Avoir une chatte qui attend un heureux évènement est généralement un grand bonheur pour toute la famille, qui prépare avec joie l'arrivée prochaine des petits chatons. Pour autant, une gestation n'est pas forcément un long fleuve tranquille. En particulier, le risque de fausse couche existe, même s'il est moins élevé que chez d'autres espèces.
Quels sont les signes annonciateurs d'une fausse couche chez une chatte ? Faut-il s'inquiéter ? Comment doit-on réagir ?
La fausse couche désigne l'interruption précoce de la gestation, que ce soit à cause d'une maladie, d'un traumatisme, d'un stress, ou sans cause connue. On parle aussi d'avortement spontané.
Elle ne doit pas être confondue avec ce que l'on appelle couramment « avortement », qui désigne une interruption volontaire dans le cas où la gestation n'est pas souhaitée ou présente un danger pour la santé de la mère et/ou des petits. Elle diffère aussi de la mise bas prématurée, c'est-à-dire la naissance avant terme des petits.
Tous les animaux menant une gestation sont susceptibles de faire une fausse couche, chats y compris. Les causes ne sont toutefois pas forcément toujours les mêmes d'une espèce à l'autre.
Contrairement à ce que l'on observe chez la femme, une chatte gestante porte souvent plusieurs embryons (entre 3 et 6 en moyenne).
Il existe donc deux types de fausse couche :
Le type de fausse couche dépend des cas et de la cause sous-jacente.
Une chatte gestante peut faire une fausse couche pour différentes raisons. La cause la plus fréquente est toutefois l'infection par un microbe (virus ou bactérie, le plus souvent).
Un certain nombre d'infections virales sont susceptibles de déclencher une fausse couche chez la chatte. On peut citer notamment la leucose, le sida, l'herpesvirose ou encore la péritonite infectieuse.
Même s'il est causé par un virus différent, le sida du chat ressemble beaucoup au sida qui touche l'être humain. Le délai d'incubation est très long (de l'ordre de plusieurs années), puis survient une diminution très forte des défenses immunitaires. L'issue est forcément fatale, au bout de quelques mois de symptômes divers.
Tant que la chatte est séropositive, le virus du sida reste dormant dans l'organisme, et la gestation peut aller à terme. En revanche, si les premiers signes cliniques commencent à apparaître, il existe un risque de fausse couche, ou si ce n'est pas le cas, de transmission du sida aux chatons.
La leucose est une maladie virale mortelle ressemblant beaucoup au sida, car elle provoque des symptômes assez similaires - notamment une baisse drastique des défenses immunitaires. Elle cause aussi l'apparition de certains cancers, les plus courants étant la leucémie (cancer du sang) et le lymphome (cancer du système lymphatique.
En plus de ces terribles symptômes, la leucose a pour conséquence chez la chatte gestante d'interrompre presque toujours la gestation. Cela entraîne donc soit une fausse couche, soit des chatons morts-nés.
Le typhus du chat est une maladie virale grave, qui attaque les cellules de l'appareil digestif et entraîne des vomissements, des diarrhées sanglantes et une dégradation rapide de l'état général.
La plupart des chatons non vaccinés ne survivent pas, et les adultes eux-mêmes en souffrent plus ou moins sévèrement. Une chatte en gestation qui contracterait le typhus risque de subir une fausse couche ou de donner naissance à des bébés malformés.
L'herpesvirose est une maladie causée par un virus appelé herpes virus. Elle entraîne essentiellement des symptômes respiratoires, avec parfois des atteintes oculaires - notamment une conjonctivite - et d'autres problèmes de santé. Même lorsque le chat parvient à en guérir, il a de grandes chances de rester porteur du virus jusqu'à la fin de sa vie, et de faire régulièrement des rechutes.
Lorsqu'elle touche la chatte gestante, l'herpesvirose est susceptible d'entraîner une interruption du développement prénatal des chatons, et donc une fausse couche.
La péritonite infectieuse féline est une maladie mortelle causée par un virus appelé coronavirus félin - qui est sans rapport avec le coronavirus responsable du Covid-19 chez l'être humain. Les symptômes sont assez variables selon la forme qu'elle prend, mais on constate le plus souvent une dégradation rapide de l'état général (amaigrissement, perte d'appétit, etc.) puis à terme le décès.
