Le diabète du chat : symptômes, traitement, espérance de vie...

Multitude de Traitements médicaux

Le diabète est non seulement un fléau chez les êtres humains, mais il peut également toucher les animaux domestiques. Il est loin d'être rare chez le chat, et nécessite une prise en charge rapide ainsi qu'une surveillance régulière.


Quels sont les différents types de diabète chez le chat ? À quoi cette maladie est-elle due ? Comment soigner un chat diabétique ? Quelle est son espérance de vie ?

Qu'est-ce que le diabète ?

Représentation d'un diabète
Le diabète est dû à un excès de glucose dans le sang

Le diabète sucré, couramment abrégé en diabète, est une maladie caractérisée par une hyperglycémie chronique, c'est-à-dire un taux trop élevé de glucose (sucre) dans le sang sur une longue durée. Il ne s'agit donc pas d'une simple hyperglycémie ponctuelle, qui peut survenir par exemple à la suite d'un repas riche en glucides. Ces excès de glucose sont néfastes pour l'organisme et causent divers problèmes de santé parfois graves.

 

Il s'agit d'une maladie connue depuis très longtemps chez l'être humain, puisque certains écrits datant du 16ème siècle avant notre ère faisaient déjà mention de malades présentant des symptômes très similaires. La première utilisation du mot "diabète" remonte aux alentours du 2ème siècle : il s'agit d'un mot grec signifiant « qui passe à travers ». Il a vraisemblablement été choisi en référence au fait que les patients diabétiques semblent traversés par l'eau, dans la mesure où ils boivent et urinent beaucoup. Il existe d'autres types de diabète (notamment le diabète insipide), qui n'ont pas les mêmes causes mais présentent des symptômes très proches.

La prévalence du diabète chez le chat

Un pot de sucre renversé sur la table

Si les premiers cas de diabète humain datent donc de plusieurs millénaires, la maladie semble relativement peu présente dans le règne animal. Elle touche néanmoins aussi le chien et le chat domestiques, la première mention de diabète félin remontant d'après l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort (France) à 1916.

 

Dans l'ensemble, le diabète touche en moyenne 1 chat sur 400, ce qui est loin d'être négligeable - sachant que la maladie est probablement sous-diagnostiquée. Les spécialistes de la question s'accordent à dire que le nombre de chats atteints est en constante augmentation depuis plusieurs décennies, probablement en raison d'un mode de vie de plus en plus sédentaire et de la quantité importante de glucides dans l'alimentation industrielle, qui sont deux facteurs de risque.

 

La prévalence du diabète chez le chat est toutefois sans commune mesure avec celle chez l'humain. En effet, d'après une étude intitulée « National, regional, and global trends in fasting plasma glucose and diabetes prevalence since 1980: systematic analysis of health examination surveys and epidemiological studies with 370 country-years and 2·7 million participants » et publiée en 2011 dans la revue The Lancet, celle-ci atteint 10% - avec des écarts majeurs entre les pays.

Les causes du diabète chez le chat

Représentation de l'insuline et du glucose

La quantité de glucose présente dans le sang (glycémie) est régulée par divers mécanismes afin qu'elle ne soit ni trop faible, ni trop importante. Chez un chat en bonne santé, elle se situe aux alentours de 1 gramme / litre de sang lorsqu'il est à jeun.

 

Cette régulation se fait de manière hormonale. En effet, lorsque la glycémie est trop faible, certaines hormones telles que le cortisol (généralement qualifié d'hormone du stress), l'adrénaline et le glucagon ont pour effet d'augmenter la concentration de glucose dans le sang. À l'inverse, lorsqu'elle est trop élevée, le pancréas produit une hormone appelée insuline, qui incite les cellules adipeuses, le foie et certains muscles à absorber le glucose sanguin afin d'en réduire la quantité.

 

Il arrive toutefois que dans certains cas, la machine se dérègle : le glucose se retrouve alors soit en quantité trop faible (on parle dans ce cas d'hypoglycémie), soit en quantité trop importante (hyperglycémie). Lorsque l'hyperglycémie devient chronique, c'est-à-dire qu'elle n'est pas ponctuelle mais dure dans le temps, diverses conséquences néfastes pour l'organisme surviennent : c'est ce que l'on appelle le diabète sucré, couramment abrégé en diabète.

