À l'instar de son homologue pour humains, l'ostéopathie pour animaux a le vent en poupe. De ce fait, de plus en plus de personnes amoureuses des animaux envisagent de se tourner vers le métier passionnant d'ostéopathe vétérinaire.
Pourtant, la profession est encore mal reconnue au niveau législatif. Par ailleurs, la demande n'étant pas encore très développée, il n'est pas si simple de réussir à se faire une place au soleil.
En quoi consiste le métier d'ostéopathe animalier ? Quelles sont les compétences requises et les formations nécessaires pour devenir ostéopathe vétérinaire ?
L'ostéopathie animale est une méthode thérapeutique non-invasive qui repose sur la mise en œuvre de techniques manipulatoires du système musculo-squelettique et myofascial afin de soulager certains dysfonctionnements de l'organisme. Elle est exclusivement manuelle (le praticien ne recourt pas à des instruments) et externe. Tout animal peut être pris en charge par un ostéopathe, quel que soit son âge.
L'objectif de l'ostéopathie vétérinaire est de traiter par des manipulations certains blocages au niveau du corps, et dans le même temps de rendre à l'organisme sa capacité d'autoguérison, de façon à limiter le recours à des traitements médicamenteux. Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle ne s’oppose en rien à la médecine conventionnelle : elle peut même au contraire être prescrite par les vétérinaires pour la compléter.
On distingue trois types d'ostéopathies animales, qui sont généralement complémentaires :
D'abord connue dans le milieu équin, l’ostéopathie animale connaît un fort développement à destination des éleveurs bovins, ovins et caprins, mais aussi des petits animaux domestiques, comme les chiens, les chats et les NAC. Après les chevaux et les bovins, c'est l'ostéopathie pour chien qui est la plus pratiquée, bien loin devant l'ostéopathie pour chat, par exemple.
L’ostéopathe animalier doit être en mesure :
Il doit avant tout faire preuve d'une grande sensibilité et être à l'écoute de l'animal qui, contrairement à l'être humain, ne peut pas exprimer verbalement ce qu'il ressent. Il doit également posséder des connaissances approfondies en biomécanique, neurologie, physiologie et anatomie du chien / morphologie du chat et des autres animaux qu'il est amené à prendre en charge.
Il faut toutefois savoir qu'un ostéopathe animalier n'est pas forcément un vétérinaire : il n'est en mesure de traiter que quelques cas spécifiques, et pas la majeure partie des pathologies animales. La consultation préalable d'un vétérinaire est donc généralement nécessaire.
Il est rare qu'un ostéopathe animalier soit spécialisé dans une seule espèce animale. Cela étant, parmi les animaux de compagnie, ce sont bien les propriétaires de chien qui font le plus souvent appel à un ostéopathe, en raison notamment de la propension de certaines races de chiens de grande taille à souffrir de troubles de l'appareil locomoteur canin, comme la dysplasie de la hanche ou la dysplasie du coude. De fait, l'ostéopathie canine est la plus développée, après celle pour les chevaux et celle pour les bovins.
L'ostéopathie animale est pratiquée depuis longtemps, en particulier sur les chevaux. Pour autant, il s'agit d'une profession qui, au niveau mondial, est encore souvent insuffisamment reconnue et peu encadrée légalement. En effet, si des réglementations spécifiques ont vu le jour dans certains pays, c'est encore loin d'être le cas partout."
En France, la profession d'ostéopathe animalier est régie par le décret n°2017-572 en date du 19 avril 2017 relatif aux règles de déontologie applicables aux personnes réalisant des actes d'ostéopathie animale et aux modalités de leur inscription sur la liste tenue par l'ordre des vétérinaires. C'est notamment l'inscription sur cette liste qui permet à un spécialiste d'exercer en tant qu'ostéopathe animalier.
Pour pouvoir être inscrit sur la liste tenue par l'Ordre national des vétérinaires, il faut remplir plusieurs critères :
Toutefois, le décret n°2017-572 du 19 avril 2017 prévoit que les praticiens justifiant de trois années d'études supérieures et d'une pratique professionnelle d'au moins cinq années en ostéopathie animale à la date du décret peuvent être inscrits sur la liste tenue par l'Ordre des vétérinaires s'ils réussissent l'épreuve pratique d'admission. Cette disposition, valable jusqu'au 31 décembre 2019, est venue compenser le fait que beaucoup d'ostéopathes animaliers en exercice se sont formés "sur le tas", sans suivre le processus de formation complet.
En France, on compte en 2019 un peu plus de 400 vétérinaires pratiquant l'ostéopathie animale de manière officielle, c'est-à-dire qui ont été reconnus par l'Ordre national des vétérinaires.
Il n'existe pas à l'heure actuelle en Belgique de réglementation spécifique encadrant l'exercice du métier d'ostéopathe animalier, ni même d'union professionnelle reconnue.
On trouve toutefois plusieurs écoles de formation dans le pays, dont une est publique : il s'agit de la Haute Ecole Libre de Bruxelles (HELB).
