La grippe aviaire chez le chat : transmission, symptômes et conseils

Un chat roux allongé à côté d'un poussin sur une nappe

La grippe aviaire est une terrible maladie qui fait beaucoup parler d'elle depuis le début du siècle. Comme son nom l'indique, elle cause des ravages au sein de nombreuses populations d'oiseaux, sauvages comme domestiques. Des cas de mammifères ayant été infectés sont même recensés de plus en plus souvent, notamment chez les félins.


Alors, qu'en est-il de la grippe aviaire chez le chat ? Ce dernier peut-il être contaminé ? Comment contracte-t-il cette maladie, et peut-il la transmettre autour de lui ?

Qu'est-ce que la grippe aviaire ?

Un élevage de volailles avec des poules en gros plan

Aussi appelée influenza aviaire ou même parfois peste aviaire, la grippe aviaire est une maladie virale qui, comme son nom l'indique, touche essentiellement les oiseaux et provoque des symptômes respiratoires. Presque toutes les espèces d'oiseaux sont susceptibles d'être atteintes, mais les espèces d'élevage (dinde, poulet...) sont les plus vulnérables ; à l'inverse, elle est souvent asymptomatique chez les espèces sauvages.

 

Le virus qui en est à l'origine fait partie des virus grippaux (les Orthomyxoviridae) : c'est pourquoi on parle de grippe aviaire. Ces derniers sont très nombreux : on les classe donc dans différents types et sous-types, nommés d'après des lettres de l'alphabet. La grippe aviaire est ainsi causée par différents virus du type A, en particulier des sous-types H5, H7 et H9. La souche la plus connue - et la plus préoccupante - est la souche asiatique, appelée H5N1 : elle a été détectée pour la première fois sur des oies en 1996 en Chine, puis repérée à nouveau en 2003 dans un certain nombre de pays d'Asie. Désormais, elle est présente sur tous les continents, et cause régulièrement des épidémies meurtrières au sein des populations d'oiseaux.

 

La grippe aviaire ne concerne toutefois pas que ces derniers : des cas de mammifères (notamment d'humains ou de chats) contaminés par le virus H5N1 sont régulièrement recensés à travers le monde. Ces cas restent pour l'instant isolés, mais les scientifiques s'interrogent sur les risques d'une épidémie au sein d'espèces de mammifères.

 

La suite de l'article ne concerne que la grippe aviaire causée par H5N1 : c'est en effet la souche la plus virulente et la plus étudiée par la communauté scientifique.

La transmission de la grippe aviaire

La grippe aviaire est une maladie très contagieuse, comme d'ailleurs toutes les autres grippes.

 

Le virus H5N1 se transmet de préférence entre oiseaux, au sein d'une même espèce ou bien d'une espèce à une autre - notamment d'un oiseau sauvage à une volaille, ou inversement. La transmission se fait toutefois aussi parfois depuis un oiseau vers un mammifère tel que le chat.

La transmission entre oiseaux

Une troupe d'oies marche dans un jardin

La transmission de la grippe aviaire se fait essentiellement entre oiseaux (souvent d'une même espèce mais pas uniquement).

 

Elle peut se faire de deux façons différentes :

  • à l'occasion d'un contact direct, par le biais de particules respiratoires ou de matières fécales contenant du virus ;
  • à l'occasion d'un contact indirect, par le biais d'éléments contaminés tels que de l'eau, de la nourriture ou divers objets ayant été souillés par un oiseau infecté.

 

L'élevage de volailles en batterie favorise la diffusion de la grippe aviaire, du fait de la proximité des animaux.

 

Dans la mesure où nombre d'oiseaux sauvages sont porteurs de H5N1 sans pour autant développer de symptômes (ce sont des porteurs sains), il est difficile de suivre la propagation du virus avec précision, ou même d'éviter la contamination des élevages. D'après les estimations, il se pourrait d'ailleurs qu'une bonne partie - voire la majorité - des épidémies de grippe aviaire au sein des élevages de volaille domestique soient le fait d'une transmission par des oiseaux sauvages.

