Diabolisé ou au contraire sacralisé en fonction des époques et des pays, le chat a connu à travers son histoire des vies bien différentes. Néanmoins, il est difficile aujourd’hui – au moins pour un Occidental - d’imaginer que ce petit félin indépendant puisse finir dans les assiettes.
Pourtant, nombreux sont les peuples à avoir par le passé consommé de la viande de chat, que ce soit par goût, par tradition ou par nécessité. Certains continuent d’ailleurs de le faire aujourd’hui.
Où et quand cette pratique est-elle apparue ? Où fut-elle courante ? Où perdure-t-elle de nos jours, et pourquoi ? La viande de chat est-elle une viande comme les autres ?
Il est impossible de savoir quand l’Homme a commencé à manger du chat, mais différentes découvertes archéologiques montrent que cette pratique ne date pas d’hier. Des archéologues ont en effet retrouvé dans des selles d’hommes préhistoriques des traces d’os de Chats sauvages d’Afrique, une sous-espèce de chat sauvage vivant au Moyen-Orient et dans la partie nord de l’Afrique. Cela montre que déjà à l’époque on mangeait du chat, même si on ne sait pas dans quelle mesure cette pratique était courante.
L’ailurophagie, c’est-à-dire le fait de manger de la viande de chat, est une pratique qui s’est développée tardivement dans l’histoire des civilisations occidentales. Durant l’Antiquité, le petit félin était dans de nombreux endroits l’objet de superstitions incompatibles avec sa consommation.
C’était le cas en particulier dans l’Égypte Ancienne, où il commença à être domestiqué entre 7500 et 7000 avant J.-C. : il y était considéré comme un représentant des dieux sur Terre. Ce statut spécial n’avait toutefois pas que des avantages pour lui, puisqu'il arrivait régulièrement que des petits félins fassent office de sacrifices à la déesse Bastet. En 2018, des archéologues découvrirent par exemple dans des tombes de la nécropole de Saqqara (qui est vieille de plus de 4500 ans) des douzaines de chats qui avaient été momifiés au cours d’un tel rituel, ainsi que des sculptures de petits félins. Pour autant, cette pratique n’impliquait pas la consommation de la chair de l’animal sacrifié.
Il n’y a pas que dans l’univers religieux que le chat était valorisé : les Égyptiens – à commencer par les agriculteurs – l’employaient également pour protéger les récoltes contre les serpents. Difficile dès lors de penser qu’il aurait pu souvent finir dans leur assiette.
Il ne semble pas non plus avoir été consommé par les Romains, qui l’introduisirent en Europe après avoir colonisé l’Égypte à partir de l’an 30 avant J.-C. Là aussi, il ne tarda pas à être employé pour chasser les rongeurs et devint aussi un animal apprécié des familles riches. Il accompagnait même parfois les soldats dans les campagnes militaires, pour protéger les rations contre les rats.
L’ailurophagie a de tout temps été considérée comme tabou par une large majorité de la population du continent européen. Recettes de cuisine, témoignages et légendes urbaines montrent cependant que le chat faisait bel et bien partie des traditions culinaires de certaines régions.
Il faut attendre le Moyen Âge pour trouver des preuves concrètes de pratiques ailurophages en Europe. Des recettes de cuisine de cette époque montrent que la viande de chat était consommée à l’époque, même si rien n’indique que c’était un type de nourriture populaire.
On trouve par exemple dans le Libre del Coch, écrit par le Catalan Ruperto de Nola et publié en 1520, des instructions détaillées pour préparer un plat à base de viande de chat :
« Prenez un chat gras et tranchez-lui la gorge. Une fois mort, décapitez-le et jetez la tête, car cette partie ne se mange pas. On dit en effet que manger la cervelle de chat fait perdre la tête et prendre de mauvaises décisions.
Une fois le chat dépecé, videz-le et lavez-le bien puis enveloppez la carcasse dans un linge propre et enterrez-le. Laissez-le en terre une journée et une nuit complète, puis déterrez-le et faites-le rôtir à la broche sur le feu. Lorsque la viande commence à cuir, badigeonnez-la d’ail et d’huile d’olive. Ensuite, prenez une branche et battez la viande jusqu’à ce qu’elle soit bien rôtie tout en continuant de l’asperger d’huile. Une fois la viande cuite, coupez-la comme vous couperiez de la viande de lapin ou de chèvre, placez-la dans un grand plat, puis faites bouillir de l’ail et de l’huile dans un bouillon et versez-le sur le chat. »
On trouve aussi des recettes de ce genre dans des ouvrages culinaires en français : c’est le cas par exemple dans Le Ménagier de Paris (publié en 1393, et qui faisait référence à l’époque) ainsi que dans le Viandier de Taillevent, écrit par Guillaume Tirel au 14ème siècle. Le plat décrit dans le premier est appelé « Poudre douce » et explique comment préparer de la viande de chat hachée avec des épices. Le second détaille quant à lui la préparation d’un civet de chat. On y trouve également une recette de civet de lièvre, dans laquelle l’auteur explique qu’il est tout à fait possible de remplacer ledit animal par du chat.
Il faut toutefois noter que les livres de cuisine du Moyen Âge contenaient fréquemment des recettes de plats peu communs, qui n’étaient consommés qu’à titre occasionnel.
L’existence de recettes de plats à base de chat dans l’Europe du Moyen Âge ne doit pas laisser croire que sa consommation y était fréquente. En réalité, la majorité de la population avait une très mauvaise image de cette viande, et pensait d’ailleurs que certains bouchers et taverniers peu scrupuleux en vendaient en la faisant passer pour du porc ou du lapin.
