Si l'historien grec Hérodote relate dans un de ses écrits que la zoolâtrie des Egyptiens était source de moqueries pour d'autres peuples, force est de constater que, d'Égypte, le chat se propagea en Grèce autour du 5ème siècle avant J.-C., sûrement grâce aux marchands et aux marins qui commerçaient avec le pays. Rapidement, ses talents lui permirent de supplanter les belettes ou putois chargés de protéger les greniers. Le poète Aristophane cite même le fructueux commerce du chat au marché d'Athènes.
Puis, de Grèce, le chat arriva en Italie aux alentours de 1600 avant J.-C. C'est d'abord son esthétique qui séduisit les Romains et leurs artistes. Peintres et sculpteurs l'immortalisèrent via leurs oeuvres, et de nombreuses mosaïques en gardent encore la trace. Le chat, symbole de la liberté, devint en parallèle l'attribut de la déesse romaine Diane, apparentée à l'époque à la déesse égyptienne Bastet. Il fallut attendre le 4ème siècle après J.-C. pour que la disparition des cultes païens dans l'Empire Romain signât la fin de la divinité du chat, le ramenant à son rôle de simple chasseur.
Entretemps, le chat s'était répandu peu à peu de l'Italie vers l'ensemble du continent à partir du 1er siècle avant J.-C., probablement par le biais des légions de Jules César, lors de leurs campagnes en Europe méridionale et du nord. Il fut adoré presque partout.
Les moines chrétiens furent les premiers à en comprendre l'utilité, et lui confièrent le rôle de gardien des récoltes. Le chat devint également l'attribut de certains Saints. En parallèle, de nombreux foyers de tous milieux sociaux l'adoptèrent, et il gagna rapidement sa place d'auxiliaire de l'être humain, au même titre que le chien ou le cheval. Ce statut privilégié dura de nombreux siècles, conforté par le rôle essentiel du chat lors des grandes invasions de rats que connut l'Europe à partir du 4ème siècle : il était un renfort de poids pour lutter contre l'envahisseur.
Durant le Moyen Âge, qui en Europe se caractérisa souvent par un certain obsurantisme religieux, les mentalités furent grandement influencées par diverses superstitions concernant les chats, et leur situation changea. La vindicte populaire, encouragée par l'Église, eut vite fait de transformer cet animal vénéré en suppôt de Satan, complice des sorcières.
En effet, à l'époque de l'Inquisition, qui est marquée par une répression de la sorcellerie ainsi qu'une pratique récurrente des autodafés, la chasse aux sorcières est lancée en même tant que celle aux chats, les seconds étant associés aux premières et faisant office de parfaits boucs émissaires pour les autorités de l'époque. Des rumeurs originaires d'Allemagne, basées sur le culte de Freyja (déesse nordique de la fécondité, dont le char était tiré par deux chats bleus) rapportaient par exemple d'effroyables pratiques orchestrées par des sorcières ayant le pouvoir de se déguiser en chats noirs.
Le noir étant par ailleurs la couleur associée au Diable, le pape Grégoire IX accusa dans sa bulle papale Vox in Rama parue en 1232 les chats noirs d'en être la représentation. Ils subirent alors le sort que l'on rêvait d'appliquer au Prince des Ténèbres : tortures, pendaisons, démembrements devinrent le quotidien de ces petits félins, dont les bourreaux rivalisaient d'imagination pour leur infliger une mort lente et douloureuse. On trouve dans les récits de l'époque de nombreux témoignages de ce genre d'exécutions : chats enterrés vivants, bouillis dans des chaudrons ou brûlés sur des bûchers.
En 1484, le pape Innocent VIII poursuivit la persécution en accusant de connivence avec le Diable ceux qu'il appelait les amis des chats, c'est-à-dire les individus qui prenaient soin des félins, les nourrissaient ou les hébergeaient. C'est ainsi qu'en France, en Allemagne mais aussi en Belgique, des prétendues "sorcières" finirent par avouer sous la torture qu'elles avaient pris la forme de chats afin d'accomplir leurs méfaits.
La violence envers les chats fut alors exacerbée, et des bûchers se dressèrent dans toute l'Europe. A Ypres, en Flandres (Belgique), des félins furent jetés vivants depuis la tour du château. Pendant la seconde semaine du Carême, ils furent lancés du haut du beffroi à la suite d'une décision du comte selon laquelle ces animaux étaient devenus indésirables. L'ancêtre du comte avait d'ailleurs inauguré en 962 dans cette même ville le mercredi des chats, événement tristement précurseur de la tradition du lancer de chats.
