Malgré toute la prévention faite autour des dangers du tabac, on compte toujours un grand nombre de fumeurs à travers le monde, occasionnels ou plus réguliers. Un certain nombre d'entre eux ont - ou cotoient régulièrement - des animaux. Or, si l'impact du tabagisme passif sur les humains - et notamment sur les enfants - commence à être bien connu du grand public, il n'en va pas de même pour les animaux de compagnie.
Quels risques un chat encourt-il aux côtés d'une personne qui fume ? Comment limiter l'impact sur sa santé ?
Le tabagisme passif désigne le fait d'inhaler involontairement de la fumée de tabac, produite par une cigarette ou un autre objet à fumer : un cigare, une pipe ou un narguilé. La cigarette électronique ne contient quant à elle pas de tabac, même si elle peut contenir de la nicotine : c'est donc plutôt du vapotage passif.
Il pose de nombreux problèmes de santé, car le tabac contient un grand nombre de substances toxiques. Ces dernières sont absorbées par le fumeur lui-même, et aussi par les individus à proximité. Si cela ne se produit qu'occasionnellement, l'impact sur la santé reste modéré ; en revanche, en cas d'exposition régulière, le tabagisme passif augmente le risque de toutes sortes de problèmes de santé - notamment de cancers et de maladies respiratoires.
Ce risque concerne donc directement l'entourage immédiat d'un fumeur : sa famille, ses amis, ses proches, ainsi que les animaux de compagnie qui évoluent à proximité de lui. Ils font de fait eux aussi partie des individus les plus exposés au tabagisme passif. Or, il existe un grand nombre de fumeurs réguliers : environ 15 millions en France, 2,2 millions en Belgique, 1,6 million en Suisse et 3,8 millions au Canada. Cela fait donc nombre de chats concernés.
Le tabac renferme plusieurs milliers de produits chimiques : on peut citer notamment la nicotine, le goudron, le monoxyde de carbone, le cyanure d'hydrogène, le benzène, le formaldéhyde et le cadmium. Ils sont connus pour avoir toutes sortes d'effets délétères sur la santé : irritation de l'appareil respiratoire, accélération du rythme cardiaque, dégradation des veines et artères... Certains sont même cancérogènes.
Or, ces substances se retrouvent dans la fumée, et donc dans l'air. Si un chat se trouve à proximité, il respire alors un air contaminé, et peut finir à terme par tomber malade.
Par ailleurs, les particules qui composent la fumée de tabac ne restent pas indéfiniment dans l'air : elles finissent par retomber sur les meubles, le sol, les objets, les vêtements... Elles peuvent même y rester parfois pendant plusieurs années, comme le souligne l'étude intitulée « Thirdhand Exposures to Tobacco-Specific Nitrosamines through Inhalation, Dust Ingestion, Dermal Uptake, and Epidermal Chemistry » et publiée en 2022 dans la revue scientifique Environmental Science & Technology. Le pelage lui-même peut être contaminé, que ce soit par les retombées de la fumée ou par contact avec des surfaces polluées. Or, un chat fait sa toilette 3 à 4 fois par jour en moyenne : il absorbe alors les particules présentes sur ses poils, et peut même finir par s'intoxiquer lentement.
Comme pour un humain, fumer à côté d'un chat de manière régulière l'expose à toutes sortes de maladies, en raison du tabagisme passif qu'il subit alors.
Le premier danger est celui de maladies respiratoires, car les toxines se déposent dans l'appareil respiratoire. Asthme, bronchite, pneumonie et cancer du poumon sont quelques-unes des pathologies susceptibles de survenir chez un chat fréquemment exposé à de la fumée de cigarette. Elles auraient encore plus de chances de se produire chez un petit félin que chez un humain, car son appareil respiratoire est plus fragile.
