La profession d'éleveur de chats

Une personne tenant 5 chatons dans ses bras

Notre interview d'un éleveur de chats nous amène notamment à interroger Frédéric Richard, à la tête depuis plus de 20 ans de l'élevage de la Natte-à-Chats, sur sa vision de ce métier, de son évolution ainsi que de la réglementation qui s'y applique.


C'est aussi l'occasion d'y voir plus clair quant aux qualités que cette profession nécessite, et sur ce à quoi on peut s'attendre financièrement. Enfin, il livre quelques conseils utiles pour qui envisagerait de devenir éleveur de chats.

Est-ce un métier accessible à tous ?

Une personne et un chat gris front contre front

Comme évoqué précédemment, l’élevage est une activité peu lucrative en comparaison du temps investi. Elle peut néanmoins procurer un réel épanouissement à toute personne passionnée par les animaux et qui dispose de beaucoup de temps à accorder à cette activité hautement chronophage.

 

Ce résumé très simplifié réduit déjà l’étendue des profils adéquats : ce n’est pas parce qu’un métier nous est accessible qu’il est adapté à nos attentes, besoins et/ou contraintes.

 

S’occuper des animaux n’est par ailleurs que la partie émergée de l’iceberg, et bien d’autres qualités que le seul amour pour ces derniers sont nécessaires pour réussir à faire fonctionner une activité d’élevage – en particulier du fait qu’on est alors la plupart du temps son propre patron. Une personne qui est fortement rétive aux tâches administratives et a pour objectif premier de s’occuper à plein temps des d’animaux ferait mieux de chercher un poste de salarié dans une structure directement en rapport avec ces derniers : gros élevage, association de protection des animaux / refuge, salon de toilettage, cabinet vétérinaire…

 

D'un point de vue théorique, la profession d’éleveur est quasiment accessible à tous : en France, la seule condition préalable est d’obtenir les certifications professionnelles obligatoires pour l’exercer. Avec un minimum de préparation et de travail, obtenir ces diplômes ne devrait pas poser de problème : il ne s’agit vraiment pas d’une profession élitiste. En tout état de cause, tenter sa chance ne coûte pas grand-chose : la formation initiale ne nécessite pas de débourser plus de quelques centaines d’euros.

 

En revanche, une fois le diplôme en poche, mieux vaut être une personne pleine de ressources et d’énergie, car le travail peut se révéler éprouvant : le nettoyage et ménage permanents deviennent rapidement lassants, tout comme le fait de devoir se lever bien des nuits pour s’occuper des bébés (biberons). Clairement, ce n’est pas une activité de tout repos : l’âge et/ou la condition physique peuvent être une barrière. En outre, avant de se lancer dans l’aventure, il faut réfléchir à l’impact sur la vie de famille, en particulier si on a déjà la charge de jeunes enfants.

Un éleveur aime ses chatons, mais s’en sépare contre de l’argent. Contradiction ?

Une personne tenant un chaton dans ses bras et l'embrassant

Plus qu’une réponse, je vous propose une réflexion par analogie.

 

Comme vous le savez, le serment d'Hippocrate est un texte fondateur de la déontologie médicale, que tout médecin s’engage à respecter. Voici deux de ses articles :

  • « Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera » ;
  • « Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire ».

 

Si la rémunération des professions médicales est souvent en inadéquation avec l’effort produit, notamment dans le secteur public, il n’en demeure pas moins qu’il existe bon nombre d’éminents praticiens, exerçant en libéral et dans le secteur privé, pour lesquels la situation est en revanche plus que confortable.

 

Si cette profession est à tel point prisée qu’il a fallu établir des concours d’admission drastique, c’est aussi parce qu’elle fait rêver en pouvant se révéler fort lucrative. Essayer de se faire soigner sans argent ni couverture maladie relèverait d’une gageure...

 

Or, même si le corps médical travaille par passion et compassion, on ne trouve point immoral qu’un professionnel de santé s’enrichisse « sur le dos de ces patients ». Pourquoi le ferait-on pour un éleveur de chats ?

 

Plusieurs chatons installés sur une couverture orange et deux personnes en train de les manipuler

Il est vrai en tout cas que le principe même du métier d’éleveur est de se séparer des chatons qu’on a vu naître et qu’on a aidé à grandir. Indéniablement, il peut être douloureux de voir partir les petits lorsqu'ils rejoignent leurs familles adoptives, alors qu’on leur a consacré tant de temps et d’énergie, et qu’on y est attaché.

 

On y pense moins, mais il en va de même pour les reproducteurs : ils doivent quitter l’élevage dès lors qu’ils ont dépassés l’âge de procréer (environ 10 ans), car les conserver entraînerait rapidement une surpopulation et des problèmes de cohabitation entre différentes classes d’âge. En effet, un élevage n’est pas un refuge, et il faut avoir à l’esprit que les chats - ou chiens - d’élevage doivent être considérés comme des animaux de travail (et non de compagnie) ; leur bien-être passe notamment par le fait d’éviter toute surpopulation.