Les différents types de diabète chez le chat

Les causes du diabète chez le chat pouvant être diverses, les scientifiques ont mis en place une classification qui opère une distinction entre deux catégories de diabète : le diabète de type 1 et le diabète de type 2.

Le diabète de type 1, ou insulino-dépendant

Un chat tigré diabétique s'allonge au sol
Le diabète peut toucher des chats encore jeunes

Le diabète de type 1 est dû à un manque d'insuline dans l'organisme, le pancréas n'en produisant pas suffisamment pour permettre une bonne régulation de la glycémie. Il est parfois qualifié de diabète insulino-dépendant, à l'instar de son équivalent chez l'être humain. Certains spécialistes remettent toutefois en cause le bien-fondé de cette appellation dans le cas de l'animal.

 

Comme chez l'Homme et contrairement à ce qu'on constate chez le chien, le diabète de type 1 est plutôt rare chez le chat. En effet, d'après une étude intitulée « Current Understanding of Feline Diabetes: Part 1, Pathogenesis » et publiée en 1999 dans la revue Journal of Feline Medicine and Surgery, il ne représente que 5 à 20% des cas.

 

Quoi qu'il en soit, le défaut d'insuline qui caractérise le diabète de type 1 peut lui-même être causé par :

 

  • une malformation du pancréas, le rendant inapte à produire autant d'insuline que nécessaire. Les symptômes apparaissent alors très tôt, généralement avant l'âge d'un an, raison pour laquelle on parle alors parfois de diabète juvénile ;

 

  • un dérèglement du système immunitaire qui conduit ce dernier à attaquer et à détruire les cellules chargées de produire l'insuline, car il les confond avec des agents pathogènes ;

 

  • une pancréatite du chat, qui peut elle-même avoir des origines très variées : une maladie virale, une tumeur du pancréas, une intoxication à certains produits chimiques, l'utilisation de certains médicaments...

Le diabète de type 2, ou non insulino-dépendant

Un gros chat diabétique assis sur le sol
Les chats obèses sont fortement prédisposés au diabète de type 2

Contrairement au diabète de type 1, le diabète de type 2 est dû non pas à une faible quantité d'insuline, mais à un manque d'efficacité de celle-ci : les cellules censées absorber les excès de glucose dans le sang perdent peu à peu leur sensibilité et réagissent donc moins à la présence de cette hormone. Par analogie à la classification établie chez l'être humain, ce type de diabète a longtemps été qualifié de non insulino-dépendant, mais cette appellation est désormais remise en cause dans le cas du chat. Certains continuent toutefois de l'utiliser.

 

Le diabète de type 2 est particulièrement fréquent chez les chats en surpoids voire obèses, car du fait des grandes quantités de graisses présentes dans leur organisme, leurs muscles et cellules ont tendance à se tourner en priorité vers les lipides plutôt que vers le glucose pour obtenir l'énergie nécessaire à leur fonctionnement.

 

Le surpoids n'est toutefois pas la seule cause possible du diabète de type 2, puisque ce dernier peut aussi être dû à un manque d'exercice chronique ou à la prise de certains médicaments (notamment les corticoïdes et les progestatifs, ces derniers étant notamment utilisés comme contraceptifs pour chat).

 

Le Burmese anglais assis sur son arbre à chat
Le Burmese est fortement prédisposé au diabète

Il existe également une prédisposition génétique, en particulier chez le Burmese Anglais : bien que les gènes impliqués n'aient pas encore été identifiés, différentes études ont mis en évidence une prévalence importante du diabète au sein de la race. C'est le cas notamment de celle intitulée « Over representation of Burmese cats with diabetes mellitus » et publiée en 2008 dans la revue scientifique Australian Veterinary Journal.

 

Quelle que soit la cause du diabète de type 2, l'organisme est moins sensible à l'insuline qu'il devrait l'être, si bien que les excès de glucose mettent de plus en plus de temps à disparaître. Le pancréas compense ce manque de réactivité en produisant toujours plus d'insuline. Malheureusement, cette sur-sollicitation des cellules chargées de fabriquer l'hormone finit par les épuiser et par causer leur mort. À terme, le pancréas perd donc sa capacité à produire de l'insuline en quantité suffisante. Ainsi, il existe un risque non négligeable que le diabète de type 2 évolue vers un diabète de type 1.

