L'arthrose du chat : symptômes, traitement, espérance de vie...

Radio d'un chat souffrant d'arthrose

Les chats sont connus entre autres pour leur souplesse et leur agilité.


 


Grâce à l'augmentation de la qualité des soins et de leur alimentation, les chats vivent de plus en plus longtemps. Il n'est ainsi pas rare de les voir atteindre l'âge de 15 ou 16 ans.


Cependant, au-delà de 10 ans, le chat est un senior. A ce titre, il peut souffrir de maux liés au vieillissement de certains organes, et notamment de ses articulations.

Qu'est-ce que l'arthrose ?

Un vieux chat Persan couché dans son panier

L'arthrose est une maladie dégénérative qui conduit à une destruction progressive et malheureusement irréversible du cartilage présent dans les articulations, et in fine à une destruction des articulations elles-mêmes. Elle entraîne ainsi à terme une perte de mobilité des membres atteints, ainsi que des douleurs chroniques.

 

Son nom médical complet est ostéoarthrose, du grec « osteon » et « arthron » qui signifient respectivement « os » et « articulation ».

 

L'arthrose est très fréquente chez l'être humain, ainsi que chez le chien et probablement de nombreuses autres espèces. Chez le chat, elle a longtemps été considérée comme rare, car ce dernier est plutôt doué pour cacher les signes de la douleur ; toutefois, des études plus récentes ont montré qu'elle est très répandue au sein de la gent féline. Par exemple, une enquête réalisée auprès de propriétaires de chats en France a estimé que l'arthrose touche en moyenne autour de 24% des chats, et que sa prévalence augmente fortement avec l'âge. Les résultats sont disponibles dans le rapport intitulé « Étude de la prévalence et des facteurs de risque d'arthrose chez le chat domestique par l'utilisation d'outils cliniques métrologiques : enquête auprès de 1280 propriétaires en France métropolitaine ».

Le mécanisme de l'arthrose chez le chat

Un chat gris obèse dans une cage chez un vétérinaire

Les articulations correspondent aux jointures entre plusieurs os : ce sont elles qui permettent aux os de bouger les os par rapport aux autres, et donc qui permettent les mouvements. Elles sont composées entre autres de cartilage, un tissu mou et souple qui joue le rôle d'amortisseur pour limiter les frottements des os les uns sur les autres.

 

Le cartilage est soumis à beaucoup de tensions. Fort heureusement, il est capable de se restaurer, comme d'ailleurs les autres tissus de l'organisme. Il arrive toutefois que les cellules chargées de réparer les lésions s'emballent. Cela se produit soit lors d'efforts trop importants sur les articulations, soit lors d'une fragilisation du cartilage (liée par exemple au vieillissement). Dans les deux cas, cet emballement est à l'origine d'une inflammation, qui elle-même occasionne des dégâts : il en résulte ainsi un véritable cercle vicieux, puisque le cartilage s'auto-détruit progressivement.

 

Mais l'arthrose ne s'arrête pas là. En effet, en l'absence de cartilage sain, les os frottent les uns sur les autres lors des mouvements, ce qui finit par les abîmer à plus ou moins long terme. L'extrémité des os en question se remodèlent : on observe couramment des excroissances osseuses appelées ostéophytes. Ce remodelage entraîne un moins bon fonctionnement de l'articulation : les mouvements perdent en amplitude, ils deviennent raides et douloureux... À terme, ils ne sont même plus possibles, car toute l'articulation finit par être largement détériorée.

 

La plupart des articulations sont susceptibles d'être touchées ; dans la pratique, l'arthrose n'en touche généralement que quelques-unes. Chez le chat, les plus touchées sont les genoux, les coudes, les hanches et la colonne vertébrale.

Les causes possibles de l'arthrose chez le chat

Un vieux chat tabby couché sur une couverture

Divers causes peuvent entraîner un déséquilibre dans la matrice du cartilage à l'origine de l'arthrose.

 

Chez le chat, les causes les plus courantes sont les suivantes :

 

  • le vieillissement, notamment parce que l'articulation se dégrade naturellement avec les années, tout comme le cartilage. Il s'agit de très loin du facteur de risque le plus important : plus le chat vieillit, plus il a de chances de développer de l'arthrose ;

  • une blessure de l'articulation, comme une rupture du ligament croisé ou une luxation de la rotule ;

  • une malformation articulaire, comme la dysplasie de la hanche, que l'on rencontre couramment chez le Maine Coon ;

  • une maladie osseuse, en particulier l'ostéochondrodysplasie, qui est responsable notamment de la forme particulière des oreilles du Scottish Fold.

Les chats prédisposés à l'arthrose

Un vieux Maine Coon allongé sur le sol

En théorie, n'importe quel chat peut être atteint d'arthrose, quel que soit son âge ou sa race. Dans la pratique, certains sont tout de même bien plus à risques que d'autres.