La péritonite infectieuse fait partie des infections virales qui, lorsqu'elles touchent une chatte pendant sa gestation, sont susceptibles d'entraîner une fausse couche.
Certaines infections bactériennes peuvent déclencher une fausse couche chez une chatte en gestation. C'est le cas en particulier de la chlamydiose, causée par une bactérie nommée Chlamydophila felis.
Cette maladie n'est pas d'une grande gravité en soi : les principaux symptômes sont oculaires, avec l'apparition notamment d'une conjonctivite. Les chatons sont toutefois sujets à des complications graves, et les chattes qui attraperaient la chlamydiose pendant une gestation sont susceptibles de subir une fausse couche.
Certains parasites - et notamment certains vers - sont susceptibles de causer une fausse couche s'ils infestent une chatte en gestation.
L'exemple le plus courant est celui de la toxoplasmose, causée par un ver parasitaire qui se contracte généralement par ingestion de viande crue contaminée. Elle reste généralement sans grande gravité pour les chats adultes, mais peut en revanche attaquer les embryons pendant la gestation et déclencher une fausse couche.
Un autre parasite susceptible d'entraîner un avortement spontané est Neospora Caninum. Ce ver infecte généralement les chiens, mais peut aussi être transmis à des chats, par exemple s'ils vivent ensemble et partagent leurs gamelles d'eau ou de nourriture.
Comme chez la femme, la gestation de la chatte est régie par la production d'un certain nombre d'hormones.
En particulier, la progestérone (une hormone sécrétée par les ovaires) joue deux rôles cruciaux :
Ainsi, un faible niveau de progestérone causé par un dérèglement hormonal est susceptible d'entraîner la fin du développement prénatal des chatons et/ou une fausse couche.
Comme chez la femme, un stress important, causé par exemple par un abandon, des maltraitances, un décès dans le foyer ou un changement de propriétaire, est susceptible d'entraîner un traumatisme chez la chatte en gestation, avec à la clé un risque de fausse couche.
Cela explique qu'il est recommandé de laisser son animal au calme pendant toute la durée de sa gestation - et même le reste du temps d'ailleurs. Le risque semble globalement moins élevé que chez la femme ; malgré tout, les chats étant globalement sujets au stress, mieux vaut ne pas négliger ce facteur.
D'autres causes moins fréquentes sont susceptibles de déclencher une fausse couche.
On peut citer notamment :
Une fausse couche n'est pas toujours facile à détecter chez la chatte, en particulier lorsqu'elle survient en début de gestation. Lorsque les chatons commencent à être bien développés en revanche, les symptômes sont nettement plus visibles.
Dans la majorité des cas, si une fausse couche doit survenir, elle se produit durant les premières semaines.
À ce stade, les chatons ne sont pas encore bien formés, et ne mesurent que quelques centimètres. Il n'y a donc pas vraiment d'expulsion en tant que telle, les embryons défaillants étant généralement réabsorbés par le corps de la mère ou par les embryons dont le développement continue.
Dans un tel cas de figure, il n'y a pas vraiment moyen de détecter la fausse couche - à moins qu'une échographie ait été réalisée avant et permette de se rendre compte que le nombre d'embryons a diminué, mais cela implique de se rendre compte très tôt de la gestation. Et même lorsque une échographie est réalisée en amont, les embryons sont alors si petits qu'il n'est de toute façon pas évident de les compter précisément, et donc d'être sûr à 100% qu'une fausse couche a eu lieu.
Lorsque la fausse couche survient en fin de gestation quand les chatons commencent à être bien formés, elle passe nettement moins inaperçue.
Le symptôme le plus facile à détecter est la présence de pertes vaginales chroniques, prolongées et d'une texture anormale. Ces dernières sont souvent teintées de sang, mais en fonction de la cause sous-jacente, elles peuvent aussi contenir du pus. La chatte se lèche fréquemment au niveau de l'appareil génital pour se nettoyer, mais les pertes étant abondantes, elles restent tout de même visibles.
En plus de ce symptôme, d'autres signes sont fréquents : de la fièvre, des douleurs abdominales, une léthargie, des contractions comme lors d'une mise bas, avec expulsion ou non des embryons non viables.
Une fausse couche peut effrayer. Pourtant, dans la majorité des cas, il n'y a pas vraiment de raison de s'inquiéter, car cela se produit en début de gestation et reste sans conséquence pour la mère et les éventuels chatons restants. D'ailleurs, ce type d'avortement spontané passe le plus souvent inaperçu et n'est détectable qu'à l'aide d'une échographie.
