Hello Kitty : l’indémodable chatte sans bouche

Logo de Hello Kitty

Hello Kitty est un célèbre personnage de la pop culture japonaise, aujourd’hui connue dans le monde entier et dont on estime qu’elle a généré depuis ses débuts plus de 85 milliards de dollars de recettes. Beaucoup ignorent cependant que cette icône existe depuis les années 70 – soit un demi-siècle – et n’est à la base ni une héroïne de manga, ni un personnage de dessin animé, mais la création d’une entreprise spécialisée dans les accessoires vestimentaires.

Il faut dire qu’elle a su traverser les époques en se réinventant sans cesse. Icône de la mode, héroïne de dessins animés et même protagoniste de jeux vidéo, cette chatte touche-à-tout s’est imposée auprès des jeunes et des moins jeunes grâce à son design simple et fédérateur.

Pour autant, si tout le monde ou presque a entendu parler de la célèbre chatte sans bouche, son histoire est méconnue et la richesse de son univers reste largement sous-estimée.

Qui est donc ce personnage ? Comment a-t-il vu le jour, et à qui était-il alors destiné ? Quand et par quels supports s’est-il imposé dans le monde entier ? Comment expliquer sa popularité, et quelle est-elle de nos jours ?

La naissance d’une chatte pas comme les autres

Au premier coup d’œil, on pourrait croire que Hello Kitty est un personnage de dessin animé ou de manga. En réalité, c’est dans un tout autre domaine que la chatte sans bouche a fait ses débuts. Elle fut en effet créée par l’entreprise Sanrio, spécialisée dans les accessoires pour enfants, afin d’illustrer ses produits destinés aux jeunes filles.

Les débuts de Sanrio

Le logo de Sanrio, et plusieurs de ses personnages

Fondée en 1960, Sanrio se fit connaître en apposant sur ses produits des motifs colorés, notamment des fleurs. À cette époque, elle payait aussi des droits d’auteur à des maisons de production pour pouvoir utiliser leurs personnages les plus emblématiques sur ses accessoires.


Les choses changèrent par la suite. En effet, dans les années 70, Shintaro Tsuji, né en 1927 et fondateur de l’entreprise, décida alors de ne plus se reposer sur les créations des tiers et de développer ses propres personnages. L’objectif était simple : ne plus avoir à payer des droits d’auteur souvent très élevés, et ainsi faire baisser le coût de revient des produits.


D’un point de vue financier, cette décision avait beaucoup de sens. Néanmoins, créer des personnages capables de rivaliser avec des mascottes déjà bien implantées représentait un sacré défi.


Après avoir étudié le marché et constaté que les personnages les plus appréciés des enfants étaient en général des animaux (Snoopy et Winnie l’ourson étaient par exemple particulièrement en vogue dans le Japon des années 70), les dirigeants décidèrent que leurs propres créations devaient suivre ce modèle.

Les premières créations

Photo de Yuko Shimizu à la Japan Expo de 2010
Yuko Shimizu

Créé en 1973 par la designer Yuko Shimizu (née en 1946), Coro Chan fut le premier personnage original de Sanrio à voir le jour. Il s’agissait d’un petit ourson ressemblant davantage à une peluche qu’à un animal, et ayant comme particularité d’arborer deux croquettes sur les joues.


Les produits Coro Chan furent cependant loin de faire décoller les ventes. En effet, l’ours de Sanrio eut du mal à trouver sa place dans un marché très concurrentiel, dominé notamment par Winnie l’ourson et Paddington. Qui plus est, même si tout le monde s’accordait à dire que le personnage était mignon, il lui manquait vraisemblablement un petit quelque chose en plus pour vraiment se démarquer.


La même année, les designers de Sanrio créèrent également deux autres personnages : une lapine blanche nommée Bunny et une souris bleue baptisée Matty. Toutefois, le succès ne fut pas davantage au rendez-vous.

Elle s’appelle Kitty, Hello Kitty

Un porte-monnaie avec une illustration d'Hello Kitty
Le premier objet à l'effigie d'Hello Kitty

Un an plus tard, en 1974, la créatrice de Coro Chan proposa un nouveau personnage à son employeur : une petite chatte blanche sans bouche appelée Kitty, en hommage au petit félin avec lequel joue Alice dans De l’autre côté du miroir, l’oeuvre de Lewis Carroll (1832-1898) qui est la suite du roman Les Aventures d’Alice au pays des merveilles. Shintaro Tsuji trouva le personnage « correct, mais sans plus ». Faute de mieux, il décida néanmoins de l’utiliser.


Kitty fit sa première apparition en 1975 sur un petit porte-monnaie où elle était représentée assise par terre, à côté d’une bouteille de lait et d’un aquarium contenant un poisson rouge. Avant de valider le design, Shintaro Tsuji demanda à son équipe d’ajouter le mot « Hello » au dessin. Il voulait en effet que le personnage reflète davantage les valeurs de sociabilité et de communication, situées au cœur de la stratégie commerciale de la marque. C’était aussi un moyen de surfer sur la popularité des mots anglais ainsi que sur celle de la culture britannique, alors très en vogue au Japon. Le mot fut alors peint en rouge au-dessus du personnage, et la production du porte-monnaie lancée. « Hello Kitty » était née.


Les ventes s’avérant plus importantes que prévu, Sanrio se mit à produire d’autres d’accessoires mettant en scène Hello Kitty dans diverses poses et portant toutes sortes de vêtements. Le succès fut là aussi au rendez-vous, confirmant la popularité du petit personnage inventé par Yuko Shimizu.


Toutefois, afin de diversifier son offre, l’entreprise continua à inventer de nouveaux personnages et ne se reposa jamais entièrement sur la notoriété de la chatte sans bouche. Une stratégie qu’elle poursuit encore aujourd’hui avec succès, comme le démontre par exemple la popularité de deux de ses personnages les plus récents : Cinnamoroll, un chiot blanc mâle qui peut voler grâce à ses longues oreilles et vit dans un café tenu par une jeune femme du nom d’Anna, et le panda roux femelle Retsuko, une employée de bureau lambda qui adore chanter du heavy metal au karaoké.


Le premier fut introduit par Sanrio en 2002 comme simple mascotte, mais devint dès 2005 le second personnage le plus populaire de la marque derrière Hello Kitty. Quant à la seconde, elle apparut pour la première fois en 2016 dans l’anime Aggretsuko, dont elle est la vedette. La diffusion de celui-ci se poursuivit jusqu’en 2023 sur la chaine TBS au Japon et sur le service de vidéo à la demande Netflix dans le reste du monde.

Les raisons du succès

Hier comme aujourd’hui, le succès d’Hello Kitty aurait de quoi laisser perplexe. Après tout, la petite chatte n’a rien de très original, si ce n’est le fait qu’elle n’a pas de bouche.


Pour Kirsten Anderson, l’autrice du livre What is the story of Hello Kitty?, le design seul ne peut expliquer le succès du personnage imaginé par Yuko Shimizu. Selon elle, si Hello Kitty est devenue un phénomène de société, c’est avant tout une question de timing.