En Suisse, il n'existe pas non plus de législation encadrant la profession d'ostéopathe animalier, ni même le processus de formation correspondant. Chaque canton est libre d'imposer les normes qu'il souhaite. Néanmoins, dans la pratique, peu de cantons réglementent effectivement ce métier.
Au Québec, seuls les personnes appartenant à l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) ont la possibilité de pratiquer des médecines douces sur des animaux. Cela comprend la phytothérapie, l'argilothérapie pour chiens, l'aromathérapie canine et féline, et bien sûr l'ostéopathie vétérinaire.
Pour pratiquer ce métier au Québec, il faut donc au minimum être considéré officiellement comme médecin vétérinaire, que ce soit en tant que généraliste ou que spécialiste. À l'heure actuelle, l'ostéopathie animale n'est pas reconnue comme une spécialité au Québec, mais les vétérinaires ont la possibilité de suivre une formation additionnelle en ostéopathie animale pendant leurs études.
En 2012, on ne comptait que 4 ostéopathes vétérinaires au Québec. Il convient toutefois de noter que plusieurs professionnels pratiquent l'ostéopathie vétérinaire dans les provinces voisines et à la frontière avec le Québec, car la réglementation encadrant la profession y est plus souple.
Quel que soit le pays, la formation d'ostéopathe animalier requiert de longues années d'étude dans des écoles dédiées. Dans certains endroits, comme au Québec, il est même impératif de suivre d'abord un cursus vétérinaire avant de pouvoir se spécialiser dans l'ostéopathie animale.
Dans d'autres territoires où la législation est plus souple, il est possible d'intégrer directement une école d'ostéopathie animale sans passer au préalable par une formation de vétérinaire. Pour autant, certains ostéopathes en devenir préfèrent suivre malgré tout une formation vétérinaire complète afin de pouvoir s'assurer un revenu décent durant leurs premières années d'exercice, et être en mesure de se réorienter facilement si besoin.
De manière générale, il existe très peu d'écoles publiques proposant une formation d'ostéopathe animalier, et les écoles privées, bien que de plus en plus nombreuses, restent chères. En France par exemple, il faut compter environ 50.000 euros de frais de scolarité pour 5 ans d'étude. Il est généralement recommandé d'avoir fait des études scientifiques avant d'intégrer un tel cursus, mais ce n'est généralement pas obligatoire.
Les écoles ayant tendance à se multiplier et à se vanter d'être à la pointe de l'enseignement, il est important de bien se renseigner avant d'opter pour tel ou tel établissement. Un bon cursus doit notamment :
Pour cette raison, les formations dispensées par internet, qui ont tendance à proliférer, sont évidemment à proscrire.
Cela dit, si la pratique est importante, l'apprentissage théorique ne saurait pour autant être négligé : l'ostéopathe animalier doit en effet connaître la morphologie du chien, du chat et des autres animaux sur le bout des doigts. Cela lui est indispensable pour exercer correctement son métier, et dans certains territoires c'est même un pré-requis pour avoir l'autorisation de pratiquer (par exemple, en France, il est impératif de réussir une épreuve écrite portant sur la morphologie animale pour être en mesure d'exercer cette profession). L’apprentissage de l’ostéopathie animale requiert donc une grande rigueur et une capacité de travail non négligeable.
Pour les futurs professionnels qui souhaitent renforcer leurs connaissances pratiques au terme de leur formation d'ostéopathie animale, il est possible de suivre des stages de perfectionnement post-gradué (c'est-à-dire après diplôme).
Ces cours permettent entre autres d'approfondir ses connaissances sur certaines techniques qui sont simplement survolées lors des cursus scolaires (telles que le shiatsu pour animaux), mais ils présentent l'inconvénient d'être relativement chers, en plus d'être rares. En France par exemple, il faut ainsi compter au moins 500 euros pour deux ou trois jours de stage, hors frais annexes (hébergement, nourriture, transports, etc.).
Néanmoins, comme dans beaucoup de domaines, il est conseillé de suivre régulièrement des formations tout au long de sa carrière pour demeurer un bon praticien, être au fait des avancées de la science et découvrir de nouvelles techniques. Cela peut aussi bien sûr être utile pour se spécialiser dans un domaine ou une espèce animale en particulier.
Une fois son diplôme ou statut obtenu, l'ostéopathe vétérinaire peut commencer à exercer. Il travaille en libéral : il consulte à son cabinet s'il en possède un, mais le plus souvent (surtout les premières années) se rend lui-même au domicile de ses clients. Ceci implique bien évidemment d'être mobile, flexible, et de posséder un moyen de transport.
L'avantage de la profession d'ostéopathe animalier est qu'elle ne nécessite que très peu d'investissements matériels, et donc peu de dépenses. Un local n'est pas forcément nécessaire, et quand il y en a un, il n'a pas besoin d'être de grande taille. En outre, il n'y a pas beaucoup d'équipements et instruments à acheter ou renouveler à intervalle régulier, puisque la thérapie est manuelle.
Le plus gros des dépenses est en fait représenté par le moyen de transport (très souvent une voiture) employé afin de se rendre au domicile des clients. Les frais de carburant peuvent représenter une part importante des dépenses les premières années, car un ostéopathe débutant ne peut se permettre dans un premier temps de restreindre trop drastiquement son périmètre d'intervention.
