Le vol d’animaux de compagnie est un phénomène qui n’épargne que peu de pays, et qui globalement tend à s’accroître. En France, on estime à environ 100.000 le nombre de chiens et chats volés chaque année, contre 60.000 au début des années 2000. Même si elle est punie par la loi, cette pratique est un véritable fléau difficile à endiguer.
Il existe toutefois des moyens de se prémunir contre le vol de son chat, que tout propriétaire avisé se devrait de connaître. Et malheureusement, il convient aussi de savoir comment réagir en cas de vol de son chat, afin de maximiser les chances de le retrouver si cela venait à se produire.
Les vols de chiens et de chats augmentent chaque année dans de nombreux pays.
C’est le cas notamment en France, où certains départements sont particulièrement touchés, à l’instar des Yvelines, où 1 802 animaux ont été déclarés disparus en 2018.
Néanmoins, le phénomène reste très difficile à chiffrer, et les statistiques officielles disponibles sous-évaluent grandement le phénomène. D’une part, parce que beaucoup de maîtres renoncent à porter plainte du fait de la lourdeur et la lenteur des procédures. D’autre part, parce que beaucoup de plaintes ne sont pas acceptées faute de preuves suffisantes. De plus, nombre de disparitions sont difficiles à élucider, et rien ne prouve qu’elles soient le fait d’un vol : il peut s’agir notamment d’une fugue (les risques de fugue du chat sont accrus avec un mâle non castré, mais aussi pour n’importe quel chat après un déménagement) ou d’un accident dont le chat a été victime. Il peut aussi arriver que le chat se soit tout simplement égaré, ou encore qu’il s’agisse d’un vieux chat ayant décidé de se cacher pour mourir.
Selon l’ANTAC (Association Nationale contre le Trafic des Animaux de Compagnie), entre 75 000 et 100 000 chiens et chats seraient dérobés chaque année en France. Les chiffres de l’I-CAD (le ficher national d’Identification des Carnivores Domestiques) font état de 78 927 animaux identifiés déclarés perdus en France en 2018, dont 51 871 chats (deux fois plus que les chiens). 31 663 animaux (soit environ 40%) ont été retrouvés, dont 17 116 chats. C’est durant l’été que les disparitions sont les plus fréquentes : ainsi, en 2018, juillet et août représentèrent à eux seuls plus de 13.000 déclarations de chats perdus à l’I-CAD, soit plus du quart du total annuel.
En France, bien que les animaux soient reconnus comme des « êtres vivants doués de sensibilité » depuis 2015, ils sont toujours considérés comme des objets aux yeux de la loi. Le vol d’animaux est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende, les peines pouvant augmenter en cas de circonstances aggravantes (par exemple un vol par effraction ou en bande organisée).
De fait, si de nombreux pays adoptent des lois de plus en plus strictes concernant la protection des animaux, ces derniers n’en restent pas moins considérés comme des biens meubles quand il s’agit de vol, avec à la clef des peines souvent moindres en comparaison de celles encourues dans les cas de maltraitance animale.
Après le trafic de drogues et celui des armes, le trafic d’animaux est le troisième trafic le plus important au niveau mondial, et le vol d’animaux en est une des composantes. En effet, dans bien des cas, il s'agit de la méthode la plus rapide et efficace pour alimenter le commerce illicite d’animaux de compagnie. D’après la Cellule Anti-Trafic (CAT) de la SPA, les principaux circuits mafieux à l’origine de ces trafics - qui touchent notamment la France, la Belgique et la Suisse - viennent essentiellement d’Europe de l’Est.
Les chats ainsi volés peuvent servir pour la fourrure ou la peausserie (la Suisse est largement touchée par le commerce et l'exportation des peaux de félidés, alors que cette activité est illégale depuis 2008 et punie d’une amende de 20.000 francs suisses, mais la France par exemple est elle aussi touchée, alors que cette activité y est aussi illégale), les essais pharmaceutiques sur des animaux (chiens et chats sont enlevés pour être revendus à des laboratoires, bien que ces derniers sont censés être contrôlés et les animaux qu’ils utilisent supposés venir d’élevages félins dédiés), ou pour la reproduction (dans le cadre d’« usines à chatons » tel qu’il en existe encore largement dans certains endroits, comme par exemple au Québec, et où les conditions de vie des bêtes sont déplorables). Enfin, ils peuvent aussi tout simplement être revendus via des annonces de ventes de chat ; en la matière, Internet a indéniablement contribué à l’accroissement du phénomène, en facilitant grandement la revente d’animaux. Le trafic pour la revente ou la reproduction concerne en particulier les races de chat les plus populaires et à la mode : les chatons peuvent se revendre à des prix très élevés, tandis que les chats adultes servent à la reproduction dans des élevages clandestins, souvent opérés dans des conditions d’hygiène et de respect des animaux plus que défaillantes.