La chatte sans bouche est en effet apparue à un moment où les petits personnages très ronds étaient particulièrement appréciés des écolières japonaises, et où les habitants de l’archipel commençaient à disposer de suffisamment de moyens pour s’offrir des produits décoratifs.

La culture kawaii

Des jeunes filles japonaises interviewées à la télévision dans la rue Takeshita à Harajuku (Tokyo)

Au début des années 70, les écolières japonaises se plaisaient à dessiner des personnages très ronds qu’elles décoraient avec des fleurs et des cœurs. Elles inventèrent alors un style appelé aujourd’hui « Chibi » ou « S.D. » (abréviation de « Super Deformed ») qui consiste à exagérer les proportions de la tête d’un personnage par rapport à son corps et à minimiser les détails. Dans la culture japonaise, ces personnages sont considérés comme « kawaii », c’est-à-dire mignons.


Le design d’Hello Kitty fut largement inspiré par ce style de dessins : sa tête est très ronde, exagérément basse par rapport au reste de son corps, et plus large que celui-ci. Ses bras et ses jambes sont minuscules, tandis que son visage est si peu détaillé qu’elle n’a même pas de bouche. Elle dégage ainsi une impression d’innocence et de fragilité qui fait penser à un bébé animal.


À l’époque, rares étaient cependant les marques à créer des personnages de la sorte. Hello Kitty fut donc en mesure de s’imposer comme l’une des premières ambassadrices de ce style.

Une économie favorable

Deux filles en pyjama et avec des jouets Hello Kitty lors d'une séance photo

Toujours selon Kirsten Anderson, Hello Kitty profita également du climat économique avantageux du Japon des années 70. Ce qu’il est convenu d’appeler le « miracle économique » japonais, c’est-à-dire la période de forte expansion économique que connut le pays du début des années 60 jusqu’à la fin des années 80, permit à la population de s’offrir des produits autres que des biens de première nécessité. En outre, les enfants étaient davantage en mesure de recevoir un peu d’argent de poche.


Cette situation économique favorable contribua à booster les ventes de Sanrio, qui se spécialisait alors dans les produits bon marché destinés à la jeunesse. De fait, la marque Hello Kitty se diffusa alors largement auprès des classes populaires.

L’écosystème Hello Kitty

Les couvertures de trois numéros du magazine « Strawberry News »

Hello Kitty n’étant pas une héroïne de dessin animé ou de manga, Sanrio décida dès la commercialisation des premiers produits à son effigie de créer un magazine autour d’elle et de ses autres personnages. L’objectif était de se servir de cette publication pour développer un contexte narratif autour de ses créations, afin de fidéliser sa jeune clientèle.


Dès 1975, la société lança donc Strawberry News, un mensuel contenant des articles dédiés aux différents héros de son univers, des publicités pour faire découvrir aux fans de nouveaux produits, des concours permettant d’en gagner et parfois même de courtes bandes dessinées.


Les jeunes lecteurs furent également invités à écrire au magazine et à lui envoyer leurs dessins, dans l’espoir que ceux-ci soient publiés au sein d’une rubrique dédiée. Strawberry News rencontra un franc succès, et continue de paraître tous les mois.

Hello Kitty à la conquête du monde

Hello Kitty aurait pu n’être qu’un simple phénomène de mode, et disparaître quelque temps après être apparue. Ce n’est pas ce qui se produisit, au contraire : tout au long des années et décennies qui suivirent, Sanrio sut renforcer la présence de sa mascotte en la déclinant sur de nouveaux supports et en signant des partenariats prestigieux, au point d’en faire l’un des personnages les plus emblématiques de la culture japonaise.

Une nouvelle maman pour Hello Kitty

Yuko Yamaguchi portant dans les mains une peluche et une figurine d'un personnage de Sanrio
Yuko Yamaguchi

Dès 1976, c’est-à-dire l’année suivant son lancement, Hello Kitty s’exporta à l’international. Pour ses débuts à l’étranger, Sanrio jeta son dévolu sur les États-Unis et plus précisément sur la ville californienne de San Jose, où la société venait d’ouvrir une boutique.

 

Toujours en 1976, Yuko Shimizu, la créatrice du personnage, décida qu’il était temps pour elle de faire une pause dans sa carrière pour se consacrer à sa famille. Elle quitta Sanrio et le personnage fut confié à son assistante, Setsuko Yonekubo. La transition se fit sans heurt, notamment du fait que cette dernière décida de ne pas s’écarter d’un iota du style de son mentor.


Toutefois, cela eut sans doute pour conséquence de lasser les fans : à partir de 1979, les ventes des produits Hello Kitty s’essoufflèrent. Le public de la première heure avait grandi, et Sanrio peinait à conquérir de nouveaux fans en raison du design vieillissant de sa mascotte. Cette dernière voyait même ses ventes dépassées par deux autres personnages de l’entreprise : les jumeaux Kiki et Lala, aussi appelés les Little Twin Stars, deux enfants extraterrestres. Pour couronner le tout, Setsuko Yonekubo décida en 1980 qu’il était temps pour elle aussi de se consacrer à d’autres projets.


Sanrio dut donc lui trouver une remplaçante, et pour ce faire Shintaro Tsuji décida de lancer un concours de dessin en interne. Il fut remporté par Yujo Yamaguchi (née en 1955), une jeune designeuse fraichement débarquée dans l’entreprise, grâce à un dessin de Kitty en train de jouer du piano.


Sous la direction de Yujo Yamaguchi, le personnage fit sa mue et se modernisa – notamment parce que sa nouvelle « maman » commença par prendre du recul en analysant les forces et les faiblesses de la célèbre chatte sans bouche. Pour y parvenir, elle discuta avec les fans et les employés des boutiques vendant les produits de la marque, afin de mieux comprendre les attentes du public et ce qui plaisait vraiment aux jeunes chez Kitty. Elle découvrit alors que le principal reproche du public était la banalité du style vestimentaire de cette dernière, et décida de s’atteler à ce problème. Elle avoua d’ailleurs par la suite qu’elle n’était pas à l’origine une grande fan du personnage créé par Yuko Shimizu, et que c’était cette distance vis-à-vis de lui qui lui avait permis de poser un regard objectif dessus afin d’apporter les changements nécessaires pour qu’il perdure.

Hello Kitty, la chatte d’affaires

Magasin Sanrio à New York (États-Unis)

En 2000, bien décidée à renforcer l’aura internationale de son personnage, Yujo Yamaguchi se rendit aux États-Unis pour étudier le marché occidental. Au cours de ce voyage, elle rencontra le cartooniste et fashion-designer américain Paul Frank (né en 1967), papa de Julius le singe, un personnage qu’il utilise dans ses créations. Ensemble, les deux créatifs travaillèrent sur la Paul Frank’s Hello Kitty Collection, une gamme d’accessoires et de vêtements réunissant leurs deux personnages.


