La polykystose rénale (PKD) chez le chat : symptômes, traitement, espérance de vie...

Un vieux chat roux allongé sur un sol en bois

Les chats ont beau avoir dans l'ensemble une bonne santé, ils sont tout de même connus pour avoir des reins assez fragiles en comparaison de ceux d'autres espèces comme le chien ou l'Homme.


Parfois confondue avec d'autres maladies des reins présentant des symptômes proches, la polykystose rénale est l'une des affections susceptibles d'affecter les reins de nos petits félins. Grave mais d'évolution lente, elle peut passer totalement inaperçue pendant des années et soudain se manifester brutalement.


En quoi consiste cette maladie ? Quels en sont les symptômes ? Existe-t-il un traitement, voire un moyen de la prévenir ? Quelle est l'espérance de vie d'un chat atteint de polykystose rénale ? En quoi consiste le test PKD, qui permet de la dépister ?

Qu'est-ce que la polykystose rénale (PKD) ?

Un chat gris tabby allongé sur le sol en extérieur

La polykystose rénale, aussi appelée maladie polykystique rénale et souvent abrégée en PKD, est comme son nom l'indique une maladie caractérisée par l'apparition de nombreux kystes sur le ou les rein(s), ainsi que parfois sur d'autres organes : poumons, foie, pancréas...

 

Un kyste est une petite poche anormale contenant une substance (air, liquide...), qui se forme sur un tissu ou à la surface d'un organe. Il n'est généralement pas dangereux en lui-même, mais exerce une pression locale qui peut gêner le bon fonctionnement du tissu où il se trouve.

 

C'est ce qui se produit dans le cas de la polykystose rénale : la multiplication de kystes finit par perturber le fonctionnement du rein concerné. Comme le rôle principal de ce dernier est de purifier le sang pour le débarrasser de ses déchets, les kystes entraînent à terme une insuffisance rénale, et in fine le décès du chat.

Les deux formes de la polykystose rénale

Portrait d'un chat tigré aux yeux verts

La polykystose rénale peut soit :

 

  • toucher les deux reins : il s'agit de la forme la plus courante, et aussi la plus grave ;

 

  • n'en toucher qu'un seul : le rein atteint perd en efficacité, tandis que l'autre continue de fonctionner normalement.

 

À stade d'avancement égal, la gravité des symptômes dépend de la forme concernée, et il en va de même du pronostic. En effet, les reins étant des organes vitaux, ce dernier est forcément mauvais si les deux sont touchés par la maladie. En revanche, comme un seul rein peut suffire pour vivre, la seconde forme n'est pas réellement problématique pour le chat concerné.

La cause de la polykystose rénale

Un superbe chat Persan allongé sur un tapis dans le salon

La polykystose rénale est vraisemblablement causée par une anomalie génétique qui se transmet de manière héréditaire. C'est en tout cas l'hypothèse la plus probable, car elle touche beaucoup certaines races, nettement moins d'autres races, et chez d'autres encore elle est totalement absente.

 

Cette origine a d'ailleurs été démontrée chez une poignée de races, en particulier le Persan et les races apparentées (notamment l'Himalayen et l’Exotic Shortair). La transmission se fait selon un mode dominant, ce qui signifie qu'il n'est pas nécessaire que les deux parents soient touchés pour que leurs petits le soient aussi : un seul parent atteint peut suffire pour transmettre la maladie. Cela implique aussi qu'il n'y a pas de porteur sain : tout porteur de l'anomalie génétique finit tôt ou tard par développer la maladie.

 

Chez les autres races concernées, l'origine exacte de la PKD n'a pas encore été démontrée. Il est probable qu'elle soit également d'ordre génétique, même si les gènes impliqués et le mode de transmission ne sont alors pas forcément les mêmes.

Les chats prédisposés à la polykystose rénale

Un Ragamuffin gris et blanc avec une petite clochette autour du cou

La polykystose rénale touche des races bien précises, ce qui contribue d'ailleurs à penser qu'elle est d'origine génétique.

 

La plus prédisposée est le Persan. Certains estiment qu'en Europe, la prévalence de la PKD au sein de cette race est de près de 15% : cela correspond à un Persan sur 6 ou 7, ce qui est considérable. Elle serait même encore plus élevée à l'échelle mondiale, puisqu'elle toucherait autour de 40 à 50% des représentants de la race.

 

La polykystose rénale est également fréquente au sein d'autres races :

 

D'autres races sont pour leur part touchées dans des proportions moindres. C'est le cas notamment du Maine Coon, du Ragamuffin, du Birman, du Chartreux, de l'American Wirehair ou encore du Selkirk Rex, avec des prévalences qui diffèrent de l'une à l'autre.