 

Or, cette dernière est vite arrivée chez le petit félin, dont le comportement est souvent antagoniste à celui du chien. En effet, ce dernier descend du loup, un animal qui vit naturellement en meute, et il a hérité de son ancêtre ce besoin impérieux de côtoyer des congénères. C'est d’ailleurs ce qui amène certains spécialistes à estimer qu’un chien ne devrait jamais être le seul représentant de son espèce au sein d’un foyer. Il en va tout autrement du chat. En effet, c’est certes un animal social, mais il n’est absolument pas grégaire et vit d'une manière bien plus solitaire : il chasse seul, les individus ne vivent pas en groupe structuré ni organisé, et il n’y a généralement pas de coopération dans l’éducation des chatons. Il conserve par ailleurs en partie le comportement territorial que l'on retrouve chez les grands fauves.

 

Sa propension à cohabiter avec ses semblables varie toutefois en fonction de ses conditions d’existence, notamment en termes de nourriture : lorsque celle-ci est disponible en abondance (ce qui est le cas dans la configuration artificielle que représente un élevage), il accepte plus facilement la vie en groupe. Toutefois, cette acceptation de la vie en communauté ne se fait que dans une certaine limite, qui est vite atteinte. La dépasser engendre du mal-être et du stress, sans même parler de l'augmentation des risques sanitaires : parasites, maladies, etc.).

 

Ceci explique qu’un éleveur doit généralement se séparer de ses reproducteurs dès lors qu’ils sortent du processus de reproduction. Ce n’est pas forcément un aspect que l’on anticipe avant de se lancer, alors qu’il est utile d’en avoir conscience : après tant d’années et de beaux moments passés ensemble, cela peut-être un véritable crève-cœur, à la fois le moment venu mais aussi avant et après.

Que pensez-vous de la réglementation de ce métier ?

Une balance symbolisant la justice

Après plus de 10 ans de palabres, le statut juridique des animaux dans la loi française a enfin été révisé en 2015, avec le vote à l'Assemblée nationale du projet de loi relatif à la modernisation du droit animal. Depuis cette évolution relativement récente de la législation, l’article 515-14 du Code civil reconnaît donc l’animal comme un « être vivant doué de sensibilité » : il n’est donc plus considéré comme un bien meuble.

 

La réglementation qui encadre le métier d’éleveur est certes plus contraignante que la simple reconnaissance de la vie non humaine, mais en partage bien des objectifs. En outre, elle s’applique à tous, même au simple particulier n’ayant qu’une portée par an. D'ailleurs, au-delà de ce seuil, il est nécessaire de s’enregistrer comme professionnel, avec à la clef des contraintes spécifiques supplémentaires qui diffèrent en fonction du nombre d’animaux de l’exploitation.

 

L’ambition de la réglementation est clairement d’éradiquer les élevages qui n’ont que faire du bien-être animal, et où seul le profit compte. Le cadre réglementaire est suffisamment clair et dissuasif pour fixer le cap à suivre à la majorité des éleveurs, mais cela n’empêche pas quelques personnes fondamentalement malhonnêtes de le bafouer allègrement. 

 

D'aucuns objecteront qu’il constitue un moyen de plus pour l’État de veiller à ce qu’il perçoive bien sa part, en étant sur le dos d’éleveurs désormais placés sous l’œil de la traçabilité et des croisements des fichiers informatiques. On peut discuter du sujet longtemps, mais tant que notre mode de société basé sur l’argent n’aura pas été remis en cause, il est normal que chacun paye son tribut - même si nous aimerions tous qu’il soit moindre. Qu’ils soient effectués par des agents ou par des algorithmes, les contrôles permettent une plus grande équité entre les professionnels dont l’élevage est l’activité principale et ceux qui le font en dilettante, ces derniers ayant longtemps été considérés à juste titre comme une concurrence déloyale par les professionnels davantage taxés.

Faut-il interdire la vente de chats en animalerie ?

Plusieurs chatons dans une animalerie

Un chat a besoin d’espace (et si possible d’un accès à l’extérieur), de pouvoir gambader et grimper, de stimuli pour éviter l’ennui, mais surtout d’un environnement stable où il se sent en sécurité et qui lui évite tout stress, car il y est très sensible. Un simple changement de lieu de vie est susceptible de fortement le perturber.

 

Les animaleries ne sont généralement pas des lieux de reproduction : les chatons naissent en amont au sein d’élevages partenaires. Il s’agit uniquement de boutiques situées en zone urbaine, par lesquels les animaux transitent avant de rejoindre leur nouveau foyer. Tant ces établissements que leurs fournisseurs tâchent de faire en sorte que cela ait lieu au plus tôt : en France, la loi permet que l’adoption ait lieu dès 8 semaines. Or, même si certains éleveurs optent également pour cet âge-là, cela conduit à séparer trop précocement le chaton de sa mère ainsi de sa fratrie, ce qui risque fort d’être source de traumatismes. Pour un bon développement psychologique, il doit pouvoir rester dans son « nid » originel plus longtemps que cela. Ceci est notamment lié au fait que la phase de jeux avec sa mère et sa fratrie est primordiale pour son bon développement et son éducation, mais qu’elle est loin d’être achevée à 8 semaines.