La cible des produits estampillés aux couleurs de ces derniers étant plus ou moins la même, cette collaboration semble aujourd’hui couler de source. Pourtant, elle constituait à l’époque pour Sanrio un défi de taille. En effet, la marque Paul Frank était spécialisée dans la production de vêtements de qualité vendus à un prix relativement élevé, tandis que les produits Hello Kitty étaient généralement considérés comme bon marché. Cette collaboration était donc une occasion pour Sanrio de voir si son personnage fétiche pouvait monter en gamme et s’imposer auprès d’une clientèle plus exigeante.


Le pari fut réussi, puisque la collaboration avec Paul Frank fut un succès. Ce dernier incita l’entreprise à revoir sa stratégie commerciale et à multiplier dès lors les partenariats avec des marques de vêtements appréciées du grand public comme Vans, Doc Martens ou encore The Hundreds. Hello Kitty commença également à s’associer à des entreprises éloignées de la mode, comme le réseau social Snapchat ou la compagnie aérienne taïwanaise EVA air.


En 2014, dans une interview pour le site Tokyo Otaku Mode News, Yujo Yamaguchi en vint ainsi à déclarer au sujet de son personnage : « dans les années 80, c’était mon amie, dans les années 90, c’était mon alter ego, et depuis les années 2000, c’est ma partenaire commerciale ». Une chose est sûre : après un demi-siècle de carrière, Hello Kitty ne semble pas près de raccrocher. Au contraire, compte tenu du grand nombre de marques cherchant encore à s’associer à son image, nul doute qu’elle a encore un bel avenir devant elle…

Un symbole pour les enfants

Lancement du #HelloGlobalGoals avec Hello Kitty

Grâce à Yujo Yamaguchi, Hello Kitty passa du statut de simple mascotte commerciale à celui de véritable icône. D'ailleurs, son image fut utilisée pour sensibiliser la jeunesse à diverses causes.

 

Ce fut le cas dès 1983, lorsque le bureau américain de l’UNICEF décida d’en faire son « ambassadrice », c’est-à-dire sa mascotte. Le bureau japonais de l’organisation en fit de même en 1994.

 

En 2008, elle devint également ambassadrice officielle du tourisme japonais en Chine. Le but était d’inciter ses fans chinois à venir visiter le pays du Soleil levant.

 

En 2019, elle servit aussi de mascotte au projet de développement durable #HelloGlobalGoals dirigé par les Nations Unies et visant à informer les plus jeunes sur les risques liés au changement climatique.

La vie et l’entourage d’Hello Kitty

Pour fédérer leur public, les dirigeants de Sanrio comprennent très vite qu’ils ne peuvent compter uniquement sur le design de leur personnage. La marque doit donner à sa mascotte une histoire, une personnalité et des valeurs qui parlent au grand public.

Mais qui est Kitty White ?

Illustration d'Hello Kitty tenant une rose dans la main au milieu des nuages

Selon sa biographie officielle, le véritable nom d’Hello Kitty est Kitty White. Son âge est inconnu, mais on sait que c’est une enfant et qu’elle est née le 1er novembre dans la banlieue de Londres, où elle réside avec ses parents et sa sœur jumelle Mimmy.


À l’école, ses matières préférées sont l’anglais, la musique et l’art. Elle mesure « 5 pommes » de haut et pèse « 3 pommes ». Elle aime préparer des biscuits et des crêpes, confectionner des origamis, jouer du piano, collectionner les objets qu’elle trouve mignons et manger les tartes aux pommes de sa mère. Elle pratique aussi le tennis. Enfin, sa couleur préférée est le rouge, ce qui explique sa tenue.

Kitty White, ou Super Kitty ?

Page du manga « Power the Kitty!. ichigoman »

Lorsqu’elle n’est pas à l’école ou chez elle en train de faire des gâteaux avec sa mère, Hello Kitty protège les rues de sa ville natale contre les forces du mal.


C’est du moins le cas à partir de 2011, lorsque Sanrio décide de faire de sa mascotte une superhéroïne. Selon la biographie officielle du personnage, Kitty tombe un jour à la bibliothèque sur un livre étrange, contenant un smartphone en forme de fraise. En brandissant cet appareil au-dessus de sa tête, elle peut se transformer en Ichigoman, une superhéroïne qui porte des bottes et des gants rouges et est affublée en guise de chapeau de deux fraises magiques capables de lancer des éclairs.


Ce personnage apparaît pour la première fois en 2011 dans le court-métrage d’animation Power the Kitty! et fait l’objet en 2019 d’un manga baptisé Power the Kitty: Ichigoman, écrit et dessiné par Toshiki Inoue.

La famille White

La famille d'Hello Kitty affichée sur le mur du métro en Corée du Sud

Éternelle enfant, Kitty White vit avec ses parents et sa sœur jumelle.

 

George White, dit « papa », est employé dans une entreprise d’import-export et fait son apparition en 1976. D’après sa biographie officielle, il aime fumer la pipe et a un grand sens de l’humour. Il porte généralement une chemise blanche, un pantalon bleu, une cravate verte et des lunettes.

 

Apparaissant elle aussi en 1976, sa mère Mary est quant à elle femme au foyer. Elle aime cuisiner, préparer des gâteaux et coudre. Elle recoud d’ailleurs les vêtements de ses amis et du voisinage contre une petite rémunération. Elle porte généralement un tablier et un bonnet arborant le même nœud rouge que sa fille.

 

Créée pour sa part la même année qu'Hello Kitty elle-même, c’est-à-dire en 1974, sa sœur jumelle Mimmy White lui ressemble bien sûr comme deux gouttes d’eau, mais elle n’a ni la même personnalité ni les mêmes goûts. C’est quelqu’un de calme et de timide, qui s’intéresse principalement à la couture et aux tâches ménagères. Son rêve est de se marier. Elle porte généralement les mêmes vêtements que sa sœur, mais dans une autre couleur. Son ruban est par exemple identique à celui de Kitty, sauf qu’il est jaune.

 

Enfin, Kitty a aussi des grands-parents. Margaret, sa grand-mère, est maître boulangère et aime la broderie. Elle porte généralement un tablier blanc sur une robe jaune et un bonnet rouge. Anthony, son grand-père, est censé être le membre le plus « cool » de la famille White. D’un tempérament artistique, il peint des tableaux décrits comme « joyeux et colorés ». Il porte en général une veste marron, une chemise jaune et un béret bleu.