 

Les principales prédispositions à l'arthrose sont les suivantes :

 

  • les vieux chats : ils représenteraient la plus grande part de la population atteinte ;

  • les représentants de certaines races, en particulier le Maine Coon (car il est prédisposé à la dysplasie de la hanche) et le Scottish Fold (car l'anomalie osseuse responsable de la forme si particulière de ses oreilles augmente le risque d'arthrose) ;

  • les chats stérilisés tard, voire non stérilisés : une stérilisation précoce (avant 6 mois) pourrait en effet contribuer à réduire le risque d'arthrose, d'après l'étude « Associations between early neutering, obesity, outdoor access, trauma and feline degenerative joint disease » publiée en 2021 dans le Journal of Feline Medicine and Surgery.

 

Ces chats ont davantage de chances d'être touchés par l'arthrose, a fortiori s'ils cumulent plusieurs facteurs de risques. Toutefois, ce n'est pas parce qu'un petit félin n'entre dans aucune de ces catégories qu'il ne peut pas être atteint : il a simplement moins de risques de l'être que ses congénères, toutes choses égales par ailleurs.

 

Enfin, contrairement à ce que l'on observe chez le chien ou même l'être humain, il ne semble pas exister de prédisposition liée au sexe ni même au poids chez le chat, en tout cas pour ce que l'on en sait aujourd'hui.

Les symptômes de l'arthrose chez le chat

Un vieux chat allongé sur une table

L'arthrose n'est pas facile à repérer, car elle reste longtemps peu symptomatique - voire asymptomatique tout court. En plus de cela, un chat masque généralement beaucoup mieux sa douleur qu'un chien par exemple : il a peu tendance à boiter ou à émettre des vocalises pour se plaindre, même si cela peut arriver. Il est donc souvent difficile de se rendre compte qu'il souffre en effectuant certains mouvements.

 

Une baisse d'activité doit toutefois alerter, car il s'agit d'un symptôme fréquent d'arthrose. Par exemple, le chat peut avoir plus de mal à effectuer des sauts qu'il réalisait sans difficulté jusque-là : il fait alors des bonds plus courts ou moins hauts. Il peut aussi se montrer plus réticent à courir, grimper, monter / descendre les marches... ou même tout simplement marcher longtemps. Tout ceci le conduit à perdre en musculature à plus ou moins long terme, notamment au niveau des pattes arrière.

 

En plus de cela, il peut soudainement devenir malpropre et faire ses besoins à côté de sa litière, ou même dans un autre endroit de sa maison, s'il ne parvient plus à grimper dans son bac. 

 

Par ailleurs, des changements dans ses habitudes de toilette sont courants. Par exemple, il peut se mettre à se lécher ou se mordiller incessamment au niveau de certaines zones bien précises du corps, notamment celles qui lui font mal. Inversement, les raideurs articulaires peuvent l'empêcher de faire sa toilette aussi souvent que d'habitude - voire de la faire tout court : son pelage devient alors rapidement sale, terne et/ou ébouriffé.

 

Dans un autre registre, il peut avoir tendance à moins manger, car la douleur entraîne souvent une diminution de l'appétit.

 

Enfin, un chat arthrosique peut devenir nerveux, irritable voire agressif, en particulier lorsqu'on le caresse au niveau du dos ou de l'arrière train, qui sont des zones souvent frappées par l'arthrose.

Le diagnostic de l'arthrose chez le chat

Un vétérinaire ausculte un chat noir et blanc

L'arthrose est souvent difficile à diagnostiquer chez un chat, car elle ne cause pas forcément de symptômes aussi parlants que chez un chien ou un humain. Certains changements de comportement peuvent alerter et amener à consulter, mais même dans ce cas, différents examens sont nécessaires pour confirmer le diagnostic.

 

Généralement, le vétérinaire commence par procéder à un examen attentif du chat : il palpe et manipule délicatement ses membres, son dos et ses articulations, pour tenter de détecter des signes d'arthrose (par exemple une chaleur ou un gonflement anormal).

 

Dans un second temps, il procède à des examens d'imagerie pour observer l'état des articulations et évaluer la sévérité des lésions. Selon le contexte, il peut s'agir de radiographies, d'un scanner, d'IRM, ou même d'échographies.

Le traitement de l'arthrose chez le chat

Chez le chat comme chez les autres espèces, l'arthrose est incurable : les dégâts sur le cartilage et l'articulation en général ne sont pas réversibles. Le traitement consiste surtout à soulager la douleur, à ralentir l'évolution de la maladie autant que faire se peut, et à tout mettre en oeuvre pour que l'animal puisse vivre à peu près normalement.

 

Les stratégies thérapeutiques généralement mises en place pour traiter une arthrose sont les médicaments (notamment des anti-douleurs),  les compléments alimentaires, les injections, le changement de mode de vie, et l'opération chirurgicale. C'est le vétérinaire qui définit le meilleur protocole, notamment en fonction des symptômes présents.

