Comme l'Homme, le chat est doté d'un appareil digestif complexe, composé de plusieurs organes : oesophage, estomac, etc. Chacun de ces derniers peut être touché par toutes sortes de maladies, à l'instar notamment de la MICI (ou Maladie Inflammatoire Chronique de l'Intestin). Cette pathologie d'évolution lente est assez anodine au départ, avant de devenir généralement problématique voire mortelle.
En quoi consiste-t-elle exactement, et qu'est-ce qui en est à l'origine ? Quels en sont les symptômes ? Existe-t-il des traitements pour la soigner, ou au moins la soulager ? Quelle est l'espérance de vie d'un chat qui en est atteint ? Peut-on la prévenir ?
Comme son nom l'indique, la Maladie Inflammatoire Chronique de l'Intestin est une inflammation digestive de longue durée, qui évolue dans le temps et plus précisément qui a tendance à s'aggraver. Elle touche surtout les intestins, mais pas uniquement. On l'appelle souvent MICI en abrégé, ou éventuellement entéropathie chronique : en grec, « entéro » signifie « intestin » et « pathos » signifie « maladie ».
La MICI touche différentes espèces : l'Homme bien sûr, mais aussi le chien et le chat.
Dans tous les cas, elle cause des symptômes qui sont non seulement très communs, mais en plus intermittents. De ce fait, elle est difficile à reconnaître. Cela explique que bien souvent, le diagnostic n'est posé qu'une fois la maladie déjà bien avancée, c'est-à-dire qu'un traitement n'est mis en place que tardivement.
Il existe deux types différents de MICI, tant chez l'humain que chez le chat :
La principale différence entre les deux est ainsi la localisation de l'inflammation à l'intérieur du tube digestif. Par contre, les causes, les symptômes et même le traitement sont globalement similaires dans les deux cas. C'est ce qui explique qu'on parle couramment de MICI sans forcément préciser de laquelle il s'agit.
La MICI est le fait d'une hyperactivité du système immunitaire intestinal.
Plus précisément, les globules blancs colonisent la paroi digestive et l'attaquent, comme s'il s'agissait d'un corps étranger. Il en résulte une lésion profonde, que l'on appelle ulcère. Pour compenser cette ulcération, la paroi digestive tend à s'épaissir : or, elle devient ce faisant moins perméable aux nutriments, qui sont par conséquent moins bien assimilés par l'organisme. C'est ce qui cause toutes sortes de symptômes.
L'origine de ce dysfonctionnement immunitaire est encore mal connue pour l'instant. Toutefois, les spécialistes pensent qu'elle pourrait se situer au niveau de la qualité de la flore intestinale (le microbiote). En effet, chez les chats malades, cette dernière a une composition bactérienne différente - et moins bonne - que chez leurs congénères en bonne santé. C'est en tout cas ce qu'a montré une étude intitulée « Characterization of the fecal microbiome in cats with inflammatory bowel disease or alimentary small cell lymphoma » et publiée dans la revue Scientific Reports en 2019.
L'altération du microbiote probablement à l'origine de la MICI pourrait elle-même être le fait d'un ou plusieurs facteurs : une particularité génétique, une prise d'antibiotiques sur la durée, un régime déséquilibré, une exposition importante et/ou répétée à de la pollution, des métaux lourds, des additifs alimentaires ou des nanoparticules...
Tant chez l'Homme que chez le chat, la MICI survient le plus souvent chez des individus d'âge moyen - c'est-à-dire adultes mais pas encore âgés. Cela étant, elle peut aussi toucher un sujet très jeune ou au contraire très vieux.
Il arrive toutefois souvent que le diagnostic soit posé bien après l'apparition de la maladie. En effet, ses symptômes se manifestent par phase : l'animal malade reste ainsi asymptomatique pendant des périodes pouvant durer plusieurs semaines voire plusieurs mois, et on risque alors de penser à tort qu'il est guéri. En outre, même dans le cas où l'on soupçonne une maladie de long terme, la MICI est souvent confondue avec d'autres problèmes de santé plus répandus et bénins, du fait de la ressemblance des signes cliniques : une diarrhée chronique, une gastrite...
Ainsi, la MICI est souvent diagnostiquée seulement lorsque les symptômes deviennent réellement problématiques et ne peuvent plus être banalisés.