Il existe même en espagnol un dicton datant de cette époque qui s’intitule « Dar gato por liebre », ce qui signifie « Faire passer un chat pour un lièvre ». Il montre à quel point cette suspicion était courante.
Un proverbe illustrant lui aussi cette méfiance à l’égard des restaurateurs fit son apparition au 17ème siècle dans la péninsule ibérique : « Si eres cabrito, mantente frito: si eres gato, salta al plato ». Il signifie : « Si tu es du chevreau, ne bouge pas ; si tu es du chat, quitte mon assiette ». Cette expression humoristique était parfois déclamée par les clients avant d’attaquer leur repas.
En France, cette rumeur est au cœur de la célèbre comptine pour enfants « C’est la mère Michel », dont la plus ancienne version retrouvée date de 1721, mais qui atteignit son pic de popularité au 19ème siècle. Elle parle d’une femme qui a perdu son chat et demande aux personnes passant sous sa fenêtre si quelqu'un l’a retrouvé. Un homme appelé Lustucru finit par lui répondre que son chat n’est pas perdu. Or, dans certaines versions de la chanson, il ajoute « pour un lapin votre chat est vendu », ce qui signifie qu’il en a vendu la viande en la faisant passer pour du lapin.
Difficile cependant de savoir si ces rumeurs étaient fondées, mais force est de constater qu’elles perdurent de nos jours sous certaines latitudes. En effet, les restaurateurs opérant dans des zones pauvres de pays défavorisés sont fréquemment suspectés de vendre de la viande de chat à leurs clients. C’est le cas par exemple au Brésil, où une légende urbaine tenace veut que la viande grillée servie dans les stands de rue de Rio de Janeiro et São Paulo soit en fait du chat.
Que des commerçants peu scrupuleux aient ou non tenté de la faire passer pour celle d’un autre animal plus réputé, il semble que la viande de chat faisait dans tous les cas partie jusqu’au 20ème siècle de la gastronomie du nord de l’Espagne et du Portugal.
C’est ce qu’il ressort notamment d’un livre intitulé Recetas de la cocina de las Abuelas Vascas (« Recettes de cuisine des grand-mères basques », en français), publié en 1990 par un certain José Castillo. Ce dernier y relate le témoignage d’une dame basque presque centenaire interviewée au début des années 80, et qui évoque l’utilisation de cette viande dans la cuisine de sa région. Elle donne notamment cette recette de ragout de chat :
« Dépecez-le, videz-le et laissez-le pendre à l’air libre le temps d’une nuit. Le lendemain, coupez la viande et mettez-la dans un pot puis ajoutez de l’ail coupé en dés, du sel, du tin, du vin rouge, une tasse de vinaigre et une tasse d’huile. Laissez le pot à l’air libre toute la nuit et le lendemain, placez-le près du feu et laissez la viande mijoter jusqu’à ce qu’elle soit tendre. »
Rien n’indique que consommer de la viande de chat était chose courante dans ces régions, mais il est fort possible en tout cas que la pauvreté frappant leurs habitants ait joué un rôle dans la persistance de cette pratique.
Manger du chat est une tradition ancestrale dans certains pays asiatiques, si bien que cet animal est présent dans plusieurs plats traditionnels.
Dans le sud de la Chine, et plus particulièrement dans les provinces du Guangdong et du Guangxi, l’ailurophagie est une pratique vieille de plusieurs milliers d’années.
Le chat est d’ailleurs l’un des trois ingrédients principaux du plat cantonais connu sous le nom de « lóng hǔ fèng » en mandarin, ce qui en français signifie « ragoût de dragon, de tigre et de phénix ». Il s’agit d’une soupe dans laquelle ces trois créatures sont représentées respectivement par de la viande de serpent, de chat et de poulet.
Si la consommation de viande de chat s’est développée de nos jours en Corée du Sud, le petit félin ne faisait pas partie autrefois des traditions gastronomiques de la péninsule. Il était néanmoins utilisé pour concocter des remèdes, notamment contre l’arthrite et la névralgie. Ceux-ci sont d’ailleurs encore populaires aujourd’hui auprès des femmes de la classe ouvrière.
La viande de chat faisait et fait encore partie de la culture gastronomique des Irulars et des Narikurava, deux peuples vivants dans le Tamil Nadu, un État situé dans le sud de l’Inde. Les Narikurava en consomment notamment lors des mariages.
Le chat était consommé à titre occasionnel dans l’archipel nippon jusqu’à la fin de l’époque d’Edo (1600 – 1868).
C’était le cas également à Okinawa avant son annexion par le Japon en 1879. Dans ce royaume situé au sud-ouest du pays, sa viande y était servie en soupe et on lui attribuait des vertus curatives contre le syndrome de Tietze, la bronchite, les maladies respiratoires ainsi que les hémorroïdes.
La viande de chat fait partie de la cuisine vietnamienne depuis des siècles, mais elle connut un regain de popularité à partir du 20ème siècle du fait des nombreux conflits armés qui causèrent des pénuries alimentaires et bouleversèrent les habitudes alimentaires des habitants.
Elle séduit aujourd’hui encore une partie de la population, en particulier dans le nord du pays.
La viande de chat n’a jamais fait partie de la culture gastronomique des pays du Proche-Orient et du Moyen-Orient, et pour cause : tant la religion musulmane que la religion juive en interdisent la consommation.
