LA TOUR-DE-PEILZ L’homme a tiré sur un chat domestique samedi dernier. La propriétaire du félin grièvement blessé va déposer plainte.
Il s'appelle Whispers , il a 3 ans et une tache blanche sur son museau tigré. Samedi dernier, sur les hauts de La Tour-de-Peilz, Whispers, «chuchotements» en anglais, a passé un sale quart d'heure; le félin s'est retrouvé dans la ligne de mire d'un auxiliaire du garde-faune. L'homme, un commerçant veveysan, a fait feu; le chat s'est enfui, la mâchoire inférieure en lambeaux.
L'affaire, relatée hier sur les ondes de la Radio suisse romande, a bouleversé le quartier. «Mon chat sortait très souvent, il était connu ici», assure Cynthia Michel, sa propriétaire.
La jeune femme a retrouvé son matou en piteux état mais vivant, le matin du 31 décembre sur le balcon d'une voisine. Elle l'a conduit chez un vétérinaire veveysan qui, vu la gravité des blessures, a décidé d'envoyer l'animal au Tierspital à Berne. Hier, les vétérinaires envisageaient d'amputer une partie de sa mâchoire pour lui sauver la vie. Et la blessure a bien été provoquée par une balle, nous ont-ils confirmé.
Mais quel crime avait commis le félin pour se faire tirer comme un lapin? Tout débute le jour de Noël: une voisine surprend Whispers en train de mordre la gorge de sa propre chatte. «C'était horrible, elle perdait beaucoup de sang. Cela faisait plusieurs mois que ce chat tigré squattait chez nous, dans la cage d'escalier ou à la buanderie. Il prenait véritablement possession de la maison, agressant ma chatte à plusieurs reprises.»
Choquée par la scène
La Boélande alerte alors la Société vaudoise de protection des animaux (SVPA). On lui répond qu'on lui prêtera une cage pour capturer l'hôte indésirable. Elle avise aussi la police. Celle-ci contacte sans tarder l'auxiliaire du garde-faune, qui débarque samedi 30 décembre, muni d'une cage. Apercevant l'animal dans un jardin, la voisine le désigne au garde en uniforme. «Je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer. Il a couru à sa voiture, et il est revenu avec une carabine. Il a tiré, j'ai vu le chat sauter et détaler.» Aujourd'hui encore, la voisine se dit terriblement choquée par la scène: «J'adore les animaux, je n'ai jamais voulu la mort de Whispers . Je voulais juste qu'il laisse vivre ma propre chatte en paix.» Cynthia Michel, elle, assure que son petit compagnon n'a pas martyrisé ses congénères à moustaches: «Il est doux comme un agneau. Une de mes voisines le laisse même dormir à côté de son bébé!» Bouleversée, elle a décidé de déposer une plainte civile à l'encontre de la voisine qui a fait appel à la police, et à l'encontre de l'auxiliaire du garde-faune. «Cet homme aurait pu blesser d'autres chats, voire même des enfants! C'est un quartier résidentiel ici!»
Joint hier, le tireur n'a pas voulu commenter cette triste histoire. Du côté de la SVPA, on est plus disert: «Ce sont des méthodes de Rambo à proscrire. Avant d'en arriver à de telles extrémités, il aurait fallu enquêter sur cet animal et les préjudices qu'il causait», fulmine l'administrateur Alain Zwygart.
Dans le canton, la SVPA capture régulièrement les chats jugés indésirables au moyen de trappes. Leur sort varie: les félins sont relâchés, castrés, placés dans des familles d'accueil, ou euthanasiés.
L’animal est actuellement dans un état critique au Tierspital de Berne. Les vétérinaires confirment qu’il s’agit d’une blessure par balle.
Photo : LA PROPRIÉTAIRE DU MATOU: Cynthia Michel avec une photo de Whispers