À l'instar des humains, les chats appréhendent le monde extérieur grâce à leurs différents sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher... Ceux-ci peuvent être plus ou moins performants d'un petit félin à l'autre, que ce soit naturellement ou du fait d'une maladie, blessure ou malformation pouvant les rendre moins efficaces - voire inopérants.
Il faut toutefois savoir qu'à l'inverse les sens peuvent être nettement plus efficaces que la normale, au point d'ailleurs que parfois cela cause divers problèmes. C'est ce qui se produit notamment chez un individu touché par l'hyperesthésie féline.
En quoi consiste ce syndrome ? Quels en sont les causes et les symptômes ? Est-ce grave, et est-il possible de le soigner ?
L'hyperesthésie désigne une sensibilité accrue d'un ou plusieurs sens, au point que des sensations normalement considérées comme acceptables sont vécues par l'individu concerné comme désagréables, voire carrément douloureuses. N'importe quel sens peut être concerné : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût ou le toucher.
Chez le chat, le terme « hyperesthésie » est en fait utilisé pour désigner le syndrome d'hyperesthésie féline : il s'agit d'une hypersensibilité d'une zone bien précise de la peau (généralement située en bas du dos), au point que simplement l'effleurer peut déclencher une sur-réaction de l'animal. C'est un syndrome complexe, que l'on a aujourd'hui encore du mal à comprendre, et encore plus à reconnaître puis à traiter.
L'hyperesthésie féline est un phénomène encore mal compris. En particulier, les scientifiques ne connaissent toujours pas son origine exacte. Il existe donc toutes sortes d'hypothèses plus ou moins plausibles pour expliquer ce syndrome.
Par exemple, elle pourrait être un TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) développé à la suite d'un stress chronique ou de conflits récurrents avec d'autres animaux.
Une des autres explications est qu'elle serait la manifestation d'un trouble épileptique, ce qui expliquerait la présence de symptômes neurologiques chez une partie des individus touchés ainsi que l'efficacité de certains traitements anti-épileptiques. C'est ce que suggère l'étude intitulée « Feline hyperesthesia syndrome: Epilepsy as possible aetiology in two cats » et publiée en 2021 dans la revue VetRecord.
Ces deux pistes sont à ce jour jugées les plus probables, mais aucune ne fait réellement consensus. Il est d'ailleurs possible que l'hyperesthésie résulte de la combinaison de plusieurs facteurs, voire n'ait pas forcément la même cause d'un sujet à l'autre.
En tout cas, dans la mesure où certaines races de chats en particulier (surtout des races asiatiques) sont nettement prédisposées, une composante génétique est fortement suspectée.
Enfin, il semble couramment admis que le stress tend à aggraver le syndrome.
Au vu des connaissances scientifiques sur cette maladie, l'hyperesthésie peut théoriquement toucher n'importe quel chat, quels que soient sa race, son âge ou encore son sexe.
On constate toutefois que ce sont surtout des races de chats asiatiques qui sont concernées, ce qui laisse penser qu'il existerait une prédisposition génétique. L'Abyssin et le Siamois semblent les plus touchées, mais ce ne sont pas les seules : on recense régulièrement des cas d'hyperesthésie féline chez notamment le Birman, le Mandarin, le Tonkinois et l'Himalayen.
Par ailleurs, le syndrome semble davantage présent chez les chats âgés de plus d'un an.
Chez le chat, le terme d'hyperesthésie est utilisé pour désigner une sensibilité extrême de la peau au niveau d'une zone donnée, qui se situe presque toujours sur le dos - généralement à la base de la queue.
Concrètement, elle se traduit par une réaction anormale de l'animal en cas de contact au niveau de cette zone sensible - par exemple si on le caresse ou s'il se frotte à un objet. Cette réaction est susceptible de prendre différentes formes : il peut se gratter, se lécher ou se mordre frénétiquement à l'endroit en question, s'enfuir à toute vitesse pour échapper au contact, ou encore se montrer soudainement agressif (par exemple, chercher à griffer ou mordre). Certains sujets présentent aussi d'autres symptômes : des pupilles dilatées, une salivation abondante, des spasmes au niveau de la zone de contact, des miaulements ou feulements, ou encore des tentatives d'attraper leur propre queue en tournant sur eux-mêmes.
L'ensemble de ces symptômes durent généralement à peine 1 à 2 minutes après le contact problématique, et le chat retrouve ensuite un comportement normal. La situation peut se présenter plusieurs fois par semaine voire plusieurs fois par jour, en fonction de la sévérité de l'hyperesthésie.
L'hyperesthésie paraît généralement bénigne, voire peut sembler amusante en fonction des symptômes : par exemple, on peut trouver drôle de voir son chat s'enfuir à toute allure ou se mettre à courir après sa queue à la suite d'une caresse.
En réalité, elle est loin d'être sans conséquences, même si tout dépend l'ampleur des manifestations. Les principaux risques de l'hyperesthésie féline sont :
Ainsi, l'hyperesthésie peut avoir des répercussions plus ou moins sérieuses sur la santé physique ou psychologique de l'animal, même si elle n'est pas spécialement problématique en soi. Elle ne doit donc pas être prise à la légère.