En effet, comme le petit félin est un prédateur terrestre, sa viande n’est pas considérée comme halal par la première ni kasher par la seconde, c’est-à-dire propre à être mangée.
L’histoire de l’ailurophagie dans l’Amérique du Nord précoloniale est mal documentée. Quoiqu’il en soit, le chat domestique n’étant arrivé en Amérique qu’au 15ème siècle, il ne faisait pas partie des traditions gastronomiques précoloniales des plus de 500 tribus différentes qui peuplaient ce grand territoire.
Le continent était cependant bel et bien peuplé de félins – en particulier des lynx. Pour certains peuples, ces derniers étaient des animaux spirituels et sacrés qu’il convenait de traiter avec la plus grande révérence. La tribu des Zuñis, qui occupait jusqu’à la fin du 19e siècle l’actuel Nouveau-Mexique ainsi que l’Arizona, croyait par exemple que le lynx pouvait voir le futur. Lorsqu’ils partaient à la chasse, ils portaient même des amulettes gravées à son effigie.
À l’inverse, les Oglalas, qui vivaient dans l’actuel Dakota du Sud, évitaient les félins à tout prix, car ils pensaient qu’ils portaient malheur.
Ces deux tribus ne risquaient donc pas de consommer ce type de viande, mais c’était pour des raisons diamétralement opposées.
D’autres tribus comme les Navajos et les Apaches ne se privaient pas de chasser le lynx, mais davantage pour sa fourrure que pour sa viande. Il semble toutefois que certains peuples de l’actuel Alaska voyaient avant tout en lui une source de nourriture.
La chasse au lynx et la consommation de sa viande restent d’ailleurs légales dans 42 États en raison notamment de la croissance rapide de sa population, en particulier dans les zones montagneuses et dans certains États comme le Nebraska et le Texas.
La place du chat dans les traditions culinaires des peuples de l’Amérique du Sud est globalement méconnue. Ce qui est certain toutefois, c’est qu’il ne pouvait pas faire partie de la gastronomie locale avant le 15ème siècle, étant donné que c’est seulement à cette époque qu’il fut introduit sur le continent.
Après l’arrivée des colons, on sait que sa viande était utilisée - et continue de l’être - dans un certain nombre de recettes de ce qui est actuellement le Pérou, notamment la fricassée péruvienne et certains ragoûts.
On la retrouve surtout dans la cuisine afro-péruvienne, c’est-à-dire celle des descendants des esclaves amenés d’Afrique à partir des années 1520. La famine et le manque de nourriture poussèrent en effet ces populations à manger du chat pour survivre, si bien que cet animal finit par intégrer leurs traditions culinaires,
Certains Afro-Péruviens continuèrent d’ailleurs à commémorer cette pratique jusqu'en 2013, à l’occasion d’un festival nommé « Gastronomico del Gato » (« festival gastronomique du chat », en français). Cette année-là, ce dernier finit par être interdit par un juge qui estima que les chats cuisinés à cette occasion n’étaient pas élevés et abattus dans le respect des normes sanitaires. Il semble toutefois que cette tradition culinaire perdure depuis, même si elle est vraisemblablement confidentielle.
La viande de chat n’a jamais constitué une source d’alimentation principale chez les peuples qui la consomment. Si d’aucuns disent en apprécier le goût sucré, le petit félin est un animal qui se mange surtout par tradition, par croyance, pour survivre en temps de crise ou pour des raisons économiques.
De nombreuses personnes consomment de la viande de chat simplement parce que cela fait partie des traditions gastronomiques de leur pays ou de leur région. C’est en effet un ingrédient utilisé dans la cuisine traditionnelle de différents endroits, en particulier en Asie.
Par exemple, elle fait partie des trois viandes – aux côtés du serpent et du poulet - que l’on retrouve dans le lóng hǔ fèng (ou « ragoût de dragon, de tigre et de phénix » en français), un plat de la gastronomie cantonaise.
La viande de chat est aussi très appréciée des personnes âgées au Vietnam, qui continuent d’en manger par habitude.
Quant à la communauté indienne des Narikurava, elle a pour coutume d’en servir lors des mariages.
En Asie et en Afrique, on considère parfois que la viande de chat possède de multiples vertus autres qu’alimentaires.
Un article intitulé « The cat eaters of Cameroon » et publié en 2003 par la BBC explique par exemple qu’au Cameroun, une croyance veut que manger du chat porte chance. Certaines personnes affirment aussi que cela permet de se prémunir contre la fièvre.
Les propriétés curatives supposées de ce mets peu commun ont également motivé son utilisation dans la concoction de remèdes contre la névralgie et l’arthrite en Corée du Sud.
Au Japon, on lui attribuait aussi des effets positifs sur la santé : on pensait cette viande efficace contre certaines maladies respiratoires, la bronchite et les hémorroïdes.
Enfin, dans le nord du Vietnam, la viande de chat est prisée pour ses prétendues vertus aphrodisiaques.
De tout temps, et quels que soient les tabous, il est arrivé que des animaux domestiques soient utilisés pour leur viande lorsqu’il fallait lutter contre la faim. Les chats ne font pas exception.
