Chez beaucoup d'animaux dont le chat, l'appareil génital peut être touché par divers problèmes de santé : c'est ce que l'on appelle les maladies génitales.
La plupart d'entre elles sont des infections et/ou des tumeurs, et apparaissent donc de ce fait en cours de vie. Il existe toutefois aussi des pathologies génitales qui sont présentes dès la naissance ou peu après, comme par exemple la cryptorchidie. Cette maladie plutôt fréquente reste heureusement sans gravité lorsqu'elle est prise en charge tôt, et se soigne d'ailleurs très bien.
Comment reconnaît-on une cryptorchidie ? Quels sont les risques pour la santé ? Quel est le coût de l'opération d'une cryptorchidie ?
Chez le mâle, la cryptorchidie est un terme médical indiquant l'absence d'un ou des deux testicules dans le scrotum. On parle aussi parfois de « trouble de la migration du testicule », ou plus simplement de « testicule non descendu ».
Le mot « cryptochirdie » vient du grec, « kryptos » signifiant « caché » et « orkhis » signifiant « testicule ».
Cette maladie qui apparaît peu après la naissance est susceptible de toucher tous les animaux dotés de testicules externes - dont l'Homme, le chien ou encore le chat. Il s'agit d'une anomalie répandue, puisqu'elle toucherait entre 1 et 10% des chats mâles, d'après l'étude « Incidence of cryptorchidism in dogs and cats » et publiée en 2003 dans la revue Veterinary Record. La prévalence est globalement la même que chez l'humain, chez qui environ 5% des garçons nouveaux-nés sont concernés.
En cas de cryptorchidie, les deux testicules ne sont pas forcément touchés : un seul peut l'être. Il s'agit même d'ailleurs du cas le plus fréquent.
On parle alors ainsi de :
Le second type représente la très large majorité des cas : environ 80%, aussi bien chez le chat que chez le chien ou même l'humain. Il semble que le testicule droit soit davantage concerné que le gauche, pour des raisons morphologiques.
Il ne faut toutefois pas s'y tromper : même lorsqu'un seul testicule est touché et que l'autre est tout à fait normal, la cryptorchidie reste problématique et nécessite la mise en place d'un traitement - notamment chirurgical.
Pour comprendre comment survient une cryptorchidie, il faut comprendre en amont la façon dont les testicules migrent jusqu'à leur emplacement définitif.
En effet, chez l'embryon mâle, les testicules se forment tout d'abord dans l'abdomen, à proximité des reins. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'ils migrent jusqu'au scrotum, juste en-dessous du pénis. Cette migration s'étale sur quelques semaines, et les testicules sont censés être en place dans les 30 à 40 jours après la naissance.
Les choses ne se passent toutefois pas toujours comme prévu. En effet, un testicule ou même les deux peuvent rester bloqués en cours de route, et n'atteignent alors jamais le scrotum : c'est ce que l'on appelle une cryptorchidie. Ils se situent quelque part dans l'abdomen, ou dans le canal inguinal (l'orifice qui le relie au scrotum).
La cryptorchidie a beau être un problème relativement courant, sa cause exacte n'est toujours pas connue à ce jour.
Les spécialistes soupçonnent toutefois fortement une origine génétique et héréditaire, même si celle-ci n'a pas encore été prouvée jusqu'à présent. Il est probable que plusieurs gènes différents soient impliqués.
D'ailleurs, comme chez le chien, certaines races de chats semblent prédisposées à la cryptorchidie. C'est le cas notamment du Persan : divers travaux ont montré une sur-représentation de cette race parmi les chats atteints. On peut citer par exemple l'étude « Cryptorchidism and monorchism in cats: 25 cases (1980-1989) » et publiée en 1992 dans le Journal of the American Veterinary Medical Association.
La cryptorchidie semble parfois un problème anodin, a fortiori lorsqu'elle ne touche qu'un seul testicule. Pourtant, elle a dans la pratique des conséquences très concrètes.
La principale d'entre elles est évidemment qu'elle diminue la fertilité du chat touché. En effet, les testicules ne peuvent produire des spermatozoïdes qu'à la condition de se situer à une température suffisamment basse : s'ils restent coincés dans l'abdomen, ils se trouvent dans une zone trop chaude pour eux, et la production de spermatozoïdes est fortement diminuée - voire bloquée, ce qui cause alors une stérilité. Naturellement, cela concerne davantage les cas d'anorchidie que les cas de monorchidie.
Un risque encore plus problématique que le premier est la prédisposition aux tumeurs au niveau du ou des testicule(s) touché(s). En effet, leur position anormale les rend davantage sujets à un phénomène cancéreux. Il est toutefois à noter que ce risque est moins élevé chez le chat que chez le chien : les testicules atteints se transforment le plus souvent en tissu fibreux inactif et sans conséquence.