Les symptômes du diabète chez le chat

Un chat diabétique ne se sentant pas bien

Comme chez l'être humain, le diabète du chat est une maladie silencieuse, dans la mesure où elle se développe pendant plusieurs mois (voire années) sans être visible. Il existe donc une phase asymptomatique, de durée plus ou moins longue.

 

Lorsqu'ils finissent par apparaître, les premiers symptômes du diabète sont facilement reconnaissables et typiques de la maladie. Mais si rien n'est fait, l'excès de glucose dans le sang dégrade progressivement l'organisme et occasionne des complications sévères.

La phase asymptomatique du diabète

Le diabète étant une maladie silencieuse, les premiers symptômes peuvent mettre longtemps avant d'être visibles. Pendant tout ce temps, le chat est donc asymptomatique.

Le début de l'hyperglycémie chronique

Chat mangeant une glace
Les premiers excès de glucose ne sont pas visibles

Le diabète débute très tôt, lorsque la glycémie à jeun commence à dépasser régulièrement 1,5 g/L, alors qu'elle devrait plutôt se situer autour de 1 g/L. On parle alors d'hyperglycémie.

 

La maladie n'est pas encore visible à ce stade, même si une prise de sang du chat permet de la détecter. Une analyse d'urines ne donne quant à elle aucun résultat, car les mictions sont toujours normales. En effet, tant que la glycémie ne dépasse pas environ 2,2 g/L, les reins parviennent à « retenir » tout le glucose présent dans le sang et à l'empêcher de partir dans la vessie puis les urines.

Le début de la glycosurie

La glycosurie n'est pas visible tout de suite dans les urines
La glycosurie n'est pas visible tout de suite dans les urines

Une fois que la glycémie commence à dépasser environ 2,2 g/L, les reins du chat sont dépassés et ne peuvent contenir tout le glucose présent dans le sang : ils en éliminent donc une partie dans les urines.

 

À partir de ce stade apparaît donc une glycosurie (c'est-à-dire une quantité anormale de sucre dans les urines), qu'il est possible de détecter à l'occasion d'une analyse d'urines. Pour autant, il n'y a toujours pas réellement de symptôme : le volume et la fréquence des mictions sont toujours normaux, tandis que la prise de boisson reste stable.

Les symptômes caractéristiques du diabète chez le chat

Les premiers symptômes du diabète du chat commencent à se manifester lorsque la glycémie atteint environ 3 g/L de sang.

L'augmentation de la soif et des urines

Les chats diabétiques ont besoin de boire beaucoup d'eau
Les chats diabétiques ont besoin de boire beaucoup d'eau

Lorsque le taux de glucose dans le sang dépasse les 3 g/L, les urines sont très chargées en sucre : elles sont donc plus denses et plus épaisses que d'habitude.

 

En parallèle, on observe une polyurie, c'est-à-dire une augmentation de la fréquence et du volume des mictions. Ceci est dû au fait que le glucose possède la capacité d'"attirer" l'eau : lorsqu'il est très présent dans les urines, il augmente donc le volume de celles-ci en attirant à lui l'eau située dans les cellules alentour. Concrètement, la litière du chat doit alors être changée beaucoup plus souvent, car l'animal urine davantage.

 

En parallèle, il se met à boire beaucoup plus que d'habitude, de manière à compenser ces pertes en eau : c'est ce que l'on appelle la polydipsie.

L'augmentation de l'appétit

Les chats diabétiques donnent l'impression d'avoir toujours faim
Les chats diabétiques donnent l'impression d'avoir toujours faim

Contrairement au chien, le chat est connu pour être un animal plutôt gourmet, qui mange de petites quantités à chaque fois et peut se montrer assez difficile avec la nourriture. Toutefois, lorsqu'il devient diabétique, il n'est pas rare de le voir se transformer en véritable petit ogre. Son appétit est augmenté, et il donne l'impression d'avoir toujours faim : c'est ce que l'on appelle la polyphagie.