Ce fut le cas par exemple en Irlande durant le siège de Londonderry en 1689, comme en attestent des notes rédigées alors par le soldat anglais George Walker (c. 1645-1690) concernant la valeur de la viande de différents animaux :
« Une livre de cheval 1s 8d ; un quart de livre de chien (engraissé en mangeant des cadavres) 5s 6d ; une tête de chien 2s 6d ; un chat 4s 6d ; un rat (nourris à la chair humaine) 1s 0d ; une souris (0s 6d. »
Le dramaturge John Mitchelburne (1648-1721) participa également au conflit. Dans sa pièce Ireland Preserved ; or the Siege of Londonderry, a tragi-comedy, Written by a Gentleman Who Was in the Town During the Whole Siege, il décrivit la situation de la façon suivante : « Les soldats chassaient les chiens et les chats dans toute la ville, exactement comme un chat chasserait une souris… ».
En France, des documents datant du siège de Paris (1870-1871) attestent également d’actes d’ailurophagie. Pour lutter contre la famine qui s’installait dans la capitale assiégée par les Allemands, des boucheries félines firent leur apparition, comme le rapporta notamment le cuisinier Thomas Génin (1835-1888) :
« Les hommes de science qui, il y a quelques années, ont préconisé pour l’alimentation l’usage de la viande de cheval, dont nous retirons aujourd’hui de si grands avantages, se sont occupés dans ces derniers temps de la consommation des viandes de chiens, de chats et de rats, et se sont accordés à reconnaître que la chair de ces animaux, quand elle est convenablement préparée, peut-être mangée sans le moindre inconvénient. »
En Russie, le siège de Leningrad par les nazis (de septembre 1941 à janvier 1944) amena également les habitants à se résoudre à manger des chats. Selon les historiens, ils s’échangèrent généralement leurs animaux domestiques pour ne pas avoir à manger le leur.
En Italie, dans les années 1930 et 1940, les pénuries alimentaires conduisirent des bouchers de la ville de Vicenza (en Toscane) à vendre de la viande de chat, qui fut utilisée pour concocter des ragoûts.
Dans les pays en voie de développement, la viande de bœuf, de porc ou de poulet est parfois trop chère pour les populations les moins aisées, qui tâchent alors de se tourner vers d’autres sources de protéines moins onéreuses.
C’est le cas en Afrique, où le chat est généralement une viande peu coûteuse, ce qui explique le développement rapide de l’ailurophagie au 21ème siècle dans des pays comme le Ghana et Madagascar.
En Asie, la viande de chat est bon marché dans le sud de la Chine et s’y consomme par tradition. Néanmoins, ce n'est pas le cas général : elle est loin de constituer une option particulièrement intéressante sur le plan économique dans tous les pays de la région. En effet, comme le souligne notamment l’association internationale de lutte contre la maltraitance animale Quatre Pattes (Four Paws), elle est parfois sensiblement plus chère que celle d’autres animaux. C’est le cas par exemple au Vietnam, où l’association estime qu’un million de chats sont abattus chaque année pour être consommés. Le kilo de viande de chat s’y vend autour de 10 dollars : c’est plus du double du prix du bœuf, et plus de quatre fois le prix du porc. Loin d’y être « la nourriture du pauvre », elle y représente donc plutôt un mets exotique qui s’achète à prix fort.
L’ailurophagie est une pratique rare, mais persistante. La situation est toutefois très disparate d’un endroit à l’autre.
En Asie, elle est globalement en perte de vitesse, du fait de l’émergence d’une classe moyenne qui considère de plus en plus le chat comme un compagnon domestique et rechigne de ce fait à en manger.
Au contraire, elle se développe dans certains pays pauvres, notamment en Afrique.
L’évolution de la consommation de viande de chat est donc assez similaire à celle de la viande de chien : elle aussi recule dans les territoires où elle était le mieux implantée autrefois (l’Asie), mais croît en revanche au sein des franges les plus pauvres de la population dans certains pays sous-développés (tout particulièrement en Afrique).
Le Code rural français autorise l’abattage d’un chat, sous réserve qu’il soit effectué dans un lieu dédié à cette activité et dans le respect des procédures de mise à mort du gibier d’élevage.
Quel que soit l’animal concerné, la loi prévoit une exception à cette condition si sa mort survient dans le cadre d’une manifestation culturelle traditionnelle. L’exemple le plus connu est celui de la tauromachie, mais cela veut dire qu’en théorie, une communauté consommant de la viande de chat par tradition pourrait le faire en toute légalité.
Rien ne semble toutefois indiquer que l’ailurophagie fasse partie des us et coutumes dans un quelconque endroit du territoire français.
Quoi qu’il en soit, l’article L-214-3 du Code rural stipule qu’il est interdit de tuer un animal qui est utilisé pour la compagnie. Le propriétaire d’un chat n’a donc pas le droit de manger son propre animal, même s’il respecte les règles d’abattage et d’hygiène.
La loi belge n’interdit pas l’abattage d’un chat ni sa consommation, mais le commerce de sa viande est interdit du fait de la réglementation européenne.
En tout état de cause, rien ne laisse penser que l’ailurophagie soit une pratique répandue dans le pays.
La loi fédérale suisse interdit la vente de viande de chat, mais l’article 8 relatif aux interdictions de l’Ordonnance concernant l’abattage d’animaux et le contrôle des viandes ne stipule pas qu’il est interdit de mettre à mort un chat à des fins de consommation – alors qu’il le fait par exemple pour un lapin domestique. La loi n’interdit pas non plus d’en consommer.
En 2013, dans un article intitulé « Les mangeurs de chats refont parler d’eux », le site Swissinfo recueillit des témoignages de paysans des cantons de Saint-Gall et d’Appenzell consommant de la viande de chat, et prouvant donc que cette pratique perdure.
