10 chats célèbres de dirigeants politiques : rois, empereurs, présidents...

Lénine tenant un chat dans ses bras

Vagabonds, rebelles, capricieux et souvent accusés de sournoiserie, les chats traînent une réputation qui s’associe mal avec ce qu’on attend d’un dirigeant politique. C’est sans doute pour cette raison qu’au cours de l’histoire ils furent nettement moins mis en valeur par les rois, empereurs et autres présidents, qui souvent préférèrent s’afficher avec des chiens. Il faut dire que ces derniers véhiculent pour leur part une image de compagnons loyaux, serviables et désintéressés.


Aussi, jusqu’au 21ème siècle, rares étaient les dirigeants à oser s’afficher en compagnie de leurs petits félins.


On trouve néanmoins parmi ceux qui transgressèrent cette règle des personnalités qui, chacune à leur façon, marquèrent l’Histoire : Louis XV (1710-1774), Vladimir Ilitch Lénine (1870-1924), Charles de Gaulle (1890-1970)…


Voici un passage en revue de 10 dirigeants ayant possédé des chats, précédé par une analyse de la place des petits félins auprès des responsables politiques au fil du temps.

Une image différente selon l’époque et le lieu

Une peinture du cardinal de Richelieu regardant ses chatons
Le cardinal de Richelieu regardant ses chatons

Si les chats souffrent encore parfois d’une mauvaise réputation, cela n’était pas forcément le cas par le passé.


Dans l’Égypte antique, ils étaient même au contraire respectés et vénérés comme des divinités et s’accolaient donc mieux au pouvoir politique - comme le montre d’ailleurs l’exemple de Ta-miou, chatte momifiée aux côtés des pharaons.


Au Moyen Âge, ils jouissaient d’une image plutôt positive dans de nombreuses cultures : chinoise, arabo-musulmane, byzantine... Pour ce qui est des dirigeants politiques, le cas le plus mémorable de l’époque est sans doute celui de l’impératrice Zoé (978-1050) qui, à Constantinople, n’hésitait pas à afficher toute l’affection qu’elle portait à sa petite chatte Melhebe


À la même époque, dans l’Occident chrétien, les chats étaient au contraire considérés comme des figures diaboliques, et de ce fait persécutés – par exemple en étant jetés vivants dans des brasiers lors des fêtes de la Saint-Jean. Évidemment, ils n’avaient donc alors pas vraiment leur place aux côtés des empereurs, rois et autres dirigeants.


Toutefois, au cours de l’époque moderne (du milieu du 15ème siècle à la fin du 18ème), l’image du chat évolua positivement, notamment parce qu’on reconnaissait alors à ce grand chasseur une utilité sanitaire : en tuant les rats et autres rongeurs, il limitait la transmission des maladies - en particulier la peste, qui avait fait des ravages au Moyen-Âge.


Ainsi, en Angleterre, des chats souriciers furent introduits au 10 Downing Street dès la construction, sous le règne d’Henri VIII (1491-1547), de ce bâtiment qui allait abriter à partir du 17ème siècle des membres de la famille royale avant de devenir la résidence officielle des premiers ministres. Il continua d’être occupé également par des petits félins tout au long des siècles suivants, y compris jusqu’à nos jours.


En France, le puissant cardinal de Richelieu (1585-1642) posséda jusqu’à quatorze chats, dont la fonction consistait principalement à protéger ses biens – à commencer par ses livres.


Toujours en France, jeter des chats au bûcher finit par être interdit en 1648 par Anne d’Autriche (1601-1666), alors qu’elle dirigeait le royaume tandis que son fils Louis XIV (1638-1715) n’avait pas encore atteint la majorité légale. Il fallut néanmoins attendre le règne de Louis XV (1710-1774) pour que cet animal de compagnie soit jugé digne d’être associé au pouvoir royal. En effet, celui que l’on surnommait dans sa jeunesse « le Bien-Aimé » en posséda au moins d’eux, dont l’un à qui il accordait manifestement nettement plus d’importance qu’à certains de ses proches.


Toutefois, malgré toute l’affection que leur offraient certains de leurs éminents propriétaires, c’était souvent leurs qualités « viriles » de chasseur que l’on cherchait à exploiter et à souligner à cette époque ainsi que lors des siècles suivants. 


