Le chat de Geoffroy : morphologie, alimentation, mode de vie...

Gros plan d'un chat de Geoffroy

Le chat de Geoffroy est l’une des 10 espèces de félins originaires d’Amérique du Sud, et également l'un des moins connus du grand public.


Comme eux, il possède un beau pelage tacheté qui le fait ressembler à une panthère miniature, mais qui lui a surtout longtemps valu d'être chassé et tué pour sa fourrure. Aujourd'hui, il est menacé principalement par la déforestation.

Les origines et la classification du chat de Geoffroy

Un chat de Geoffroy Leopardus geoffroyi

Au sein de la grande famille des félins, le chat de Geoffroy (Leopardus geoffroyi) fait partie du genre Leopardus ; à ce titre, il est un cousin de l’Ocelot, du Kodkod ou du Margay, trois autres espèces de chats sauvages vivant aussi en Amérique latine.

 

Il fut baptisé ainsi en l'hommage du naturaliste français Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, décédé en 1844, année où ce félin fut pour la première fois décrit scientifiquement.

 

Il en existe cinq sous-espèces :

  • Leopardus geoffroyi euxanthus ;
  • Leopardus geoffroyi geoffroyi ;
  • Leopardus geoffroyi leucobaptus ;
  • Leopardus geoffroyi paraguae ;
  • Leopardus geoffroyi salinarum.

La morphologie du chat de Geoffroy

Illustration d'un chat de Geoffroy

Le chat de Geoffroy est un félin de petite taille, à peine un peu plus gros qu’un chat domestique. Il mesure en effet de 70 cm à un mètre de long en comptant la queue, pour une hauteur au garrot de 15 à 25 cm et un poids généralement compris entre 4 et 6 kg. Comme chez bon nombre de félins, les mâles sont plus grands que les femelles.

 

Des différences de gabarit existent toutefois selon les sous-espèces, et donc le lieu de vie. Ainsi, les individus présents dans la partie nord de l’Amérique du Sud, où le climat est plus froid, sont généralement plus grands que ceux présents dans la partie sud.

 

Quoi qu’il en soit, le corps de ce chat sauvage est corpulent et robuste. Ses pattes sont puissantes et possèdent des griffes rétractiles. Sa queue, qui mesure de 24 cm à 36 cm de long, lui sert de balancier et lui permet de grimper et de se déplacer dans les arbres sans difficultés.

 

Un chat de Geoffroy au pelage noir intense

La fourrure de ce petit léopard arbore une couleur qui va du gris-argent au brun jaunâtre. Elle est en outre tachetée tout le long du corps dans des tons brun foncé à noir. Les variations de couleurs dépendent des sous-espèces, mais aussi de la région où vit l’animal. Il est également possible d’observer des rayures foncées sur les joues, le haut des pattes et la queue. Par ailleurs, le mélanisme est assez courant chez cet animal, notamment dans les zones de forêts denses. Il se caractérise par une couleur noire de la peau et des poils.

 

La tête et les oreilles du chat de Geoffroy sont de forme arrondie. Ses yeux sont en amande, et leur couleur varie de l’ambre au vert. Le museau est rose avec un contour noir.

L’habitat du chat de Geoffroy

Un chat de Geoffroy dans son habitat naturel

Le chat de Geoffroy est uniquement présent en Amérique du Sud. Il est capable de s’adapter à des climats variés, puisqu’on le rencontre notamment au Brésil, au Paraguay, en Uruguay, en Bolivie, au Chili et en Argentine.

 

Très bon nageur, il peut résider aussi bien dans une forêt dense qu’au bord d’une rivière. Bien que son espace de prédilection soit la forêt dense plutôt que les espaces ouverts et non arborés, il est également possible de le rencontrer dans les forêts claires, les savanes et les prairies.

L'alimentation du chat de Geoffroy

Un chat de Geoffroy posé sur une pierre

Comme bon nombre de félins, le chat de Geoffroy est un prédateur qui chasse essentiellement la nuit ou dans la semi-obscurité (à l’aube ou au crépuscule), et de manière solitaire. Sa fourrure tachetée et foncée lui permet de se camoufler parfaitement dans la pénombre.

 

Son régime alimentaire se compose essentiellement de rongeurs, mais aussi d’oiseaux, de lièvres, de petits reptiles, de cobayes sauvages et autres petits mammifères. Excellent nageur, il peut également pêcher des poissons ou des petits amphibiens si son environnement lui en offre la possibilité.

 

Un chat de Geoffroy perché dans un arbre

Très agile, il se déplace avec aisance dans la végétation et dans les arbres afin de capturer ses proies. Il est capable de rester immobile pendant de longues minutes en observant ces dernières avant de bondir sur elles pour les attaquer.