 

En plus de cela, même si beaucoup d’animaleries s’occupent au mieux de leurs animaux et comptent des employés dévoués, le cadre de vie est complètement inadapté : se retrouver dans la cage d’un magasin, à proximité de nombreux autres chats qu’il ne connaît pas et qui ne sont pas plus rassurés que lui (ce qu’il ressent parfaitement), soumis à la promiscuité et aux défilements incessants des visiteurs, est une abomination. C’est d’autant plus vrai qu’il est alors encore en plein développement physique et psychologique, et donc que son bien-être au cours de cette période est crucial. Du reste, cela vaut autant pour les chiots que pour les chatons.

 

L’autre aspect problématique, et non des moindres, est l’origine des animaux. Puisque qu’il s’agit là d’un circuit purement marchand, l’intérêt pour une animalerie est de maximiser sa marge, et donc de les acheter au prix le plus bas possible. Ainsi, les élevages qui fournissent les animaleries sont principalement situés dans les pays de l’Est, où la réglementation est loin d’être aussi stricte qu’en France concernant le respect du bien-être animal. Les conditions de vie dans ses élevages sont souvent déplorables, et certains sont de véritables usines à chatons.

 

En outre, au-delà de la question éthique, il y a un vrai risque quant à la santé des animaux proposés : maladie génétique héritée d’un parent faute de sélection rigoureuse des reproducteurs, retard de croissance voire malformation à cause d’une alimentation inadaptée, affection non détectée ou mal prise en charge et entraînant des séquelles, etc. C’est d’autant plus vrai que la promiscuité qui caractérise les animaleries (ainsi que les élevages intensifs qui fournissent ces dernières, le cas échéant) favorise la transmission des virus et bactéries.

 

Ayant une santé fragile, sevrés trop précocement, peu familiers au contact des humains et plus généralement peu voire pas socialisés (et encore moins sociabilisés), nombre d’animaux achetés en animalerie souffrent de problèmes de santé et/ou de déséquilibres psychologiques parfois irrécupérables. Évidemment, ils n’en ont que plus de chances d’être un jour abandonnés par leur famille adoptive...

 

D’une manière générale, acheter en animalerie, c’est fermer les yeux sur la maltraitance animale sous-jacente. On ne peut que se féliciter de l’entrée en application de la loi française interdisant la vente de chiens et chats en animalerie en 2024, tout en regrettant que tant d’années de débats et palabres aient été préalablement nécessaires pour y aboutir.

Est-il utile d'échanger avec d'autres éleveurs ?

Deux personnes tenant une conversation

Certains éleveurs ne peuvent envisager l’exercice de cette profession sans se sentir encadrés au sein d’une communauté : Internet est pour eux un moyen merveilleux d’entretenir des liens entre eux, à travers des forums de discussion, des groupes sur les réseaux sociaux, les éventuels espaces d’échange accessibles aux membres du club de race… Les expositions félines permettent aussi les rencontres physiques et sont une sorte de passage obligé pour adhérer au « cercle » fermé des éleveurs traditionnels.

 

Pour notre part, nous faisons le choix de ne pas participer à ces dernières, par respect du bien-être de nos chats. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls éleveurs à adopter ce point de vue, ni même à déplorer les faux amis et vrais règlements de compte qui sévissent trop souvent dans le milieu. En effet, certaines personnes font tout pour vous nuire, notamment si vous êtes un concurrent. En particulier, l'usage de la diffamation (sur des forums destinés aux professionnels et/ou aux adoptants, sur des réseaux sociaux, en publiant des faux avis, etc.) peut vite faire boule de neige en vous créant une renommée délétère au sein de la profession.

 

Nous ne nous permettons pas de critiquer nos confrères et nous sommes heureux d’avoir dans nos contacts privilégiés des éleveurs tout aussi tolérants avec qui nous avons des relations cordiales, sans pour autant tisser des liens spécifiques. Par exemple, si nous ne sommes pas en mesure de satisfaire la demande d’un adoptant et qu’il ne veut pas attendre, nous pouvons l’orienter vers un confrère avec qui nous entretenons de bonnes relations.

 

Par contre, contrairement à ce que font certains, nous n’effectuons pas de reproductions inter-élevages, c’est-à-dire d’accouplement entre un de nos reproducteurs et celui d’un confrère. En effet, nous estimons que les risques sanitaires sont trop grands et qu’il n’est pas justifié d’infliger pour de simples raisons commerciales un changement de lieu à un animal connu pour justement ne pas les apprécier.

 

Globalement, nous avons rapidement fait le choix de l’indépendance et ne regrettons ni l’investissement ni le courage qu’il a fallu pour suivre cette route. Être dans la nasse n’est pas du tout une nécessité pour nous : à nos yeux, c’est juste une illusion de sécurité dont beaucoup sont adeptes.

Quel regard portez-vous sur les autres éleveurs ?

Plusieurs chats et chatons enfermés ensemble dans un enclos grillagé

Nous sommes dans un monde concurrentiel, et les individus sont dès l’enfance formatés en ce sens. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que cette approche se retrouve également dans les activités économiques. Dès lors, libre à chacun d’organiser son travail comme il le souhaite pour tirer son épingle du jeu, mais sous réserve que cela soit fait avec déontologie.