La MICI se manifeste par une alternance entre :
Lors d'une crise, toutes sortes de symptômes sont possibles, en fonction notamment de l'évolution de la maladie. Au tout début, ce sont surtout un manque d'appétit, des maux de ventre, des vomissements, des flatulences, une diarrhée pouvant contenir de la graisse ou du sang, ainsi que des rougeurs et des saignements dans la zone péri-anale dans le cas d'une RCH. Ils durent normalement quelques jours à quelques semaines, rarement plus.
Le chat est ensuite dans une phase dite de rémission, pendant laquelle aucun symptôme n'est présent et qui peut faire croire à tort qu'il est guéri. En réalité, il finit à nouveau par développer une nouvelle crise au bout de plusieurs mois, semaines voire seulement jours - avec à la clef des symptômes identiques ou différents de ceux des fois précédentes.
La MICI est une maladie chronique : cela signifie qu'elle a tendance à s'aggraver avec le temps, même si dans quelques cas elle se stabilise spontanément. Les crises tendent à devenir de plus en plus violentes au fur et à mesure des années : on constate alors par exemple un amaigrissement, un état de dénutrition (carences multiples), un pelage en mauvais état, une grande fatigue, de la fièvre, une présence de liquide dans l'abdomen, une pâleur des muqueuses... À terme, elle peut même finir par causer le décès de l'animal, en tout cas s'il n'est pas pris en charge.
La MICI est difficile à reconnaître, car ses symptômes sont non seulement similaires à ceux de beaucoup d'autres problèmes de santé (gastro-entérite, vers intestinaux, tumeur digestive, lymphome lymphocytique...), mais en plus inconstants.
Pour réaliser son diagnostic, le vétérinaire doit donc commencer par réaliser divers petits examens afin d'exclure les autres maladies possibles : une prise de sang, une analyse d'urine et/ou de selles, une échographie ou une radiographie abdominale, etc.
Si ces examens ne montrent rien de problématique, il envisage alors de mettre l'animal sous anesthésie générale afin de réaliser une endoscopie et/ou une coloscopie. Il s'agit d'examens consistant à observer l'état du tube digestif à l'aide d'une petite caméra que l'on insère respectivement dans la bouche ou dans l'anus. Ils permettent aussi de prélever de petits morceaux de la paroi digestive pour les examiner au microscope. Si ces prélèvements contiennent un nombre excessif de globules blancs, c'est qu'il s'agit bel et bien d'une MICI : le diagnostic est alors établi.
La MICI est une maladie incurable : lorsqu'un chat en est atteint, il le reste à vie, et voit même le plus souvent son état s'aggraver au fil du temps. Il ne faut donc pas espérer une guérison, même avec un traitement. Toutefois, un changement d'alimentation et parfois l'administration de médicaments sont susceptibles de soulager durablement les symptômes et de permettre à l'animal d'avoir une vie à peu près normale.
La nourriture destinée à un chat atteint de MICI doit être constituée d'aliments très digestes (notamment de la viande de qualité) et hypoallergéniques. En outre, des compléments alimentaires et/ou des probiotiques sont souvent nécessaires. Cela permet de favoriser la restauration de la flore intestinale, faciliter la digestion et éviter la dénutrition liée à l'épaississement de la paroi digestive. Ce nouveau régime doit généralement être maintenu à vie.
Agir sur l'alimentation est normalement nécessaire, mais pas forcément suffisant pour soulager les symptômes. Le cas échéant, le vétérinaire prescrit des immunorégulateurs voire des immunosuppresseurs : leur rôle est de contrôler les défenses immunitaires, et en particulier de limiter le risque qu'elles s'attaquent au tube digestif. Toutefois, ces produits ont un risque élevé d'effets secondaires, dont certains sont graves : un suivi est donc de mise, pour surveiller l'état de l'animal et ajuster le traitement si besoin. Cela permet en même temps de s'assurer qu'il ne développe pas de carence.
Tous ces soins sont globalement efficaces, en particulier s'ils sont mis en place tôt : ils permettent le plus souvent à l'animal de vivre à peu près normalement. Ils peuvent tout de même s'avérer coûteux sur le long terme - a fortiori s'il est atteint jeune. Cela étant, si avant l'apparition des symptômes l'on avait pris soin de souscrire une assurance santé pour animaux (par exemple auprès d'un acteur tel que Bulle Bleue), tout ou partie des frais vétérinaires sont alors susceptibles d'être remboursés, ce qui allège un peu la facture.