En théorie, les testicules d'un chat doivent se trouver dans le scrotum au bout de seulement 30 ou 40 jours après la naissance. Il existe toutefois une certaine variabilité d'un individu à l'autre, notamment en fonction de la race : chez certaines, des descentes plus tardives ont été recensées - parfois plusieurs mois après la naissance.
En plus de cela, même quand ils sont à la bonne place, les testicules sont tout d'abord de petite taille, et ne sont pas évidents à détecter même par palpation des bourses. Il n'est donc au départ pas toujours simple de réaliser un diagnostic précis.
Pour ces raisons, le vétérinaire attend généralement l'âge de 6 mois pour établir un diagnostic officiel et définitif. Il peut bien sûr soupçonner une cryptorchidie avant cet âge, mais il n'a alors aucun moyen d'en être totalement certain.
Une fois que la cryptorchidie est avérée, le vétérinaire pratique ensuite généralement une échographie de l'abdomen, dans le but de localiser le ou les testicule(s) non descendu(s). Cela permet de préparer l'intervention chirurgicale à venir, en sachant précisément à quel endroit pratiquer l'incision.
Dans l'ensemble, il est conseillé de faire opérer tout chat atteint de cryptorchidie, afin de retirer le ou les testicule(s) non descendu(s). On parle alors de coelioscopie ou de laparoscopie. Le vétérinaire doit pour cela réaliser une petite incision dans l'abdomen et y insérer une minuscule caméra : cela lui permet de visualiser les organes internes.
En effet, il n'est pas possible de corriger la position d'un testicule mal placé, et de le mettre dans le scrotum : les seules options possibles sont soit de le laisser en place (ce qui n'est pas conseillé à cause du risque de tumeur), soit de le retirer.
Dans le cas d'une monorchidie, c'est-à-dire si un seul testicule est concerné, le vétérinaire recommande généralement de retirer aussi le second. Certes, cela revient à stériliser l'animal, mais comme cette maladie est vraisemblablement héréditaire, il est de toute façon préférable qu'il ne se reproduise pas du tout - même s'il est en capacité de le faire.
L'opération est très rapide : en l'absence de complication, elle ne dure généralement que 20 à 30 minutes. Pour ce qui est du coût en revanche, il est bien plus variable, puisqu'il faut compter en moyenne entre 150 et 250 euros. Tout dépend en fait de la localisation des testicules à retirer : s'ils sont situés juste sous la peau, l'opération est plus simple et donc moins coûteuse que s'ils sont plus en profondeur. Il faut toutefois relativiser : le prix de la castration d'un chat mâle est de l'ordre de 50 à 100 euros, c'est-à-dire pas beaucoup moins que le traitement de la cryptorchidie. Si malgré tout on souhaite réduire ce montant, une solution peut être de se tourner vers un comparateur d'assurance animaux, afin de trouver une mutuelle qui puisse rembourser tout ou partie de ce type de dépenses vétérinaires en cas de besoin.
Même si cela n'a pas encore été prouvé, la cryptorchidie a vraisemblablement une origine génétique et héréditaire. C'est pourquoi le meilleur moyen de la prévenir à ce jour est de ne pas faire se reproduire les chats qui en sont atteints : cela évite qu'ils transmettent l'anomalie à leur descendance.
Pour un chat atteint d'anorchidie (c'est-à-dire n'ayant aucun testicule normal), cela ne pose généralement aucune difficulté, car il est alors probable qu'il soit de toute façon stérile - ou en tout cas très peu fertile.
Pour un chat atteint de monorchidie, et qui possède donc encore un testicule fonctionnel, il est possible qu'il soit capable de se reproduire. Il y a toutefois de fortes chances qu'il soit moins fertile qu'un congénère sain. Mieux vaut donc là aussi l'écarter de la reproduction, par mesure de précaution.
La cryptorchidie est une maladie génitale plutôt fréquente chez le chat, comme d'ailleurs chez le chien ou même l'être humain. Elle peut ne toucher qu'un seul testicule, ou bien les deux à la fois. Dans les deux cas, l'animal atteint est moins fertile que ses congénères, et peut même être carrément stérile. Cela ne serait pas forcément une anomalie très grave si en plus de cela elle n'augmentait pas le risque de tumeur testiculaire.
Pour cette raison, le vétérinaire recommande généralement dans tous les cas de retirer les deux testicules du chat, à l'aide d'une petite opération. Cela permet d'éviter non seulement que ce dernier développe un jour ce type de tumeur, mais aussi qu'il transmette la maladie à sa descendance - dans le cas où cette dernière serait effectivement génétique.