 

Or, du plus haut niveau des relations commerciales internationales de très grande envergure, brassant des milliards, jusqu’au plus bas de l’échelle, à travers les TPE, on déplore parfois l’existence d’agissements peu scrupuleux. Le milieu de l’élevage ne fait pas exception, et les coups les plus vils sont parfois infligés pour tirer la couverture à soi, souvent par la même minorité de personnes.

 

Toutefois, la concurrence peut aussi s’avérer vertueuse lorsqu’elle a pour conséquence d’inciter les éleveurs à produire des animaux dotés de belles caractéristiques morphologiques, mais aussi à s’investir particulièrement dans leur éducation – alors qu’à la base cette dernière n’est pas leur cœur de métier, contrairement à la reproduction elle-même. Chercher à se démarquer pour répondre aux besoins d’une clientèle exigeante est bénéfique pour soi-même, mais contribue aussi à tirer vers le haut l’ensemble de la profession.

 

Le monde de l’élevage félin regroupe beaucoup de passionnés, de personnes qui sont très compétentes et dont l’investissement va bien au-delà de ce qui est nécessaire à l’exercice du métier. Pourtant, bien des éleveurs, en particulier ceux de la première heure, semblent mal accepter l’arrivée de plus jeunes - certainement par crainte de voir naître une nouvelle concurrence disposant d’un avantage de poids via la meilleure maîtrise des outils technologiques modernes. Ils n’hésitent donc pas à leur mettre des bâtons dans les roues, notamment en refusant de leur vendre des chats destinés à la reproduction. Dès lors que l’on ne fait pas déjà partie du milieu, se procurer de tels spécimens s’avère particulièrement difficile, au point que souvent la meilleure option consiste à se tourner vers l’étranger.

 

Cela dit, ce qui explique aussi cette méfiance vis-à-vis des nouveaux éleveurs, c’est qu’il n’est pas rare de voir se lancer dans ce métier des personnes ayant uniquement des visées lucratives, qui pensent avoir trouvé un « bon filon », n’ont pas de réelle passion des animaux ni de volonté d’améliorer les races, avec parfois à la clef des conditions d’élevage très « limite ». Ces nouveaux-venus sont d’ailleurs souvent assez éphémères : ils n’hésitent pas à cesser leur activité dès qu’ils prennent conscience de l’investissement humain nécessaire pour la mener à bien correctement.

 

Comme dans tout métier, il faut donc savoir faire le tri : le meilleur côtoie le pire, et même minoritaire ce dernier suffit à salir la réputation d’une profession. Les avis publiés sur internet concernant un élevage donné méritent d’ailleurs d’être pris en compte s’ils sont suffisamment nombreux. S’ils font état de toutes sortes de problèmes, on peut alors probablement faire l’impasse sur cet éleveur ; en revanche, s’ils sont élogieux, c’est un gage de confiance. Il n’en reste pas moins indispensable de se rendre dans divers établissements pour comparer soi-même et se faire son propre jugement.

Comment savoir si un élevage est de qualité ?

Deux travailleuses d'un élevage félin

Comme on l’a vu dans les précédentes questions, il existe bien des approches différentes de l’activité d’élevage de chats. Il faut retenir que le bien-être des animaux est essentiel, et que d’une manière générale plus la taille de l’élevage est importante et l’effectif de chats conséquent, plus il est difficile de procurer à ces derniers de bonnes conditions de vie – contrairement par exemple aux chiens, les félins ne sont pas des animaux de meute.

 

Pour avoir une idée du type d’élevage auquel on a à faire, on peut s’interroger sur le nombre de femelles reproductrices et de bébés produits chaque année : quelques recherches sur Internet permettent généralement de s’en faire une idée. Cela dit, au-delà de la taille et d’aspects purement quantitatifs, il convient aussi d’essayer d’y voir clair sur la considération que l’éleveur accorde à ses animaux. Sont-ils uniquement pour lui un moyen de gagner de l’argent ? Ne sont-ils que des faire-valoir permettant de se faire une notoriété et d’asseoir son ego, notamment à travers leurs résultats dans les expositions félines ? Ou bien au contraire les choie-t-il au plus haut point, comme s’ils étaient ses propres animaux de compagnie ? Cela dit, je conviens que c’est parfois c’est un peu tout à la fois.

 

Discuter avec l’éleveur (par exemple lors d’un premier contact téléphonique) permet aussi souvent de réaliser un premier tri avant de se rendre sur place : cela peut permettre en effet de faire le distinguo entre les passionnés et les simples marchands, voire les imposteurs. Ce premier contact est essentiel, puisqu'il permet de ressentir si on est ou non face à quelqu'un de confiance, d’investi et connaissant parfaitement son métier. Il faut d’ailleurs privilégier les professionnels qui n’hésitent pas à prodiguer des conseils et à accorder tout le temps nécessaire à un adoptant éventuel pour l’informer, avant même de parler d’achat.

