Les propriétaires de chats peuvent avoir tendance à négliger de faire effectuer régulièrement un bilan de santé de leur animal, et à l’emmener chez le vétérinaire uniquement lorsqu’il est malade.
Or, cet examen de routine peut permettre de détecter des problèmes de santé en amont et ainsi de mettre en place un traitement le plus tôt possible. C’est souvent le gage d’un rétablissement rapide voire la condition d’une guérison, avant que le problème ne devienne trop grave.
À quelle fréquence faut-il emmener son chat chez le vétérinaire pour réaliser un bilan de santé ? Quels sont les contrôles effectués à cette occasion par le vétérinaire ? En quoi sont-ils vraiment importants ? Quel est le prix d’une visite de contrôle chez le vétérinaire ?
Un bilan de santé est une série d’examens médicaux réalisés par un vétérinaire dans un but préventif. Cela permet d’évaluer l’état de santé général de l’animal, mais aussi de détecter d’éventuelles pathologies à un stade plus ou moins précoce afin de pouvoir les traiter le plus tôt possible, avant qu’elles ne s’aggravent. C’est aussi l’occasion pour le maître de recevoir des conseils sur la meilleure façon de s’occuper de son chat, en fonction de son âge et son style de vie.
Malheureusement, tous les propriétaires n’ont pas le réflexe d’emmener leur animal en bonne santé chez un vétérinaire à titre préventif. Ainsi, d’après l’ouvrage Guidelines for the vaccination of dogs and cats rédigé en 2016 par la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA), seuls 30 à 50% des animaux domestiques des pays dits développés seraient vaccinés correctement, c’est-à-dire à jour dans leurs rappels. Ces chiffres laissent supposer qu’une grande partie des chats ne sont pas emmenés régulièrement chez le vétérinaire pour une visite de routine, étant donné qu’elle est aussi souvent l’occasion d’effectuer les rappels de vaccins.
Quoi qu’il en soit, le bilan de santé du chat doit être effectué par un vétérinaire, car il est le plus à même de détecter les éventuels problèmes de santé de l’animal et de prodiguer des conseils sur la façon d’en prendre soin. De fait, même si un maître attentif et bien informé peut être capable de remarquer certains signes avant-coureurs, il n'a ni l'expertise, ni l’expérience, ni le recul, ni les équipements nécessaires pour détecter tous les symptômes, et encore moins effectuer un diagnostic ou définir un traitement.
Quoi qu’il en soit, il est recommandé de faire effectuer cet examen chez le vétérinaire habituel, car ce dernier possède déjà le dossier médical du chat et est donc plus à même de savoir quels points nécessitent une attention toute particulière, compte tenu de son âge et de ses antécédents médicaux.
Cela dit, cette visite de routine n’a pas vocation à conduire à toute une batterie de tests et d’analyses poussés, mais simplement à mettre en évidence des symptômes facilement détectables en utilisant des gestes simples. Elle suffit donc rarement pour poser un diagnostic précis si jamais le praticien décèle une anomalie ; il doit alors le plus souvent procéder à des examens complémentaires afin de déterminer avec précision ce dont il s’agit.
Le vétérinaire effectue différents examens au cours d’une visite de contrôle, qui dure en général une vingtaine de minutes. Dans la mesure où il n’y a pas d’urgence particulière, il est recommandé de prendre rendez-vous en amont pour éviter d’avoir à patienter en salle d’attente, situation toujours stressante pour le petit félin.
Il est important que le maître soit présent en personne pendant ce rendez-vous, car il est celui qui connaît le mieux l’animal et son comportement habituel. Il est donc le plus à même de répondre aux questions que le professionnel ne manque pas de poser.
En fonction de leur âge, les chats peuvent être classés en quatre catégories :
Le vétérinaire adapte les examens effectués en fonction de la catégorie dans laquelle se situe l’animal : en général, plus ce dernier est vieux, plus il nécessite d’être surveillé de près.
Bien entendu, ces catégories ne doivent pas être prises au pied de la lettre : ce n’est pas parce qu’un chat a moins de 7 ans qu’il est au meilleur de sa forme, et ce n’est pas non plus parce qu’il dépasse le vénérable âge de 15 ans que son état de santé est dégradé ou sur le point de l’être. Ces valeurs constituent toutefois des références qui permettent de se faire une idée des risques encourus à chaque étape de la vie, et d’adapter les examens du bilan de santé en conséquence.
