Chaque langue, et même chaque pays, possède ses propres expressions, qui font partie de son histoire et sont le reflet de sa culture. Elles sont indéniablement utiles pour illustrer les propos sous forme d’une métaphore imagée, avec parfois une pointe d’humour à la clef, et celles concernant des animaux sont très courantes. La domestication du chat par l’Homme remontant à plusieurs millénaires, cela a laissé tout le temps qu’il fallait à ce dernier pour imaginer moult expressions autour du petit félin – pas étonnant donc qu’il soit bien représenté parmi les nombreuses expressions autour des animaux.
Voici une sélection d’expressions concernant les chats, tant en français (de France, mais aussi du Québec) que dans d’autres langues.
Signification : les adversaires sont de force égale.
Cette expression remonte au 16ème siècle, mais était alors formulée différemment : « À bon assailleur, bon défenseur ». Elle fait référence au chat et à son image de chasseur. L’une de ses proies de prédilection est le rat, mais ce dernier est capable de s’adapter et faire preuve d’habilité afin de ne pas être attrapé. L’expression renvoie donc à un combat équitable.
Signification : parler avec franchise de sujets délicats, être direct et franc dans son langage et appeler les choses par leur nom.
Cette expression provient elle-même d’une autre expression autour du chat : « il entend chat sans qu’on dise minet ». Elle signifie comprendre sans grandes explications et appelle donc à la franchise, encourageant les personnes à appeler les choses par leur nom.
Signification : avoir des préoccupations plus importantes.
L’origine de ces deux expressions remonte au 17ème siècle : déjà à l’époque, on disait qu’« il n’y a pas de quoi fouetter un chat » pour exprimer quelque chose sans importance (en particulier en cas de faute ou erreur mineure). Il existait en parallèle une expression « Éveillé comme un chat qu’on fouette » était également employée. Quoi qu’il en soit, nul ne sait pourquoi c’est le petit félin qui est ainsi choisi pour se faire fouetter.
Signification : avoir une gêne dans la gorge, être enroué, avoir la voix qui déraille.
Il existe plusieurs interprétations de cette expression. La première provient de l’ATILF (Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française), qui explique que lorsqu'on a mal à la gorge, la voix éraillée fait un peu penser au miaulement d'un chat.
La seconde explication émane de Pierre Guiraud et a été formulée dans son ouvrage Les Locutions françaises, paru en 1973. Autrefois, le mot « maton » désignait les grumeaux du lait caillé, mais aussi tout amas de substances (poils, laine, fibres de papier…) susceptible de faire obstruction. Durant un mal de gorge, cette dernière est souvent encombrée, ce qui fait référence au maton. Par un jeu de mot ou une confusion, le mot « maton » serait devenu « matou ».
Signification : un jeu de course-poursuite très populaire chez les enfants.
Le jeu du chat perché est une variante du jeu du chat : un enfant est désigné comme étant le chat et doit courir après les autres. Dès qu'il attrape un joueur, les rôles s'inversent : c'est ce dernier qui devient le chat et qui doit attraper les autres enfants. Toutefois, la différence avec le jeu du chat est qu'un joueur qui se tient perché sur un objet (pierre, mur, banc...) ne peut devenir le chat, même s'il se fait attraper.
Signification : renoncer à deviner ou trouver une solution à un problème.
L’expression d’origine était « Jeter sa langue au chien », car on ne donnait autrefois aux chiens que les restes de nourriture. Elle revêtait toutefois déjà la même signification qu‘aujourd’hui, c’est-à-dire renoncer à chercher la réponse à une question.
Au 19ème siècle, elle évolua pour devenir celle qu’on connaît aujourd’hui : « Donner sa langue au chat ». Ce changement d’animal s’explique par le fait qu’à cette époque, le chat était considéré comme un gardien de secrets dont la parole était respectable. « Donner sa langue au chat » exprime dès lors la volonté de prêter la parole à l’animal, afin qu’il donne la réponse à une question.
Signification : être propre en apparence.
Cette expression se base sur le fait que le chat est connu pour sa propreté, puisqu’il se lèche quotidiennement pour se nettoyer, et lèche aussi son écuelle après avoir fini sa nourriture. Néanmoins, bien qu’il soit propre, il est considéré comme sale par l’humain, car c’est un animal. Cette expression sous-entend que le chat, malgré ses efforts pour rester propre, restera toujours sale pour l’Homme, du fait de son statut d’animal.
Signification : se débarbouiller légèrement sans prendre le temps de se laver correctement.
Cette expression provient de l’habitude du chat de se nettoyer en s’aidant seulement de sa langue et sa patte. L’image du chat qui se lave sans eau est donc utilisée pour désigner une toilette assez basique, superficielle.