En revanche, une fausse couche qui survient tard dans la gestation est plus douloureuse, plus difficile à vivre, et peut même mettre en danger la mère et/ou les chatons restants si les pertes de sang sont importantes. Il existe également un risque si les foetus non viables et/ou les placentas correspondants ne parviennent pas à être expulsés et restent coincés dans l'utérus, car ils peuvent alors se nécroser et entraîner une infection gravissime.
Enfin, même si la fausse couche se passe « bien », elle peut être la conséquence d'un problème beaucoup plus grave (infection, parasites...) qu'il faut détecter et traiter sans attendre, si bien sûr c'est possible.
Si l'on pense que sa chatte fait une fausse couche (notamment si des pertes vaginales teintées de sang ou de pus surviennent, accompagnées de symptômes tels que de la fièvre ou des contractions), il faut impérativement contacter un vétérinaire, lui décrire la situation et attendre ses instructions.
Le plus souvent, le vétérinaire demande à ce qu'on lui amène la chatte gestante (ainsi que les foetus expulsés, s'il y en a) pour pouvoir réaliser des examens. En particulier, une échographie abdominale permet de vérifier s'il s'agit d'une fausse couche totale ou partielle, et de s'assurer qu'aucun foetus non viable et/ou placenta n'est bloqué dans l'utérus. Le cas échéant, une opération chirurgicale d'urgence est nécessaire pour les retirer et éviter une infection généralisée.
Une fois ce risque écarté, le vétérinaire réalise différents examens pour rechercher la cause de la fausse couche : virus, bactérie, parasite, carences... Cela prend souvent la forme d'une prise de sang, ainsi que d'autres types de prélèvements (test salivaire, échantillon de selles...) en fonction de la cause qu'il suspecte et des symptômes présents. S'il identifie une cause précise, il met en place un traitement (si c'est possible) pour éviter de nouvelles fausses couches à l'avenir.
Dans la plupart des cas, une chatte qui fait une fausse couche se remet très bien, du moment qu'elle est prise en charge par un vétérinaire. Si les organes reproducteurs ne sont pas endommagés, et si elle ne souffre pas d'une infection sous-jacente grave comme la leucose ou le sida, elle peut sans problème être saillie à nouveau et faire une nouvelle gestation quelques mois plus tard, une fois qu'elle a parfaitement récupéré.
Il arrive toutefois que certaines chattes tombent dans une forme de léthargie voire de dépression à la suite d'une fausse couche - en particulier si celle-ci survient peu avant le terme - à cause des brusques changements hormonaux qui s'ensuivent. Il est alors recommandé de les placer dans un environnement calme et de leur accorder du temps et de l'attention pour les réconforter, jusqu'à ce que le taux d'hormones revienne à la normale. Si besoin, un vétérinaire peut aider à traverser cette période difficile.
En dehors de cela, le pronostic d'une fausse couche est généralement bon, et la chatte peut à terme faire de nouvelles grossesses.
Il n'existe aucun moyen de prévenir à 100% les fausses couches chez la chatte, ces dernières pouvant survenir pour toutes sortes de raisons qui ne sont pas toujours claires.
Néanmoins, les principales causes de fausses couches sont assez faciles à éviter en prenant quelques précautions :
En plus de ces mesures, il est important de faire suivre la gestation de sa chatte par un vétérinaire, afin de s'assurer que tout se passe bien et de réagir rapidement face à tout problème de santé qui surviendrait pendant cette période. Par exemple, si le vétérinaire détecte un taux anormalement bas de progestérone, qui pourrait être annonciateur d'une fausse couche à venir, il peut décider de réaliser des injections hormonales pour limiter ce risque.
Pendant une gestation, la chatte peut faire une fausse couche. La plupart du temps, cela se produit en début de gestation, et il n'y a alors pas vraiment lieu de s'inquiéter - d'ailleurs, les chances de la détecter sont minces. En revanche, si cela survient alors que les chatons sont déjà bien formés, des complications sont possibles. Mieux vaut donc contacter immédiatement un vétérinaire pour lui demander d'intervenir : cela maximise les chances de parvenir à sauver la chatte et les éventuels foetus restants, s'il y en a.