Le vétérinaire commence par poser des questions au sujet du comportement du chat afin de s’assurer qu’il n’y a rien de suspect. Il peut par exemple demander s’il mange moins ou plus que d’habitude, s’il dort bien, ou encore s’il est propre.
C’est alors l’occasion pour le maître de faire part de tous les changements récemment constatés, même les plus anodins, car ils peuvent être les symptômes d’un problème potentiellement grave. Par exemple, même s’ils sont occasionnels, des pipis hors de la litière peuvent être le signe d’une cystite ou d’un important stress du chat.
Si le bilan de santé est effectué chez un vétérinaire différent de celui qui suit habituellement l’animal, il est important de lui notifier les conditions médicales particulières de ce dernier (par exemple s’il souffre d’une maladie chronique).
Cette étape est aussi l’occasion pour le vétérinaire de vérifier que les vaccins du chat sont à jour, et qu’il est bien traité contre les parasites externes et internes. Si ce n’est pas le cas, il peut fournir au maître des conseils sur les traitements les plus pertinents compte tenu du lieu et du mode de vie de son compagnon.
Une étape incontournable du bilan de santé du chat chez le vétérinaire est le contrôle de son poids, afin de s’assurer qu’il est conforme à celui attendu, compte tenu de son âge et sa race. En effet, les animaux domestiques sont également concernés par le risque de surpoids et d’obésité, ou au contraire d’amaigrissement subit. Ces changements de corpulence peuvent être la conséquence d’un problème alimentaire, mais ils peuvent aussi découler d’une maladie sous-jacente telle que l’hyperthyroïdie.
En parallèle, le vétérinaire questionne le maître au sujet du type de nourriture du chat, afin de s’assurer qu’il est adapté à son âge, son style de vie ainsi que sa condition médicale. Il peut si besoin fournir des recommandations alimentaires.
Le vétérinaire profite de la visite de contrôle pour prendre la température du chat et s’assurer qu’il n’a pas de fièvre. La température corporelle normale d’un chat en bonne santé se situe globalement entre 38 et 39 degrés Celsius.
Si le thermomètre indique une valeur plus élevée, il s’agit bien souvent d’un signe d’infection par un ou plusieurs agents pathogènes : l’animal est donc vraisemblablement malade ou en convalescence.
Dans cette situation, les vaccins non urgents sont reportés à un rendez-vous ultérieur pour ne pas solliciter davantage son système immunitaire et prendre le risque de provoquer une surinfection. En outre, si c’est nécessaire, le professionnel prescrit un traitement pour contrer l’infection constatée (par exemple des antibiotiques pour chat, si l’infection est bactérienne).
L’examen de la peau et du pelage est très important, car les poils peuvent cacher un grand nombre de problèmes pour un œil non averti.
Le vétérinaire vérifie donc si le chat est porteur de parasites, si sa fourrure est en bon état, si sa peau présente des rougeurs, des pellicules, des lésions, des grosseurs, des zones dépilées... Une peau et un pelage sains sont plutôt bon signe ; dans le cas contraire, un problème de santé plus ou moins grave se cache probablement derrière. Des examens complémentaires sont alors effectués afin de pouvoir poser un diagnostic et prescrire un traitement approprié.
Il convient au demeurant de souligner qu’un symptôme cutané n’est pas forcement causé par une maladie dermatologique : par exemple, un stress intense, une infestation par des vers internes ou encore un dérèglement hormonal ont généralement des répercussions au niveau de la qualité du pelage et de l’état de l’épiderme.
Le vétérinaire procède également à un examen des yeux, des oreilles et de la bouche du chat afin de voir s’il n’y a pas de maladies, d’infections ou d’autres problèmes à ces niveaux-là.
Les yeux du chat ne doivent pas présenter d’anomalies (rougeurs, larmoiement…), la cornée doit avoir un aspect normal et les pupilles doivent être symétriques.
S’il constate un ou plusieurs symptômes, le praticien peut procéder dans la foulée à un examen ophtalmologique plus poussé. Il faut savoir d’ailleurs que des troubles oculaires ne sont pas seulement le fait de maladies des yeux du chat : ils peuvent aussi être la conséquence d’une maladie respiratoire, comme le coryza.
Le professionnel inspecte également le pavillon et l'entrée du canal auditif afin de vérifier que l’oreille du chat ne présente pas de rougeurs, de croûtes, de cérumen en grande quantité, voire de pus.
