Chat et épillet : quel danger, et que faire ?

Qui n’a jamais retiré de ses vêtements pendant une promenade ou lancé sur le pull de ses amis ces épis garnis de nombreux épillets, sans pour autant connaître leur nom ?

En effet, les épillets sont de petits épis contenant une graine de graminée, regroupés eux-mêmes le long d’un épi. Il peut s’agir de blé, d’avoine ou même d’herbe sauvage comme l’Hordeum murinum (ou « orge des rats »), qu’on retrouve dans les chemins comme dans les jardins. On les appelle parfois aussi « spigaou » en Provence ou encore « le voyageur », en raison de leur capacité à se déplacer à l’intérieur des tissus une fois qu’ils ont percé la peau - c’est justement ce qui les rend aussi dangereux.

Ces graminées poussent de mai à septembre et sont tout particulièrement dangereuses durant les mois chauds (juillet et août), quand les épillets sèchent, devenant plus fins et durs que jamais. Ils se détachent alors de leur tige, tombent au sol et/ou s’accrochent au contact de n’importe quelle matière filamenteuse, qu’il s’agisse par exemple des vêtements des passants, de cheveux humains ou du pelage des animaux.

Les épillets sont un danger à ne pas négliger pour le chat, qui risque d’en attraper pendant ses balades à l’extérieur, en particulier s’il rôde dans des champs ou des herbes hautes.

Dans les meilleurs cas, l’épillet se décroche seul des poils du chat ou est retiré par l'animal lorsqu’il fait sa toilette. Il peut aussi être avalé, digéré puis expulsé naturellement. Il arrive également qu’il se retrouve dans les poumons et qu’il s’y enkyste sans conséquence ultérieure.

Néanmoins, dans la majorité des cas, l’épillet pénètre les tissus, et ne peut alors plus reculer, du fait de sa forme de harpon. Il continue ensuite son voyage dans l’organisme, créant une inflammation puis une infection, comme tout corps étranger le fait. Il peut aussi abîmer durablement les organes qu'il touche et empêcher leur bon fonctionnement, entraînant toutes sortes de symptômes.

Il est parfois difficile de remarquer qu’un chat est porteur d’un épillet, car en l’espace de quelques heures à peine, il peut être totalement entré dans les tissus et devenu invisible. Des symptômes peuvent toutefois être présents, comme des signes d’inconfort voire des douleurs, une fièvre élevée, un manque d’appétit, des miaulements persistants, une apathie inhabituelle... Ils permettent de mettre la puce à l'oreille, et de savoir que quelque chose ne va pas.

En plus de cela, d'autres symptômes sont possibles en fonction de la zone touchée par l'épillet : l'oreille, le nez, l'oeil... sachant qu'un chat peut être touché par plusieurs épillets à la fois, si par exemple il se roule dans un champ de graminées.

Si l'épillet s'est infiltré dans une oreille, la douleur est généralement intense, car il s'agit d'une zone sensible. Le chat secoue régulièrement la tête et peut même refuser qu’on lui touche les oreilles.

Si l’épillet continue son chemin dans l'oreille, il peut engendrer une plaie, une otite, voire même perforer le tympan. Un saignement, du pus et/ou une mauvaise odeur sont alors susceptibles d'apparaître, signes que la plaie s'est infectée. Dans les cas graves et en l'absence de traitement, une surdité est même possible au niveau de l'oreille touchée.

Si le chat a respiré de trop près des graminées, il peut avoir reniflé un épillet, qui se coince alors dans une de ses narines. Le cas échéant, il se met alors à éternuer et souffler dans son nez pour essayer de le retirer. Le nez peut aussi couler, et il se peut même que le chat saigne du nez si l’épillet a endommagé la muqueuse.

Dans de rares cas, l’épillet continue son chemin par les sinus jusqu’au cerveau, créant alors des dommages irréversibles.

Il est particulièrement difficile de détecter un épillet dans l'oeil d'un chat, car il se loge souvent sous la troisième paupière. Cependant, des symptômes trahissent sa présence : il peut y avoir une plaie, l’oeil peut pleurer, être fermé ou rouge.

Dans tous les cas, la présence d’un épillet dans l’oeil peut engendrer des maladies, comme une conjonctivite, une infection des canaux lacrymaux, voire même un ulcère de la cornée s’il n’est pas enlevé à temps. A terme, le risque de cécité existe au niveau de l'oeil touché.

S’il arrive au chat de se promener la bouche ouverte lorsqu’il évolue à l’extérieur (par exemple pour sentir davantage d’odeurs), l’épillet peut aussi se loger directement dans sa bouche. C'est rare, mais pas impossible.

