Le tigre en sursis avec une possible réautorisation de son commerce
On le sait depuis longtemps ; le tigre fait partie des espèces animales menacées de voie d’extinction. Pas moins de trois sous-espèces se sont déjà éteintes incluant le tigre de Java, de Bali et de la Caspienne. L’avenir des cinq sous-espèces restantes, également en déclin, est tout aussi incertain, le tigre de Chine arrivant en tête de la liste noire.
Le WWF estime qu’il reste aujourd’hui 3500 tigres de par le monde. A titre de comparaison, l’espèce comptabilisait en 1982 entre 5000 et 7500 individus. Les causes majeures de cette disparition sont un braconnage intensif, la déforestation et l’évolution des pratiques agricoles en faveur du développement de cultures destinées notamment à approvisionner la fabrication d’agrocarburants. Les conséquences les plus directes sont une fragmentation de l’habitat du félin et une raréfaction des proies qui constituent la base de son alimentation.
Aussi n’est-il pas surprenant que le projet du gouvernement chinois de réautoriser la commercialisation d’organes du tigre à des fins médicinales ait suscité une nouvelle vague d’inquiétude au sein du WWF. Bien que les déclarations officielles stipulent que ce commerce concerne exclusivement les spécimens nés en captivité, il ne fait aucun doute que cette décision favorisera le réseau de revente illégal d’organes prélevés sur des tigres sauvages, qui s’est largement développé au cours de ces dernières années. D’après une enquête menée par TRAFFIC (1) en 2006, 10 % des 326 détaillants interrogés, répartis dans 28 villes et villages de l’île de Sumatra, ont vendu dents, griffes, peau, moustache, os, reconnus dans la tradition chinoise pour leurs vertus thérapeutiques et aphrodisiaques.
Pourtant, les experts s’accordent à dire que, si des mesures de répression et de protection effectives étaient mises en place, ce fauve mythique pourrait être sauvé, sa survie dépendant de sa cohabitation avec l’homme, son principal prédateur.
Cécile Cassier
1- TRAFFIC est un réseau commun au WWF et à l’UICN (Union Mondiale pour la Nature). Il est chargé de surveiller le commerce des espèces sauvages.