 

Ce symptôme est lié au fait que c'est l'absorption du glucose par certaines zones du cerveau du chat qui provoque le sentiment de satiété. Par conséquent, chez un sujet diabétique, l'incapacité de l'organisme à utiliser le glucose présent dans le sang retarde l'apparition de la sensation de satiété : l'animal mange donc plus que d'habitude, car il conserve plus longtemps le sentiment de faim.

La perte de poids

Un chat diabétique peut avoir une grosse perte de poids

Surprenamment, la polyphagie n'a pas forcément pour conséquence une prise de poids : cela peut être le cas au début du diabète, mais au bout d'un certain temps, il n'est pas rare d'observer l'effet inverse et de constater que le chat maigrit beaucoup.

 

La raison principale de cette perte de poids importante est que l'insuline contribue au maintien des tissus musculaires et graisseux dans l'organisme : si elle se raréfie ou si elle devient inefficace, cela se traduit par une fonte musculaire et adipeuse, en dépit de la prise augmentée de nourriture.

Les complications liées au diabète chez le chat

Les symptômes évoqués précédemment sont caractéristiques du diabète chez le chat : ce sont les premiers à apparaître, et donc ceux qui permettent de se rendre compte que quelque chose ne va pas. Par la suite, la quantité importante de sucre dans le sang peut également entraîner diverses complications parfois irréversibles.

L'acido-cétose diabétique

Un chat malade se repose au sol

L'acido-cétose est une des conséquences les plus graves du diabète chez le chat.

 

Elle consiste en une accumulation de déchets appelés corps cétoniques, qui sont produits lors de la dégradation des lipides par l'organisme. En effet, les tissus et les muscles ne pouvant plus tirer leur énergie dans le glucose, ils se tournent de préférence vers les graisses stockées dans le corps : la quantité de graisses diminue (d'où un amaigrissement) et la quantité de déchets augmente. Ces derniers sont normalement éliminés par les reins, mais lorsqu'ils deviennent trop nombreux, ils s'accumulent dans le sang et l'acidifient, ce qui provoque divers problèmes de santé dans tout le corps.

 

Ainsi, un chat souffrant d'acido-cétose diabétique subit une dégradation de son état général : il perd l'appétit, est apathique, ne fait plus sa toilette, a des diarrhées et/ou des vomissements (ce qui augmente la déshydratation causée par les mictions plus importantes). Son haleine peut aussi avoir une odeur fruitée. Lorsque l'acido-cétose est très marquée, l'animal peut tomber dans le coma et même mourir.

La neuropathie

Un chat noir et blanc marche sur une barrière
Le diabète peut conduire à une plantigradie

La neuropathie est une complication du diabète relativement fréquente chez le chat et l'Homme, alors qu'elle est très rare chez le chien. Elle se caractérise par une perte de sensibilité des membres postérieurs (parfois aussi des membres antérieurs) liée à une dégradation des nerfs causée par l'excès de glucose. Cette perte de sensibilité peut être temporaire ou permanente, selon la gravité de l'atteinte.

 

Un chat atteint de neuropathie présente plusieurs symptômes typiques : une capacité de saut réduite, de l'ataxie (c'est-à-dire des difficultés de coordination des membres), une faiblesse dans les pattes arrière et/ou une plantigradie (le chat marche sur la plante des pieds plutôt que sur ses doigts).

 

D'après l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort (France), un peu moins de 10% des chats diabétiques seraient concernés par cette complication.

Les problèmes oculaires

Le diabète endommage les yeux des chats malades
Le diabète endommage les yeux des chats malades

Contrairement à ce que l'on observe chez le chien ou chez l'être humain, la cataracte est assez rare chez le chat diabétique.

 

Ce dernier est toutefois lui aussi sujet à certains problèmes oculaires liés à l'accumulation de glucose dans les petits vaisseaux sanguins des yeux. C'est notamment le cas de la rétinopathie, qui correspond à une atteinte de la rétine.

 

Parmi les signes visibles de cette affection, on peut citer une baisse de la vision (le chat se cogne souvent et a du mal à se repérer) ainsi que des hémorragies oculaires, car le glucose fait éclater des petits vaisseaux sanguins à force de s'y entasser.