 

Le chat de Geoffroy se nourrit une à deux fois par jour, en petite quantité, contrairement à la plupart des félins qui font généralement un gros repas avant de jeûner pendant quelques jours. Afin d’obtenir sa ration quotidienne, il parcourt son territoire chaque nuit. Celui-ci mesure de 2 à 6 km² pour les femelles,  et le double pour les mâles.

La reproduction du chat de Geoffroy

Un chat de Geffroy couché dans une cage

Si le chat de Geoffroy est un animal solitaire, il se montre en revanche plus sociable pendant la période de reproduction, qui a lieu de décembre à mai, soit à l’été et en automne.

 

Lorsque la femelle est en chaleur, elle émet des phéromones qui attirent ses potentiels partenaires mâles. Elle se montre agressive envers ses prétendants, mais sélectionne tout de même un d'entre eux pour l’accouplement, puis s’empresse de le chasser une fois l’acte terminé.

 

Elle met au monde un à quatre petits après 67 à 78 jours de gestation. Lorsque la mise bas approche, elle prépare son terrier, généralement entre deux rochers, qu’elle tapisse de végétaux.

 

Un chat de Geoffroy très jeune

Les petits sont aveugles à la naissance, et n’ouvrent leurs yeux qu’au bout de 8 à 12 jours. Leur croissance est ensuite rapide, et ils commencent à manger de la viande après 6 à 7 semaines. Ils deviennent totalement indépendants de leur mère vers 8 mois, âge à partir duquel ils partent en quête de leur propre territoire.

 

Le chat de Geoffroy atteint sa maturité sexuelle à 18 mois pour les mâles et 24 mois pour les femelles. Il peut ensuite espérer vivre jusqu'à environ 14 ans dans la nature et environ 20 ans en captivité, soit à peu près autant qu'un chat domestique.

Le chat de Geoffroy, une espèce menacée

Gros plan d'un chat de Geoffroy vu de profil

La dégradation de l’environnement et le recul des forêts constituent une menace pour le chat de Geoffroy, qui vit préférentiellement dans les forêts et les zones boisées.

 

De plus, la beauté de son pelage en fait malheureusement une proie idéale pour le commerce de fourrure. De fait, bien que ce dernier soit interdit depuis 1992 en Argentine, en Bolivie, au Brésil, au Chili, au Paraguay et en Uruguay, certains individus continuent d’être tués pour leur peau, que l’on retrouve alors dans le commerce illégal local.

 

Par ailleurs, il est parfois chassé et tué par les éleveurs de volailles, qui le voient comme une menace.

 

Enfin, il semble pouvoir être infesté par certaines maladies des chats, comme le typhus ou la PIF (péritonite infectieuse) : la proximité des Hommes et de leurs animaux de compagnie pourrait donc constituer une menace pour sa survie.

 

Tout cela concourt à ce que le chat de Geoffroy soit aujourd’hui une espèce protégée sur l’ensemble de son territoire de répartition. Il figure même dans la liste rouge de l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), avec le statut d’espèce « quasi menacée ».

Le Safari, une race de chat créée à partir du chat de Geoffroy

Un Safari couché sur un coussin jaune

De nombreux croisements entre des félins sauvages et des chats domestiques ont été réalisés afin de créer de nouvelles races. Le chat de Geoffroy n’échappe pas à la règle, et la race hybride dont il est à l’origine est le Safari.

 

Cette race possède quelques caractéristiques du chat domestique, comme une queue plus longue que celle du chat de Geoffroy. Elle conserve toutefois une bonne partie de l’apparence de son ancêtre - notamment sa fourrure tachetée.

 

Elle fut créée dans les années 70. Elle fut toutefois particulièrement difficile à développer en raison de problèmes de fertilité des mâles, mais aussi - voire surtout - de la durée de gestation différente entre les deux espèces. En effet, la gestation du chat domestique dure en moyenne 10 jours de moins que celle du chat de Geoffroy. Les chatons « hybrides » naissent donc prématurés, et la mère ne produit généralement pas assez de lait pour les nourrir.

 

En outre, les choses sont compliquées sur le plan génétique, car le chat de Geoffroy possède 36 chromosomes, contre 38 pour le chat domestique. Cette différence augmente considérablement le risque d'anomalies génétiques chez les petits, ce qui complique là aussi l'élevage. Au final, il n’y aurait dans le monde entier pas plus d’une centaine de spécimens de cette race, qui n’est pas reconnue par les différents organismes félins de référence.

Conclusion

Le chat de Geoffroy est une espèce relativement méconnue par le grand public, mais ce n’est pas sans raisons. En effet, il reste avant tout un chat sauvage : s’il peut supporter la présence de l’homme dans son environnement naturel voire être élevé en captivité, il est peu probable en revanche qu’il se laisse apprivoiser.

 

Malgré son statut d’espèce protégée, il continue d’être menacé par l’Homme, qui est dans divers lieux à l’origine de la dégradation voire destruction de son habitat naturel.

Par Justine U. - Dernière modification : 06/16/2023.