 

Au final, un nombre assez important de races sont concernées par la polykystose rénale, et celle-ci touche aussi bien sûr les chats issus de croisements réalisés à partir de l'une d'entre elles.

L'évolution de la polykystose rénale

Chez le chat, l'évolution de la polykystose rénale dépend de la forme concernée : elle est forcément bien plus problématique si les deux reins sont touchés qu'il n'y en a qu'un seul d'atteint.

L'évolution si les deux reins sont touchés

Un chat allongé sur un banc en extérieur

Même quand elle affecte les deux reins, la polykystose rénale est une maladie d'évolution assez lente, au point qu'elle peut rester inaperçue pendant des années - parfois plus de 10 ans. Une évolution plus rapide est néanmoins possible.

 

Dans la plupart des cas, les premiers kystes apparaissent dès la première année de vie du chaton. Toutefois, comme ils sont au départ petits et peu nombreux, il n'empêche pas le ou les rein(s) touché(s) de débarrasser le sang de ses déchets : aucun signe n'est alors présent.

 

Mais au fil du temps, les kystes grossissent et leur nombre augmente. De ce fait, les reins ont de plus en plus de mal à fonctionner, et les déchets s'accumulent dans l'organisme. Lorsque ces derniers deviennent trop nombreux, ils entraînent des dégâts irréversibles sur les autres organes : c'est alors qu'apparaissent les premiers symptômes. Le plus souvent, cela se produit entre 3 et 10 ans - la moyenne étant autour de 8 ans.

 

Toutefois, l'évolution de la PKD est très variable d'un chat à l'autre, en fonction de la rapidité d'apparition et de développement des kystes. Chez certains, les reins se dégradent très vite, et la mort survient dès l'âge d'un an. Chez d'autres en revanche, l'évolution est beaucoup plus lente, et les reins sont encore partiellement fonctionnels même après 10 ans.

L'évolution si un seul rein est touché

Un chat roux avec un air heureux

Dans le cas - minoritaire - où un seul rein est touché, les kystes apparaissent et se développent globalement de la même façon et à la même vitesse que si les deux sont atteints.

 

Toutefois, comme seul un rein est endommagé et que l'autre continue de jouer correctement son rôle, le sang est bien nettoyé de ses déchets, et les autres organes restent intacts.

 

Il n'y a donc pas vraiment d'apparition de symptôme grave, ni d'ailleurs réellement d'évolution de la maladie - même si le rein touché lui se dégrade progressivement et finit par devenir dysfonctionnel.

Les symptômes de la polykystose rénale chez le chat

Les symptômes de la polykystose rénale dépendent de la forme qu'elle prend, c'est-à-dire si elle touche les deux reins ou un seul.

Les symptômes si les deux reins sont touchés

Un chat roux dans sa litière en train d'uriner

Si les deux reins sont touchés par la polykystose rénale, les symptômes présents sont ceux d'une insuffisance rénale chronique. Ils apparaissent en moyenne autour de 8 ans, mais tout dépend en fait de la rapidité d'évolution de la maladie, qui peut être assez variable d'un chat à l'autre.

 

Le plus visible est que le chat se met à uriner davantage, et donc à boire plus qu'à l'accoutumée pour compenser ces pertes en eau. C'est d'ailleurs un symptôme typique d'une atteinte rénale quelle qu'elle soit.

 

En parallèle, on constate aussi une dégradation lente mais progressive de son état général, avec une perte d'appétit pouvant aller jusqu'à l'anorexie, un amaigrissement notable, des symptômes digestifs (diarrhées, vomissements...) ainsi qu'une léthargie.

 

Des infections urinaires sont également possibles, car des bactéries peuvent profiter de la présence des kystes pour proliférer anormalement et envahir le système urinaire. Viennent alors s'ajouter d'autres symptômes, tels que de la fièvre et une présence de sang dans les urines.

 

Par ailleurs, une palpation de l'abdomen permet de sentir que les reins sont anormalement gros et/ou ont des contours irréguliers, à cause de la présence des kystes.

Les symptômes si un seul rein est touché

Un American Wirehair blanc et gris tabby en extérieur

Dans le cas où les kystes ne se développent que sur un seul rein, les symptômes sont généralement légers voire absents, car l'autre continue de fonctionner normalement et de filtrer correctement le sang.

 

Les seuls symptômes éventuellement présents sont :

  • un rein de taille anormale et/ou aux contours irréguliers, ce que l'on remarque en palpant l'abdomen lors d'un examen de routine ;
  • des signes d'infection (fièvre, taux élevé de globules blancs dans le sang, composition anormale des urines...) si des bactéries prolifèrent au niveau des kystes.