Les médicaments

La première chose à faire est de supprimer la douleur. Le vétérinaire prescrit les anti-inflammatoires les plus adaptés à l'animal. Il est en effet très important de ne pas donner n'importe quel médicament utilisé couramment chez l'être humain sans l'avis du vétérinaire : certains peuvent s'avérer très toxiques pour le chat.

 

Les compléments alimentaires

Une fois la douleur prise en charge, il existe toute une panoplie de compléments alimentaires qui contribuent à ralentir la progression de l'arthrose et à améliorer le bien-être de l'animal. C'est le cas notamment des chondroprotecteurs (la glucosamine et la chondroitine) et des oméga 3, en particulier le DHA et l'EPA.

 

Ces compléments alimentaires protègent les articulations et permettent de ralentir l'évolution de la maladie. Ils sont commercialisés sous forme de comprimés ou sont directement incorporés dans des croquettes spéciales pour chats atteints de troubles articulaires.

Les injections

Le changement de mode de vie

Les techniques de médecine naturelle a également de bons résultats sur un chat atteint d'arthrose. Ainsi, la physiothérapie, bien que difficile à mettre en œuvre chez le chat, lui est souvent bénéfique.

 

D'autre part, mettre le chat au régime peut-être nécessaire. Une surcharge pondérale accélère en effet le vieillissement des articulations.

 

L'opération chirurgicale

Un chat tigré se fait opérer par un vétérinaire

Enfin, dans certains cas, une intervention chirurgicale pourra être souhaitable.

 

Quelle est l'espérance de vie d'un chien atteint d'arthrose ?

Un vieux chat allongé sur le sol

L'arthrose n'est pas une maladie mortelle : elle ne modifie donc pas notablement l'espérance de vie du chat atteint. Si elle est correctement prise en charge, elle n'altère même pas forcément tant que cela la qualité de vie du petit félin, qui peut alors vivre à peu près normalement - du moment que l'on a aménagé le logement en conséquence pour lui faciliter le quotidien au maximum.

 

En revanche, il faut savoir que si l'arthrose ne réduit pas vraiment la durée de vie, elle peut être la conséquence d'un problème de santé qui lui est bien plus problématique. C'est le cas par exemple de l'ostéochondrodysplasie, qui dans certains cas précis - mais heureusement rares - peut avoir de graves conséquences sur la santé et donc réduire l'espérance de vie.

 

Enfin, dans quelques cas, les traitements mis en place ne permettent pas de soulager efficacement les douleurs de l'animal, au point que celles-ci lui sont vraiment très pénibles voire insupportables. Si cela se produit, il peut être plus charitable de faire euthanasier son chat, pour lui éviter de souffrir. Le mieux est d'en discuter avec son vétérinaire.

Prévenir l'arthrose chez un chat

Un chaton noir et blanc mange dans sa gamelle

Dans la mesure où l'apparition de l'arthrose semble peu liée à l'hygiène de vie chez le chat - bien moins que chez le chien en tout cas -, elle est plus difficile à prévenir. Néanmoins, quelques conseils de bon sens restent tout de même utiles pour garder son petit félin en bonne santé, et probablement aussi pour réduire les chances qu'il développe un jour de l'arthrose - ou en tout cas, qu'il en développe tôt dans sa vie.

 

On peut citer en particulier les suivants :

  • lui donner une alimentation de qualité et bien équilibrée - a fortiori pendant sa croissance, car ses os et articulations sont encore fragiles ;
  • le peser régulièrement pour s'assurer qu'il n'est pas en surpoids ;
  • lui faire faire un minimum d'exercice chaque jour, notamment s'il est naturellement peu actif ;
  • limiter le risque de chute, par exemple en installant un filet anti-chutes à ses fenêtres si on habite en hauteur ;
  • l'emmener chez un vétérinaire sans tarder s'il a une démarche anormale ou boite - même s'il ne semble pas avoir mal - car c'est peut-être le signe d'une blessure pouvant à terme évoluer vers de l'arthrose si elle n'est pas bien soignée.

 

Ces quelques conseils ne garantissent pas un risque zéro, mais ils aident à maintenir le chat en bonne santé le plus longtemps possible.

Conclusion

Même si l'arthrose est une maladie progressive et irréversible, l'utilisation conjointe des thérapies actuellement disponibles peut permettre une nette amélioration du confort de vie du chat.

 

Les traitements médicaux de gestion de la douleur et, dans une certaine mesure, ceux contrôlant la progression de la maladie, donnent des résultats rapidement visibles : le chat retrouve sa mobilité, son entrain et se met de nouveau à jouer et à rechercher le contact.

Mise en garde

Les propos et conseils formulés ici ne remplacent pas l'expertise d'un professionnel, d'autant que chaque chat est unique. En cas de besoin ou de doute, il convient donc de se tourner vers un vétérinaire.
Dernière modification : 11/27/2025.