S’il détecte un problème, il procède à un examen du canal auditif profond et du tympan à l'aide d'un otoscope afin de vérifier qu’il n’y a pas d’otite ou de corps étranger coincé dans l’oreille (un épillet par exemple).
L’examen de la bouche permet quant à lui de voir l’état des gencives et dents du chat. Il peut être l’occasion de déceler par exemple un problème d’haleine, un dépôt de tartre, une lésion buccale ou encore une gingivite.
Si un détartrage des dents du chat s’avère nécessaire, il ne peut être réalisé dans la foulée de la visite de routine, car cette intervention s’effectue impérativement sous anesthésie générale. Il faut donc nécessairement prendre rendez-vous pour une visite ultérieure.
Le vétérinaire effectue également des palpations de l’abdomen du chat afin de s’assurer que ne s’y cachent ni douleur, ni grosseur, ni consistance suspecte qui pourraient être le signe d’une atteinte au niveau d’un organe interne (par exemple une tumeur digestive ou une gastrite).
S’il détecte une anomalie, comme par exemple une masse intra-abdominale, un organe de taille anormale ou une présence de liquide dans l’abdomen, il propose un nouveau rendez-vous au maître dans le but d’effectuer des examens complémentaires. De fait, même dans le cas où les palpations de routine permettent de déceler l’existence d’un problème abdominal, elles ne suffisent en aucun cas pour poser un diagnostic précis.
Comme chez l’Homme, des auscultations pulmonaires et cardiaques pratiquées à l’aide d’un stéthoscope permettent de mesurer la fréquence respiratoire et le rythme cardiaque du chat, afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’anomalie en la matière. Elles sont également utiles pour rechercher des bruits anormaux au niveau du cœur ou des poumons (râles, sifflements, etc.). Ce faisant, le praticien peut par exemple détecter un asthme, un souffle au cœur, une tachycardie ou encore une arythmie.
Toutefois, si le chat est angoissé par sa visite chez le vétérinaire (ce qui est souvent le cas), ses fréquences cardiaque et/ou respiratoire peuvent être nettement augmentées. Cette réaction temporaire est parfaitement normale (elle se produit d’ailleurs aussi chez le chien ou l’Homme en période de stress), mais elle fausse le résultat des auscultations cardiaque et pulmonaire. Il est donc nécessaire de rassurer le chat (avec l’aide au besoin du maître, qui peut par exemple lui parler avec douceur) et attendre qu’il se calme pour procéder à ces examens.
Manipuler les différentes articulations du chat permet au vétérinaire de repérer d’éventuels troubles locomoteurs.
Si l’animal ne présente pas de problèmes de santé particuliers et n’a pas d’antécédents en la matière, le praticien vérifie uniquement la région lombaire vertébrale afin de vérifier qu’il ne souffre pas d’arthrose, car c’est une des zones dans lesquelles la maladie se déclare en premier chez les félins.
Si son petit patient a en revanche déjà souffert de fractures ou de problèmes articulaires dans le passé, il teste la mobilité des membres concernés afin de contrôler leur bon fonctionnement.
Les examens complémentaires effectués lors d’une visite de routine chez le vétérinaire concernent principalement les individus requérant une attention particulière. Cela inclut les chats seniors ou gériatriques (c’est-à-dire ayant plus de 11 ans), ainsi que ceux souffrant de maladies chroniques ou cumulant plusieurs problèmes de santé.
Selon les cas, le vétérinaire peut décider de procéder à :
Le bilan de santé du chat doit être effectué à intervalle régulier ; la fréquence doit être suffisamment élevée pour qu’il puisse remplir pleinement son rôle et permette effectivement de détecter d’éventuels problèmes de santé avant qu’ils ne prennent des proportions dangereuses. De fait, les spécialistes recommandent de façon générale au moins une visite de routine par an. C’est le strict minimum pour qui souhaite garder son chat en bonne santé le plus longtemps possible.
Il existe toutefois des spécificités et des recommandations particulières en fonction essentiellement de la tranche d’âge dans laquelle l’animal se situe, car comme chez l’Homme, les risques de tomber malade et les conséquences si cela se produit ne sont pas les mêmes tout au long de la vie.
Lors de la première année de sa vie, le chaton doit être suivi de près par le vétérinaire, afin de s’assurer que sa croissance se déroule au mieux. Un bon suivi est particulièrement indispensable à cet âge, car la croissance du chaton est une étape très sensible : une affection mal traitée peut potentiellement laisser des séquelles à vie.
