Les chats sont des animaux globalement robustes, qui sont assez peu sujets aux maladies et qui vivent plutôt longtemps pour leur taille.
Néanmoins, ils peuvent bien sûr tomber malades, et notamment développer un certain nombre de pathologies dermatologiques. La gale sarcoptique est l'une d'entre elles : peu grave mais très désagréable, elle risque de rapidement se transmettre à l'ensemble du foyer si l'animal ne reçoit pas un traitement rapide et adapté.
En quoi consiste exactement la gale sarcoptique, et à quoi est due ? Quels sont ses principaux symptômes, et quel traitement peut-on mettre en place ? Existe-t-il des moyens de pour la prévenir ?
Aussi appelée scabiose, la gale sarcoptique est une maladie de peau très contagieuse provoquant entre autres des démangeaisons intenses. Elle concerne essentiellement les chiens, mais elle peut aussi toucher les chats, même si c'est plus rare. Elle se transmet également aux humains : c'est donc ce qu'on appelle une zoonose.
D'autres maladies sont elles aussi qualifiées de gale : c'est le cas notamment de la gale démodécique, la gale des oreilles et la gale notoédrique. Elles doivent leur nom au fait qu'elles aussi sont causées par un parasite et engendrent entre autres de vives démangeaisons. Ce sont toutefois des pathologies différentes, et les acariens qui en sont à l'origine ne sont pas les mêmes.
La gale sarcoptique doit son nom au parasite qui en est à l'origine : le sarcopte, ou Sarcoptes scabiei. Il s'agit d'un minuscule acarien mesurant moins de 0,5 mm de long à l'âge adulte et vivant sur et dans la peau d'un hôte. Son nom vient des mots grecs « sarx », qui signifie « chair », et « kopto », qui veut dire « couper ».
Il en existe plusieurs variétés différentes, qui ont chacune un hôte privilégié. Sarcoptes scabiei var. canis est celle qui peut coloniser les chats et même les humains, même si elle touche essentiellement la gent canine. La transmission se fait surtout via des contacts prolongés entre un chien infesté et un chat (en particulier s'ils vivent dans le même foyer), mais une transmission indirecte est également possible par le biais d'objets contaminés.
Cela dit, Sarcoptes scabiei var. canis ne peut habituellement pas se reproduire sur un chat, même s'il peut le piquer : l'infestation est donc rarement grave ou prolongée.
Quoi qu'il en soit, il vit dans la couche cornée de la peau, c'est-à-dire la partie la plus externe de l'épiderme. C'est sa présence qui est à l'origine des différents symptômes de la gale, et ceux-ci peuvent être aggravés si le chat y est allergique ou s'il se gratte, se lèche et/ou se mordille la peau pour se soulager.
Le plus souvent, les premiers symptômes de la gale sarcoptique mettent entre 10 jours et 2 mois à apparaître. Tout dépend en fait du nombre d'acariens, de l'ampleur de l'infestation, de la partie du corps touchée et de l'état de santé de l'animal.
En tout cas, il peut se passer une longue période entre le moment où le chat est contaminé par le sarcopte et le moment où l'on prend conscience du problème. Or, pendant ce temps, d'autres membres du foyer ou de l'entourage proche risquent d'être infestés à leur tour.
Un chat infesté par le sarcopte développe le plus souvent des signes cliniques assez similaires aux symptômes d'un chien atteint de gale sarcoptique - ce qui n'est pas surprenant, puisqu'il s'agit du même acarien dans les deux cas.
Les principaux sont des papules (c'est-à-dire des petits boutons rouges), des croûtes ainsi que potentiellement des démangeaisons intenses, des dépilations locales et/ou des pellicules. Ils apparaissent généralement d'abord sur les zones les moins pourvues de poils, notamment la tête (en particulier l'arête du nez ainsi que les oreilles) et/ou les pattes. Ils peuvent avec le temps finir par se propager à l'ensemble du corps si l'infestation se prolonge.
Lorsque la gale touche les pieds, elle peut causer une pododermatite. Celle-ci se traduit entre autres par un gonflement ainsi qu'une déformation des doigts et/ou des coussinets, mais aussi potentiellement une infection au niveau des griffes.
Par ailleurs, la gale sarcoptique est susceptible de provoquer un épaississement de la peau, en particulier au niveau de la queue.
Quoi qu'il en soit, il faut savoir que l'étendue et la gravité des symptômes ne sont pas forcément directement fonction du nombre d'acariens. En effet, une réaction allergique de l'organisme aux piqûres et/ou une infection secondaire par des microbes sont susceptibles d'aggraver les choses, alors même que peu de sarcoptes sont réellement présents sur la peau.
En règle générale, les sarcoptes du chien ne peuvent pas se reproduire sur un chat. De ce fait, il n'est pas rare que les symptômes disparaissent spontanément même sans traitement, une fois qu'au bout de quelques semaines les acariens meurent naturellement - sauf si bien sûr l'animal est à nouveau infesté entretemps.
Toutefois, une étude intitulée « An Uncommon and Severe Clinical Case of Sarcoptes scabiei Infestation in a Cat » et publiée en 2022 dans la revue Pathogens semble indiquer que des acariens sont parvenus à se reproduire et même à causer de graves symptômes sur un chat atteint du sida (FIV) et porteur d'un ver solitaire. Il s'agit toutefois d'un cas très particulier, dans lequel l'organisme était très affaibli : une telle évolution est peu probable dans le cas général, a fortiori si l'animal est globalement en bonne santé.