En dehors des circuits mafieux, le vol de chats (et d’animaux de façon générale) peut avoir de nombreuses autres causes : vol par vengeance ou par intérêt (y compris par exemple entre éleveurs félins, en dérobant les chats d’un concurrent), vol crapuleux afin d’obtenir une rançon (dont parfois le versement ne conduit pas pour autant à récupérer son chat), sans parler des pratiques extrêmes, comme jeter l’animal en pâture dans des combats de chiens ou l'utiliser comme appât. Sans oublier le voleur qui veut simplement faire plaisir à son partenaire sans avoir à mettre la main au portefeuille, celui qui juge simplement que l’animal sera mieux avec lui, etc.
Internet regorge de faits divers relatifs à des vols de chats qui reflètent la grande diversité des scénarii possibles, tant en terme de mode opératoire que de profil et motivation des ravisseurs. Ces derniers peuvent être des personnes isolées, des couples qui en apparence n’ont rien à se reprocher, des bandes organisées ou même des membres d’importants réseaux mafieux.
Les vols de chats ont souvent lieu dans la rue, mais ils peuvent aussi se produire dans le jardin voire dans la maison : les voleurs n’hésitent pas à s’introduire à domicile, ce qui est encore plus facile lorsque le portail est fermé mais non verrouillé. Pour attirer leurs victimes à quatre pattes, en particulier les chats agressifs, certains ravisseurs n’hésitent pas à utiliser par exemple des boulettes de viande contenant un tranquillisant.
En premier lieu, tout propriétaire doit être conscient que faire identifier son chat avec une puce électronique ou un tatouage (ce qui est obligatoire en Belgique depuis 1998 et en France depuis 2012) n’est pas utile seulement dans le cas où il se perd, tout particulièrement en cas de départ en vacances avec son chat : cela contribue aussi à lutter contre les trafics de chats volés.
En effet, l’identification a un aspect dissuasif auprès des voleurs, car la puce est un moyen d’identification permanent, l’animal et les informations sur son propriétaire étant dès lors enregistrés dans la base de données nationale (I-CAD en France, CatID en Belgique, ANIS en Suisse, fichier de l’Ordre des Médecins Vétérinaires au Québec, etc.).
Faire stériliser son chat, en plus d’apporter différents avantages sur le plan médical, est également un bon moyen de diminuer le risque de vol. Cela est tout particulièrement vrai pour un mâle, car un voleur peut plus facilement identifier un chat castré plutôt qu’une chatte stérilisée. En tout cas, les animaux impropres à la reproduction intéressent généralement moins les voleurs.
Si le chat a accès à l’extérieur, il est difficile d’avoir en permanence un œil dessus, étant donné que son territoire peut s’étendre bien au-delà du jardin. Néanmoins, il est conseillé de tenter au maximum de le garder au domicile durant la nuit. D’ailleurs, certaines chatières sont programmables pour ne plus fonctionner que dans un seul sens à partir d’une heure donnée, par exemple le soir. Autrement dit, le chat peut alors entrer dans la maison, mais ne peut plus en ressortir.
De la même façon, en cas d’absence assez longue, mieux vaut garder le chat en intérieur, quitte à faire appel aux services d’un cat-sitter afin de s’en occuper, si la durée le justifie.
Il arrive par ailleurs que les ravisseurs repèrent les lieux avant de passer à l’acte, par exemple en sonnant à la porte pour de faux prétextes. De nombreux témoignages font également état de camionnettes blanches stationnées à proximité lors de vols d’animaux. Evitez donc de donner des informations précises concernant votre chat à n’importe qui : en particulier, le prix d’achat d'un chat et sa race permettent à un voleur potentiel de se faire une première idée du montant auquel il pourrait le revendre. Il faut également éviter de divulguer le nom de l’animal, au risque que le voleur s’en serve pour l’amadouer plus facilement.
En outre, les vols de chats étant plus fréquents en été, il convient de redoubler de vigilance pendant cette période.
Enfin, il ne faut pas hésiter à sensibiliser ses voisins au risque et leur donner son numéro de téléphone, afin qu’eux aussi puissent jouer le rôle de vigie et prévenir s’ils sont témoins d’un vol ou suspectent quoi que ce soit.
Quel que soit le pays dans lequel vous vous trouvez, et que le vol soit un soupçon ou une certitude, la première chose à faire est de prévenir de la disparition de votre animal les institutions et organismes susceptibles de vous aider.