Interrogé sur le sujet, l’éthologue et psychiatre animal Dennis Turner estimait toutefois qu’elle était massivement rejetée : « J’ai entendu parler de cas en Suisse orientale, mais pour autant que je sache, cela est très, très rare : 99,5% des Suisses ne seraient pas d’accord de manger de la viande de chien ou de chat ».
À la même époque, Martina Karl, alors présidente de l’organisation de défense des animaux Mensch-Tier-Spirits-Helvetia, estimait que 3% de la population suisse mangeait de la viande de chat ou de chien. Ce chiffre semblant particulièrement élevé était mis en question notamment par Hansuli Huber, qui était alors à la tête de la Protection Suisse des Animaux (PSA) : il estimait pour sa part qu’il ne devait pas y avoir plus de 100 ou 200 personnes sur tout le territoire qui s’adonnaient à cette pratique, qui en outre n’est qu’occasionnelle.
Dans un livre de cuisine intitulé Recetas de la cocina de las Abuelas Vascas (« Recettes de cuisine des grand-mères basques », en français) et publié en 1990 par José Castillo, ce dernier indique notamment avoir recueilli dans les années 80 le témoignage d’une dame basque alors âgée d’environ 90 ans qui expliquait qu’on mangeait encore du chat dans certains villages basques à cette époque.
Toutefois, rien ne semble indiquer que cette pratique persiste actuellement.
Il existe aux États-Unis une loi dédiée à la question de la consommation de viande de chien ou de chat : le Dog and Cat Meat Trade Prohibition Act, signé fin 2018 dans le cadre de la révision de la Farm Bill (qui définit ce qui est légal ou non en matière d’exploitation agroalimentaire sur le sol national). Il interdit l’abattage de chats à des fins de consommation sur l’ensemble du territoire. Les tribus autochtones bénéficient cependant d’une dérogation et peuvent pratiquer l’ailurophagie si cela relève d’une pratique rituelle.
Toutefois, comme les chats n’ont été introduits en Amérique du Nord qu’au 15ème siècle, il est peu probable que des tribus locales en mangent effectivement par tradition.
La loi canadienne est nettement plus permissive que celle des États-Unis concernant la consommation de viande de chat. En effet, son importation est strictement interdite, mais il est légal d’en vendre à condition qu’elle provienne du pays et que les règles d’abattage applicables au bétail aient été respectées.
Dans les pays en développement, il est généralement difficile de faire la part du vrai et du faux en ce qui concerne la consommation de viande de chat. Les rumeurs d’ailurophagie sont nombreuses et concernent en majorité des populations rurales ou pauvres, mais les cas avérés sont bien plus rares. C’est le cas notamment en Amérique latine…
Une légende urbaine tenace au Brésil veut que la viande proposée par les vendeurs de rue des grandes villes comme Rio de Janeiro ou São Paulo soit en réalité du chat. Elle n’est d’ailleurs pas sans rappeler les rumeurs qui au Moyen Âge touchaient les bouchers et les taverniers espagnols, accusés de tromper de la même manière leur clientèle.
Dans les faits, il est difficile d’affirmer si la viande proposée sur ces stands est réellement du chat. Certes, il est arrivé que les autorités ferment des abattoirs illégaux qui effectivement travaillaient ce type de viande, mais rien n’indique que de tels établissements soient nombreux dans le pays.
La viande de chat est consommée à titre occasionnel par la population afro-péruvienne de Chincha Alta, dans le sud du Pérou, et de Huari, dans les Andes.
Un festival dédié à cette pratique avait même lieu chaque année dans la petite ville de La Quebrada, jusqu’à ce qu’il soit interdit par un juge à partir de 2013.
La consommation de viande de chat n’est pas une pratique répandue en Afrique. Là où elle existe, c’est principalement pour des raisons économiques : elle est l’apanage des populations les plus modestes. Cette viande fait d’ailleurs généralement l’objet d’un commerce illégal, confidentiel et dangereux pour la santé des consommateurs.
La viande de chat est notamment consommée à Madagascar, et des chercheurs (Raymond Czaja, Abigail Wills, Sahondra Hanitriniaina et Kim E. Reuter) se sont penchés plus en détail sur cette pratique et sur ses conséquences sanitaires.
Ils ont publié les résultats de leurs travaux dans un article intitulé « Would you eat your pet cat? », paru en 2015 dans le journal scientifique Taylor & Francis.
Un article de BBC News publié en 2021 explique qu’on mange aussi du chat au Ghana, en particulier dans la région de la Volta, à l’est du pays. Cette viande est servie principalement en soupe et généralement appelée par la population du « Joseph », mais l’origine de ce surnom demeure un mystère.
Un article publié en 2003 par BBC News explique qu’on mange du chat dans le nord-ouest du Cameroun. Les amateurs affirment que cette viande a très bon goût et porte chance, mais sa consommation reste en partie motivée par son prix inférieur à celui des autres viandes. Ainsi, elle est surtout l’apanage des franges les plus pauvres de la population.
L’Asie est de loin le continent où l’on trouve le plus d’amateurs de viande de chat. Pour autant, il serait erroné de croire qu’on en mange aussi couramment que du porc ou du poulet.
