L'histoire de l'Abyssin

La genèse de l'Abyssin

L’Abyssin est une race de chat très ancienne, dont l’origine est longtemps restée mystérieuse.
 
La théorie selon laquelle il serait apparu en Égypte demeura longtemps la plus répandue, car sa morphologie est très semblable à celle des chats sacrés représentés dans les tombeaux de l’Égypte ancienne. La découverte en 1890 d’un cimetière félin contenant environ 200.000 momies de chats ressemblant fortement à l’Abyssin actuel, vint renforcer cette théorie. On supposait ainsi qu’il aurait été le résultat du croisement entre le petit félin domestique et Felis Silvestris Lybica, un chat sauvage vivant dans les jungles à proximité des villes.

Une autre hypothèse, moins plausible toutefois, voulait que l’Abyssin soit originaire d’Abyssinie, région qui recouvre aujourd’hui le nord de l’Éthiopie, l’est du Soudan ainsi que le sud de l’Érythrée, et qui lui aurait donné son nom.

Cependant, les progrès de la science et en particulier de la génétique permirent récemment d’effectuer des tests génétiques pour tenter de savoir de manière certaine d’où vient l’Abyssin. Les résultats surprirent, puisqu’ils situent ses origines le long des côtes de l’océan Indien ainsi qu’en Asie du Sud-Est. En effet, ce petit félin présente une mutation particulière du gène tabby (celui qui est à l’origine du motif des chats tigrés) qui donne aux zones claires une coloration chaude de couleur orange-abricot. Cette caractéristique n’est pas présente chez les races de chats originaires d’Afrique de l’Est, mais on la trouve en revanche chez certains chats sauvages présents sur les rivages de l’océan Indien. Cela conduit à penser que l’Abyssin vient de cette région du globe.

Toutefois, il est pour l’heure impossible de savoir de quelle zone exacte de l’Asie du Sud-Est ou des côtes de l’océan Indien il est originaire.

La diffusion de l'Abyssin dans son pays d'origine

L’Abyssin doit probablement son nom au fait que le premier spécimen introduit en Europe provenait d’Abyssinie. Il en fut rapporté en 1868 par le maréchal Sir Robert Napier, un diplomate anglais qui y était alors en poste et baptisa son animal Zula.

 

Autrement dit, cette race possède vraisemblablement un nom qui ne correspond pas à la région dont elle est originaire. On suppose que sa présence en Abyssinie serait le fait de marins anglais ou hollandais du 17ème siècle, qui en auraient ramené des spécimens dans leurs navires en provenance de l’océan Indien.

 

En 1871 eut lieu à Londres, et plus précisément au Crystal Palace, la première exposition féline de l’histoire moderne. Zula fut de la partie, et très remarqué ; il obtient d’ailleurs la troisième place. L’Abyssin fut alors surnommé « bunny cat », du fait d’une part de la ressemblance de sa robe avec celle d’un lièvre, et d’autre part de ses grandes oreilles.

 

Des éleveurs britanniques tombés sous le charme de son élégance décidèrent alors de développer la race. Pour cela, ils effectuèrent entre autres des croisements avec le British Shorthair dans l’objectif d’harmoniser la race (tout particulièrement en termes de pelage et de silhouette), afin de pouvoir établir un standard. En effet, les premiers Abyssins étaient d’une grande diversité : les couleurs étaient hétéroclites, les gabarits hétérogènes, et certains individus possédaient des poils courts tandis que chez d’autres ils étaient longs. Un programme d’élevage rigoureux fut mis sur pied, en sélectionnant les individus ayant une allure svelte ainsi qu’une robe courte, douce, brillante et résiliente, présentant un motif ticked tabby ou silver ticked tabby. Ceux qui ne répondaient pas à ces différents critères étaient écartés de la reproduction.

 

Un premier standard de la race fut rédigé en 1889 par Harrison Weir, juge britannique en expositions félines. Il fallut toutefois attendre 30 ans de plus et l’année 1929 pour qu’elle soit reconnue officiellement par l’organisme de référence du pays, le Governing Council of the Cat Fancy (GCCF).


Les États-Unis avaient pris de l’avance, puisque dès l’aube du 20ème siècle des passionnés commencèrent à faire venir des spécimens de Grande-Bretagne. C’est en 1909 que pour la première fois un d’entre eux fut présenté lors d'une exposition féline, et moins d’une décennie plus tard (plus précisément en 1917) la race fut reconnue par la Cat Fanciers’ Association (CFA), l’organisme local de référence.


Il fallut cependant attendre les années 30 pour que l’élevage d’Abyssins décolle réellement aux États-Unis. Ainsi, malgré la reconnaissance officielle de la race, le nombre de ses représentants resta dans un premier temps très limité.

 

L'Abyssin fut aussi exporté au Canada : l'Association Féline Canadienne (AFC) reconnut à son tour la race, et un certain nombre de professionnels des chats s'y intéressèrent et participèrent ainsi à son essor.

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le nombre d’Abyssins baissa fortement, tout particulièrement en Europe. Par exemple, en Grande-Bretagne, il ne restait au terme des hostilités guère plus qu’une douzaine de spécimens. Les pays européens durent alors en importer depuis les États-Unis pour être en mesure de pérenniser leurs programmes d’élevage.

 

Leurs efforts permirent en 1949 la reconnaissance de la race par la Fédération Internationale Féline (FIFé), qui chapeaute les organismes nationaux d’une quarantaine de pays, dont ceux de la Belgique (Felis Belgica) et de la Suisse (Fédération Féline Helvétique). L’organisme français, le livre Officiel des Origines Félines (LOOF), n’est pas membre de la FIFé, mais il ne tarda pas à suivre le mouvement. En 1979, elle fut aussi reconnue par The International Cat Association (TICA) ainsi que par la World Cat Federation (WCF).


Au début des années 70, un grand nombre d’Abyssins de Grande-Bretagne furent victimes d’une épidémie de leucose, une maladie virale mortelle et incurable. Là encore, des importations depuis l’étranger (principalement la France et les États-Unis) permirent de rétablir un programme d’élevage solide, avec des reproducteurs sains et en nombre suffisant.

 

Ainsi, bien que les éleveurs européens eurent à affronter différents problèmes, ils parvinrent à développer la race au point qu’elle devint, comme aux États-Unis, l’une des plus appréciées.