Il est de notoriété publique que les chats sont loin d’être aussi dociles et obéissants que les chiens. Ils ont même au contraire une nette propension à se montrer espiègles et à braver les interdits... Ils font donc beaucoup de bêtises, que ce soit quand ils se retrouvent seuls ou même parfois directement sous les yeux de leurs maîtres.
Cette habitude peut paraître mignonne lorsqu’il s'agit « seulement » de renverser un peu de terre sur le sol ou de jouer avec un câble qui traîne, mais elle a tôt fait d'être problématique lorsqu’elle implique des destructions et/ou qu'il met sa vie en danger - voire celle d'un humain ou d'un autre animal. À défaut de pouvoir y mettre un terme, il est bon d'essayer de la canaliser.
Pourquoi un chat fait-il des bêtises ? Faut-il alors le punir, et le cas échéant de quelle façon ? Quelles solutions peut-on mettre en place pour l’empêcher de faire des bêtises, ou du moins réduire les risques ?
Une bêtise désigne dans le langage courant une action sotte et/ou maladroite. C’est un terme que l’on utilise généralement pour les jeunes enfants, qui ne sont ni très adroits ni forcément conscients des conséquences de leurs actions.
Par extension, lorsqu'il est question d'un chat, on désigne généralement par ce terme toutes les actions indésirables qu’il n’a pas le droit de faire mais qu’il fait tout de même, soit involontairement par maladresse, soit par jeu, malice ou provocation : monter sur la table, voler de la nourriture, rentrer dans une pièce interdite, renverser volontairement un objet pour observer le résultat...
Tous les chats ou presque font des bêtises, en particulier lorsqu'ils sont encore petits et jouent beaucoup. De fait, un accident est vite arrivé, même pour des animaux aussi agiles que nos petits félins. Cela étant, comme chez l’humain, certains en font davantage que d’autres : leur comportement doit alors être canalisé, en particulier si leurs bêtises entraînent des destructions ou plus largement sont particulièrement problématiques.
La liste des bêtises qu'un chat est susceptible de commettre est longue et variée, même si bien sûr chaque individu est différent et a ses « préférences ».
On peut distinguer globalement :
Toutes les bêtises n’ont donc pas la même origine, et par conséquent ne se règlent pas de la même façon.
Lorsqu’un chat commet une bêtise, il le fait bien souvent sans mauvaise intention, c’est-à-dire sans chercher à mettre en colère son maître - au même titre qu’un enfant fait des sottises de temps en temps, au grand dam de ses parents mais sans penser à mal.
La plupart du temps, il agit en fait par instinct, reproduisant au domicile des comportements normaux dans la nature : il peut s’agir par exemple de grignoter les feuilles d’une plante, de tenter d'’attraper un bout de ficelle qui lui rappelle une proie, ou encore de chercher à s'installer dans un endroit surélevé pour surveiller les environs depuis une hauteur. Or, ces comportements sont souvent jugés indésirables par le maître, qui les qualifie donc de bêtises.
Il lui arrive parfois aussi d’en faire par maladresse. En effet, bien qu’il soit globalement plutôt prudent, le chat aime bien malgré tout tester ses limites : marcher en équilibre sur la rambarde d’un balcon, grimper le plus haut possible sur une armoire ou un arbre quitte à en tomber ou ne plus oser en redescendre, escalader tel meuble branlant ou étagère bancale, etc. Or, cela ne se termine pas toujours exactement comme il l’avait prévu : s’il se fait rarement très mal dans ses bêtises, il lui arrive parfois de déclencher une « catastrophe » en cassant des objets, en faisant une mauvaise chute ou en renversant des meubles ou accessoires sur lesquels il tentait de grimper.
Enfin, il arrive aussi qu’un chat commette des bêtises volontairement, lorsqu’une occasion se présente. Il peut agir de cette façon parce qu’il ne reçoit pas assez d’attention au quotidien, ou même simplement par malice s’il est joueur et espiègle. Il agit alors devant son maître, en le faisant de manière parfaitement consciente dans l’espoir de faire réagir ce dernier.
N’importe quel chat peut être amené à faire une bêtise de temps en temps. Néanmoins, force est de constater que certains en font davantage que d’autres.
Les chatons ont en la matière une réputation bien établie - et justifiée. Il faut dire qu'ils sont très joueurs, actifs et curieux : ils ont ainsi une grande propension à s’amuser avec un peu tout et n’importe quoi, y compris des objets qui ne sont pas prévus pour cela (papiers, stylo, vêtements...). En outre, ils ne connaissent pas bien leurs limites, et peuvent donc facilement surestimer leurs capacités. Ils sont aussi moins expérimentés et clairvoyants, et donc plus enclins à se tromper par exemple au moment d'estimer une distance ou une hauteur.