 

En dehors de cela, la PKD passe inaperçue, en tout cas tant que le rein épargné lui fonctionne bien. En revanche, s'il vient à défaillir à son tour pour une autre raison (vieillissement, tumeur, intoxication...), le sang ne peut plus être filtré correctement. Le chat développe alors les mêmes symptômes que si les deux reins étaient touchés par la polykystose.

L'espérance de vie d'un chat avec une polykystose rénale

Persan blanc allongé sur un arbre à chat

Il est assez aléatoire d'évaluer l'espérance de vie d'un chat atteint de polykystose rénale. En effet, l'évolution de la maladie peut être très variable d'un individu à l'autre, en fonction de la vitesse d'apparition et de croissance des kystes.

 

Dans le cas où les deux reins sont touchés, les premiers symptômes se manifestent généralement entre 3 et 10 ans, la moyenne étant située autour de 8 ans. En l'absence de prise en charge adaptée permettant de ralentir l'évolution de la maladie, le décès peut survenir assez vite, en l'espace de seulement quelques mois. Néanmoins, même avec un traitement approprié, l'espérance de vie d'un chat atteint de PKD dépasse rarement 2 ou 3 ans à compter de l'apparition des premiers signes.

 

Dans le cas où un seul rein est atteint, le pronostic est nettement meilleur, car l'autre continue de jouer correctement son rôle et d'assurer le bon fonctionnement de l'organisme. Le chat touché a alors une durée de vie très proche de celle d'un chat non malade.

 

Forme de PKD Espérance de vie du chat
Un rein atteint Quasiment normale
Deux reins atteints Quelques mois à années après les premiers symptômes

Le diagnostic de la polykystose rénale

Un Scottish Fold roux en visite chez le vétérinaire

Compte tenu de la présence caractéristique de kystes sur un ou les deux reins, le diagnostic de la polykystose rénale n'est pas difficile à réaliser.

 

Il se base notamment sur :

  • la race du chat (c'est-à-dire si elle est prédisposée ou non à la PKD) ;
  • les éventuels symptômes déjà présents ;
  • la palpation de l'abdomen, pour évaluer la taille des reins ;
  • une échographie mettant en évidence la présence des kystes.

 

L'échographie est la technique la plus fiable, car la plupart des chats atteints développent des kystes visibles par imagerie médicale dès la première année, même si les autres symptômes n'apparaissent que bien plus tard. Il existe toutefois des faux négatifs, c'est-à-dire des sujets dont les kystes ne se voient pas sur l'échographie et qui peuvent donc sembler sains alors qu'ils ne le sont pas.

 

En plus de ces examens, un test génétique de la PKD existe chez certaines races : il permet de savoir si un chat donné est porteur de l'anomalie génétique à l'origine de la maladie, et donc d'aider au diagnostic. Il ne se suffit toutefois pas à lui-même, car un chat peut être porteur de l'anomalie et ne pas encore avoir de kystes sur les reins : un diagnostic par un vétérinaire demeure nécessaire.

Le traitement de la polykystose rénale

Il n'existe pas de moyen de guérir un chat atteint de polykystose rénale. En effet, l'apparition des kystes ne peut pas vraiment être ralentie, et les atteintes qu'ils occasionnent sur les reins sont irréversibles. Cela étant, si un seul rein est atteint, la PKD n'est pas grave et ne nécessite pas réellement de prise en charge.

Le traitement si les deux reins sont touchés

Un chat gris allongé sur la table d'un vétérinaire

Si les deux reins sont touchés, la polykystose rénale évolue à plus ou moins long terme vers une insuffisance rénale chronique. Aucun traitement curatif n'existe à ce jour.

 

La seule chose qu'il est possible de faire est de tenter de retarder l'inéluctable en utilisant une alimentation spéciale pour chat insuffisant rénal, qui est notamment riche en eau, pauvre en phosphores, et qui contient des protéines très digestes (essentiellement de la volaille et du poisson). Une telle alimentation limite la production de déchets dans l'organisme, et donc donne moins de travail aux reins : cela évite qu'ils ne se fatiguent trop vite.

 

Une fois que des symptômes d'insuffisance rénale apparaissent, il faut en parallèle tenter de les apaiser avec divers médicaments : des anti-vomitifs contre les vomissements, des boosters d'appétit en cas d'anorexie, des perfusions pour nettoyer le sang lorsque les déchets accumulés sont trop nombreux...

