Argonay (74) Vont-ils proliférer à cause d’internet ?

07/10/2010

On les appelle “les nourrices”. Elles sont près d’une centaine, sur le territoire de l’agglo, à surveiller et nourrir les chats errants, qu’elles préfèrent d’ailleurs appeler chats “libres” ou chats “harets”, un mot qui désigne les félins domestiques retournés à l’état sauvage.

La plupart d’entre elles, en ville surtout, souhaitent rester discrètes sur cette activité bénévole.

« Elles sont souvent montrées du doigt, car beaucoup de gens considèrent que ces chats sont nuisibles et les assimilent aux rats », explique Françoise D., qui chapeaute les nourrices pour le compte de la SPA.

Pourtant, les nourrices jouent aussi un rôle de sentinelle fort utile : ce sont elles qui signalent la présence d’un nouvel animal dans leur secteur.

PHOTO : Quinte Rossi est l’une des “nourrices” de l’agglo. À Argonay, elle s’occupe d’une colonie qui compte jusqu’à neuf chats. Les félins vivent aux abords de l’entreprise familiale qu’elle dirige et dorment dans des carcasses de voitures. Les plus jeunes sont nés en juin dernier et seront stérilisés à 6 mois. Le DL/M.R.

En 2009, 2300 chats “sauvages” ont été stérilisés
« Quand cela se produit, nous venons avec un piège pour attraper le chat. Il est stérilisé par un vétérinaire, puis relâché avec un “S” tatoué dans l’oreille », précise Françoise D.

La communauté d’agglomération subventionne ces opérations, qui, selon la responsable, ont donné en quelques années un « résultat extraordinaire : en 2003, il avait fallu 7 000 euros pour stériliser tous les chats, en 2009 on est tombé à 2 300. Aujourd’hui, le territoire est tenu. »

Mais si les chats errants ne prolifèrent plus à l’envi, un phénomène récent inquiète beaucoup, car il pourrait réduire à néant les efforts accomplis : ce sont les dons de chatons sur des sites internet de petites annonces, comme “leboncoin.fr”.

Il suffit de cliquer dans la rubrique concernée, sur Annecy et les communes environnantes, pour voir défiler les offres.

Donner un chaton ni tatoué ni vacciné, c’est interdit !
Généralement accompagnées de photos craquantes, elles sont alléchantes… mais illégales.

« On n’a plus le droit de donner un chat qui n’est pas tatoué, vacciné et pucé. Les numéros d’identification de ses parents sont obligatoires aussi », rappelle Françoise D.

Ces règles, les annonceurs en sont avertis par les administrateurs des sites, mais la majorité passe outre... quand ils ne précisent pas que « vaccination et tatouage seront au frais du futur maître » !

Au final, déplore Françoise D., « bon nombre de ces chats risquent de finir dans la rue, où ils vont se reproduire et transmettre la leucose, le “sida du chat” qui sévit fortement sur Annecy. Ou alors ils seront placés à la SPA. Celle-ci est littéralement envahie de chatons depuis cette année. »

Et les placer est de plus en plus difficile, justement à cause de la concurrence d’internet.

par la rédaction du D