La transmission à l'Homme

Une éleveuse donne à manger à ses poules

Le type H5N1 du virus de la grippe aviaire peut se transmettre d'un oiseau à un humain. La contamination se fait généralement auprès de personnes vivant ou travaillant en contact étroit et répété avec des oiseaux - notamment des éleveurs.

 

Les premiers cas de grippe aviaire chez l'être humain furent détectés très tôt, en 1997 - c'est-à-dire dès l'année qui suivit la détection des premiers cas sur des oiseaux. 18 personnes furent ainsi contaminées à Hong Kong, dont 6 qui finirent par décéder. La plupart de ces personnes étaient en contact étroit avec des oiseaux malades, mais un cas de transmission interhumaine fut détectée, lorsque des membres d'une même famille contractèrent le virus après avoir prodigué des soins à un enfant malade. C'est en tout cas ce qu'indique l'étude « Risk of influenza A (H5N1) infection among poultry workers, Hong Kong, 1997-1998 » publiée en 2002 dans The Journal of Infectious Diseases.

 

Les cas suivants d'humains malades du H5N1 furent détectés en 2004 en Thaïlande : 44 personnes présentaient des symptômes respiratoires à la suite d'une exposition régulière à des oiseaux, leurs déjections ou du matériel contaminé.

 

D'autres cas de transmission à l'humain furent rapportés épisodiquement, au fur et à mesure des épidémies : il y en aurait eu au total entre 500 et 900 à travers le monde, depuis la découverte de la grippe aviaire. Le dernier cas recensé à ce jour date de février 2023 : une fillette de 11 ans est décédée de la maladie au Cambodge.

La transmission au chat

Un chat noir et blanc assis au milieu des poules

L'être humain n'est pas le seul mammifère à pouvoir être infecté par le virus de la grippe aviaire. Des cas ont ainsi été recensés notamment chez la souris, le rat, la belette, le furet, le porc, le renard, la loutre, le blaireau, l'otarie, certains grands félins ou encore le chat - sachant qu'il en existe sans doute d'autres qui n'ont pas encore été détectés.

 

La transmission chez le chat se fait essentiellement dans des zones fortement touchées par la grippe aviaire - par exemple à proximité immédiate d'élevages décimés par la maladie. Elle a probablement lieu à la suite d'ingestion d'un oiseau contaminé par le H5N1. Des cas ont ainsi été détectés à divers endroits du monde, notamment entre 2003 et 2007 mais aussi plus récemment - notamment en décembre 2022 en France.

 

À ce jour, aucun cas de transmission entre chats n'a été recensé dans la nature. Des chercheurs ont toutefois montré qu'une telle contamination était théoriquement possible. Ils ont en effet commencé par inoculer le virus à des chats en bonne santé, puis ont mis ces derniers en présence de sujets sains, qui sont à leur tour tombés malades. La transmission s'est vraisemblablement faite par le biais de particules aériennes, mais du virus était présent aussi dans les selles. Ces résultats sont compilés dans l'étude intitulée « Avian H5N1 influenza in cats » et publiée en 2004 dans la revue Science.

Un chat peut-il avoir la grippe aviaire ?

Un jeune chat tient un oiseau mort dans sa gueule

Comme dit précédemment, divers cas de chats ayant été infecté par le virus de la grippe aviaire ont été recensés à travers le monde, depuis l'apparition de la maladie à la fin du siècle dernier.

 

Toutefois, contrairement à ce que l'on observe jusqu'à présent chez le chien, ils ne se contentent pas d'être porteurs du virus : ils sont susceptibles de développer des symptômes, tomber gravement malades, et même en mourir. Ils peuvent aussi contaminer des congénères sains, notamment en cas de contacts étroits et répétés.