Dans le cas d'un chat déjà gravement atteint et/ou en état de dénutrition avancé lorsque le diagnostic est posé, il est potentiellement trop tard pour agir. La question se pose alors de l'euthanasier, afin de lui éviter de souffrir inutilement.
En tout début d'évolution, les symptômes de la MICI ne sont pas forcément très impressionnants - d'autant qu'ils sont temporaires, puisque cette maladie se manifeste par alternance. Il ne faut toutefois pas s'y tromper : à terme, elle a d'importantes répercussions sur la santé, et le chat atteint peut même finir par en décéder dans les cas les plus graves.
Son évolution est toutefois lente : il s'écoule généralement plusieurs années avant que l'état ce dernier ne soit sensiblement dégradé. Par conséquent, même en l'absence de traitement, son espérance de vie est normalement de plusieurs années. Il existe même de (rares) cas où la MICI finit par se stabiliser à un niveau de gravité intermédiaire.
Dans le cas où il reçoit un traitement approprié, son espérance de vie est même généralement proche de celle d'un congénère en bonne santé. De fait, dès lors que l'inflammation est contrôlée et les symptômes limités, il conserve alors une qualité de vie à peu près normale.
Cela suppose toutefois que son état ne soit pas encore trop dégradé quand le traitement est entamé : dans le cas contraire, la maladie risque d'être difficile à enrayer, même avec une bonne alimentation et des médicaments appropriés.
Dans la mesure où la flore intestinale joue probablement un rôle dans la survenue d'une MICI, le mieux pour prévenir la seconde est de protéger la première du mieux possible.
Pour cela, il convient tout d'abord de donner à son chat une alimentation de qualité, à la fois très digeste et hypoallergénique. Cela implique de privilégier des croquettes et pâtées contenant une grande part de viande ou de poisson, et d'éviter les aliments premiers prix : ces derniers contiennent souvent des ingrédients indigestes et/ou peu intéressants sur le plan nutritionnel, voire aussi toutes sortes d'additifs.
Un autre point à ne pas négliger est de toujours faire une transition de plusieurs jours au moment de changer l'alimentation de son chat, afin de laisser le temps à sa flore intestinale de s'habituer en douceur aux nouveaux aliments. Si on ne le fait pas, il risque de souffrir de diarrhée chaque fois que l'on modifie le contenu de sa gamelle. Or, dès lors que cela se produit trop souvent, le microbiote a des chances de finir par être dégradé - une situation potentiellement propice sur la durée à l'apparition d'une MICI.
Enfin, des diarrhées et/ou vomissements sans cause apparente et qui se répètent dans le temps ne doivent pas être négligés, car ils pourraient être les premiers symptômes de la maladie. Une telle situation exige donc de se tourner vers un vétérinaire sans tarder : s'il s'agit effectivement d'une MICI, le traitement a d'autant plus de chances d'être efficace qu'il est mis en place tôt.
La MICI (Maladie Inflammatoire Chronique de l'Intestin) est une inflammation chronique de l'appareil digestif et tend à s'aggraver avec le temps. Les symptômes initiaux sont plutôt bénins, mais si rien n'est fait, ils finissent par devenir réellement problématiques au fil des mois voire des années. Dans les cas extrêmes, le décès est même possible.
Toutefois, si la prise en charge est suffisamment précoce, il est possible d'enrayer l'évolution de la maladie en modifiant l'alimentation de l'animal et/ou en lui donnant divers médicaments.
L'un des meilleurs moyens à ce jour de prévenir la MICI est de bien nourrir son chat, notamment en optant pour des produits de qualité et en évitant les changements d'alimentation trop brusques. Cela permet d'ailleurs aussi de prévenir toutes sortes d'autres maladies : chez un petit félin comme chez un humain, l'alimentation a un impact important sur la santé.
Certes, cela implique des dépenses plus élevées, car des aliments de qualité sont plus coûteux que des croquettes ou pâtées de base. Mais si cela réduit à terme le risque de maladies graves - et onéreuses - comme la MICI, ce peut en réalité être un bon calcul - sans même parler des aspects autres que financiers.