 

Le prix de vente peut aussi être un indicateur : plus il est élevé, plus on peut supposer qu’en contrepartie les animaux sont élevés en nombre limité et dans de bonnes conditions, c’est-à-dire qu’ils présentent les meilleures garanties possibles en termes de santé et de tempérament. Au vu des nombreux problèmes possibles en la matière et du temps qui sera passé avec l’animal, un élevage qui offre une vraie plus-value à ce niveau mérite de retenir l’attention.

 

Enfin, le délai d’obtention est aussi à prendre en compte : un élevage très réputé, et qui de ce fait a énormément de demandes au point que l’obtention d’un chaton passe par une inscription sur une liste d’attente, a de fortes chances d’être de qualité. Quelques semaines ou mois de patience ne sont rien par rapport aux nombreuses années qui seront passées avec l’animal : autant mettre toutes les chances de son côté que celles-ci se déroulent au mieux.

La mauvaise réputation qu'ont parfois les éleveurs est-elle justifiée ?

Un chaton enfermé dans une cage se hissant sur ses pattes arrière

Cette mauvaise réputation n’est malheureusement pas sans fondement, car il y a effectivement des éleveurs pour qui l'argent est la principale motivation. Si on a le sentiment que c’est le cas de celui avec qui on est en contact, il ne faut pas hésiter à « changer de crèmerie ».


Je voudrais quand même souligner qu’il ne faut pas jeter le discrédit sur toute une profession à cause du comportement d’une minorité de ses acteurs. Les éleveurs ne sont certainement pas davantage à montrer du doigt que d’autres corps de métiers. Du reste, des comportements inappropriés sont une dérive inévitable d’une société dont l’argent est le carcan.

Faut-il dénoncer les mauvais éleveurs ?

Une personne de dos pointée du doigt par trois autres personnes

De la dénonciation à la délation, la frontière est mince, et il convient de jeter un œil sur le passé pour constater combien cet état d’esprit accompagnait les heures les plus sombres de notre Histoire. En outre, les réseaux sociaux sont aujourd’hui un moyen tellement aisé d’accuser à tort et à travers qu’il serait préjudiciable d’encourager une telle pratique.

 

Dans les cas les plus graves, il convient bien entendu d’informer les services de l’État et les associations de protection des animaux, mais certainement pas d’accuser sur la place publique, sous couvert d’anonymat (comme c’est parfois le cas). Sachons faire preuve de discernement.

Est-ce qu'éleveur félin est un métier difficile ?

Une personne fatiguée, allongée sur un canapé, tenant un chaton dans ses bras

L’agriculture s’articule autour de deux grandes branches : l’une concerne le monde végétal, l’autre l’élevage animal. Il s’agit d’activités souvent laborieuses, mais autant la première peut parfois être très lucrative (c’est le cas par exemple des grandes exploitations céréalières), autant d’une manière générale ce serait un euphémisme de dire que la seconde est simplement « difficile ». En effet, contrairement aux animaux sauvages, ceux qui sont domestiqués sont tributaires de l’Homme. Quelle que soit l’espèce, la présence quotidienne de l’éleveur est requise au sein de l’exploitation, et s’occuper de chats ne permet pas de déroger à la règle davantage que si on a en charge par exemple un troupeau de vaches. Peu de gens en ont conscience, mais c’est évidemment une réelle contrainte.

 

En plus de ce côté chronophage, nous avons également évoqué au gré des précédentes questions la difficulté à se faire une place dans ce milieu très concurrentiel et le retour sur investissement souvent bien maigre.

 

Ce dernier est en outre assez aléatoire, car même un éleveur rigoureux n’est pas à l’abri d’un problème sanitaire – avec parfois de graves conséquences financières pour son activité.

 

Je pense en particulier à la teigne, qui est extrêmement contagieuse et peut être contractée par exemple lorsqu'on emmène ses chatons chez le vétérinaire à l’âge de deux mois, afin de les faire vacciner. Après une à trois semaines d'incubation, le chaton perd ses poils, alors qu’on approche du moment où on s’apprête à le céder : il devient invendable. Le traitement est très astreignant et long (six semaines s’il n’y pas de rechute), puis il faut attendre encore que les poils repoussent. Le temps passe, le chaton grandit et perd énormément de valeur : comme expliqué précédemment, il est difficile de réussir à céder un animal de plus de quatre mois sans consentir une importante diminution du prix et perdre de l’argent. Sans même parler du fait qu’il faut aussi rembourser les éventuels adoptants qui avaient versé un acompte, et désormais ne vous font plus confiance. La situation est déjà problématique à l’échelle d’un chaton, alors rendez-vous compte qu’en général c’est l’ensemble de la portée – voire l’ensemble des chats de l’élevage - qui sont contaminés…

 

On peut évoquer également le cas du typhus félin, une maladie mortelle et très contagieuse qui peut s’introduire dans un élevage et éliminer une portée entière, avant que les petits n’aient atteint l’âge de la vaccination (deux mois).

 

Le sida du chat (FIV) est un autre cas de maladie aussi contagieuse que fatale, qui peut facilement faire des ravages au sein d’un élevage.

