Tous les chats n'ont pas droit de cité à La Romieu (32)

24/08/2010

C'est un comble pour ce village dont la légende raconte qu'il a été sauvé de la disette par les chats, mais aujourd'hui la prolifération des félins inquiète les habitants.

Depuis quelque temps à La Romieu, les minous de bonne compagnie hésitent à mettre le museau dehors. Des petites frappes aux griffes affûtées guetteraient les nantis du village pour leur apprendre à vivre quand ils se toquent d'aller taquiner le mulot ou de lézarder sur les murettes de la collégiale. À La Romieu, les aristochats ont peur…

À La Romieu, selon que l'on est un chat domestique ou de pierre, on subit des raclées ou les assauts des pigeons. PHOTO MICHEL AMAT


C'est bien simple, le chat du maire lui-même fait la grève. « Depuis qu'il a pris une branlée, il ne veut plus sortir de la maison », confie Denis Delous. Le chat du voisin n'est pas mieux loti : « Ils se sont mis à trois ou quatre dessus, ils lui ont cassé une patte ! Le soir, vous les voyez se balader par bande de quatre ou cinq. Les chats domestiques en ont peur. »

Les restaurateurs aussi se plaignent de ces petits caïds de chats, si ce n'est sauvages, au moins de gouttière, grimpant sur les nappes qu'ils dressent, quand ils ne laissent pas dans leur sillage des fumets ammoniacaux nauséabonds. « Des gens les pansent, leur donnent à boire et à manger sous les arcades. Ensuite, les chats y font leurs besoins et ça sent mauvais. Ce n'est vraiment pas agréable pour les touristes », fulmine le maire.

Parmi les amis des bêtes qui prennent les chats sauvages de La Romieu sous leur aile, il y a Dominique Montaulieu, une ex-Arcachonaise venue s'installer dans le village avec son mari et ses deux chats il y a neuf ans.

Réguler la population féline
« Je n'avais jamais entendu parler de la légende des chats qui a fait la réputation de La Romieu. Je l'ai découverte plus tard et sur place. Un jour, en allant au local à poubelles, je suis tombée sur une petite chatte dans un état lamentable de maigreur. Je l'ai soignée, nourrie et je lui ai donné la pilule. La gamelle devait être bonne et elle a dû en parler aux copains, car au bout de quelques mois, trois ou quatre chats aussi faméliques les uns que les autres et bourrés de puces ont commencé à venir chercher pitance », raconte la Romévienne qui se fait désormais un devoir d'honorer ce qui a fait la renommée du village, si l'on excepte sa collégiale bien sûr.

« Je les fais stériliser dès que je peux les attraper, je leur mets des colliers anti-puces. » À ses détracteurs qui l'accusent d'encourager les chats dans leur expansionnisme, Dominique Montaulieu répond qu'elle n'a pas fait proliférer la race féline. « Au contraire, j'ai endigué le problème. L'an dernier, j'ai fait euthanasier 25 chatons. Beaucoup moins cette année, car j'arrive à donner la pilule à davantage de chattes. »

L'insalubrité dénoncée par certains administrés, Dominique Montaulieu la réfute également : « Je change les gamelles tous les jours. Et puis, soyons honnêtes : La Romieu vit touristiquement grâce à sa collégiale et à une légende : celle des chats qui ont sauvé le village de la famine en débarrassant les greniers des rats qui dévoraient toutes les récoltes ! »

Si Denis Delous assure n'avoir rien contre les chats ni les bêtes en général, il craint qu'ils ne finissent par colporter des maladies et il estime, sans rire, que si la situation n'est pas encore trop préoccupante, il va quand même falloir trouver des solutions pour réguler la population féline du village. D'autant que le Conseil municipal a d'autres chats urgents à fouetter : les pigeons qui colonisent la collégiale et ont déjà ruiné, moins d'un an après leur réfection, des parquets tout neufs. Des filets « à 9 000 € hors taxe tout de même », hoquette le maire, devraient bientôt régler le problème. Ensuite, il sera temps de penser sérieusement aux chats.