Grasse (06) Mais où sont donc passés les chats de la vieille ville ?

30/09/2010

Inquiétude Depuis un peu plus d'un mois, de nombreux félins ont disparu dans le secteur de l'hôtel de ville. Beaucoup redoutent un trafic de peaux..Même Jean-Pierre Leleux s'en émeut. Lorsqu'on évoque devant lui la disparition troublante depuis un mois d'une bonne dizaine de chats dans le secteur de l'hôtel de ville, il tend l'oreille, intéressé et peiné. Et nous prie de le tenir informé du résultat de nos investigations.

Le sénateur-maire aime les animaux et il n'est pas le seul. À la mairie, Nathalie, Jackie, Bérangère et Florence sont des fans de ces amis à quatre pattes qu'elles choient, parfois depuis des années. Toutes quatre sont inquiètes. Et scandalisées... « Ces chats, stérilisés et soignés pour la plupart par " Assistance aux animaux ", n'avaient pas de maîtres, explique Nathalie qui travaille au service communication. Mais un petit réseau bien organisé, composé de riverains et d'employées de mairie, sensibles à la misère animale, s'en occupait. Et puis, dans la nuit du 21 septembre, deux d'entre eux se sont encore volatilisés : une petite minette noire et blanche répondant au nom de " Nana " et un gros chat noir aux yeux verts. Malgré nos recherches tous azimuts, aucune trace. »

Victimes d'un mauvais sort

Dans le bureau, la couche que Nana avait l'habitude de fréquenter est désespérément vide. Tout comme la place du Petit-Puy, où la silhouette élégante des matous ne se découpe plus sur le parvis de la cathédrale. « Nous sommes vraiment tristes, confesse Bérangère, au service de l'état civil. Ici, il y avait un chat qui nous rendait régulièrement visite depuis des années. C'était notre mascotte. Lui aussi a disparu, inexplicablement. Les gens s'étaient habitués à lui...»

Alors, bien sûr, tout le monde s'interroge : où sont passés les minets du quartier ? Jackie, la voix de la mairie (elle tient le standard) ose une réponse : « Aujourd'hui, certains ne supportent plus rien. Les chiens, les canaris, les chats. Même les cigales les agacent. On peut craindre qu'un mauvais sort leur ait été réservé. » Un empoisonneur sévirait-il dans le quartier ? Mais dans ce cas, on aurait retrouvé le cadavre des pauvres bêtes.

Nathalie, elle, songe plutôt à un trafic de peaux.

C'est aussi l'opinion de l'ARPA (Association pour le respect et la protection des animaux) et de la SDA (Société de défense des animaux) qui récemment, ont été amenées à se prononcer sur des cas similaires de disparition de chats dans plusieurs quartiers de Nice.

Reste que, pour l'instant, aucune preuve tangible ne vient étayer cette hypothèse. « Si trafic il y a, on peut imaginer que ça se passe de nuit, commente Florence, du service communication.

Dans ces conditions, il n'est pas facile de surprendre les auteurs de ces actes. »

Un trafic difficile à prouver

Du côté d'Assistance aux animaux, on est plus circonspect. La présidente, Annie Renard, concède « qu'il est bien difficile de déterminer la cause de ces disparitions. En 2009, nous avions connu un cas d'empoisonnement à Peymeinade. Une plainte était partie chez le procureur, mais le coupable n'a jamais été retrouvé. »

Pour revenir au problème spécifique de la vieille ville, Annie Renard estime « qu'il s'y passe quelque chose de pas normal. Lorsque les gens constatent que leur chat a disparu, ils demandent aux éboueurs s'ils n'ont pas retrouvé un cadavre. Là, il n'y a rien. On peut donc avoir des soupçons qu'un trafic - peaux ou labos - se trame mais tant que personne n'a été pris sur le fait, ça reste difficile à prouver. »

Et la police, que pense-t-elle de tout cela ? L'adjoint à la sécurité, Jean-Pierre Bicail, tient d'abord à préciser qu'il n'y a pas eu de consignes particulières données aux agents pour faire la chasse aux chats, comme certains pourraient être tentés de le penser. « Pour moi, soit il s'agit d'un trafic d'animaux, soit d'un concours de circonstances. Ces chats n'ont pas été empoisonnés, sinon on les aurait retrouvés. »

Les uns après les autres, les chats disparaissent étrangement dans le secteur du centre historique. Une vague qui attriste profondément les gens du quartier, habitués depuis des années à la présence sympathique des félins. : Photo A.B.-J.


Nathalie, Jackie, Bérangère et Florence restent donc avec leur terrible interrogation... « Que sont donc devenues ces pauvres bêtes ? On espère, au moins, qu'elles n'ont pas souffert. »

Avec plusieurs riverains du quartier, elles ont décidé de porter plainte. En espérant que, cette fois, cela servira à quelque chose...

[email protected]
Éric Farel