 

Certains éleveurs tâchent de parer ce genre de risques en isolant au maximum leurs animaux dans des enclos séparés, mais cela pose évidemment d’autres problèmes – notamment en termes de bien-être. Une autre solution pour minimiser les risques d’épizootie est de vendre au plus tôt les chatons, c’est-à-dire dès l’âge l’égal de 8 semaines. Cela revient toutefois à les séparer très tôt de leur mère et de leurs frères et sœurs, au détriment de leur bon développement et de leur éducation.

Quelles sont les qualités requises pour être éleveur de chats ?

Un chat allongé au sol et une personne en train de nettoyer un bac à litière pour chats

Le métier d’éleveur correspond à une vocation, et pour perdurer il faut entretenir une relation quasi passionnelle avec les animaux. De plus, patience et persévérance sont indispensables quand on sait combien il est délicat de gérer ces derniers, a fortiori dans un contexte de reproduction. En effet, les chats d’élevage n’ont pas le même tempérament que leurs homologues castrés, et nécessitent une attention et des soins souvent éprouvants.

 

Mieux vaut par ailleurs être en bonne santé pour faire face aux tâches parfois pénibles et aux horaires de travail chargés et décalés.

 

En outre, sans une bonne organisation et une certaine rigueur notamment pour faire face au poids de l’administratif, on peut vite se laisser dépasser, et c’est alors l’entretien des animaux eux-mêmes qui en pâtit.

 

Dans un tout autre registre, de solides notions de santé et la maîtrise des gestes techniques de premier secours font partie des compétences indispensables pour savoir sauver une bête avant l’intervention du vétérinaire.

 

Il est également indispensable d’apprécier le relationnel avec autrui et d’avoir une bonne casquette de commercial pour parvenir à placer sa production à un prix qui valorise suffisamment le travail effectué.

 

Enfin, il faut également ne pas être trop sensible pour savoir encaisser la perte parfois tragique d’animaux, le départ des chatons dans un nouveau foyer après s’être démené pour eux pendant plusieurs semaines, ainsi que la séparation d’avec les reproducteurs lorsque l’heure de la retraite est venue pour eux. Même si on sait au fond de soi que les garder au sein de l’élevage serait préjudiciable pour tout le monde, c’est toujours un moment particulièrement difficile - d’autant que contrairement aux chatons, on a eu beaucoup de temps pour s’attacher à eux.

Le métier a-t-il évolué ces dernières décennies ?

Une personne faisant une recherche sur un ordinateur avec un chaton entre ses bras

Le métier d’agriculteur s’est énormément transformé au vingtième siècle, et principalement depuis la Seconde guerre mondiale. Depuis les années 80, il connaît même une métamorphose poussée par la mécanisation, les progrès scientifiques, et plus récemment le respect de la nature et celui du bien-être animal. L’élevage de chat, aussi marginal soit-il dans l’immensité du monde agricole, ne déroge nullement à la règle.

 

Ainsi, alors que naguère il était courant de faire reproduire chez soi des chats sans vraiment bien connaître les besoins de l’espèce ni les aspects sanitaires, c’est-à-dire d’apprendre le métier sur le tas, il n’en est plus question aujourd’hui. Au même titre que le « péquenaud » d’autrefois a laissé la place à l’exploitant agricole diplômé ayant suivi une solide formation, les éleveurs canins et félins suivent à moindre échelle cette ligne directrice.

 

En outre, les questions de bien-être animal occupent une place nettement plus grande de nos jours et nécessitent de se montrer d'autant plus rigoureux : tant les adoptants que la réglementation sont nettement plus vigilants sur le sujet - et c’est tant mieux.

 

Enfin, il est fini le temps où l’on plaçait ses portées dans les marchés ou les expositions, ou via les petites annonces publiées dans la presse locale. Désormais, les éleveurs d’animaux de compagnie doivent parfaitement maitriser les outils de communication informatique pour parvenir à écouler leur production.

 

En revanche, ce qui ne change pas, c'est le temps passé au travail et l'investissement total réclamé par ce métier. La manière de le pratiquer a évolué au fil du temps, mais cette constante demeure.

Pensez-vous qu'il va évoluer à l’avenir ?

Un chat Ashera sur un canapé rouge

Nous vivons depuis quelques dizaines d’années une professionnalisation du métier d'éleveur félin, et cela va certainement continuer. Il est ainsi envisageable que son exercice devienne, dans un futur plus ou moins éloigné, uniquement accessible après une solide formation de plusieurs mois, et non plus de quelques jours.

 

Ce qui est certain en tout cas, c’est que l’humanité réalise ô combien le monde qui l’entoure est fragile, et que les animaux doivent être protégés et respectés. Par exemple, les parcs de loisirs présentant des animaux aquatiques n’ont plus d’avenir, car l’interdiction d’y présenter des mammifères marins se répand sur toute la planète. De la même manière, on assiste progressivement à la fin des animaux de cirque.

 

La notion même d’animal de compagnie risque d’être remise en cause : on voit déjà des personnes considérer qu’il n’est pas éthique d’avoir un chien ou un chat qu’on garde chez soi simplement pour sa compagnie…

 

Il est en tout cas fort probable que les conditions de vie des chats au sein des élevages soit regardée d’encore plus près par les autorités dans le futur. D'ailleurs, depuis 2022, la loi française impose à tous les élevages d'animaux domestiques (animaux de rente, de compagnie et équidés) de désigner un référent en charge du bien-être animal.