En France, la première étape est de prévenir l’I-CAD (Identification des Carnivores Domestiques) afin que l’organisme mette à jour les informations concernant le chat dans la base de données, pour indiquer qu’il a été perdu. Ce signalement peut se faire directement sur le site de l’I-CAD, via l’espace « Détenteur », mais également par téléphone (0810 778 778) ou par e-mail (à l'adresse [email protected], en précisant "Urgent - animal perdu" dans l'objet du message). Vous devez pour cela vous munir du numéro d’identification du chat, qui figure sur la carte d’identification remise lorsque vous l’avez fait identifier, comme la loi sur l’identification des chiens, chats et carnivores domestiques vous y oblige.
Il faut ensuite déposer plainte en gendarmerie ou au commissariat en présentant le passeport européen du chat, le carnet de santé du chat, le certificat de vente qui vous a été remis lors de l’adoption, ainsi qu’une photo. Les autorités sont en théorie dans obligation d’enregistrer votre plainte, mais il peut arriver qu’elles s’y refusent, faute de preuves suffisantes. Dans ce cas, il convient d‘envoyer une « lettre plainte » au tribunal de grande instance en lettre recommandée avec accusé de réception (un modèle est disponible sur le site de la SPA).
Il est également conseillé de contacter divers organismes situés à proximité, comme l’antenne locale de la SPA et les diverses associations de protection des animaux, ainsi que les vétérinaires.
En Belgique, le premier réflexe en cas de disparition d’un chat est de contacter ID-Chips ou Cat ID, afin que la disparition de l’animal soit consignée dans la base de données centralisée.
Dans un second temps, il est conseillé de contacter la police municipale et les vétérinaires du secteur.
En Suisse, si le chat est identifié à l’aide d’une puce, il faut prévenir l’ANIS de sa disparition via l’application Amici-App, ou en l’appelant au 031 371 35 30.
Il est également conseillé de prévenir la SPA locale, ainsi que la fourrière du district ou la fourrière cantonale.
Au Québec, il est possible de difffuser un avis de recherche auprès de la SPA du Québec, après avoir établi un tel avis de recherche auprès de la fourrière de la municipalité dont dépend l’animal. La procédure peut être effectuée sur le site internet de la SPA, par téléphone au 418-527-9104, ou encore en se rendant au bureau de l’antenne locale.
Sous réserve d’être dans une zone couverte par l’organisation (Montréal et ses environs), vous pouvez également signaler la disparition de votre animal sur le site de la SPCA (Société pour la Prévention de la Cruauté envers les Animaux) de Montréal et créer un dossier de recherche. Si vous ne vous situez pas dans un secteur desservi, l’organisation fournit néanmoins des conseils de recherche.
Quel que soit le territoire dans lequel vous vous trouvez, vous pouvez également effectuer une recherche locale en diffusant des affiches du chat (sans mettre son nom, pour éviter que d’éventuels ravisseurs ne puissent l’utiliser pour amadouer l’animal, s’il est en fait seulement égaré) comportant différentes informations : des photos, son âge, son état de santé ainsi que toute précision utile, comme par exemple une mention « Plainte déposée en gendarmerie ». Elles peuvent être affichées dans votre quartier, en mairie, à la police municipale, dans différents services municipaux, chez des commerçants, etc. Assurez-vous toutefois de ne pas outrepasser la réglementation en vigueur concernant l’affichage dans l’espace public.
Différents sites Internet et pages Facebook permettent également de publier une annonce de chat volé ou perdu. Vous pouvez également consulter les annonces de vente de chat : il arrive parfois que certains propriétaires retrouvent leur animal dans des petites annonces et soient alors en mesure de faire intervenir la police pour récupérer le chat et arrêter les ravisseurs.
Face aux affaires de vols de chat, les autorités peuvent être impuissantes et inactives, refusant même parfois de recueillir les plaintes.
Face à cela, et devant l’ampleur croissante du phénomène, de nombreuses associations appellent à se regrouper et à se mobiliser. Leurs objectifs sont d’aider les victimes à retrouver les animaux en les accompagnant dans les démarches, en recoupant les informations et en forçant la justice et les autorités à mener des enquêtes. Différentes associations et organismes peuvent être contactés afin de vous aider dans vos démarches.
En France, les organismes qui peuvent vous aider sont :
En Belgique, il faut connaître :
En Suisse, vous pouvez contacter :
Au Québec, vous pouvez vous tourner vers :
Le vol de chats est un phénomène difficile à endiguer, en particulier du fait de la grande diversité de ravisseurs possibles et de la propension des chats à évoluer à l’extérieur par eux-mêmes, loin de leur maître et de leur maison.
En plus des efforts entrepris le cas échéant par les pouvoirs publics, de nombreux organismes entendent faciliter les démarches et, dans le meilleur des cas, réussir à retrouver l’animal volé.
Il n’en reste pas moins que la prévention est indispensable pour lutter contre ce fléau, et que tout maître se doit donc d’avoir en tête certaines bonnes ou mauvaises pratiques permettant de réduire le risque de vol de son chat.