Les amis d’Hello Kitty

Illustration d'Hello Kitty avec sa famille et ses amies

Kitty est une jeune fille populaire : elle a de nombreux amis. Tout comme elle, il s'agit d'animaux anthropomorphiques qui pour la plupart n’ont pas de bouche. D'après le narratif officiel, ses principales fréquentations sont :

  • Daniel Starr, également connu sous le nom de Dear Daniel, un chat blanc qui porte la même salopette que Kitty, mais de couleur bleue. Il est à la fois son ami d’enfance et son petit ami. Apparaissant pour la première fois en 1999, c’est un personnage sensible, qui aime danser et soigner son look. Le travail de photographe de son père l’ayant conduit aux quatre coins du monde, Daniel a vécu un peu partout, notamment en Afrique du Sud et aux États-Unis. Il rêve de marcher sur les traces de son géniteur en devenant lui aussi photographe ;

  • Fifi, une agnelle qui est le membre le plus énergique du groupe d’amis de Kitty. Elle est montée sur ressort et adore organiser des évènements ainsi que des voyages. C’est également un vrai moulin à parole. Elle fait ses débuts en 1992 dans le dessin animé Hello Kitty raconte ;

  • Jody, un chiot mâle de couleur marron qui aime lire ainsi qu’étudier, et qui rêve de devenir chercheur. C’est le personnage « geek » de l’univers Sanrio ;

  • Joey, une souris bleue mâle athlétique qui aime particulièrement la course à pied. Intelligent et charmant, Joey est un des compagnons de classe de Kitty les plus populaires ;

  • Rory, un écureuil qui vit dans la forêt et qui enseigne les secrets de la nature à Kitty, après l’avoir rencontrée alors qu’elle cueillait des fleurs ;

  • Tim et Tammy, deux petits singes qui ne pensent qu’à s’amuser et à faire rire les autres ;

  • Tippy et Thomas, qui sont deux petits oursons. Le premier est très loyal envers ses amis et est secrètement amoureux de Kitty, tandis que le second déborde d’énergie et adore faire du patin à roulettes. Ils sont tous les deux marron, mais Thomas a un visage plus rond et deux joues rouges. Il fait ses débuts en 1992 dans le dessin animé Hello Kitty raconte ;

  • Tiny Chum, un autre ours créé quelques années avant Tippy et Thomas (1984), mais qui contrairement à ces derniers est simplement en peluche. Cette particularité explique peut-être pourquoi c’est l’un des rares personnages ayant une bouche. Kitty le voit un petit peu comme son petit frère ;

  • Tracy, une femelle raton laveur connue pour son grand sens de l’humour. C’est un peu le clown de la classe, si bien qu’elle est appréciée de tous les élèves. Elle apparaît pour la première fois en 1992, dans le dessin animé Hello Kitty raconte ;

Les animaux de compagnie d’Hello Kitty

Hello Kitty promenant son chien Sugar

Hello Kitty possède deux animaux de compagnie : un hamster nommé Sugar qui lui a été offert par Daniel, et un chat Persan blanc baptisé Charmmy Kitty qui a la même tête qu’elle, mais marche à quatre pattes.


Ni l’un ni l’autre ne sont des animaux anthropomorphiques, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas doués de parole et qu’ils ne portent pas de vêtements. Pourtant, Sugar est l’un des rares personnages Sanrio à être doté d’une bouche - à l’instar de l’ours en peluche Tiny Chum.


Il commença à apparaître aux côtés de Kitty White au début des années 2000, tandis que Charmmy pour sa part fut créé au cours de la décennie précédente.

Hello Kitty est -elle une chatte ou un enfant ?

Hello Kitty portant un sac de courses bleu

On pourrait s’étonner de voir un chat (Kitty) en posséder un autre (Charmmy Kitty, son petit félin de compagnie). Toutefois, selon le narratif officiel de Sanrio, Kitty White n’est pas vraiment un chat.

 

D’ailleurs, lorsqu’en 2019 elle devint la mascotte officielle du projet de développement durable des Nations Unies intitulé #HelloGlobalGoals, un représentant de l’entreprise la décrivit en ces termes : « Hello Kitty n'est pas un chat. C'est une petite fille. C'est une amie. Mais ce n'est pas un chat. Elle n'apparaît jamais marchant à quatre pattes. Elle marche et s'assied comme une créature à deux pattes ».


À ce jour, ces propos ne semblent guère avoir convaincu le grand public, qui reste globalement persuadé que Kitty White est bel et bien un chat.

La déclinaison d’Hello Kitty dans différents univers

À partir des années 80, Sanrio décide de décliner sa mascotte en dessin animé. Pour cela, elle s’appuie sur son propre studio de cinéma Sanrio Films, créé en 1977, et collabore avec la société de production de séries d’animations DIC Entertainment Corporation.

 

L’expérience est un succès et encourage l’entreprise à transformer Hello Kitty en véritable franchise déclinée sur tous types de supports.

 

C’est ainsi que depuis, la chatte sans bouche est sur tous les fronts : dessins animés, livres, jeux vidéo, clips musicaux... Rien ne semble pouvoir lui résister. Elle inspire même certains artistes, à l’image par exemple du sculpteur américain Tom Sachs (né en 1966), qui en 2021 réalise une œuvre temporaire à son effigie à l’occasion de la Berlin Art Week.

 

Néanmoins, tous les projets ne riment pas avec qualité – quand bien même Sanrio est directement impliquée, ce qui est souvent le cas.

Les dessins animés Hello Kitty

Hello Kitty debout à côté de Daniel Starr, qui est assis à une table

Il est parfois difficile de s’y retrouver dans les nombreuses adaptations d’Hello Kitty en dessin animé. Et pour cause : certains projets ne sont destinés qu’à des marchés spécifiques (par exemple le Japon et la Corée du Sud), tandis que d’autres ne sont parfois jamais diffusés à la télévision et sortent directement en vidéo. Il n’est pas rare non plus qu’un dessin animé change de nom lors de son lancement à l’international, voire qu’un distributeur mélange des épisodes de plusieurs séries pour les diffuser ensemble.


En tout cas, force est de constater qu’au fil du temps – et tout particulièrement à partir des années 90 -, la mascotte de Sanrio s’impose comme un personnage de dessin animé incontournable et qui incarne parfaitement les valeurs d’amitié, de partage et d’entraide chères à la franchise.


C’est notamment lié au fait que les créateurs de dessins animés la mettant en scène parviennent à évoluer et se réinventer au fil des décennies, notamment en adoptant des techniques d’animation de plus en plus modernes. Ainsi, les nouvelles créations continuent à rester attirantes pour le très jeune public auquel elles se destinent en majorité.


Voici un tour d’horizon des dessins animés les plus marquants de la longue carrière de Kitty White dans le monde de l’animation…

Hello Kitty’s Furry Tale Theater (1987)

Affiche du dessin animé « Hello Kitty’s Furry Tale Theater »

Hello Kitty fait ses débuts à la télévision avec la série d’animation américano-japonaise Hello Kitty’s Furry Tale Theater. Produite par la société américaine Dic Enterprises et réalisée par le prestigieux studio japonais Toei Animation, cette série en 13 épisodes de 22 minutes est diffusée au Japon et aux États-Unis en 1987, puis en France en 1989.


Comme le jeu de mots dans le titre le laisse présager (« Furry Tale », ou « conte poilu », est une déformation de « Fairy Tale », qui signifie « conte de fée »), les différents épisodes de la série sont autant de parodies de célèbres contes pour enfants ainsi que de classiques du cinéma et de la littérature, avec à chaque fois les personnages d’Hello Kitty en vedette.