C’est d’autant moins le cas que l’extension de la classe moyenne dans de nombreux pays comme la Chine, le Vietnam ou la Corée du Sud conduit à une augmentation du nombre d’animaux domestiques, et à une évolution du regard sur ces derniers. En effet, on valorise davantage – et donc on est moins enclin à consommer - un animal qu’on serait fortement susceptible d’avoir chez soi comme compagnon du quotidien. Ainsi, on constate globalement un recul de la consommation de viande de chat en Asie.
Par ailleurs, il est un symbole de chance dans de nombreux pays ; c’est le cas notamment en Chine, au Japon, en Thaïlande, en Indonésie et au Vietnam. Cette croyance joue un rôle dissuasif quant au fait d’en consommer la viande.
L’ailurophagie continue néanmoins de faire partie des traditions gastronomiques de certains pays, et la viande de chat est parfois perçue comme un mets exotique qui attire les curieux.
Dans l’absolu, la Chine est l’un des pays d’Asie où la consommation de viande de chat est la plus répandue. Toutefois, il faut relativiser le phénomène en gardant en tête qu’il compte plus de 1,4 milliard d’habitants : de fait, l’ailurophagie est un phénomène de niche. Le chat ne fait d’ailleurs partie des traditions gastronomiques que d’une poignée de provinces du sud du pays comme le Guangdong, le Guangxi et le Fujian.
La viande de chat y est principalement consommée par les personnes âgées, en particulier l’hiver, car on considère que c’est un aliment qui réchauffe. Ainsi, il est rare de la trouver au menu des restaurants en été.
Elle fait partie en tout cas des ingrédients de certains plats traditionnels. C’est le cas par exemple du lóng hǔ fèng (le « ragoût de dragon, de tigre et de phénix », en français), qui fait partie de la gastronomie cantonaise : il s’agit d’un mélange de viande de serpent, de chat et de poulet. On la retrouve aussi notamment comme ingrédient principal de la « soupe de vieux chat ». Par ailleurs, elle se cuisine également à la braise.
Il n’existe aucune statistique sur le nombre de chats consommés en Chine, mais le quotidien Chengdu Business Daily estimait en 2009 que dans la seule province du Guangdong, 10.000 chats étaient mangés chaque jour. Ce chiffre est cependant invérifiable, car aucune enquête approfondie n’a été menée pour tenter d’obtenir des données fiables.
Quoi qu’il en soit, les petits félins abattus pour leur viande ne sont pas des animaux d’élevage. Il s’agit de chats errants et de chats domestiques perdus ou volés par des trafiquants baptisés « pêcheurs de chats ». Cela implique que la production de la viande de chat ne suit pas un protocole sanitaire strict et que sa consommation peut s’avérer dangereuse.
En tout état de cause, cette dernière est de plus en plus contestée par les Chinois eux-mêmes - au même titre d’ailleurs que celle de viande de chien. En 2016, le député au congrès Zheng Xiaohe proposa même une loi pour interdire ces deux pratiques. Sa proposition recueillit le soutien de 8,6 millions de citoyens sur un site destiné à jauger l’opinion publique sur des projets de loi. Le texte n’aboutit pas, mais certaines villes décidèrent d’agir à leur échelle en introduisant une interdiction applicable sur leur territoire. Ce fut notamment le cas en 2020 de Shenzhen et Zhuhai, deux villes du sud du pays.
La Chine semble ainsi suivre l’exemple de Taïwan, où le commerce et la consommation de viande de chat sont interdits depuis 2001. En 2017, la loi du pays fit même l’objet d’une révision afin d’accroître les sanctions infligées aux contrevenants. Ainsi, les personnes mangeant du chat s’exposent désormais à une amende de 250.000 dollars taïwanais (environ 7500 euros, ou 11.000 dollars canadiens), tandis qu’en vendre expose à une peine de prison pouvant durer jusqu’à deux ans et une amende susceptible d’atteindre 2 millions de dollars taïwanais (environ 60.000 euros, ou 85.000 dollars canadiens).
Le commerce de viande de chat est également interdit et passible d’une peine de prison à Hong Kong. Cette interdiction est très ancienne, puisqu’elle remonte à 1950 : c’est cette année-là que le gouvernement britannique qui administrait alors la zone présenta la Dogs and Cats Ordinance, qui légiféra entre autres sur la question. Consommer du chat y demeure toutefois légal.
Le Vietnam est l’un des pays d’Asie où l’on consomme le plus de viande de chat. Lorsqu’il est proposé au menu des restaurants, le petit félin est généralement désigné par l’euphémisme « tiểu hổ », qui signifie « petit tigre ». C’est notamment l’ingrédient principal du Nao Lau, une soupe de viande et de légumes, et du Laap Meo, une salade épicée.
Pour des raisons climatiques, il se consomme davantage dans le nord du pays que dans le sud. En effet, comme il y fait plus froid, la gastronomie locale intègre davantage de viande dans ses plats - surtout l’hiver. Le chat étant considéré comme une viande qui tient au corps, c’est un ingrédient de choix pour les restaurateurs de cette région.
Si les Vietnamiens en consomment, c’est aussi par habitude. Les nombreux conflits armés, dont la Seconde Guerre mondiale et la guerre du Vietnam (1955-1975), provoquèrent en effet des pénuries et des famines : de ce fait, la population s’habitua pendant des décennies à manger des animaux « exotiques ». Ces bouleversements alimentaires eurent un impact durable sur les traditions culinaires locales : c’est ainsi que de nombreux habitants continuent de consommer de la viande de chat, alors même que la situation économique du pays s’est grandement améliorée.
