinence urinaire ou fécale n'est pas un problème propre aux humains : même si elle est bien plus rare chez eux, elle touche aussi les chats. Elle peut avoir toutes sortes d'origines, mais les plus courantes sont une anomalie de l'appareil urinaire ou un traumatisme au niveau de la colonne vertébrale. Le traitement à mettre en place dépend de la cause sous-jacente, mais permet souvent d'atténuer le problème - voire d'y remédier totalement.
Cela étant, il faut bien avoir en tête que l'incontinence n'est qu'une des nombreuses causes possibles de malpropreté d'un chat - et elle est d'ailleurs loin d'être la plus courante. En effet, lorsqu'un petit félin n'est pas propre, c'est le plus souvent parce qu'il souffre d'un stress important, que sa litière ne lui convient pas, ou encore qu'il cherche à marquer son territoire - notamment pendant la saison des amours. La cause étant de nature psychologique et non physiologique, la prise en charge est alors naturellement bien différente. En cas de doute, le mieux est de se tourner vers un vétérinaire pour savoir dans quel cas de figure on se trouve, et donc ce qu'il convient de faire pour y remédier.