Toutefois, des maladies autres que respiratoires sont également possibles. Par exemple, l'étude intitulée « Environmental tobacco smoke and risk of malignant lymphoma in pet cats » et publiée en 2002 dans l'American Journal of Epidemiology, conclut que le risque de développer un lymphome est 2,5 fois plus élevé pour un chat qui vit avec un fumeur depuis deux ans que pour un chat vivant dans un foyer non-fumeur. Il en ressort aussi que plus la cohabitation est longue, plus le facteur augmente : après cinq années aux côtés d'un fumeur, le risque serait entre 3 et 3,5 fois plus élevé.
Pour l'heure, les études manquent pour connaître l'ensemble des pathologies pouvant survenir sur un chat exposé au tabagisme passif. Chez l'être humain en revanche, il est avéré que cela augmente le risque de maladies cardiaques, troubles comportementaux, otites, caries... a fortiori chez les jeunes enfants. Il en va sans doute de même des animaux de compagnie, mais les études manquent pour quantifier précisément le phénomène.
Quoi qu'il en soit, si jamais une de ces maladies apparaît, les dépenses vétérinaires correspondantes sont susceptibles d'être prises en charge au moins partiellement par l'assurance pour chat, si on avait pris soin d'en souscrire une au préalable. Mieux vaut toutefois tout faire pour éviter que la situation ne se présente.
Le meilleur moyen de protéger un chat des effets du tabagisme passif est bien sûr d'éviter qu'il passe beaucoup de temps auprès d'une personne qui fume : son propriétaire, quelqu'un qui viendrait régulièrement le garder, un voisin chez qui il aurait l'habitude de passer de longues heures.
En tant que maître, arrêter de fumer est évidemment la première chose à faire si l'on est soi-même fumeur. Cela étant, c'est souvent plus facile à dire qu'à faire.
En tout état de cause, il est possible de limiter l'impact de la cigarette sur un chat en appliquant quelques mesures simples : éviter de fumer à côté de lui, aérer le domicile, se laver les mains après avoir fumé... Ce sont d'ailleurs les mêmes conseils que ceux qu'il convient d'appliquer pour limiter l'impact de la cigarette sur les autres humains - notamment les enfants.
La principale façon de protéger un chat des effets du tabac est d'éviter que qui que ce soit fume à côté de lui, ou dans une pièce qu'il a l'habitude de fréquenter.
L'idéal est de fumer à l'extérieur : cela limite son exposition à la fumée et aux toxines, et ce faisant réduit le risque de maladies et d'intoxications.
Si ce n'est pas possible, il convient au moins d'opter pour une pièce bien ventilée, dans laquelle l'animal ne se trouve pas à ce moment-là et si possible qu'il fréquente peu voire pas du tout. De cette façon, on limite les substances toxiques présentes dans l'air qu'il respire et qui se déposent sur les objets qu'il est susceptible d'utiliser.
Même si le chat ne se rend pas souvent dans la pièce où on fume, il convient que celle-ci soit bien aérée : cela permet d'éliminer un maximum de substances toxiques.
Pour cela, il faut en ouvrir les fenêtres pendant qu'on fume et après, pour évacuer plus facilement la fumée. On peut aussi envisager d'y installer un purificateur d'air.
Ces mesures permettent de limiter les effets néfastes du tabagisme passif, mais pas de les éliminer totalement : en effet, elles ne suffisent pas pour éviter les dépôts de particules toxiques sur les murs, le sol, les meubles, les vêtements... Pour cette raison, il est conseillé de nettoyer plus fréquemment le logement. Cela implique notamment de passer l'aspirateur et épousseter les meubles ainsi que les objets plusieurs fois par semaine, de mettre souvent les draps, tapis, moquettes et rideaux à la machine, mais aussi de laver régulièrement l'ensemble de sa garde-robe, car la fumée s'accroche facilement aux fibres textiles.
