Général, homme d’État, leader de la France libre durant la Seconde Guerre mondiale et architecte de la Cinquième République, Charles de Gaulle (1890-1970) possédait un chien Welsh Corgi nommé Rasemotte, offert par la reine Elizabeth II (1926-2022). On dit que le plus célèbre des présidents de la République française préférait les chiens, mais il possédait également un chat. Il est d’ailleurs le seul président de la Cinquième République à en avoir possédé un pendant l’exercice de ses fonctions – en tout cas au su et au vu de tous.
Le petit félin en question était un Chartreux qui lui fut offert par son épouse Yvonne de Gaulle (1900-1979), durant son second mandat présidentiel (1966-1969). Le général aurait tout de suite été fasciné par la grâce et la personnalité de ce magnifique pure race. Son nom officiel était Ringo de Balmalon, mais son nouveau propriétaire décida de l’appeler simplement Gris-Gris.
Tenu à l’écart des affres de la vie parisienne, Gris-Gris vivait à La Boisserie, la résidence personnelle du couple à Colombey-les-Deux-Églises (à environ 250 kilomètres au sud-est de Paris). À l’occasion d’une interview bien des années plus tard, la petite-fille du général expliqua qu’il était le « seul privilégié à avoir le droit de circuler partout dans la maison ». « Il faut toujours un chat à la campagne à cause des souris dans le grenier », lui aurait un jour expliqué son grand-père.
Compagnon dévoué de son illustre propriétaire, Gris-Gris accompagnait régulièrement ce dernier dans ses promenades dans le parc et le suivait parfois silencieusement de pièce en pièce.
Il était un sujet de conversation fréquent entre de Gaulle et son ministre de la culture, l’écrivain André Malraux (1901-1976), grand amateur de chats. On dit d’ailleurs qu’un jour, en réponse à une question de Malraux, le général aurait prononcé une phrase sans nul doute inspirée par Gris-Gris : « Les chatons jouent, les chats méditent ».
Après la mort de son propriétaire, Gris-Gris demeura à la Boisserie. Il fut confié aux bons soins de la gouvernante d’Yvonne de Gaulle, qui affirma que le petit Chartreux ne fut plus jamais le même par la suite.
L’histoire ne dit pas si Gris-Gris était ou non castré, mais après sa mort, de nombreux propriétaires de Chartreux affirmèrent posséder un chat appartenant à sa descendance.