Cela étant, même à l’âge adulte, certains individus commettent plus fréquemment des bêtises que d’autres. C’est le cas notamment de certaines races connues pour leur malice voire leur espièglerie, comme le Burmese, le Bobtail Japonais ou encore l’Angora Turc. Ce dernier en particulier est réputé pour sa propension à jouer des tours à son entourage : il n'hésite pas par exemple à chiper un stylo alors qu’on est en train de s’en servir, et s’enfuir avec à toute allure. À l’inverse, d’autres races comme le Persan sont particulièrement calmes et ne sont pas connues pour être espiègles : le risque de sottises est sensiblement plus faible, sans pour autant être inexistant.
Enfin, toutes choses égales par ailleurs, les chats cantonnés à une vie en intérieur ont généralement plus de chances de faire des bêtises que les autres. En effet, ils ont à la fois plus d’énergie à revendre (faute de pouvoir la dépenser en dehors) et moins de distractions à leur disposition : sauter sur tout ce qui bouge, jouer avec tout ce qui se trouve à leur portée et autres comportements du même style sont pour eux autant d’occasions de se divertir et se défouler.
Techniquement, un chat peut faire des bêtises n’importe quand dans la journée. Dans les faits, cela se produit généralement à des moments bien précis.
C'est le cas tout d'abord lorsqu’il se retrouve seul, car il est alors davantage enclin à chercher par lui-même des moyens de s’occuper - en particulier s’il s’ennuie facilement. En outre, ces moments sont pour lui autant d'occasions de faire quelque chose dont il sait pertinemment que c’est interdit (par exemple voler de la nourriture ou grimper sur la table du salon) : il peut parfaitement attendre pour passer à l’action que personne ne soit là et ne le surveille. Ce type de comportement est fréquent lorsque l'on est au travail, ou lorsqu'on dort - d’autant qu’un chat fait rarement une nuit complète comme un humain et a donc le champ libre en attendant que sa famille se réveille.
Il lui arrive toutefois aussi de commettre des bêtises directement sous les yeux de ses propriétaires. Cela peut être le cas s’il agit volontairement par jeu, par malice ou par volonté d’obtenir de l’attention.
Lorsqu’on se rend compte qu’un chat a fait une bêtise, le premier réflexe est bien souvent de le gronder ou de le punir, pour l’inciter à ne plus recommencer - comme on le ferait avec un enfant. Les méthodes généralement employées pour cela sont diverses : lui crier dessus, lui donner une petite tape sur les fesses ou les oreilles, vaporiser de l’eau sur lui... C’est pourtant une erreur de se comporter ainsi, car en réalité l'animal n’a aucune chance de comprendre la cause du mécontentement de son propriétaire.
En effet, les animaux n’ont pas la même temporalité que les humains, et ne sont pas capables d'établir un lien de cause à conséquence entre deux évènements espacés dans le temps. Ainsi, un chat qui se fait gronder pour une bêtise qu’il a commise des minutes voire des heures auparavant n’a aucune chance de comprendre ce qui lui est reproché. Le mécontentement dont il fait l’objet risque donc d’entraîner chez lui une incompréhension totale, puisqu’il a l’impression d’être grondé ou puni sans raison. Par conséquent, non seulement de telles réactions ont peu de chances de l'empêcher de recommencer la même bêtise à l'avenir, mais elles peuvent finir par lui faire développer un stress chronique, à force d’être réprimandé sans comprendre pourquoi.
Par conséquent, lorsqu’on s’aperçoit que son chat a fait une bêtise, la meilleure chose à faire est de ne rien dire et de réparer ses dégâts en l'ignorant. Le seul cas où une réprimande est pertinente est celui où on le prend : le cas échéant, il faut lui dire « Non ! » d’un ton ferme mais sans agressivité, ou chercher à détourner son attention pour qu’il renonce de lui-même à son comportement problématique.
Il est assez ardu d’empêcher totalement un chat de faire des bêtises - en tout cas, c'est bien plus difficile que pour un chien. En effet, quand bien même on parvient à lui faire comprendre qu’il n’a pas le droit d'effectuer telle ou telle action, c’est rarement suffisant pour qu’il se tienne sage : bien souvent, il attend simplement de se retrouver seul pour continuer d'agir à sa guise, quitte à tâcher de se faire pardonner à l’aide de mille et un ronrons s’il se fait surprendre.
L’idée est donc non pas de le gronder jusqu’à ce qu’il comprenne la leçon (ce qui aurait peu de chances de fonctionner), mais de limiter les occasions qu’il a de faire des bêtises.
