Canada - Comment en finir avec la surpopulation féline

30/03/2010

À moins d’être engagé dans un projet d’élevage sérieux et responsable, il n’y a aucune raison valable de vivre avec des chats non stérilisés. Surtout si l’on considère le très grand problème de surpopulation féline dans nos sociétés d’aujourd’hui.
Par Dre Louise Laliberté, vétérinaire


Chaque année, c’est par millions que naissent, dans la nature, des chatons qui n’appartiennent à personne et qui, à peine âgés de cinq ou six mois, se reproduiront à leur tour. Comme une chatte peut aisément avoir 3 portées par année, chacune d’elle comprenant en moyenne 2,8 chatons vivants, un seul couple de chats peut théoriquement être à la source d’environ 375 000 descendants!

Actuellement, tous les pays du monde font face à un surplus de chats. Il suffit de penser au Colisée, à Rome (Italie), qui héberge des milliers de chats sans autre domicile fixe. Même cas en Grèce, en Australie et aux États-Unis, où la population de chats errants dans chacun de ces pays est estimée à plus de 60millions de sujets. En Thaïlande, c’est pire: plus de 300 000 chiens vivent en toute liberté dans les rues de Bangkok — les chats seraient encore plus nombreux,mais il est difficile de les recenser en raison de leur grande facilité à se cacher. La France n’échappe pas au phénomène,puisque les refuges euthanasient environ 150 000 chats et chiens annuellement.

Le Canada ne fait pas exception!

À la mi-octobre, se tenait, en Alberta, un sommet réunissant les personnes les plus influentes du monde animalier canadien afin d’examiner la situation et d’explorer les stratégies pour corriger la situation. Plusieurs conférenciers ont fait état des actions entreprises dans leur ville ou leur région afin de tenter de résoudre le problème. Ainsi, la ville de Hamilton amis sur pied un vaste programme de «capture-stérilisation- retour» (CSR) dans un ravin où vivaient des centaines de chats errants.

Le programme a été baptisé The Year of the Cat Initiative (L’initiative de l’année du chat) avec l’éloquent slogan: «Les chats ne portent pas de condoms!» Beaucoup de régions avaient préconisé des programmes de captures suivies de simples euthanasies.Or, il a été prouvé que ces programmes coûteux sont loin d’être efficaces, car le vide laissé par les chats éliminés est rapidement comblé par d’autres chats errants. La ville de Calgary, certainement un modèle dans la lutte contre la surpopulation féline, a opté pour un programme intensif d’identification et d’émission de licences. La Ville n’impose pas de limite d’animaux de compagnie,mais l’achat de licences est obligatoire.


1 animal sur 5 se perdra au cours de sa vie

On dit qu’un animal de compagnie sur cinq se perdra un jour au cours de sa vie, et que seulement 10 % des chats égarés regagneront leur maison. Heureusement, grâce à ce système d’identification, on en retrouvera beaucoup plus. Ici, au Québec, le problème est aussi criant,particulièrement àMontréal. Les refuges de la ville,dont celui de la SPCA, accueillent des dizaines demilliers de chats.Moins de lamoitié trouveront un nouveau foyer. Même cas à la SPA de l’Estrie: elle doit euthanasier près de 80 % des quelque 5000 chats qu’elle accueille annuellement.

Les programmes CSR en bref Les chats féraux (retournés à l’état sauvage) ou errants sont capturés à l’aide d’un piège qui ne les blesse pas, puis stérilisés.Après leur convalescence, ils sont ramenés dans leur colonie d’origine. Toutefois, avant leur remise en liberté, ils sont vaccinés, vermifugés et identifiés au moyen d’un tatouage ou d’une micropuce. Afin de protéger la santé des autres membres de la colonie, les chats testés positifs à la leucémie et au sida félin sont euthanasiés de façon respectueuse ou confiés à des foyers sans autre chat. À l’Île-du- Prince-Édouard,un programme de CSR est appuyé par des vétérinaires et des étudiants bénévoles du Collège vétérinaire de l’Atlantique ainsi que des bienfaiteurs.

Les chats féraux et les chats harets Par définition, un chat haret est la progéniture d’un chat errant. Il est né dans la nature et n’a pas eu de contact avec les humains. Les harets vivent généralement en groupes ou en colonies, où ils disposent de nourriture et d’abris. Beaucoup d’entre eux descendent de chats de compagnie tout simplement mis à la porte par un propriétaire qui n’en voulait plus, et qui espérait que l’animal trouverait le moyen de survivre. Pourtant, la grande majorité des chats abandonnés, même dans les fermes, meurent de froid, de faim ou de maladies.

Certains arrivent à se débrouiller, et ils se reproduisent, augmentant d’autant les populations. Il est prouvé qu’après trois années dans la nature un chat,même s’il est très sociabilisé, devient sauvage. Par conséquent, il est considéré comme «féral». Les véritables sources du problème sont l’irresponsabilité de certains propriétaires de chats, et le fait que ces derniers considèrent leur animal comme un objet. Un objet jetable. Un maître responsable n’hésitera donc pas à faire stériliser son ou ses chats. La vie avec des chats castrés ou des chattes stérilisées est beaucoup plus agréable, puisque leurs comportements ne sont plus gérés par leurs hormones. Ils sont en meilleure santé, moins agressifs et moins fugueurs.De plus, les propriétaires de chats stérilisés auront le plaisir de savoir que leurs compagnons ne contribueront pas à aggraver le problème de surpopulation féline.