Chaque épisode s’ouvre sur une séquence dans un théâtre où Kitty White et ses amis s’apprêtent à se produire sur scène. La chatte sans bouche annonce alors le nom de la pièce du jour, puis le rideau se lève, la caméra s’avance et la scène du théâtre disparait, laissant place à l’univers de l’histoire en question.  


De nombreuses séries d’animation populaires parodient aujourd’hui de célèbres films et romans, mais Hello Kitty’s Furry Tale Theater fut l’un des premiers dessins animés à s’essayer à un tel exercice.

 

Hello Kitty raconte ou Le Petit théâtre d’Hello Kitty (1993-1994)

Affiche du dessin animé « Hello Kitty raconte »

À partir de 1993, Sanrio se lance dans la production d’une nouvelle série Hello Kitty reprenant le concept de Hello Kitty’s Furry Tale Theater. Produits entre 1993 et 1994, les 13 épisodes de Hello Kitty Raconte (Sanrio Sekai Meisaku Eigakan en version originale) sont des OAV, c’est-à-dire des dessins animés destinés directement au marché de la vidéo. Ils la mettent en scène dans divers contes et classiques de la littérature comme Cendrillon, Alice aux Pays des merveilles ou encore Blanche-Neige. En revanche, contrairement à Hello Kitty’s Furry Tale Theater, chaque épisode n’est pas précédé par une petite introduction prenant place dans un théâtre.


Sur le marché francophone, la série est connue à la fois sous le nom Hello Kitty Raconte et sous le titre alternatif Le Petit théâtre d’Hello Kitty. Elle est toutefois souvent confondue avec de nombreux autres dessins animés eux aussi produits directement pour le marché de la vidéo et qui racontent le quotidien de Kitty ainsi que de sa famille.  


Pour ne rien arranger à cette confusion, elle est vendue accompagnée de ces autres dessins animés dans une collection de DVD intitulée Hello Kitty : le monde de l’animation (2008) en français et Hello Kitty & Friends (2004) en anglais.

Le Paradis d’Hello Kitty (1994 – 1998)

Image du dessin animé « Le Paradis d’Hello Kitty »

Sanrio produit de 1994 à 1998 une série intitulée Le Paradis d’Hello Kitty (Kitizu paradaisu en version originale), qui mélange leçons de vie pour les tout petits et histoires fantastiques. En effet, chaque épisode est découpé en deux parties bien distinctes.


La première invite les jeunes spectateurs à suivre Kitty et sa sœur Mimmy dans leur quotidien : on peut par exemple y voir les deux chatonnes aller faire des courses au supermarché pour la première fois, ou planter des fleurs dans le jardin avec leur mère. La seconde partie est plus originale : elle se déroule dans la tête des deux sœurs, qui s’imaginent vivre des aventures romanesques dans un pays imaginaire.


La série est remaniée pour son exploitation à l’international. Dans sa version française, elle contient ainsi un total de 16 épisodes en deux parties diffusés en 2001 en France sur la chaîne Fox Kids, puis édités en DVD en 2004.

 

Hello Kitty : la Forêt des Pommes (2006-2008)

Image du dessin animé « Hello Kitty : la Forêt des Pommes »

Créé entre 2006 et 2008 par Sanrio Films et Asahi Production, l’anime Hello Kitty : la forêt des pommes (Hello Kitty : Ringo no Mori no Fantasy en japonais) plonge Kitty et Mimmy dans un univers de fantasy : la forêt des pommes. Les jumelles s’y lancent en quête d’une pomme d’or censée pouvoir réveiller la reine du royaume, qui est tombée dans un sommeil sans fin. Pour les aider dans leur aventure, elles peuvent compter sur des pouvoirs magiques nouvellement acquis, comme la possibilité de se téléporter.


Cette série s’éloigne beaucoup des précédents dessins animés mettant en scène Kitty, et cherche à réinventer les personnages qui entourent cette dernière. Néanmoins, elle est aussi la première à reprendre le design d’origine de l’héroïne, ainsi que celui de sa sœur. Aucune des deux n’a donc de bouche, si bien que l’on ignore comment elles sont capables de parler.


La Forêt des Pommes se décline au total sur 53 épisodes, répartis sur trois saisons. Chacun ne dure toutefois que 8 minutes, du fait notamment que la cible est un public très jeune. En France, il est diffusé sur TilJi, puis édité en DVD en 2009.

Hello Kitty Le village des petits bouts (2005)

Logo du dessin animé « Hello Kitty Le village des petits bouts »

Co-production coréo-japonaise datant de 2005, le dessin animé Hello Kitty Le village des petits bouts (Hello Kitty Stump Village en version originale) est l’une des réalisations les plus originales dédiées aux personnages de Sanrio, puisqu’il s’agit d’une série en stop-motion. Les personnages y sont faits avec de la pâte à modeler et manipulés à la main, image par image, pour donner une illusion de mouvement.


Comme son nom original le laisse penser (« stump village » signifie en français « village de souches »), elle transpose les personnages de l’univers Hello Kitty dans un village où les maisons sont bâties dans des souches d’arbres. Il n’y a en outre aucun véritable enjeu narratif, puisqu’elle se contente de raconter le quotidien des habitants dans des épisodes d’une dizaine de minutes dépourvus de tout dialogue. À la place, c’est la voix off qui se charge de raconter aux plus jeunes le déroulement de la journée de Kitty et de ses amis.


La série compte un total de 26 épisodes. Elle n’est pas diffusée à la télévision dans le monde francophone, mais en 2008 Dybex met en vente un DVD en français regroupant l’ensemble d’entre eux.

Les Aventures d’Hello Kitty et ses amis (2008)

Logo du dessin animé « Les Aventures d’Hello Kitty et ses amis »

En 2008, Hello Kitty entre dans une nouvelle ère, avec un tout premier dessin animé qui la représente en 3D. Co-production hongkongaise, japonaise et américaine, Les Aventures d’Hello Kitty et ses amis (The Adventures of Hello Kitty & Friends en version originale) se décompose en 52 épisodes durant chacun 13 minutes et ayant une vocation pédagogique. En effet, ils utilisent les personnages de l’univers de Sanrio pour apprendre aux enfants à compter, à dessiner, à colorier et même à prononcer quelques mots de chinois ou de japonais.


Originale sur la forme, elle n’apporte en revanche rien de bien nouveau sur le fond : il s’agit simplement d’une réactualisation des nombreux programmes éducatifs basés sur la licence Hello Kitty régulièrement produits par Sanrio depuis les années 80. Par ailleurs, en dépit du passage à la 3D, le design des personnages ne change pas d’un iota, et Kitty perd une fois de plus sa bouche.


En France, la série est diffusée à partir de 2012 sur la chaîne France 5.