Les autres complications possibles du diabète

Un chat diabétique peut tomber en grave dépression
Un chat diabétique peut tomber en grave dépression

En plus de l'acido-cétose, la neuropathie et certains problèmes oculaires, un chat atteint de diabète risque divers autres problèmes :

 

  • des infections, car le diabète a pour conséquence d'augmenter la sensibilité de l'organisme aux agents pathogènes. Les infections urinaires et cutanées sont les plus fréquentes ;

 

  • des problèmes rénaux, car le glucose a tendance à s'accumuler dans les petits vaisseaux situés dans les reins et à les endommager. Ces derniers fonctionnent donc moins bien et ne parviennent plus à filtrer certains déchets, qui en conséquence s'accumulent dangereusement dans l'organisme. Les chats y sont d'autant plus sujets qu'ils ont naturellement des reins fragiles, en comparaison des autres espèces ;

 

  • le syndrome hyperglycémique hyperosmolaire (SHH), qui est une complication peu fréquente mais très grave du diabète. Il se produit lorsque la glycémie atteint des niveaux très élevés, notamment si le diabète n'est pas traité : le glucose absorbant massivement l'eau située dans l'organisme (et notamment dans le cerveau), cela finit par provoquer une déshydratation foudroyante. Le chat devient alors complètement amorphe, puis tombe en dépression ou dans le coma. Ses chances de survie sont très minces.

Le diagnostic du diabète chez le chat

Le diagnostic du diabète requiert une prise de sang
Le diagnostic du diabète requiert une prise de sang

Il est facile de reconnaître un chat diabétique une fois que les premiers symptômes (soif intense, augmentation des urines...) sont apparus, car ces derniers sont aisément reconnaissables - en particulier si l'animal passe beaucoup de temps en intérieur.

 

Ils ne sont toutefois pas suffisants pour établir un diagnostic précis du diabète et surtout pour savoir à quel stade en est la maladie. Le vétérinaire procède donc à une prise de sang ainsi qu'à une analyse d'urines, l'objectif étant de quantifier à la fois l'hyperglycémie et la glycosurie.

 

Le plus souvent, le diabète chez le chat est la conséquence directe d'un surpoids prononcé, voire d'une obésité. Si ce n'est pas le cas, le professionnel peut effectuer des examens complémentaires afin d'en déterminer l'origine.

Le traitement du diabète chez le chat

Un chat recevant son traitement contre le diabète

Une fois que le diabète devient symptomatique, il est très rare que le chat malade guérisse de lui-même. La situation tend même plutôt à se dégrader, car la glycémie élevée engendre à terme toutes sortes de problèmes de santé, dont certains favorisent l'apparition de complications plus graves.

 

Une fois la maladie diagnostiquée, il est donc important d'entamer un traitement le plus rapidement possible afin de limiter le risque de conséquences irréversibles. La nécessité d'agir sans attendre est d'autant plus que grande qu'à la différence du chien, le taux de rémission est important chez le chat, d'autant plus si le traitement est commencé tôt.

L'insulinothérapie pour chat diabétique

Bien que chez le chat le diabète soit très souvent de type 2 et non de type 1, une insulinothérapie (c'est-à-dire l'administration quotidienne d'insuline) est très souvent nécessaire au moins dans un premier temps, afin de stabiliser l'état de l'animal.

Le type d'insuline à utiliser

Les différents types d'insuline

Il existe essentiellement deux types d'insuline utilisables chez le chat, qui ont des durées d'action différentes :

 

  • une insuline vétérinaire d'origine porcine, qui a une durée d'action intermédiaire : elle produit généralement ses effets pendant moins de 12 heures après la prise. Elle présente toutefois l'inconvénient d'agir trop fortement sur certains chats et de ne pas toujours être bien absorbée par l'organisme, ce qui conduit donc à des difficultés à maintenir une glycémie stable ;

 

  • des insulines dites humaines, et plus particulièrement la glargine. Cette dernière présente l'avantage d'agir plus longuement que l'insuline porcine et offrirait de meilleures chances de guérison. Il s'agit toutefois d'une molécule récente : elle fait donc encore l'objet d'études et demeure relativement peu répandue.