Ses premiers mois de vie sont aussi marqués par l’administration de ses premiers vaccins, vermifuges et traitements antiparasitaires, qui sont normalement plus fréquents qu’à l’âge adulte.
Au total, il n’est pas anormal que l’animal soit examiné à 3 ou 4 reprises en seulement quelques mois.
Entre 1 et 10 ans, le chat se situe dans la catégorie « pédiatrique » ou « adulte ». La phase de croissance étant alors bien avancée voire achevée, il est à un âge où le risque de problèmes de santé est globalement faible.
Pour cette raison, une visite de contrôle annuelle est alors normalement suffisante, hormis s’il a une condition médicale particulière. Elle peut être groupée avec les rappels annuels de ses vaccins.
Lorsque le chat entre dans la catégorie dite « senior », à partir de ses 11 ans, il est souvent encore en très bonne santé et a probablement de longues années de vie devant lui. En effet, l’espérance de vie des chats ne cesse de s’allonger, et il n’est désormais plus si rare qu’un petit félin atteigne le grand âge de 20 ans, dès lors que son maître en prend bien soin.
Cela étant, c’est globalement à partir de 11 ans que peuvent commencer à apparaître certaines maladies ou dégénérescences liées au vieillissement, comme un lymphome, une insuffisance rénale chronique, une hyperthyroïdie, de l’arthrose, une surdité, un glaucome ou encore un déclin des fonctions cognitives. De plus, le système immunitaire ayant tendance à vieillir en même temps que le reste de l’organisme, l’animal est généralement plus sensible aux infections : il peut par exemple plus facilement souffrir de bronchite chronique ou de parodontose. Bien évidemment, plus il prend de l’âge, plus ces risques augmentent.
Pour ces raisons, il est vivement recommandé d’opter pour un bilan de santé tous les 6 mois à partir du moment où il atteint l’âge de 11 ans, et ce jusqu’à la fin de sa vie.
Le prix d’un bilan de santé pour un chat est de l’ordre de 30 à 40 euros en moyenne ; ce montant correspond simplement à celui d’une consultation de base. Toutefois, divers surcoûts liés aux éventuels examens complémentaires et traitements prodigués peuvent venir s’y ajouter.
Par exemple, il faut prévoir jusqu’à 80 euros pour un bilan sanguin complet et 90 euros pour une radiographie du thorax. Si le vétérinaire soupçonne une infection par des puces ou des vers internes et applique des traitements antiparasitaires, il faut compter une dizaine d’euros pour un antiparasitaire externe et autant pour un vermifuge.
Par ailleurs, si la visite est également l’occasion de vacciner son chat ou d’effectuer ses rappels, il faut ajouter entre 50 et 80 euros, en fonction des maladies couvertes.
Par conséquent, si le prix de base du bilan de santé reste raisonnable, la facture peut malgré tout très vite s’envoler. Il ne faut pas être surpris en tout cas que le montant demandé varie dans le temps ou d’un praticien à l’autre, puisque dans la plupart des pays chacun est libre d’appliquer ses propres tarifs. C’est le cas notamment en France, en Belgique, en Suisse ou au Canada.
Pour toutes ces raisons, il peut être judicieux de souscrire une assurance santé pour son chat qui prenne en charge les dépenses dites préventives, parmi lesquelles celles liées au bilan de santé du chat. Selon la formule souscrite, le coût de la consultation, des éventuels examens complémentaires, des vermifuges, des antiparasitaires voire des vaccins peuvent être pris en charge en partie ou en totalité par l’assurance santé du chat.
Un chat domestique a le plus souvent une vie longue et heureuse qui l’attend au sein de sa famille d’adoption, mais c’est notamment sous réserve qu’il reste en bonne santé tout au long de son existence. Le bilan de santé du chat est une des clés pour parvenir à atteindre cet objectif : à travers un investissement en temps et en argent qui demeure raisonnable, il permet de détecter d’éventuels problèmes et dysfonctionnements en devenir et de les traiter avant qu’ils ne prennent des proportions parfois très graves.
Cet examen de routine effectué à intervalle régulier permet ainsi souvent d’éviter à la fois des souffrances inutiles à l’animal et des dépenses vétérinaires potentiellement nombreuses et/ou conséquentes pour son maître. Le fameux proverbe « Mieux vaut prévenir que guérir » trouve après tout parfaitement à s’appliquer pour la santé des chats !