Gundam vs Hello Kitty (2019)

Image du dessin animé « Gundam vs Hello Kitty »

En 2019, à l’occasion du 45ème anniversaire d’Hello Kitty ainsi que du 40ème anniversaire de sa célèbre franchise de science-fiction (devenue un classique de l’animation japonaise) Mobile Suit Gundam, le studio d’animation Sunrise a la drôle d’idée de produire un crossover entre l’univers kawaii de la première et les méchas gigantesques du second.


Le résultat s’intitule Gundam Vs Hello Kitty (Gandamu vs Harōkiti en japonais). Il s’agit d’un anime parodique en trois épisodes diffusés exclusivement sur YouTube, dans lequel Kitty se téléporte dans l’espace pour tenter de mettre fin à un combat entre un Gundam et un mécha ennemi, car elle est convaincue que seuls l’amour et l’amitié peuvent amener la paix.


Cette courte série hilarante illustre bien combien Sanrio se lance parfois dans des collaborations improbables, et à quel point Hello Kitty reste malgré son grand âge un personnage incontournable de la culture pop japonaise.

Hello Kitty: Super Style! (2022-2023)

Logo du dessin animé « Hello Kitty: Super Style! »

Nouvelle incursion dans le monde de la 3D coproduite par les studios Watch Next Media et Monello Productions Maga Animation, Hello Kitty: Super Style! est une série en 52 épisodes diffusée en 2022 et 2023 sur la plateforme de VOD Amazon Kids+. Tout en continuant de mettre en avant des valeurs d’amitié, de partage et d’entraide chères à la franchise, elle s’adresse à un public légèrement plus âgé que d’habitude (de 5 à 8 ans).

 

Super Style! permet à la mascotte de Sanrio de revenir à ses premiers amours, la mode, notamment à travers de nouvelles tenues qui la transforment en icône de la mode. Elle introduit en outre de tout nouveaux personnages, comme la chatte Frido ou le dinosaure DB.

Les jeux vidéo Hello Kitty

Image du jeu vidéo « Hello Kitty: Roller Rescue »

En plus des dessins animés, Sanrio ne tarde pas à s’intéresser au potentiel commercial des jeux vidéo. L’entreprise crée même deux studios de développement : Character Soft dans les années 90, et Sanrio Digital dans les années 2000. Le premier est impliqué dans le développement et l’édition de plusieurs titres destinés aux consoles, tandis que le second travaille d’abord dans le développement du MMORPG Hello Kitty Online sorti en 2008, avant de se focaliser sur les jeux mobiles.

 

Un premier jeu mettant en scène Hello Kitty parait dès 1992 sur la NES, la première console de Nintendo. Character Soft ne s’occupe pas du développement de ce premier titre, mais il prend en charge sa distribution.

 

Une vingtaine d’autres suivent, avec en général une réalisation pas toujours très convaincante – du moins pour un joueur régulier. Il faut dire que le budget consacré à ces productions vidéoludiques reste souvent limité, ce qui a forcément un impact sur la qualité. Du reste, elles sont toutes destinées à un public jeune et perçu comme plus indulgent.

 

Cela dit, quand bien même ils coûtent peu cher à produire, on peut s’interroger sur la rentabilité de ces titres. D'ailleurs, à partir des années 2010, Sanrio prend ses distances avec le jeu vidéo traditionnel. Sorti sur Nintendo Switch en 2014, le jeu de karting Hello Kitty Kruisers est le dernier titre console qu’elle produit : par la suite, elle se concentre exclusivement sur la réalisation de jeux mobiles. Il faut dire que le secteur est porteur, notamment au Japon, et que les coups de développement d’un titre sur ce support sont moins élevés que ceux d’un jeu sur console.

 

En revanche, Kitty White multiplie les apparitions en guest-star dans d’autres licences de jeux consoles - parfois à gros budget, pour le coup. On la retrouve par exemple en 2015 dans Super Mario Maker, sur Wii U et Nintendo 3DS, et en 2021 dans Super Monkey Ball: Banana Mania, paru sur PC, PlayStation 4 et 5, Nintendo Switch, ainsi que Xbox One et Series.

 

En outre, Nintendo, Sega et Microsoft collaborent à plusieurs reprises avec Sanrio pour sortir des éditions spéciales de certaines de leurs consoles aux couleurs d'Hello Kitty. Les fans se voient ainsi proposer notamment d’acquérir une GameBoy Pocket, une Dreamcast ou encore une Xbox à l’effigie de la chatte sans bouche. Toutefois, ces versions collector sont à chaque fois disponibles en nombre limité, et seulement sur le marché japonais.

 

Il faut dire qu’en dehors du pays du Soleil Levant, Hello Kitty n’est pas forcément un personnage qu’on associe tout de suite aux jeux vidéo. D’ailleurs, les premiers titres la mettant en scène ne sortent qu’au Japon.

 

Voici un passage en revue des jeux vidéo Hello Kitty les plus marquants, tant sur consoles que sur PC.

Hello Kitty no Hanabatake (1992)

Image du jeu vidéo « Hello Kitty no Hanabatake »

Sortant en 1992 sur la NES de Nintendo, Hello Kitty no Hanabatake (« Le magasin de fleurs d’Hello Kitty », en français) est la première déclinaison en jeux vidéo de la franchise Hello Kitty. Dans ce titre développé par le studio japonais Shimada Kikaku et publié par Character Soft (une filiale de Sanrio), la célèbre chatte sans bouche tient un magasin de fleurs.


Aux commandes de cette dernière, le joueur doit tout au long des 18 niveaux que compte le titre arroser les différents pots de fleurs présents, en évitant d’entrer en collision avec les objets dangereux et les animaux qui se dressent sur son chemin.


Le soft respecte l’atmosphère bon enfant de la licence, mais s’autorise quelques libertés. Par exemple, alors que Kitty est en principe un personnage non violent, elle est ici armée d’un maillet avec lequel elle peut frapper les animaux qui lui font obstacle. Par ailleurs, les points récoltés en arrosant des plantes et en éliminant des ennemis sont transformés en argent et le but est d’en gagner le plus possible, ce qui peut prêter à sourire quand on connaît les valeurs habituellement prônées par la chatte sans bouche.


Paru seulement au Japon, Hello Kitty no Hanabatake est un jeu de plateformes très banal qui ne marque pas vraiment les esprits, mais qui convainc Sanrio du potentiel vidéoludique de son personnage.

Hello Kitty World (1992)

Image du jeu vidéo « Hello Kitty World »

En 1990, Nintendo sort en Occident un jeu de plateforme sur GameBoy intitulé Balloon Kid, dans lequel le joueur doit utiliser des ballons pour voler et éviter les nombreux pièges qui lui barrent la route. À première vue, cette suite du jeu Balloon Fight, paru en 1984 sur borne d’arcade et NES, n’a pas grand-chose à voir avec Hello Kitty… Toutefois, un accord entre Nintendo et Character Soft, la filiale gaming de Sanrio, en décide autrement.