 

Le type d'insuline et le dosage correspondant sont décidés par le vétérinaire, en fonction des symptômes constatés et de l'état d'avancement de la maladie. Il ne faut en aucun cas prendre l'initiative de les changer sans son assentiment préalable, car un mauvais dosage peut avoir de très graves conséquences pour l'animal. En effet, une administration trop importante entraîne une hypoglycémie qui, dans les cas les plus extrêmes, peut causer la mort.

Comment administrer l'insuline à son chat

Un vétérinaire en train de faire une injection d'insuline au chat diabétique

L'insuline se présente sous forme de flacons et s'administre habituellement par injections sous-cutanées. En effet, comme il s'agit d'une molécule fragile, elle se dégrade facilement, ce qui explique qu'il est difficile de l'administrer par voie orale.

 

Contrairement au chien, il n'est pas forcément nécessaire d'effectuer plus d'une piqûre par jour pour obtenir des résultats satisfaisants. Malgré tout, la fréquence reste telle qu'il ne saurait être question de faire faire les injections par un vétérinaire : c'est donc au maître de s'en charger au quotidien. L'administration est effectuée généralement le matin, peu après le repas. Heureusement, le fait que les piqûres ne soient pas douloureuses pour l'animal facilite grandement les choses.

 

Un chat roux reçoit son injection d'insuline

L'insuline doit impérativement être conservée au réfrigérateur, car elle se dégrade facilement si elle est exposée à la chaleur. Pour réaliser une injection, il faut commencer par homogénéiser le produit en retournant délicatement le flacon plusieurs fois, sans pour autant le secouer pour ne pas dégrader le contenu. Les injections sont à effectuer à l'aide d'une seringue ou d'un stylo injecteur avec aiguille à usage unique.

 

La dose quotidienne à injecter évolue dans le temps et a notamment tendance à diminuer nettement au bout de quelques semaines. Il faut donc faire des visites de contrôle régulières chez le vétérinaire afin que celui-ci ajuste le dosage chaque fois que cela s'avère nécessaire. Le maître ne doit surtout pas prendre l'initiative de modifier le volume ou la fréquence des injections lui-même, sous peine de rendre son animal gravement malade.

Le prix du traitement à base d'insuline

Un chat roux et blanc couché sur des dollars

Le traitement d'un chat diabétique à base d'insuline est non seulement contraignant, mais aussi coûteux.

 

En effet, même si les doses quotidiennes sont moins conséquentes que chez le chien ou l'Homme, le coût cumulé des flacons, des seringues et du suivi vétérinaire a tôt fait d'atteindre une cinquantaine d'euros par mois. Ce montant varie bien sûr selon les cas : plus l'animal a besoin d'insuline, plus le budget est élevé. Heureusement, dans bon nombre de cas, le traitement peut être fortement allégé - voire interrompu - au bout de quelques semaines à quelques mois.

 

Cela étant, pour éviter les mauvaises surprises, il est toujours possible de souscrire une assurance santé pour son chat. En effet, certaines formules prennent en charge tout ou partie des dépenses liées au traitement du diabète. C'est donc un point qui peut mériter d'être examiné lors du choix d'une offre pour assurer son animal, sachant qu'il faut aussi prendre garde aux possibles exclusions. Par exemple, le chat ne doit pas être déjà diabétique avant la souscription du contrat, et ce dernier prévoit généralement un délai de carence.

L'alimentation du chat diabétique

Régime BARF pour chien ou chat
Le traitement du diabète implique un régime pauvre en sucres

Même si l'insulinothérapie est généralement efficace pour gérer les symptômes du diabète, elle s'accompagne nécessairement d'un changement d'alimentation du chat afin de stabiliser sa glycémie. C'est d'autant plus important que la maladie apparaît généralement à la faveur d'une obésité, : une alimentation saine peut alors permettre de la faire disparaître en favorisant le retour à un poids normal.

 

Le régime alimentaire à mettre en place dépend de chaque animal et de chaque cas, mais dans l'ensemble, il doit surtout contenir des protéines de haute qualité et limiter les apports en sucres rapides. Les aliments industriels de qualité standard sont donc à éviter, car ils contiennent généralement beaucoup de glucides peu digestes. Mieux vaut opter pour d'autres types de produits, comme par exemple des croquettes pour chats bio sans céréales.