Selon un article publié en 2014 dans 20 minutes, il est néanmoins plus commun de manger du chien que du chat en plat principal. Ce dernier est surtout perçu comme un snack, qui peut accompagner un apéritif.
Il convient d’ailleurs de souligner que les autorités vietnamiennes interdirent en 1998 la consommation de viande de chat, estimant que les petits félins avaient un rôle important contre la prolifération des rats. Cette interdiction fut néanmoins révoquée en 2020 et la viande de chat connaît depuis un regain de popularité, notamment à Hanoï, la capitale. Elle séduit autant les jeunes que les seniors : les premiers y voient un mets exotique et nouveau, tandis que les seconds en mangent par tradition ou par superstition. Ils pensent en effet que cela porte chance et a des effets aphrodisiaques.
Néanmoins, il n’existe pas dans le pays d’élevages de chats destinés à la consommation : les animaux utilisés dans ce cadre sont soit des chats errants, soit des félins volés ou perdus et faisant l’objet d’un trafic illégal. Selon l’ONG internationale Quatre Pattes (Four Paws), qui milite contre la cruauté animale, la plupart sont capturés dans les villes côtières de Da Nang et Hoi An, au centre du pays. D'après l’association, ce commerce serait bien connu des personnes chargées de faire respecter la loi, mais celles-ci préféreraient fermer les yeux - soit parce qu’elles reçoivent des pots-de-vin de la part des trafiquants, soit parce qu’elles sont elles-mêmes des consommateurs.
Il n’existe pas de chiffres officiels sur la consommation de viande de chat, mais l’ONG estime que chaque année environ un million de petits félins sont abattus pour être mangés.
Si manger de la viande de chien est une pratique ancrée depuis longtemps en Corée du Sud, il n’en va pas de même pour la viande de chat. Historiquement, celle-ci était utilisée pour concocter des remèdes contre certaines maladies comme la névralgie et l’arthrite, mais n’était pas présente dans la gastronomie de la péninsule.
Les choses semblent avoir évolué : elle figure aujourd’hui au menu de quelques restaurants (y compris dans la capitale, Séoul), où on la consomme surtout en soupe.
On peut également en goûter à l’occasion du festival annuel de Malbok (en août), même si celui-ci est principalement consacré à la viande de chien. Cet événement fait toutefois l’objet d’une forte contestation de la part des ONG tant locales qu’étrangères en raison notamment des méthodes d’abattage employées. En effet, les chats vendus à cette occasion pour être consommés sont souvent électrocutés ou battus à mort.
Quoi qu’il en soit, la viande de chat est principalement consommée par les femmes d’âge moyen appartenant à la classe ouvrière, car elle a la réputation de soigner les rhumatismes dont elles sont souvent victimes en raison de la nature physique de leur travail.
Il arrive aussi qu’elle soit utilisée comme substitut à la viande de chien par certains commerçants et restaurateurs peu scrupuleux (sans pour autant l’indiquer aux clients), car elle est moins coûteuse que cette dernière.
D'un point de vue purement alimentaire, le chat est un animal parfaitement comestible. Si l’on met de côté les questions éthiques et morales relatives à sa consommation et son commerce, sa viande peut tout à fait contribuer de manière appropriée aux besoins nutritionnels d’une personne suivant un régime omnivore. En effet, elle est riche en protéines, en fer et en vitamine B1.
Si l’on compare ses apports détaillés avec ceux du porc, du bœuf et du poulet à partir des données du département de l’Agriculture des États-Unis, on constate que le chat est moins calorique et moins gras que le cochon, mais qu’il est aussi moins riche en protéines que les trois autres viandes. Voici en effet ce que 100 grammes de ces différentes viandes comportent :
Chat | Porc | Bœuf (bifteck) | Poulet (blanc) | |
---|---|---|---|---|
Calories | 143 | 250 | 149 | 121 |
Protéines | 20,6 g | 26,4 g | 27,6 g | 26,2 g |
Matières grasses | 6,3 g | 16,4 g | 4,3 g | 1,8 g |
Sodium | 66 mg | 73 mg | 65 mg | 415 mg |
La viande de chat semble appréciée non seulement par ses consommateurs réguliers, mais aussi par les curieux qui s’y essayent lors d’un séjour dans une région où il est possible d’y goûter.
Différents témoignages la décrivent ainsi comme difficile à mâcher au départ, puis très tendre par la suite. En effet, elle est délicate et a une texture proche de celle du poisson. Ceux qui ont testé les deux soulignent qu’elle est loin d’être aussi riche et pesante que la viande de chien.
La viande de chat grillée au barbecue semble avoir une saveur particulièrement bonne, mais le gras a un goût assez particulier. Cela viendrait potentiellement du fait que sa texture étrange rappelle qu’on est en train de manger du chat, ce qui pourrait avoir un effet psychologique négatif.
Cela dit, comme pour toute viande, tout dépend de la préparation et de l’animal utilisé. Certains témoignages comparent le goût à celui du lapin, mais en plus sec. De fait, un petit félin jeune et musclé donne par exemple une viande plus sèche et moins riche en graisse.
Le commerce de viande de chat n’est pas comparable à celui de la viande d’autres animaux d’élevage traditionnel comme le porc, le bœuf ou le poulet - même en Asie, où sa consommation est la plus répandue.
En effet, il s’agit généralement d’une activité clandestine, qui ne fait donc l’objet d’aucun contrôle de la part des autorités. Il est donc difficile d’établir la traçabilité de la viande consommée ou de vérifier que les animaux abattus n’ont fait l’objet d’aucun acte de cruauté.