 

En effet, il permet à cette dernière de développer une adaptation de ce titre, dans laquelle le héros que l’on incarne est remplacé par Hello Kitty et les personnages secondaires d'origine par d’autres issus de l’univers de la chatonne - notamment sa sœur jumelle Mimmy et son ami Tippy l’ours. Ce changement est facilité par le fait que le jeu ne contient aucun dialogue.

 

Le scénario et les graphismes sont également modifiés pour coller davantage à l’univers rose bonbon de la mascotte de Sanrio, et le choix est fait d’introduire de la couleur, pour permettre au jeu de paraître sur NES plutôt que sur GameBoy.

 

Le résultat obtenu est baptisé Hello Kitty World, et sort en 1992. À l’inverse de Balloon Fight qui n’est pas proposé au Japon, lui au contraire n’est commercialisé que dans l’archipel.

 

L’un comme l’autre sont décrits par la presse vidéoludique de l’époque comme de solides jeux d’aventure, pâtissant néanmoins d’un gameplay répétitif.

Hello Kitty’s Cube Frenzy (1998)

Image du jeu vidéo « Hello Kitty’s Cube Frenzy »

Au cours de sa longue carrière dans le jeu vidéo, Kitty s’essaye plus ou moins à tous les genres. En 1999, elle est déclinée à la sauce « puzzle-game » avec Hello Kitty’s Cube Frenzy, un titre PlayStation et GameBoy Color inspiré de Tetris (1984) et développé par les Australiens de Torus Games conjointement avec le studio japonais Culture Publishers.


Le joueur doit la guider dans des niveaux en 2D, en alignant des cubes de la même couleur pour les détruire afin qu’elle puisse se frayer un chemin. Ces mêmes cubes peuvent également être utilisés pour créer des passerelles ou des escaliers.


Le jeu est moyennement bien reçu par la critique. La version GameBoy Color est particulièrement critiquée pour ses contrôles de mauvaise qualité : la difficulté s’en trouve ainsi artificiellement décuplée, et l’expérience s’avère donc frustrante pour le jeune public auquel le titre se destine pourtant en priorité.

Hello Kitty: Happy Party Pals (2005)

Image du jeu vidéo « Hello Kitty: Happy Party Pals »

Développé par le studio américain Webfoot Technologies et sortant en 2005 sur Game Boy Advance, Hello Kitty: Happy Party Pals est un jeu d’aventure en 3D isométrique dans lequel le joueur contrôle Kitty alors qu’elle organise des fêtes d’anniversaire pour ses amis. Pour se faire, elle doit explorer sa ville natale, retrouver les nombreux invités et accomplir diverses tâches liées à l’organisation de ces évènements.


Il ne s’agit pas du jeu vidéo Hello Kitty le plus connu, mais c’est assurément l’un des plus fidèles à l’esprit bon enfant de la licence. Les actions accomplies par le joueur permettent ainsi de faire monter le « pourcentage de bonheur » des invités, et de nombreux mini-jeux viennent agrémenter cette aventure destinée elle aussi à un très jeune public.


En outre, contrairement à plusieurs autres jeux vidéo consacrés à la célèbre chatte sans bouche, il offre l’occasion de retrouver la plupart des personnages qui entourent cette dernière – à commencer par sa sœur jumelle Mimmy, l’ours en peluche Thomas et la souris Joey.

Hello Kitty: Roller Rescue (2005)

La jaquette du jeu vidéo « Hello Kitty: Roller Rescue »

Développé par le studio taïwanais XPEC Entertainement et sortant en 2005 sur PlayStation 2, GameCube, Xbox et PC, Hello Kitty  Roller Rescue est la première véritable déclinaison de l’univers Hello Kitty dans un jeu vidéo en 3D.

 

Elle prend place dans une ville baptisée du nom de l’entreprise, Sanrio, que la chatte sans bouche doit libérer d’une invasion de cubes extraterrestres. Pour ce faire, elle se déplace à rollers et dispose d’un bâton magique lui permettant d’éliminer ses ennemis.

 

Si les fans peuvent avoir plaisir à y retrouver l’héroïne de la licence ainsi que divers personnages qui l’entourent (notamment ses parents, sa sœur et même son grand-père), force est de reconnaître que ce jeu n’a néanmoins pas grand-chose à voir avec son univers. En particulier, le gameplay fait la part belle à la violence, qui est pourtant aux antipodes des valeurs promues habituellement par le personnage.

 

Le titre est du reste mal reçu par la critique, qui souligne la paresse du level design et la monotonie du gameplay.

Hello Kitty: Big City Dreams (2008)

La jaquette du jeu vidéo « Hello Kitty: Big City Dreams »

Développé par les Hongrois de Human Soft, Hello Kitty: Big City Dreams est un jeu Nintendo DS qui paraît en 2008.


Il propose au joueur d’incarner Kitty à l’occasion de son déménagement de la campagne à la ville. Dans sa nouvelle vie, elle doit gagner des points d’amitié (la monnaie locale) afin de s’acheter de nouveaux vêtements, de participer à des activités, d’agrandir son appartement et de le décorer.

 

Pour s’intégrer dans son nouvel environnement, elle peut notamment compter sur l’aide de divers personnages issus de l’univers Sanrio. C’est le cas notamment de Badtz-Maru, un pingouin au caractère bien trempé, créé en 1993 par l’artiste japonais Hisato Inoue (né en 1957).

 

Concrètement, Kitty progresse au gré de mini-jeux très faciles qu’on peut refaire à l’infini : laver des voitures, préparer des sushis, faire de la corde à sauter... À chaque fois, on a le choix entre la contrôler de manière classique ou directement avec le stylet de la console.

 

Hello Kitty: Big City Dreams est pensé avant tout comme une initiation au jeu vidéo pour les plus petits. Les critiques lui reprochent toutefois d’être très répétitif, car il faut sans cesse refaire les mêmes activités pour en débloquer de nouvelles.

Hello Kitty Online (2008)

Image du jeu vidéo « Hello Kitty Online »

Au milieu des années 2000, constatant le succès des MMORPG (jeux massivement multijoueurs) comme Final Fantasy XI (2002) et World of Warcraft (2004), Sanrio décide de se lancer elle aussi sur ce créneau avec un titre basé sur les personnages de sa célèbre licence. Cet étonnant projet est développé conjointement par le studio hongkongais Typhoon Games et Sanrio Digital, une filiale créée pour l’occasion et qui se spécialise plus tard dans le développement de titres Hello Kitty sur mobile. Hello Kitty Online voit ainsi le jour en 2008 (uniquement sur PC) et reste accessible durant près d’une décennie.

 

Il est jouable gratuitement, mais intègre une monnaie virtuelle baptisée Sanrio Cash Points que l’on peut obtenir contre de l’argent réel.