 

Il ne faut surtout pas priver d'eau un chat diabétique
Il ne faut surtout pas priver d'eau un chat diabétique

Quoi qu'il en soit, c'est au vétérinaire de définir le régime alimentaire idéal : le maître doit ensuite impérativement s'y tenir, car son animal ne peut rester en bonne santé que si les injections d'insuline sont correctement dosées par rapport au glucose apporté par la nourriture.

 

Par ailleurs, même si l'animal guérit et n'est plus diabétique, le régime doit généralement être conservé à vie pour éviter les rechutes, qui sont quasi inévitables en cas de retour à l'alimentation précédente.

 

Enfin, il est inutile et même dangereux de tenter de priver d'eau un chat diabétique pour tenter de réduire les mictions : en effet, il boit beaucoup car il urine beaucoup, et non l'inverse. Une réduction de la prise d'eau pourrait causer une grave déshydratation, voire provoquer sa mort. De toute façon, la polydipsie et la polyurie disparaissent d'elles-mêmes au fur et à mesure que le traitement fait ses effets.

Les médicaments hypoglycémiants

Un chat à poil long recevant un médicament hypoglycémiant

Dans la mesure où le chat est beaucoup plus souvent atteint de diabète de type 2 que de type 1, il ne souffre pas en général d'un défaut de production d'insuline (en tout cas dans un premier temps) mais d'un problème d'inefficacité de celle-ci, qui est très souvent dû à un surpoids prononcé. Par conséquent, en parallèle du changement d'alimentation et à la place de l'insuline, le vétérinaire recommande parfois l'utilisation de médicaments hypoglycémiants.

 

Ces derniers permettent à la fois de stimuler la production d'insuline au niveau du pancréas et/ou d'améliorer l'efficacité de celle-ci dans l'organisme. Ils sont administrés sous forme de comprimés à donner deux fois par jour (un le matin et un le soir), à l'occasion des repas. Comme pour l'insulinothérapie, ils nécessitent un suivi régulier chez le vétérinaire afin de s'assurer que la glycémie se stabilise.

 

Leur efficacité est toutefois assez variable d'un animal à l'autre, puisque seuls 30% des chats y répondraient favorablement. En outre, comme le souligne une étude intitulée « Transient clinical diabetes mellitus in cats: 10 cases (1989-1991) » publiée en 1999 dans le Journal of Veterinary Internal Medicine, ils sont susceptibles de provoquer des effets secondaires plus ou moins sérieux tels que des vomissements, une hypoglycémie ou des troubles hépatiques.

 

De fait, ce type de traitements ne sont généralement utilisés que dans les cas de diabète peu avancés et sans complications apparentes. S'ils échouent, ils sont remplacés par un traitement classique à base d'insuline.

Quelques conseils pour traiter un chat diabétique

Un suivi vétérinaire régulier du chat diabétique est essentiel
Un suivi vétérinaire régulier du chat diabétique est essentiel

Le propriétaire d'un chat diabétique doit garder certaines choses en tête pour réduire le risque de complications graves et au contraire maximiser les chances de guérison de son animal :

 

  • l'insuline se dégradant facilement lorsqu'elle est exposée à la chaleur ou au gel, il est impératif de la conserver en respectant à la lettre la notice jointe au flacon. Si le maître doit en emporter avec lui, par exemple s'il souhaite voyager avec son chat, il doit la transporter dans un sac isotherme ou une glacière afin de la conserver à la bonne température. Au moindre doute, il est préférable de jeter le flacon et d'en utiliser un nouveau ;

 

  • si la quantité d'insuline injectée est trop importante par rapport aux apports en glucides (par exemple si le dosage est mal réalisé ou si le chat mange ponctuellement moins qu'il ne devrait), il existe un risque d'hypoglycémie. Une crise légère n'est pas très problématique, mais une crise prononcée peut avoir de graves conséquences et même provoquer la mort. Le maître doit donc apprendre à réagir immédiatement s'il remarque certains symptômes (fatigue, convulsions, coma...) et en faire part au vétérinaire sans attendre, pour que celui-ci revoie éventuellement le dosage ;

 

  • un suivi vétérinaire régulier du chat diabétique est essentiel : cela permet non seulement de s'assurer que le traitement est efficace, mais aussi d'ajuster le dosage chaque fois qu'il le faut - sachant que chez le chat les doses nécessaires ont tendance à diminuer avec le temps ;

 

  • en général, les chats répondent plutôt bien au traitement, et le diabète s'atténue voire disparaît en quelques mois. Malgré tout, le risque de complications n'est pas nul : le maître doit donc surveiller attentivement son animal et consulter en urgence s'il constate des signes d'acido-cétose, de syndrome hyperglycémique hyperosmolaire ou d'atteintes oculaires.