Le meilleur moyen de limiter les risques qu’un chat se blesse ou fasse des dégâts est de placer hors de sa portée tous les objets qu’il est susceptible d’utiliser pour ses bêtises - ou en tout cas le plus grand nombre possible d'entre eux.
C'est le cas en particulier pour :
Bien évidemment, cela ne suffit pas pour garantir un risque zéro, mais c’est tout de même un bon moyen d’éviter toutes sortes de bêtises potentiellement fâcheuses - y compris éventuellement pour lui ou pour son entourage.
Un chat qui fait des bêtises est souvent un chat qui n'est pas suffisamment occupé et s’ennuie. Une bonne solution pour lui permettre de se dépenser sans s’en prendre à des objets, des plantes ou des meubles est de mettre à sa disposition un grand nombre de jouets et d’accessoires, et plus largement de veiller à ce qu'il soit suffisamment en mesure de se dépenser tant physiquement qu'intellectuellement.
On peut ainsi lui fournir :
Ces aménagements et/ou objets sont importants pour tous les chats, mais encore plus pour ceux qui n’ont pas accès à l’extérieur et vivent uniquement en appartement. Il est utile dans tous les cas de s'interroger sur les besoins spécifiques de son animal. Par exemple, s'il est loin d'être un grimpeur émérite, l'arbre à chat n'a pas besoin d'être particulièrement imposant ; mais si au contraire il est très sportif, mieux vaut privilégier un modèle de grande taille et élaboré.
Un chat qui commet des bêtises devant son maître manque peut-être tout simplement d’attention et a besoin qu’on s’occupe davantage de lui. En effet, même si nos petits félins savent généralement bien s’occuper seuls - en tout cas mieux que les chiens -, ils n'en restent pas moins des animaux domestiques, qui ont besoin d’affection et de compagnie au quotidien pour être heureux.
Par conséquent, veiller à consacrer chaque jour suffisamment de temps à son compagnon est un bon moyen de réduire le risque de bêtises, a fortiori s’il passe beaucoup de temps seul. Il faut savoir cela dit que les besoins en la matière diffèrent d'un chat à l'autre : par exemple, un Siamois est normalement beaucoup plus demandeur qu’un Turkish Van.
Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas les possibilités d'interactions qui manquent : on peut jouer avec lui, lui apprendre des tours, le caresser, le promener en laisse s’il accepte cela, le brosser...
S’il est très sociable et apprécie la compagnie d’autres animaux - notamment de congénères -, on peut aussi envisager d’adopter un deuxième chat pour qu’il puisse jouer avec lui et se sente moins seul. Mieux vaut toutefois opter pour un nouveau compère qui soit compatible en termes de caractère avec le premier, car cela augmente les chances qu’ils s’entendent bien. Il ne faudrait en effet pas se retrouver avec deux chats qui font des bêtises au lieu d’un seul...
Si on prend son chat sur le fait, au moment même où il s’apprête à commettre une bêtise, on peut tâcher de détourner son attention pour qu’il renonce à ses plans.
Pour détourner son attention, une solution peut être de :
En revanche, il faut s'abstenir de lui souffler dessus ou de vaporiser de l’eau sur son museau, comme certains le préconisent pourtant. Certes, cela a des chances de le faire déguerpir aussitôt, mais il risque d’associer cette impression désagréable à la personne qui en est à l'origine, c'est-à-dire son maître. Autrement dit, cette technique pourrait à terme susciter en lui de la crainte vis-à-vis de ce dernier, et même du stress chronique si elle est utilisée régulièrement.
Tous les chats ou presque font des bêtises de temps à autre - ou du moins ce que nous humains considérons comme des bêtises, car eux ne le voient pas forcément ainsi, en particulier lorsque cela correspond à un comportement naturel.
Il n’est pas vraiment possible d’empêcher totalement cela, et il ne sert à rien de le punir ou de le gronder lorsque la situation se présente. Mieux vaut plutôt tâcher de limiter les occasions qu'il commette des bêtises, notamment en orientant son énergie et son attention vers diverses sources de distractions et activités que l'on a soi-même choisies. On peut aussi tenter de détourner son attention si on le prend en flagrant délit.
En tout état de cause, il est important de distraire son chat et de passer du temps avec lui même s’il n'est pas familier des bêtises, car c’est indispensable à son bonheur et son bien-être. S’il n’a pas l’occasion de jouer suffisamment et/ou se sent abandonné, il a de grandes chances de devenir rapidement malheureux - avec par exemple à la clef le risque qu'il fugue ou se laisse dépérir. À l’inverse, lui consacrer suffisamment de temps et d’attention est le meilleur moyen de développer une belle relation de complicité et d’affection avec lui, ce qui ne peut qu'être source de bonheur pour les deux protagonistes.