Il n'existe pas de moyen de reconnaître facilement une hyperesthésie féline, car l'origine de ce syndrome n'est pas vraiment connue et ses symptômes sont peu spécifiques. Certes, un examen clinique et une discussion avec le maître aident le vétérinaire à comprendre dans quel contexte ces derniers surviennent le plus souvent, et peuvent donc l'aiguiller vers ce syndrome, mais cela ne suffit pas pour en être sûr.
En théorie, le seul moyen de diagnostiquer de manière certaine une hyperesthésie féline est de réaliser ce que l'on appelle un diagnostic différentiel. Concrètement, cela consiste à exclure une à une les maladies pouvant provoquer une douleur locale et donc des symptômes similaires : une allergie cutanée, de l'arthrite, des parasites, une infection fongique (c'est-à-dire causée par des champignons), une hernie discale, etc. Ce n'est qu'une fois toutes ces maladies écartées que l'on peut établir qu'il s'agit bien d'une hyperesthésie.
Toutefois, dans la pratique, exclure l'ensemble des maladies susceptibles d'être confondues avec ce syndrome serait le plus souvent long et coûteux, car cela demanderait de réaliser un grand nombre d'examens : une prise de sang, une IRM, des tests sérologiques, une analyse d'urine... Le vétérinaire cherche donc rarement à procéder de la sorte : il se contente plutôt d'exclure les causes les plus probables puis de tester divers traitements jusqu'à trouver le plus efficace pour atténuer les symptômes présents - voire les faire disparaître totalement.
L'hyperesthésie est difficile à traiter, car on en comprend encore bien mal les causes et le mécanisme. Malgré tout, il reste possible d'agir par différents biais. Mieux vaut d'ailleurs ne pas perdre de temps pour tenter de régler le problème, afin de limiter les risques que la situation n'empire.
La première chose à faire est de tâcher de limiter au maximum les sources potentielles de stress dans le quotidien du chat, car il semble bien que l'anxiété soit un facteur aggravant du syndrome. Par exemple, si ce n'est pas déjà le cas, il faut veiller à le nourrir à heures fixes, bien disposer ses principaux lieux de vie au sein du foyer (le coin litière, le coin repas, le coin repos...), veiller à ce qu'il ne s'ennuie pas (par exemple en prenant du temps chaque jour pour jouer avec lui), etc. Toutefois, les choses peuvent être rendues compliquées par le fait que l'hyperesthésie génère elle-même du stress.
Bien évidemment, il faut aussi éviter de le caresser au niveau de la zone sensible.
Si cela ne suffit pas pour atténuer suffisamment le syndrome, le vétérinaire propose normalement d'essayer divers traitements, en fonction des symptômes présents. Les médicaments les plus couramment testés sont des anti-inflammatoires (notamment la prednisone), des anti-épileptiques (le phénobarbital, la gabapentine...), des antidépresseurs, des anxiolytiques (comme la benzodiazépine) ainsi que certaines coenzymes.
Une fois qu'un traitement a montré une efficacité satisfaisante, il est administré pendant 4 à 6 mois, puis interrompu pour voir si les symptômes réapparaissent. Le cas échéant, le vétérinaire peut refaire un essai en augmentant le dosage, dans l'espoir que cela suffise cette fois à faire disparaître le problème sur le long terme. Cela étant, il n'est pas toujours possible de trouver une médicament et un dosage permettant une guérison définitive : le traitement doit alors être maintenu à vie.
Enfin, si aucune des options testées ne donne de résultats probants, la dernière solution consiste à faire porter une collerette à son chat ou à lui mettre un bandage au niveau de la zone sensible. Cela permet au moins de l'empêcher de se lécher, se gratter ou se mordre à cet endroit, et ainsi de limiter les irritations de la peau.
L'hyperesthésie féline est un syndrome complexe et encore mal compris, qui désigne une hypersensibilité au niveau d'une zone bien précise de la peau - généralement à la base du dos. Elle se traduit par une réaction anormale en cas de stimulation de cette zone (par exemple une caresse), et engendre le plus souvent une irritation cutanée ainsi qu'un stress chronique à plus ou moins long terme - avec potentiellement à la clé un cercle vicieux, car le stress lui-même aggrave le problème.
Il n'existe à ce jour aucun traitement spécifique pour ce syndrome, du fait notamment que ses causes ne sont pas clairement établies. Il faut donc tester diverses options jusqu'à en trouver une qui soit suffisamment efficace.
Quoi qu'il en soit, il est bon de rappeler qu'un chat n'aime pas forcément être caressé, même s'il ne souffre pas d'hyperesthésie féline. Ce n'est pas un jouet, ni une peluche que l'on peut dorloter ou câliner chaque fois qu'on le désire : lui aussi a son caractère, ses humeurs et ses envies. Il faut donc être attentif à son langage corporel : s'il se montre incommodé lorsqu'on le caresse, même sans manifester une réaction aussi impressionnante que dans le cas d'une hyperesthésie, l'attitude respectueuse à adopter est de ne pas insister et de le laisser tranquille.