Autrement dit, c’est un peu comme si on avait alors cherché à gommer l’aspect féminin qui leur est traditionnellement associé. En effet, comme l’explique par exemple la spécialiste de la communication Véronique Servais , « le chien, avec sa sociabilité extravertie, est plus perçu du côté du masculin, de l’action, tandis que le chat, avec sa sociabilité plus subtile, dans la distance et le regard, est du côté du féminin, de l’intérieur ».

L’image des chats des dirigeants au 20ème siècle

Bill Clinton avec son chat Socks sur les épaules
Bill Clinton et son chat Socks

En France, aucun chat ne vécut jamais officiellement à l’Élysée, la résidence présidentielle - au moins sous la Cinquième République, soit depuis 1958. En effet, si le général de Gaulle (1890-1970) en possédait un nommé Grigri, ce dernier vivait à Colombey-les-Deux-Églises, dans la demeure personnelle de son illustre propriétaire. Quant à ses successeurs, s’ils possédaient un petit félin, cela ne fut jamais rendu public – et donc en tout état de cause il n’était pas installé à l’Élysée.


À l’évidence, les présidents français de la Cinquième République préférèrent s’inscrire dans la tradition de s’afficher avec un chien.


Les présidents américains en firent de même, mais contrairement aux français, plusieurs d’entre eux mirent également en valeur leur chat – en particulier Bill Clinton (né en 1946) avec Socks. Néanmoins, ledit félin devait systématiquement cohabiter à la Maison-Blanche avec un chien – et même par moments plusieurs.


Toutefois, les chats furent prisés par plusieurs dirigeants soviétiques, à commencer par Vladimir Ilitch Lénine (1870-1924), qui en posséda au moins un. Ses successeurs n’hésitèrent pas à instrumentaliser les photos où on le voit en compagnie de ce dernier, dans le but d’adoucir son image. Plus tard, avec Leonid Brejnev (1906-1982) et son chat devin offert par le dalaï-lama, ce fut plutôt le côté mystérieux de cet animal qui resta dans les mémoires.

L’image des chats des dirigeants au 21ème siècle

La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, avec son chat dans les bras
Tsai Ing-wen avec son chat

Pour quelle raison le chat demeura-t-il longtemps écarté du pouvoir, tout du moins s’il n’était pas « chaperonné » par un chien ? Peut-être parce que, d’après une étude très sérieuse de l’American Political Science Association intitulée « Unleashing Presidential Power: the Politics of Pets in the White House » et publiée en 2012 dans la revue académique Political Science & Politics , le chat, contrairement au chien n’aurait pas d’« effet de diversion », c'est-à-dire que son image et ce qu’elle véhicule ne pourraient pas être utilisés par un dirigeant pour détourner l’attention de ses administrés en cas de problème, ou alors que l’effet de cette stratégie serait nul. 


C’est ce qu’apprit à ses dépens après la chute de l’empire soviétique un autre dirigeant russe, Dimitri Medvedev (né en 1965). Il chercha en effet à mettre son chat sur le devant de la scène, le but étant de détourner l’attention des journalistes souhaitant investiguer sur sa vie privée. Ce fut rapidement un échec.


Mais avec les évolutions récentes de la société, de la politique et de la façon de considérer les animaux, il semblerait que les chats trouvent plus facilement leur place auprès des dirigeants d’une grande partie du monde, et s’avèrent même parfois être pour eux un atout. C’est en tout cas ce que semble démontrer l’exemple récent du président tchèque Petr Pavel (né en 1961) ou encore celui de la présidente de Taiwan Tsai Ing-wen (née en 1956), dont les chats furent aussi populaires - si ce n’est plus - que leurs propriétaires.


La Grande-Bretagne fournit une autre illustration intéressante de cette tendance. En effet, on voit depuis 2011 les citoyens britanniques et la presse du monde entier s’emballer pour Larry, officiellement « Souricier en chef du Cabinet » au 10 Downing Street - et donc compagnon du Premier ministre en exercice. Alors même que ce poste existe officiellement depuis un siècle, ce n’est que depuis tout récemment que le gouvernement britannique n’hésite pas à propulser sur le devant de la scène son détenteur à quatre pattes.


Il faut dire que les chats sont aussi de grands charmeurs. Et quand l’attachement que l’éminent propriétaire d’un petit félin montre envers ce dernier paraît sincère et désintéressé, son animal peut renvoyer de lui une image plus sensible et plus humaine. En descendant ainsi de son piédestal, il affiche une proximité avec le peuple qui semble aujourd’hui davantage acceptée - voire recherchée.

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La place des chats auprès des dirigeants politiques
Par Muriel L. - Dernière modification : 12/12/2025.