Une consultation d'ostéopathie animale dure en moyenne entre une demi-heure et une heure et demie, et est facturée entre 50 et 100 euros en fonction de l'espèce animale traitée. Bien entendu, les prix peuvent être plus ou moins élevés selon la région, la réputation du praticien et le nombre de confrères exerçant dans la zone.
Pour devenir indépendant financièrement, on estime qu'il faut réaliser au moins 1000 consultations par an, soit en moyenne trois consultations par jour. Les clients d'un ostéopathe animalier peuvent être des particuliers propriétaires d'animaux domestiques, mais aussi des éleveurs, des centres équestres, des cirques, etc.
Lorsqu'on démarre dans la profession, il faut généralement entre deux et cinq ans d'exercice pour réussir à se faire une réputation et à fidéliser une clientèle suffisamment importante pour générer des revenus décents. Certaines écoles annoncent des revenus en début de carrière avoisinant les 1500 euros brut par mois ; dans la réalité, les revenus mensuels en-deça de 500 euros ne sont pas si rares, et beaucoup d'ostéopathes vétérinaires débutants sont contraints de cumuler deux emplois - d'où l'intérêt d'avoir suivi par exemple une formation de vétérinaire, en plus de la formation d'ostéopathe.
Se constituer une clientèle régulière n'est pas chose aisée pour un ostéopathe animalier. Dans la mesure où les séances d'ostéopathie sont généralement espacées de plusieurs mois (et lorsqu'il s'agit simplement de prévenir des dysfonctionnements, une séance annuelle suffit), il est obligatoire de travailler avec un grand nombre d'animaux pour pouvoir générer un revenu décent.
La difficulté à se faire sa place est bien sûr particulièrement prononcée dans les régions qui comptent déjà beaucoup de praticiens. C'est d'autant plus vrai qu'un certain nombre d'ostéopathes pour humains qui ne parviennent pas à vivre de leur métier cherchent à se reconvertir en ostéopathes pour animaux. Avant de choisir une zone d'implantation, mieux vaut donc prendre le temps de consulter la liste des ostéopathes animaliers qui s'y trouvent, afin de se faire une idée de la concurrence à proximité du lieu où on souhaite démarrer son activité.
Une fois le praticien établi, la première chose à faire pour disposer d'une certaine visibilité consiste d'ailleurs à s'inscrire à son tour dans ces annuaires d'ostéopathes pour animaux, puis à créer un site internet, se faire référencer sur les sites de cartographie en ligne tels que Google Maps, et préparer des cartes de visite - sous réserve toutefois que la législation locale autorise de telles opérations de promotion.
Par ailleurs, la profession d'ostéopathe animalier n'est pas toujours bien connue ni acceptée, que ce soit par les propriétaires d'animaux eux-mêmes ou par certains vétérinaires traditionnels qui remettent en cause l'intérêt scientifique de telles pratiques et n'orientent donc pas les propriétaires vers des ostéopathes, quand bien même la pathologie de l'animal s'y prêterait.
Il faut dire que les bénéfices d'une séance d'ostéopathie animale (comme l'ostéopathie humaine, d'ailleurs) ne sont pas toujours visibles pour son propriétaire. Et quand bien même ils le sont, cela ne survient généralement que plusieurs jours après la consultation, ce qui peut donner dans un premier temps l'impression que la séance d'ostéopathie n'a servi à rien. Cette pratique a donc un côté un peu « ingrat » en termes de reconnaissance.
Pour compenser cela, il faut prendre le temps d'expliquer son métier aux propriétaires d'animaux que l'on traite, pour rassurer et dissiper d'éventuels doutes ou inquiétudes. En outre, l'ostéopathe ne doit pas hésiter à recontacter ses clients dans les jours qui suivent une séance pour s'assurer de l'amélioration de l'état de santé de l'animal et, dans le cas inverse, pouvoir en expliquer les raisons et/ou proposer une solution alternative.
En tout état de cause, il est important de veiller à sa réputation : si une bonne réputation met toujours du temps à se construire, une mauvaise a tôt fait de se répandre, et il suffit parfois de quelques avis négatifs pour voir son avenir compromis, sauf à repartir de zéro en allant s'implanter ailleurs.
L'ostéopathie animale est en plein développement. Les champs d’application sont plus vastes qu’il n’y paraît, allant de l'animal de compagnie d'un particulier au suivi d’une écurie de chevaux de compétition, en passant par l’élevage et les animaux de travail.
Pour qui sait réellement ce qu’il entreprend et sait s’y plonger avec sérieux, les études en ostéopathie animale aboutissent à un métier hors normes permettant de vivre de sa passion tout en continuant d’apprendre au fil d’une carrière jalonnée de rencontres.
Ce n’est assurément pas un métier que l’on fait par hasard ; qu'ils soient à la base des cavaliers, des éleveurs, des agriculteurs ou de simples amoureux en quête d'un métier pour travailler avec des animaux, la majorité des aspirants ostéopathes animaliers sont des passionnés déterminés à aller jusqu’au bout du cursus pour apporter soins et bien-être à leurs futurs patients.