 

Dans un tout autre registre, peut-être que d’ici quelques décennies, les animaux de compagnie feront l’objet de transactions sur des marchés à terme, comme des placements financiers. C’est d’ailleurs déjà une pratique courante dans le monde des matières premières agricoles. Espérons que de telles dérives n’arrivent jamais…

 

En tout cas, quand on voit commencer à apparaître des races de chat conçues génétiquement et « sur mesure » en croisant différentes espèces, dont les spécimens se vendent entre 20.000 et 100.000 dollars (je pense à l’Ashera), il y a de quoi s’inquiéter...

Combien gagne un éleveur de chats ?

Un chaton dormant sur des billets de 100 euros

L’hypermarché pratique la vente de masse, et ce sont en bonne partie les produits d’appel de piètre qualité qui génèrent le plus de profits. L’épicerie fine de quartier doit quant à elle redoubler d’efforts si elle veut perdurer. De la même manière, un vendeur ambulant de crêpes assez oubliables réalise souvent des marges inimaginables pour un restaurant 4 étoiles…

 

Dans le cadre de l’élevage, maximiser les revenus générés et le taux de rentabilité ne devrait évidemment pas être le premier objectif, si tant est que l’on souhaite procurer aux animaux dont on a la charge un certain bien-être et un cadre de vie aussi favorable que possible malgré la captivité qu’on leur impose.

 

Il existe cela dit quelques élevages qui ont adopté un positionnement spécifique leur permettant de tirer leur épingle du jeu bien mieux que la grande majorité. Par exemple, certains se sont spécialisés dans les chats hypoallergéniques, en optant pour une ou plusieurs race(s) en particulier et en effectuant un travail très spécifique de sélection des reproducteurs (tests concernant les protéines FELD). C’est également notre cas, en ayant la particularité d'offrir des chatons spécifiquement conditionnés pour la vie en appartement et d’être installés au coeur de Paris.

 

Néanmoins, de façon générale, il ne faut pas escompter trouver à travers la profession d’éleveur félin la poule aux œufs d’or…

 

Concrètement, une étude du LOOF indique que chez les éleveurs français le nombre moyen de bébés vivants par portée est de 3,27. Toutefois, il arrive qu’on perde une portée entière : quand tout va bien et qu’on fait correctement son travail, cela représente à la louche environ 3 à 4% des cas, mais ça peut bien sûr être davantage. Pour en tenir compte et simplifier, tablons donc sur une moyenne de 3,16 chatons par portée. Sachant qu’en France la législation impose de limiter le nombre de portées à trois par période de deux ans, on aboutit à une « production » théorique de 4,74 chatons par an et par reproductrice.

 

Le prix de vente d’un chaton de race varie énormément en fonction de différents facteurs : la race, le prestige de l’élevage, sa localisation géographique, etc. Néanmoins, si on table sur une moyenne de 1500 euros, cela fait environ 7000 euros de chiffre d’affaires annuel pour un élevage qui aurait seulement une femelle et un étalon.

 

Un chaton Norvégien roux

On peut estimer que chaque chaton implique des coûts variables de l’ordre de 650 euros : alimentation, identification, enregistrement au LOOF, dépenses vétérinaires… Par ailleurs, il faut également prendre en compte les coûts pour s’occuper des reproducteurs tout au long de l’année : elles sont nettement plus élevées que celles pour un animal destiné seulement à la compagnie, si bien qu’on peut difficilement compter moins de 1300 euros par an par reproducteur. À cela viennent bien sûr s’ajouter toutes sortes d’autres dépenses, par exemple le matériel, les rendez-vous chez le vétérinaire pour suivre les gestations voire intervenir en cas de difficultés de mise bas, l’entretien des lieux, etc. Cela a tôt fait de représenter environ 200 euros supplémentaires par an pour chaque reproducteur.

 

Ainsi, un élevage avec un mâle et une femelle supporte en théorie environ 3000 euros de dépenses imputables aux petits, et à peu près autant imputables à leurs parents : on arrive à 6000 euros, à mettre en face des 7000 euros de chiffre d’affaires généré. S’il compte trois femelles et un mâle reproducteur, on arrive à une estimation de 14 chatons vendus par an, soit potentiellement 21.000 euros de chiffre d’affaires et des dépenses directement imputables de l’ordre de 15.000 euros.

 

Cela laisse environ 6000 euros – ou 1000 dans le premier cas - avec lesquels il faut notamment financer l’assurance professionnelle, l’électricité, l’achat / l’amortissement du matériel informatique et de bureau, les dépenses pour faire connaître l'élevage, les déplacements… Sans même parler du recours éventuel à un photographe (un investissement généralement utile), de la gardes animaux quand on s'absente, etc.