Dans le meilleur des cas, il est alors digéré puis éliminé dans les selles, avec le risque toutefois qu'il performe le tube digestif au passage et entraîne donc un saignement voire une infection.

Dans le cas contraire, il se dirige vers les voies respiratoires et peut se retrouver dans un poumon. L'animal se met alors à tousser et cracher, avec présence de sang si la muqueuse buccale est touchée. Si le problème n’est pas détecté et traité rapidement, il peut alors dégénérer en pneumonie.

L'épillet peut aussi se glisser tout simplement entre les doigts et causer une blessure des coussinets, créant une plaie ouverte. Le chat se met alors à se lécher frénétiquement ou à boiter, en raison de l'inconfort voire de la douleur occasionné(e). Si elle n’est pas bien soignée et désinfectée, la plaie pourrait évoluer en fistule.

Plus rarement, il arrive que l’épillet se loge dans l’appareil génital, en particulier dans le vagin dans le cas d'une femelle. Le cas échéant, il engendre une vaginite chez la chatte (c'est-à-dire une inflammation du vagin). Celle-ci se lèche alors la vulve, a des pertes vaginales, et un gonflement de la zone est probable.

Une fois qu'il est entré, un épillet peut s'enfoncer loin dans le corps du chat, poursuivant son chemin loin dans l'organisme et causant des dommages sur son passage. Ainsi, plus le temps passe, plus le risque d’infections et de lésions augmente. De plus, plus un épillet est ancien, plus il est plus difficile à retirer. Par conséquent, si l’on remarque que son chat est victime d’un épillet, il ne faut pas perdre de temps : attendre ne ferait qu’aggraver la situation, compliquer son extraction et alourdir la facture.

Enlever soi-même un épillet à son chat n’est absolument pas recommandé. En effet, même s’il semble facilement accessible, sa forme de harpon risque de faire encore plus mal à l’animal lors de l’extraction, et il a des chances de se décomposer en plusieurs éléments. La seule chose à faire est de se tourner vers un vétérinaire, car il dispose du matériel et des compétences adaptés. Par contre, en cas de plaie ouverte, on peut au moins mettre une collerette à son chat en attendant le rendez-vous chez le vétérinaire, pour éviter qu’il ne se lèche et cause une infection.

Pour enlever un épillet à un chat, le vétérinaire commence par le localiser, à l'aide si besoin d'une échographie ou une endoscopie, avant de procéder à l'extraction en tant que telle. Dans les cas les plus complexes, l'intervention est effectuée sous anesthésie générale, voire nécessite un acte de chirurgie lourde. Toutefois, le plus souvent, et notamment lorsque l’épillet se situe dans une zone courante comme l'oreille, une simple tranquillisation à l’aide de sédatifs suffit.

Le prix pour retirer un épillet dépend de sa localisation et donc de la difficulté de l'intervention. Globalement, il faut compter entre 50 et 100 euros si l'épillet est encore visible, et bien davantage dans les autres cas. Cela étant, si l'on a pris soin de souscrire une assurance santé pour chat avant l'intervention, celle-ci couvre généralement tout ou partie des dépenses.

Même si c'est rare, un seul épillet peut causer beaucoup de dégâts, en fonction des organes qu'il parvient à atteindre et endommager. Toutefois, certaines mesures de précaution permettent de réduire considérablement le risque que le chat soit touché.

En premier lieu, lorsque cela est possible, éviter qu’il se promène dans les champs (au moins pendant les périodes critiques de l’été) est la meilleure façon de protéger son chat contre les épillets. Néanmoins, il est compliqué de lui interdire de gambader à cette période s’il y est habitué en temps normal. A minima, on peut au moins couper l’herbe du jardin et bien ramasser les restes de tonte, car les épillets peuvent aussi pousser chez soi.

Par ailleurs, il faut prendre l’habitude de procéder à une inspection régulière de son corps quand il rentre de promenade, de la tête à la queue : cela permet de retirer les éventuels épillets avant qu'ils n'aient eu le temps de s'enfoncer dans le corps. Certaines zones nécessitent une vigilance particulière : les yeux, le nez, les oreilles, les coussinets ou encore les orifices génitaux sont autant d’endroits où les épillets sont particulièrement susceptibles de se cacher.

Enfin, il faut noter que les chats aux poils longs sont davantage exposés au risque d’attraper ces graminées pendant leurs promenades. Il faut donc prendre l’habitude de les brosser très régulièrement, afin d’éviter que des boules de poils ne se forment : elles représentent en effet un vrai nid douillet pour les épillets. Si jamais le brossage n'est plus possible - notamment s'il contient trop de noeuds ou d'épillets -, il peut être nécessaire de tondre le pelage de son chat. La tonte ne doit toutefois être envisagée qu'en dernier recours, car elle est souvent très mal vécue par le chat.