L’ONG internationale Change for Animals a enquêté au Vietnam sur le trafic de chats, et a révélé les nombreux problèmes que cette consommation pose. Les chats à viande y sont principalement soit des chats errants, soit des chats domestiques perdus ou dérobés à leurs propriétaires. Lors de leur acheminement vers les abattoirs, ils sont souvent maintenus en cage pendant plusieurs jours dans des camions non ventilés, sans recevoir ni eau ni nourriture.
Les méthodes d’abattage sont également dénoncées par les associations. Il est courant en effet que les chats destinés à être consommés soient noyés, étouffés, électrocutés, battus à mort ou encore écorchés vifs, en fonction de ce que le restaurateur souhaite faire de la viande. Par exemple, le battre à mort permet de récupérer sa bile, tandis que le noyer a l’avantage de conserver sa tête en bon état.
Les tabous et les habitudes alimentaires varient d’une culture à l’autre. De fait, on peut opposer de nombreux arguments au principe de ne pas vouloir manger de la viande de chat.
Néanmoins, le caractère souvent confidentiel - voire illégal - de son commerce soulève de nombreuses questions quant à l’origine de ce qui est consommé et aux risques éventuels sur la santé humaine.
Le fait que l’on ignore bien souvent d’où proviennent les félins utilisés en cuisine est un problème sanitaire souvent pointé du doigt. De fait, on s’expose généralement à davantage de risques en mangeant de la viande de chat qu’en optant par exemple pour du porc ou du poulet, dont la production est mieux réglementée. C’est particulièrement vrai en Afrique, où elle provient généralement de chats errants susceptibles d’être porteurs de toutes sortes de virus et bactéries.
C’est notamment ce que soulignent des chercheurs qui se sont penchés sur le cas de Madagascar et ont publié les conclusions de leurs travaux dans un article intitulé « Would you eat your pet cat? », paru en 2015 dans la revue scientifique Taylor & Francis. Tout en admettant que cette nourriture peut fournir des protéines à des personnes en carence alimentaire, ils rappellent aussi que les petits félins de l’île sont susceptibles de contracter des zoonoses (maladies qu’un chat peut transmettre à l’Homme) telles que la maladie de Lyme ou la fièvre récurrente mondiale (FRM), mortelle pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge. Ils indiquent également que les animaux consommés peuvent être atteints de la toxoplasmose, une infection parasitaire mortelle pour les personnes immunodépressives - notamment celles atteintes du VIH. Enfin, ils soulignent que cette viande peut également transmettre le Costridium botulinum, une bactérie produisant des toxines dangereuses et puissantes qui bloquent la transmission neuromusculaire.
Les recherches sur l’origine de la pandémie de Covid-19 de 2019 ont également attiré l’attention sur les risques de transmission de zoonose lorsque la réglementation qui encadre le commerce de viandes considérées comme exotiques est insuffisante. Se saisissant de cette problématique, l’ONG Quatre Pattes (Four Paws) rappelle qu’en Asie, le statut sanitaire et l’origine des chats abattus sont inconnus : elle souligne donc qu’ils peuvent constituer des vecteurs d’émergence et de propagation de maladies comme la rage et l’anthrax, ce qui à ses yeux constitue une raison de plus d’interdire la consommation de viande de chat.
D’un point de vue purement nutritionnel, la viande de chat peut tout à fait contribuer aux besoins nutritifs des humains. Elle est notamment riche en protéines, et moins grasse que le porc.
Est-ce à dire que sa consommation est parfaitement justifiée ? Pour les associations de lutte contre la maltraitance animale, rien n’est moins sûr. Non seulement son commerce ne fait bien souvent l’objet d’aucun contrôle sanitaire, mais en plus les conditions de détention et d’abattage des animaux destinés à finir dans les assiettes sont parfois très cruelles. Par ailleurs, de nombreux chats utilisés dans ce cadre ont en fait été volés à leur propriétaire, si bien que l’ailurophagie peut d’une certaine manière encourager la délinquance et les trafics.
Son lien avec le niveau de développement socioéconomique des pays dans lesquels elle est la plus répandue est en tout cas assez ambivalent.
D’un côté, c’est souvent la pauvreté qui pousse les habitants de certains pays à se tourner vers cette source de protéines moins chère que le bœuf ou le cochon. Il en va ainsi par exemple en Afrique, où la pauvreté d’une large partie des populations est un terreau fertile au développement de l’ailurophagie.
D’ailleurs, on constate que cette pratique autrefois très ancrée dans certaines régions du sud de la Chine tend à y reculer : au fur et à mesure que le pays s’enrichit, de plus en plus de Chinois perçoivent le chat comme un animal domestique qu’il ne leur viendrait pas à l’esprit de manger.
Pour autant, ce lien avec le développement économique est à nuancer. Le Vietnam et la Corée du Sud offrent deux parfaits exemples : ils sont loin d’être en reste en termes de croissance et d’élévation du niveau de vie de la population, mais le caractère exotique de la viande de chat séduit de plus en plus les jeunes de la classe moyenne, au point d’ailleurs que son prix s’envole.
Quoi qu’il en soit, il semble irréaliste d’espérer faire cesser totalement cette pratique qui ne compte certes que peu d’adeptes, mais qui perdure en raison du manque de moyens des uns et de la curiosité gastronomique des autres.
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