Suisse - Chat : Blessée par balle, «Natasha» a dû être amputée d’une patte

04/09/2009

Genève | Victime d’un mystérieux tireur, la chatte a été découverte par ses propriétaires près de leur domicile, à Charrot. - Selon la police, c’est le deuxième cas de ce genre en 2009. Le vétérinaire, lui, a déjà soigné quatre félins pris pour cible.
XAVIER LAFARGUE

Un tireur fou rôde-t-il dans la campagne genevoise? Dans la région de Compesières, certains commencent à le croire. En mai, une chatte est blessée par balle du côté de Plan-les-Ouates. Il y a une semaine, un autre félin, répondant au doux nom de Natasha, est lui aussi pris pour cible. Il a dû être amputé de sa patte avant droite. Ses propriétaires ont déposé une plainte.

«Notre petite chatte a un an et demi, nous étions allés la chercher dans un refuge en avril 2008, explique ce couple domicilié à Charrot, proche de Bardonnex. Jeudi, il y a huit jours, notre fils aîné a entendu un chat hurler à l’extérieur de la maison. Des voisins nous ont alors dit l’avoir repéré sous une voiture. Nous sommes allés voir, c’était Natasha. Sa patte avant pendouillait, la fracture était ouverte. Elle faisait peine à voir.»

La famille pense à un accident provoqué par une voiture. Le pauvre minou est amené chez son vétérinaire, à Saint-Julien. «Le lendemain, il nous a prévenus que l’amputation s’avérait nécessaire, le nerf radial étant sectionné. Il nous a aussi dit qu’on voyait nettement un impact de balle et des restes de plomb dans l’os. Nous avons porté plainte, parce qu’il est inquiétant de penser que quelqu’un se balade et tire avec une arme à feu dans la région.»

L’arme? Vraisemblablement un 22 long rifle. De toute façon un petit calibre, qui n’en est pas moins dangereux. Peut-être celui qui a blessé Cayenne, une chatte de 2 ans, le 23 mai à Plan-les-Ouates? Ce n’est pas l’avis du vétérinaire de Saint-Julien, qui s’est également occupé de cette petite victime. Et qui a extirpé de son corps un projectile métallique. «Depuis le début de l’année, c’est le quatrième chat blessé de la sorte que je soigne, précise ce spécialiste, qui préfère garder l’anonymat. Dans trois des quatre cas, il est certain qu’il s’agit d’une blessure par arme à feu, mais a priori pas des mêmes projectiles. Je précise que ces quatre animaux proviennent du territoire genevois.»

La police ne confirme que deux des quatre cas, ceux de Natasha et de Cayenne. «Il se peut que les autres propriétaires n’aient pas déposé une plainte», relève Philippe Cosandey, porte-parole de la police genevoise. Une enquête a néanmoins été ouverte suite au premier cas annoncé. Mais aucune interpellation n’a encore été opérée.

Secret de fonction

Du côté des services du vétérinaire cantonal, on est nettement moins loquace: «Il s’agit là d’un problème de sécurité publique», estime Eléonore Grosclaude, vétérinaire cantonale adjointe. Mais si un vétérinaire soigne un animal domestique blessé par balle, il doit en référer au service cantonal, non? «Il n’y a pas de loi qui l’oblige à le faire, précise-t-elle. Et de toute façon, nous sommes tenus au secret de fonction.»

A Plan-les-Ouates, la mairie n’est heureusement pas muselée de la sorte. «Mais hormis le cas du mois de mai, nous n’avons pas reçu d’autres informations concernant des animaux blessés par balle», précise la secrétaire générale, Myriam Matthey-Doret.

Alors, tireur isolé? Balle perdue? En tout cas, un acte stupide. Reste qu’après son opération, Natasha est de retour chez ses maîtres. Elle a retrouvé ses copines de jeu, Misha et Harissa. Et même avec une patte en moins, «elle est toujours aussi affectueuse et gentille, explique la famille de Charrot. Sa réadaptation est étonnante, elle grimpe partout, comme avant, et on doit même l’empêcher de sortir dans le jardin.»