 

Ce jeu prend place dans un univers de fantasy en 3D isométrique, dans lequel on retrouve les personnages de l’univers Hello Kitty et on doit accomplir des quêtes - consistant généralement à récolter des ressources précises. Toutefois, le joueur n’y incarne pas directement Kitty ni un autre des personnages créés par Sanrio, mais un avatar humain qu’il peut personnaliser à sa guise avant de se lancer dans l’aventure.

 

Comme dans tout bon RPG, il faut également se battre contre des monstres disséminés un peu partout sur la carte du jeu, mais cet aspect reste très secondaire. D’ailleurs, l’esprit Hello Kitty est respecté tant bien que mal, puisque les ennemis ne meurent jamais vraiment : ils ne font que s’évanouir.

 

Le soft propose également de cultiver des fruits et des légumes dans une ferme, de se construire une maison, de discuter avec d’autres joueurs et même de s’occuper d’un animal de compagnie.

 

Il fait dès sa sortie l’objet de critiques pour ses graphismes très en retard par rapport aux autres jeux du même genre, mais est néanmoins perçu comme une bonne initiation à l’univers des MMORPG. En outre, il figure parmi les rares titres Hello Kitty susceptibles d’être appréciés par des adultes.

 

Néanmoins, cette proposition aussi originale que risquée peine à trouver son public. À partir de 2012, Sanrio se met donc délaisser à Hello Kitty Online, se contentant de maintenir les serveurs. Elle finit par les fermer complètement en 2017.

Hello Kitty Kruisers (2014)

La jaquette du jeu vidéo « Hello Kitty Kruisers »

Grâce à Mario Kart, les jeux vidéo de karting sont devenus un genre plébiscité par les plus jeunes ; nombreuses sont d’ailleurs les licences à avoir décliné leurs personnages fétiches sous cette forme. Toutefois, le succès est rarement au rendez-vous.

 

Hello Kitty ne fait pas exception à la règle : développé par le studio américain Scarab Entertainement en collaboration avec les Japonais de Bergsala-Lightweight, Hello Kitty Kruisers ne convainc pas vraiment la critique lors de sa sortie en 2014 sur Wii U, Nintendo Switch et iOS.

 

Destinée aux tout petits et donc plus simpliste qu’un Mario Kart, cette initiation aux jeux de course permet d’incarner Kitty White et les autres personnages fétiches de Sanrio. Elle a le mérite de proposer plusieurs types de véhicules, dont des karts, des bateaux et même des avions. Toutefois, l’impossibilité de choisir un niveau de difficulté, le manque total de sensation de vitesse ainsi que sa très faible durée de vie (moins de deux heures) en font une expérience très décevante.

Les bandes dessinées Hello Kitty

En plus d’inspirer à partir des années 80 le design de nombreux personnages mignons dans la bande dessinée (notamment dans les mangas), Hello Kitty fait également elle-même quelques incursions dans le monde du 9ème art.

 

Néanmoins, ses apparitions en bande dessinée demeurent relativement peu nombreuses - a fortiori si on compare aux dessins animés et aux jeux vidéo. En outre, la majorité des œuvres en question n’existent qu’en japonais.

Les mangas Hello Kitty

Une page du manga « Hello Kitty Doki »

On pourrait penser que Hello Kitty se prête particulièrement bien aux adaptations en manga. En effet, elle est parmi les premières à populariser le style Chibi, aujourd'hui omniprésent sur ce support, qui consiste à exagérer les proportions de la tête d’un petit personnage par rapport au reste de son corps pour le rendre plus mignon et attachant.

 

Pourtant, ses déclinaisons sur ce média sont en réalité peu nombreuses. Du reste, elles sont presque impossibles à trouver, surtout en dehors du Japon : cela laisse à penser qu’elles n’ont pas vraiment rencontré le succès.

 

La première adaptation d’Hello Kitty en manga date de 1976 à 1979. Les épisodes sont alors publiés dans le magazine Ririka, spécialisé dans la publication de mangas pour filles. Ils ne font néanmoins jamais l’objet d’une édition sous forme de livres ni d’une traduction dans une autre langue, et sont donc aujourd’hui quasiment introuvables.

 

Il faut attendre près d’une trentaine d’années pour que le célèbre chat sans bouche fasse l’objet d’une nouvelle adaptation en manga. Parue entre juin 2007 et mai 2008 dans le magazine de mangas féminins Ribon, cette série est confiée à Tomomi Fukume et intitulée Hello Kitty Doki. Faute de succès, elle non plus n’a jamais le droit à une sortie en librairie ni à une traduction dans une autre langue, et elle est donc considérée comme quasiment perdue.

 

En 2019, Ichigoman, le super-héros alter ego de Kitty White, fait l’objet d’un manga en 4 volumes intitulé Power the Kitty: Ichigoman. Cette bande dessinée signée Toshiki Inoue fait la part belle à l’action et montre une autre facette du personnage de Sanrio, mais elle aussi n’est disponible qu’en japonais.

Les comics Hello Kitty

Les couvertures de deux comics Hello Kitty

EÀ l’occasion de son 40ème anniversaire, en 2013, Kitty White fait sa première apparition dans un comic (une bande dessinée américaine) en couleur, intitulé tout simplement Hello Kitty. La série est créée par le scénariste Giovanni Castro et dessinée principalement par l'Américain Jacob Chabot. Elle s’étend sur six volumes, qui paraissent entre 2013 et 2015.

 

La chatte sans bouche y vit des aventures aux quatre coins du monde, mais jamais sans le moindre dialogue. Cela ne l’empêche pas de toucher à tous les genres : on peut l’y voir par exemple voyager dans le temps, devenir une espionne ou encore découvrir un monde sous-terrain. Toutefois, ces aventures ne sont pas réelles : elles se produisent simplement dans ses rêves, et sont le fruit de son imagination débordante.

 

Ces bandes dessinées sont traduites en français et publiées par Kazé en 2014 et 2015.

Conclusion

Il est difficile de trouver un secteur commercial ou culturel épargné par la « Kitty-mania ». Depuis sa déclinaison sur toutes sortes de supports à partir du milieu des années 80, la mascotte de Sanrio est partout, y compris là où on ne l’attend pas. Au Japon, il est par exemple possible de voyager dans un bus, un train ou un avion Hello Kitty, de s’arrêter dans un café qui lui est dédié, d’acheter un briquet ou une bouteille de vin à son effigie, etc.


Le succès du personnage tient dans sa capacité à s’adapter à son public et à toujours se réinventer. C’est pour cette raison que plus d’un demi-siècle après ses débuts, les marques continuent de se l’arracher et les artistes n’hésitent pas à associer leur image à la sienne. C’est ce que fit par exemple en 2022 la chanteuse canadienne Carly Rae Jepsen (née en 1985), en signant la chanson du générique du dessin animé Hello Kitty: Super Style!.


Ringarde, Kitty ? Avec chaque année des recettes qui se chiffrent en milliards de dollars et une liste longue comme le bras de marques qui souhaitent apposer son image sur leurs produits, il semble au contraire qu’elle n’a pas pris une ride !

Par Nicolas C. - Dernière modification : 01/26/2024.