 

Enfin, en cas d'infection bactérienne au niveau des kystes, des antibiotiques sont nécessaires pour éliminer les bactéries problématiques.

Le traitement si un seul rein est touché

Un Chinchilla silver avec des yeux verts

Si un seul rein est touché par la polykystose rénale, cela n'est pas forcément très grave, dans la mesure où l'autre continue de fonctionner normalement. Il n'y a donc pas grand-chose à faire : d'ailleurs, le chat n'est pas vraiment malade.

 

Une intervention peut toutefois être nécessaire dans le cas où une infection apparaît au niveau des kystes : il faut alors recourir à des antibiotiques pour la soigner.

 

Par ailleurs, si le rein affecté est trop abîmé et ne fonctionne déjà quasiment plus, le vétérinaire peut faire le choix de le retirer par une opération chirurgicale, pour éliminer le risque d'infection bactérienne. Comme un seul rein est suffisant pour vivre, cela n'empêche pas le chat de continuer à mener une vie normale.

Le test de la PKD chez le chat

Un laborantin met un prélèvement salivaire dans une éprouvette

Il existe chez certaines races (notamment le Persan) un test génétique de dépistage de la polykystose rénale.

 

Celui-ci nécessite qu'un vétérinaire réalise un petit prélèvement indolore par frottis buccal, qui est envoyé à un laboratoire pour analyse. Il coûte environ 70 euros, et les résultats sont disponibles en quelques jours.

 

Il permet de déterminer si un chat donné est porteur ou non de la mutation génétique à l'origine de la PKD :

  • un test négatif indique que l'animal est sain, et ne développera donc jamais cette maladie ;
  • un test positif ne signifie pas forcément qu'il est déjà malade, mais qu'il finira par l'être un jour.

 

Le test PKD est donc indispensable pour les éleveurs et adoptants de races à risque. Il permet en effet aux premiers d'écarter de la reproduction les individus porteurs de l'anomalie, afin de proposer des petits qui sont sains eux aussi. Quant aux seconds, il leur offre la garantie d'acquérir un animal qui ne développera pas cette maladie. Il permet aussi d'identifier très tôt les futurs malades (parfois des années avant qu'ils ne développent les premiers symptômes) et de mettre en place certaines mesures pour retarder le plus possible l'échéance et augmenter leur espérance de vie.

La prévention de la polykystose rénale

Un beau Persan tricolore debout dans la cuisine

Dès lors qu'un chat est porteur de l'anomalie génétique responsable de la polykystose rénale, il développera immanquablement un jour la maladie, même si cela peut prendre de longues années. Certaines astuces permettent alors de retarder l'échéance, mais pas de l'empêcher. La prévention reste donc la meilleure technique de lutte contre la PKD.

 

Ainsi, il est essentiel de faire tester les chats appartenant aux races à risques (lorsqu'un test existe), afin de déterminer lesquels sont porteurs de la maladie et les exclure de la reproduction. Se baser uniquement sur la présence ou non de symptômes rénaux n'est en effet pas suffisant, ces derniers pouvant apparaître des années après que l'animal a commencé à se reproduire.

 

Dans le cas des races à risques pour lesquelles il n'existe pas encore de test, il est fortement recommandé de réaliser une échographie abdominale. En effet, même si les symptômes apparaissent au terme de plusieurs années, les premiers kystes sont souvent visibles très tôt et permettent d'identifier rapidement les futurs malades pour les empêcher de se reproduire. Cette technique n'est pas fiable à 100%, mais reste à ce jour la meilleure option lorsqu'aucun test de dépistage n'est possible.

Conclusion

La polykystose rénale est une maladie d'évolution lente mais toujours fatale à terme, que l'on rencontre chez le Persan et les races apparentées, ainsi que chez quelques autres. Elle ne se soigne pas, mais peut en revanche être assez facilement évitée en effectuant des tests de dépistage et en écartant les chats atteints de la reproduction.

 

Par conséquent, dans le cas où l'on souhaite adopter un chat appartenant à une des races concernées, il est vivement recommandé de demander à voir les résultats des tests des parents et/ou de l'animal en question, pour s'assurer qu'il est bel et bien sain. D'ailleurs, les éleveurs sérieux réalisent spontanément ces tests sur leurs protégés, pour maximiser les chances d'avoir des portées de chatons bien portants et qui vivront le plus longtemps possible.

Mise en garde

Les propos et conseils formulés ici ne remplacent pas l'expertise d'un professionnel, d'autant que chaque chat est unique. En cas de besoin ou de doute, il convient donc de se tourner vers un vétérinaire.
Par Aurélia A. - Dernière modification : 07/18/2022.

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