 

La prévalence reste toutefois extrêmement faible en comparaison du nombre colossal de chats dans ces zones et du nombre gigantesque d'oiseaux contaminés pendant cette même période. Il n'est donc pas utile de paniquer : même si un chat peut théoriquement avoir la grippe aviaire, les spécialistes estiment que l'espèce est très peu sensible au H5N1.

Les symptômes de la grippe aviaire chez le chat

Un chat roux malade avec des symptômes respiratoires

Compte tenu du faible nombre de chats ayant été malades de la grippe aviaire, il est difficile d'établir avec précision la liste des symptômes susceptibles de survenir.

 

Les chats ayant été recensés ont en tout cas manifesté tout d'abord des symptômes essentiellement respiratoires : écoulements nasaux, toux, pneumonie, difficultés à respirer... De graves lésions au niveau des alvéoles ont également été constatées.

 

Les symptômes ne s'arrêtent toutefois pas là. L'étude intitulée « Influenza A virus (H5N1) infection in cats causes systemic disease with potential novel routes of virus spread within and between hosts » et publiée en 2006 dans l'American Journal of Pathology a en effet montré que le virus H5N1 est susceptible de provoquer une atteinte systémique chez les chats qui y sont sensibles. En particulier, des atteintes digestives et/ou neurologiques (notamment une encéphalite aigüe) ont été déjà répertoriées.

 

Le décès est susceptible de survenir dans les jours à semaines qui suivent. Toutefois, là encore, il est difficile d'estimer la mortalité chez le chat, compte tenu du trop faible nombre de cas recensés jusqu'à présent.

Comment protéger son chat contre la grippe aviaire ?

Un chat roux dort dans une ferme à côté d'une poule

Même si quelques cas de chats malades de la grippe aviaire ont été recensés jusqu'à présent, l'espèce reste globalement peu sensible à cette maladie. Il n'est donc pas utile de paniquer - ce qui ne doit toutefois pas dispenser de prendre quelques précautions.

 

Ce sont surtout les chats ayant un accès à l'extérieur qui sont à risques, en particulier s'ils vivent à proximité d'élevages de volaille et/ou dans une région frappée par une épidémie de grippe aviaire. Une contamination à la suite d'un contact unique avec un oiseau malade est en effet assez improbable, en l'état des connaissances actuelles.

 

Par conséquent, si jamais l'on a connaissance d'un élevage de volailles touché par le H5N1 à proximité de chez soi, mieux vaut ne pas laisser son animal sortir librement pendant quelques jours à semaines, pour limiter le risque de contamination. S'il a du mal à rester en intérieur, une option peut être de promener son chat en laisse, si bien sûr il s'y habitue : au moins, cela permet de lui faire prendre l'air tout en surveillant ses déplacements et éviter qu'il s'approche d'oiseaux. Puis, une fois que l'épidémie est terminée, l'animal peut reprendre ses anciennes habitudes et recommencer à sortir.

Conclusion

La grippe aviaire touche essentiellement les oiseaux (notamment d'élevage), mais des cas de mammifères - notamment de chats - sont régulièrement recensés à travers le monde. Contrairement aux chiens, ces derniers ne se contentent pas forcément d'être porteurs du virus : ils peuvent aussi tomber gravement malades et même en décéder. Néanmoins, de tels cas sont a priori extrêmement rares : il n'est donc pas nécessaire de s'inquiéter outre mesure - en tout cas pour l'instant.

 

En effet, les scientifiques restent inquiets quant à la possibilité que le virus H5N1 finisse par muter vers une forme pouvant contaminer plus facilement des mammifères. Il pourrait alors occasionner une véritable épidémie, ce que soit chez des animaux comme le chat, ou même chez l'Homme. Plus le nombre de contacts entre des mammifères et le virus augmente, plus le risque de mutation problématique s'accroît également. Une certaine prudence reste donc de mise, en particulier dans les régions durement frappées par des épidémies de grippe aviaire.

Par Aurélia A. - Dernière modification : 03/10/2023.