Quant au château des comtes de Flandres, à Gand, il comporte une immense salle de torture qui rappelle l'effroyable sort réservé - notamment - aux amis des chats.
En Allemagne, comme par exemple dans le Schleswig-Holstein, un Land situé au nord du pays, des cérémonies similaires se déroulèrent : des chats personnifiant Judas furent ainsi jetés de la tour des églises. En Westphalie, dans l'ouest du pays, la méthode de torture des chats se résuma à les jeter vivants dans des chaudrons d'eau bouillante.
Dans certaines régions, on pensait que sorciers et jeteuses de sort avaient le pouvoir de se métamorphoser en chat lors des sabbats, et tout particulièrement le Mardi Gras, où ils s'attroupaient pour venir saluer leur maître diabolique. En France, lors des fêtes de la Saint-Jean, des centaines de chats vivants furent entassés sur des feux de joie. Les pauvres bêtes rôtissaient alors en poussant d'horribles hurlements devant une foule de spectateurs hilares. Les rois de France, le clergé et les autorités civiles honoraient de leur présence ces tristes cérémonies.
En 1545, le roi Philippe II d'Espagne, en visite à Bruxelles, se réjouit à la vue d'un orgue dont les claviers étaient reliés par des cordes composées de queues de chats. Les cris douloureux des animaux produisaient un son étrange qui satisfaisait néanmoins les gens présents sur place.
Récemment, lors de travaux dans le château de Saint-Germain-en-Laye (France), fut mise à jour une pierre de taille contenant le cadavre d'un chat parfaitement conservé. Selon la croyance en vigueur à cette époque (1547), un chat enfoui vivant dans les fondations d'un bâtiment en assurait la solidité et la durabilité.
Au final, le Moyen-Âge fut la grande période noire des chats dans toute l'Europe chrétienne.
Dès le Moyen-Âge, la prolifération des rats dans toute l'Europe, renforcée par la persécution sauvage dont étaient alors victimes les chats, conduisit au milieu du 14ème siècle à une épidémie de peste particulièrement meurtrière, puisque plus d'un tiers de la population européenne succomba à la maladie.
A partir de la Renaissance, les chats furent perçus comme une solution fiable afin d'éradiquer ce problème. S'opéra alors graduellement un changement de mentalité de la population à leur encontre.
Par exemple, au 17ème siècle, le ministre de Louis XIV Colbert imposa la présence d'un minimum de deux chats mâles à bord de chaque navire français, afin de lutter contre la présence de rats. Plus tard, sous le règne de Louis XV, dit « Le bien-aimé », les persécutions s'estompèrent. Ce phénomène d'apaisement fut favorisé par la passion pour les chats Angoras blancs dont était animé le roi. Le chat retrouva alors sa quiétude et gagna même une place prépondérante auprès de la bourgeoisie, de l'aristocratie et des artistes, en tant qu'animal de compagnie.
Toutefois, même au siècle des Lumières, une certaine forme de maltraitance des chats perdura dans certains endroits. En témoigne par exemple la décision de l'archevêque de Cologne qui, en 1747, ordonna que tous les chats eurent les oreilles coupées, car il existait alors une croyance selon laquelle cette mutilation les rendait inaptes aux sabbats.
Au 18ème siècle, les Anglais furent ceux qui se passionnèrent le plus pour le chat, au point d'en commencer la sélection et de créer les premières expositions félines.
Au 19ème siècle, avec les travaux scientifiques de Louis Pasteur ainsi que la découverte de la relation entre les maladies microbiennes et l'hygiène, le chat devint une référence en terme de propreté, en raison du temps qu'il passe à faire sa toilette. En outre, on prit conscience que cet animal solitaire et fréquentant peu les autres espèces n'est pas un vecteur efficace des maladies.
Comme à l'époque de l'Égypte antique, la passion pour les chats renaquit peu à peu. Le félin retrouva finalement une place de choix auprès d'artistes tels que des sculpteurs, des peintres, et même certains écrivains.
Merci , Sa m'as bien aidé !!!!!
sa ma tres bien aidé merci