Lorsqu'on est fumeur, des résidus se déposent sur les doigts de la main qui tient l'objet (cigarette, cigare...) chaque fois qu'on fume. On risque ensuite de les répandre autour de soi : sur les objets, les vêtements et les meubles que l'on touche, mais aussi sur tout chat que l'on serait amené à caresser - qu'il nous appartienne ou non.
Afin d'éviter cela, il est vivement recommandé de se laver soigneusement les mains avec du savon juste après avoir fumé. Cela permet d'éliminer un maximum de résidus, et donc de limiter le risque de contaminer encore plus son environnement.
Les effets du tabac sur un chat ne se limitent pas forcément au tabagisme passif : il faut aussi avoir en tête que les substances toxiques présentes dans le tabac (nicotine, métaux lourds, goudron, hydrocarbures...) peuvent être à l'origine d'une intoxication.
En effet, il existe un risque que le chat lèche ou ingère une cigarette, un mégot ou des cendres. Ce scénario est toutefois peu probable, car il y a peu de chances que l'odeur du tabac lui plaise au point de lui donner envie d'y goûter. En revanche, il peut par exemple avaler des cendres qui seraient tombées dans son eau ou sa nourriture.
Le mieux à faire est de ne pas laisser traîner ses paquets de cigarettes, d'éviter de laisser tomber des cendres sur le sol, et de placer les mégots dans un cendrier hors de portée de l'animal - après les avoir soigneusement éteints, car un mégot allumé continue de diffuser de la fumée (et donc les toxines) dans son environnement.
Il existe même désormais des cendriers aspirateurs de fumée, qui contribuent à limiter la diffusion des odeurs et des substances toxiques.
La cigarette électronique (ou vapoteuse ou e-cigarette...) est un dispositif permettant de chauffer un liquide pour le transformer en vapeur et l'inhaler. Le liquide en question contient le plus souvent de la nicotine, un alcool (éthanol, glycérol, propylène-glycol...) et un arôme (fruits rouges, caramel, menthe...). En revanche, il est dépourvu de tabac. La vapeur produite comprend globalement les mêmes substances.
Comme elle utilise beaucoup moins de produits chimiques, la cigarette électronique est considérée comme bien moins nocive que la cigarette ou les autres objets à fumer. C'est en tout cas ce qu'indique l'étude intitulée « Electronic cigarettes: human health effects » et publiée en 2014 dans la revue Tobacco Control. En revanche, elle ne se prononce pas sur son innocuité pour les humains, faute de données suffisantes. Par ailleurs, les études sur les animaux de compagnie sont pour l'heure très rares, voire inexistantes.
Par conséquent, mieux vaut faire montre de prudence et éviter de vapoter en présence de son animal ou dans les pièces qu'il utilise le plus, notamment si l'on vapote un produit contenant de la nicotine.
En revanche, le liquide est très toxique pour un chat s'il en ingère, car il renferme de l'alcool et potentiellement aussi de la nicotine. Le risque est certes faible, car contrairement à un chien, un petit félin est peu attiré par le goût des fruits ou du sucre : si malgré tout il se montre un peu trop curieux, il pourrait être tenté de goûter et s'intoxiquer. Les conséquences pour sa santé peuvent alors être très graves - voire fatales. Pour cette raison, il est crucial de ne jamais laisser sa cigarette électronique ni ses recharges à la portée de son chat.
Le tabagisme passif est tout aussi terrible pour les animaux que pour les humains. Il peut même l'être davantage par certains aspects, en particulier pour les chats : ces derniers font souvent leur toilette, et sont donc susceptibles d'avaler des résidus de cigarette en grande quantité. Pour cette raison, il est vivement conseillé de ne pas fumer soi-même à côté de son chat, ou de le laisser passer souvent du temps aux côtés d'une personne qui fume.
Ce propos vaut bien sûr pour la cigarette et tous les autres objets à fumer contenant du tabac, mais il concerne aussi les autres drogues. En particulier, le cannabis est très toxique pour un chat, et peut le rendre gravement malade.