 

Par ailleurs, il ne faut pas oublier l’achat des reproducteurs, sachant qu’un individu destiné à la reproduction coûte sensiblement plus cher qu’un autre destiné à la compagnie. Pour créer un élevage avec trois femelles et un étalon, il faut facilement compter un budget de l’ordre de 8000 euros – soit l’équivalent d’un amortissement de 1000 euros par an, si on les fait ensuite se reproduire jusqu’à l’âge d’environ 9 ans.

 

Enfin, si après tout ça il vous reste de quoi vous rémunérer, vous devrez bien sûr vous acquitter des cotisations sociales ainsi que de l’impôt sur le revenu.

 

Autant dire qu’on choisit de devenir éleveur de chats par passion, et non dans l’espoir de devenir riche – voire même d’en vivre dignement. C’est d’ailleurs bien pour cela que ce métier se positionne souvent en tant qu’activité secondaire - qualificatif officiel au niveau du Trésor public compte tenu des faibles revenus qui en émanent, quand bien même en réalité elle est souvent l’activité principale si on raisonne en fonction du temps qui lui est consacré.

Quels sont vos conseils pour devenir éleveur de chats ?

Un chaton Norvégien gris et blanc dormant dans la main d'une personne

Disposer d’un espace dédié destiné aux animaux est nécessaire pour le bien-être de tous. Il ne faut donc pas hésiter à investir dans la construction d’une chatterie suffisamment vaste et bien équipée.

 

Même si on est capable de réaliser des travaux par soi-même, il y a toujours un coût : il est très variable d’un cas de figure à l’autre, mais jamais négligeable. Mieux vaut donc y réfléchir à deux fois avant de se lancer… Avoir déjà une expérience dans le milieu (y compris potentiellement à titre bénévole, par exemple au sein d’un refuge) est donc très utile pour non seulement y voir plus clair quant à la pertinence de se lancer dans ce projet, mais aussi pour bien comprendre et gérer toutes sortes d’aspects pratiques. C’est d’autant plus vrai que si les travaux s’avèrent coûteux, on aura intérêt à accueillir rapidement un certain nombre d'animaux pour pouvoir rentrer dans ses frais.

 

Toujours en ce qui concerne les aspects financiers, il faut donc être en mesure de non seulement supporter toutes sortes de dépenses au début afin de se lancer, mais également de ne pas se rémunérer pendant plusieurs mois. Ceci ne doit pas être sous-estimé, surtout si on a un foyer à nourrir.

 

Dans le cas où un prêt bancaire est nécessaire, cela a l’avantage de permettre de faire valider l’étude de marché qu’on doit obligatoirement joindre au dossier. Même si on est autofinancé, une telle étude est indispensable. Elle doit notamment prendre en compte des aspects géographiques : s’il est vrai que ceux-ci sont moins importants que pour créer par exemple un commerce « classique », on aurait tort de croire qu’ils jouent un rôle négligeable. En effet, même si certaines personnes sont prêtes à parcourir beaucoup de kilomètres pour adopter (et sont effectivement en mesure de le faire), ce n’est pas le cas de toutes. Le fait d’être situé à proximité - ou au cœur même - d’un bassin d’adoptants potentiels ainsi que d’être facilement accessible pour ces derniers est plus important qu’on ne pourrait le croire.

 

Quatre chats et chatons mangeant chacun dans sa gamelle

Par ailleurs, mieux vaut pour commencer se spécialiser sur une race en particulier. Le choix doit être réalisé non pas uniquement selon ses affinités, mais aussi en fonction de la demande des futurs acquéreurs. Se lancer dans une race qui est en perte de vitesse depuis plusieurs années n’aide évidemment pas à mettre toutes les chances de réussite de son côté.

 

Une fois la race déterminée, il est conseillé de mener la recherche des reproducteurs avec circonspection et sans empressement. Au demeurant, il peut parfois être judicieux d’aller les chercher à l’étranger, pour favoriser le brassage génétique.

 

Néanmoins, ce qui est important par-dessus tout, c’est d’être sûr d’avoir les qualités requises pour exercer le métier d’éleveur félin, et de rester conscient de la faible rentabilité de cette activité.

 

Enfin, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas parce que les chats sont des animaux de compagnie et non de rente ou de consommation que leur élevage se fait selon une approche radicalement différente. Malgré tout l’amour qu’on leur porte, il faut considérer les reproducteurs comme un outil de travail, et non pas comme des animaux de compagnie - contrairement aux chatons produits, qui eux ont vocation à rejoindre rapidement des familles. Cet outil de travail doit être protégé : pour l’équilibre du groupe, un animal qui ne se reproduit plus ou pas assez doit être écarté. Trop d’éleveurs n’arrivent pas à faire la part des choses, et sombrent alors dans une surpopulation vraiment préjudiciable. Un élevage n’est pas un refuge ni un sanctuaire pour animaux. Je suis bien conscient toutefois que c’est facile à dire, mais plus difficile à appliquer quand on a partagé de nombreuses années avec les spécimens en question.

Dernière modification : 02/17/2023.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Se lancer comme éleveur félin
  2. Page 2 : Le quotidien d’un éleveur de chats
  3. Page 3 : La reproduction et l’adoption des chats
  4. Page 4 : La profession d'éleveur de chats