Toutefois, des complications restent possibles s'il se gratte, se lèche et/ou se mordille beaucoup, car ce faisant il aggrave l'état de sa peau et augmente le risque d'infection. En effet, des microbes peuvent alors profiter des lésions cutanées pour coloniser la peau et même l'organisme.
Dans la mesure où les symptômes qu'elle provoque ressemblent beaucoup à ceux d'autres maladies de peau (parasitaires ou non), la gale sarcoptique n'est pas forcément facile à reconnaître - d'autant qu'elle est rare au sein de la gent féline.
Pour poser son diagnostic, le vétérinaire prélève un petit morceau de peau au niveau d'une lésion et l'examine au microscope afin de détecter la présence éventuelle de parasites.
Cela étant, il arrive parfois que ce test cutané soit négatif alors même que le chat est effectivement atteint de gale sarcoptique : c'est ce que l'on appelle un faux négatif. Cela se produit notamment s'il se lèche beaucoup, car ce faisant il élimine une bonne partie des croûtes et des acariens de sa peau.
Pour cette raison, si le résultat est négatif mais que les symptômes sont fortement évocateurs d'une gale sarcoptique, ou bien si le petit félin vit au contact de chiens et/ou d'humains eux-mêmes atteints ou l'ayant été récemment, le vétérinaire décide de lancer malgré tout un traitement contre le sarcopte. C'est en tout cas ce qu'indique une étude intitulée « Crusted scabies (sarcoptic mange) in four cats due to Sarcoptes scabiei infestation » et publiée en 2006 dans le Journal of Feline Medicine And Surgery. Le diagnostic est confirmé si l'état de l'animal s'améliore effectivement dans les semaines qui suivent.
Comme souvent dans le cas d'une infestation parasitaire, le traitement de la gale sarcoptique est plutôt long et contraignant, car il faut s'assurer de tuer l'ensemble des acariens pour éviter toute rechute.
Il consiste le plus souvent en l'utilisation d'un ou plusieurs acaricides, à appliquer sur la peau ou par voie orale en fonction des cas. Une étude intitulée « Feline sarcoptic mange in Taiwan: a case series of five cats » et publiée en 2013 dans la revue Veterinary Dermatology reporte ainsi par exemple qu'un traitement à base de moxidectine et d'imidaclopride s'est révélé efficace pour éliminer le parasite sur cinq chats malades. L'administration a été réalisée à trois reprises, avec un intervalle de deux semaines entre chaque : ce traitement a permis à l'ensemble des petits félins de guérir, sans aucune rechute dans les six mois. En outre, aucun effet secondaire ni anomalie n'a été noté.
Des antibiotiques, des antifongiques et/ou des anti-inflammatoires peuvent également être prescrits dans le cas d'une infection secondaire ou d'une réaction allergique. Ils viennent alors en plus des acaricides.
Quoi qu'il en soit, les dépenses nécessaires pour traiter son animal sont susceptibles d'être prises en charge au moins en partie par une assurance pour chat si l'on a pris soin d'en souscrire une avant l'apparition des premiers symptômes.
Par ailleurs, il est vivement conseillé de désinfecter le foyer (en particulier les endroits que le petit félin utilise le plus) pour éliminer les acariens qui pourraient s'y cacher.
La gale sarcoptique n'est normalement pas une maladie très grave. Elle est toutefois désagréable en raison des symptômes cutanés qu'elle occasionne, et nécessite un traitement plutôt long. Il est donc d'autant plus judicieux de faire son maximum pour l'éviter, c'est-à-dire minimiser les chances que son animal la contracte.
Pour cela, il est vivement conseillé de passer l'aspirateur dans le domicile au moins une fois par semaine et de laver les différents accessoires du chat toutes les quelques semaines, afin d'éliminer les éventuels acariens qui pourraient s'y cacher. Ces derniers peuvent en effet survivre quelques jours - voire quelques semaines - dans l'environnement.
Par ailleurs, si le foyer comporte un autre animal (chat ou chien) qui a contracté la gale sarcoptique, il convient d'isoler celui-ci jusqu'à sa guérison totale, pour éviter qu'il ne transmette la maladie aux autres membres de la famille - humains comme animaux, d'ailleurs. Il faut également veiller à le manipuler avec des gants, pour ne pas attraper la gale soi-même (et potentiellement ensuite la transmettre à son tour).
La gale sarcoptique est une maladie parasitaire de la peau qui se traduit entre autres par des boutons, des croûtes et/ou des démangeaisons sur des zones plus ou moins nombreuses et étendues du corps. Elle touche surtout les chiens, mais peut aussi concerner les chats et les humains. Elle est rarement grave, mais s'avère désagréable pour l'individu qui en est atteint et peut rapidement se transmettre à l'ensemble du foyer : mieux vaut donc la traiter sans attendre.
Cela étant, le type de gale qui touche le plus souvent les chats n'est pas la gale sarcoptique, mais la gale des oreilles. Elle est le fait d'un acarien différent, mais provoque des symptômes similaires. Toutefois, ces derniers restent habituellement cantonnés aux oreilles.