L'espérance de vie d'un chat diabétique

Un chien se repose au soleil

De manière générale, un chat atteint de diabète ne guérit pas, même avec un traitement. Il faut donc le plus souvent le traiter à vie : c'est le meilleur moyen de lui assurer une qualité de vie à peu près normale.

Le traitement à base d'insuline est assez contraignant en raison du nombre d'injections à réaliser, mais il limite fortement les symptômes et le risque de complications. C'est pourquoi il est important de le mettre en place le plus tôt possible, avant que des complications graves ne surviennent.

 

S'il est administré correctement et se montre efficace, l'espérance de vie d'un chat atteint de diabète est proche de celle d'un chat en bonne santé. Il doit toutefois pour cela être mis en place avant l'apparition de complications, et doit s'accompagner d'une bonne hygiène de vie.

La prévention du diabète chez le chat

Un beau chat à poil long perché sur un arbre

Dans la mesure où le surpoids est le principal facteur de prédisposition au sein de la gent féline, la meilleure chose à faire pour empêcher son chat de devenir diabétique consiste à veiller toute sa vie durant à ce qu'il ne s'éloigne jamais trop de son poids idéal.

 

Cela implique donc notamment de lui offrir une alimentation adaptée à ses besoins nutritionnels (c'est-à-dire ni trop riche, ni trop pauvre), de s'assurer qu'il fait un minimum d'exercice chaque jour (sauf contre-indication médicale, évidemment) et de le peser régulièrement pour surveiller l'évolution de son poids dans le temps. C'est particulièrement important lorsqu'on possède un chat prédisposé à l'embonpoint, comme c'est le cas de certaines races ou de ceux vivant en intérieur. Quant aux propriétaires de Burmese Anglais, leur vigilance doit être d'autant plus constante que cette race est particulièrement sujette tant à l'obésité qu'au diabète.

 

Pour autant, il ne faut pas croire que la prévention du surpoids permet de garantir un risque zéro, car certains chats domestiques développent un diabète pour d'autres raisons que l'obésité. Il s'agit certes d'un cas de figure minoritaire, mais non moins réel. Veiller à ce que son animal conserve un poids approprié réduit donc fortement le risque de diabète, mais ne le fait pas totalement disparaître.

En résumé...

Petit chat diabétique recevant son injection d'insuline

  • Le diabète est dû à un excès chronique de glucose dans le sang. Chez le chat, la cause principale est l'obésité, même s'il en existe d'autres.

 

  • Les symptômes typiques du diabète sont une soif importante, des urines augmentées, un plus gros appétit et parfois aussi une perte de poids notable.

 

  • Le traitement du chat diabétique doit allier injections d'insuline ou administration de médicaments hypoglycémiants, alimentation pauvre en glucides et suivi régulier par un vétérinaire.

 

  • Contrairement au chien, les chances de guérison totale sont loin d'être nulles, même si elles ne sont pas non plus de 100%. Plus le traitement est entamé tôt, meilleur est le pronostic.

 

  • S'assurer que son chat n'est pas en surpoids permet de réduire fortement les chances qu'il devienne diabétique, même s'il existe en réalité toujours un risque.

Conclusion

Le diabète est une maladie hormonale relativement fréquente chez le chat, et qui touche surtout les sujets obèses. Comme il peut avoir de très graves conséquences sur la santé, il doit être traité rapidement. C'est d'autant plus important que les chances de rémission totale ne sont pas négligeables si la prise en charge est rapide.

 

Mais comme souvent, la meilleure solution consiste à limiter les risques qu'il tombe malade, en lui offrant un mode de vie sain et en veillant à ce qu'il garde la ligne toute sa vie.

 

Par Aurélia A. - Dernière modification : 09/27/2022.