Signification : mieux vaut ne rien faire, et donc laisser les choses comme elles sont, plutôt que de risquer un danger. Cette expression est utilisée pour éviter la méchanceté gratuite.
Cette expression ancienne du 15ème siècle mettait en scène à l’origine un chien et non un chat. On disait donc « Il ne faut pas réveiller le chien qui dort ». Elle est souvent utilisée pour inciter à ne pas faire preuve d’imprudence et à éviter d’attirer sur soi un danger qui pourrait être évité. Les Romains utilisaient déjà des expressions similaires, à l’image par exemple de « ranimer un feu couvert » et « réveiller l’ivrogne endormi ».
Signification : un jeu de course-poursuite très populaire chez les enfants.
Ce jeu porte différentes appellations : jeu du loup, trappe-trappe, touche-touche (en Belgique et dans l'ouest de la France), jeu de la tag au Québec, etc.
Quelle que soit l'appellation, le concept reste le même : un enfant est désigné comme le chat (ou le loup) et son but est de courir après les autres joueurs. Dès qu'il parvient à en toucher un, il crie « touché ! » ou « c'est toi le chat ! », et c'est ce joueur qui devient le chat et qui doit alors se lancer à la poursuite des autres enfants.
Il existe toutes sortes de variantes de ce jeu pour enfants, l'une d'entre elles étant le célèbre « chat perché ».
Signification : s’épier sans pouvoir se rencontrer, laisser des espoirs à quelqu’un vaincu d’avance.
Cette expression provient d’une autre expression plus ancienne du 18ème siècle : « Guetter une personne comme le chat fait de la souris ». Elle s’explique par le chat que les chats aiment jouer avec leur proie (notamment les souris) avant de les tuer, et est donc utilisée pour décrire une situation où une personne en domine une autre mais lui laisse croire plus ou moins longtemps qu’elle peut se tirer d’affaire, que ce soit par plaisir pervers ou pour mieux l’acculer.
Signification : avoir eu des relations sexuelles avant le mariage. Ne s'applique qu'aux jeunes femmes, et pas aux jeunes hommes.
Datant du 16ème siècle, cette expression s’explique par la métaphore du chat, qui désigne un animal poilu, ou par celle du chas de l’aiguille qui, avec sa forme de fente, illustre le sexe féminin. Quant au fromage, c’est un symbole de la tentation, comme l’illustre par exemple dans la fable Le Corbeau et le Renard de Jean de la Fontaine.
Signification : savoir se sortir d’une mauvaise situation et trouver une solution.
Cette expression fait référence au chat qui, lorsqu’il chute, est très souvent capable de retomber sur ses pattes et de ne pas se faire mal. Etablissant un parallèle entre un humain et le petit félin, elle évoque donc une personne qui arrive à se sortir indemne d’une situation compliquée.
Une légende évoque l’histoire de Mahomet (vers 570 – vers 632), le prophète de l’islam, qui aurait découpé la manche de sa chemise afin de ne pas déranger son chat qui dormait dessus. Ce dernier l’aurait remercié en lui faisant une révérence. Appréciant la reconnaissance du petit félin, Mahomet aurait donné le don aux chats de toujours retomber sur leurs pattes.
Signification : ne pas payer suffisamment.
Cette expression provient de l’époque où certaines personnes devaient payer leur dette grâce à des biens immobiliers ou des terrains. En effet, le chas désignait autrefois la maison, tandis que le ras représentait le bien agricole. L’expression « Payer en chats et en rats » est donc un jeu de mots reposant sur l’homophonie avec « chas » et « ras ».
Signification : un liquide, une boisson insipide et de mauvaise qualité. Au sens figuré, fait référence à quelque chose sans importance.
Cette expression s’inspire de l’expression plus ancienne « laisser pisser la bête » qui signifiait « attendre » pour les cavaliers. Le verbe « pisser » était alors communément employé, tandis que le terme « uriner » était réservé au corps médical. Devenu vulgaire à partir du 19ème siècle, il a été remplacé par le mot « pipi ».
Signification : quand le supérieur n’est pas là, les subordonnés profitent de leur liberté.
Cette expression fait référence à une époque où il était courant d’avoir des souris dans son foyer. Le chat était alors en charge de les chasser. On en retrouve parfois dans la littérature une version légèrement modifiée, par exemple dans le roman Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac (1833) : « Quand le chat court sur les toits, les souris dansent sur les planchers ».
Signification : ne pas s’entendre, se disputer en permanence.
Cette expression tire son origine d’une expression similaire du 16ème siècle : « Être amis comme le chien et le chat ». En effet, à l’époque, il était commun de penser que les chiens et les chats ne pouvaient pas s’entendre. L’expression a évolué au 17ème siècle pour devenir « Être comme chien et chat » puis « S’entendre comme chien et chat ».