La socialisation, la sociabilisation et le développement comportemental du chaton

Deux chatons un roux et un gris foncé entremêlée

Les chats sont capables de grandes marques d’affection, notamment envers les humains : ils jouent avec, leur font des câlins, se frottent contre eux... Il serait pourtant faux de croire que ces comportements sont instinctifs pour eux. En effet, lorsqu’un chat vient au monde, il ne sait interagir ni avec d’autres espèces que la sienne, ni même avec ses congénères. C’est seulement grâce à une période cruciale de socialisation puis de sociabilisation qu’il apprend comment se comporter.

Qu’est-ce que l’imprégnation d’un chaton ? À quoi servent sa socialisation et sa sociabilisation ? Quand et comment se déroulent-elles ? Comment bien socialiser un chaton, tant avec les humains qu’avec les autres animaux ?

La différence entre socialisation et sociabilisation

Un chat gris et un chaton noir et blanc dans l'herbe

La socialisation et la sociabilisation sont deux étapes cruciales du début de la croissance du chaton, au cours desquelles il apprend les comportements propres à son espèce et la façon de se comporter avec des représentants d’autres espèces.

 

Le tempérament qui sera le sien tout au long de son existence est en grande partie forgé lors de ces périodes, tout comme ses craintes, ses préférences, ses éventuelles phobies… Il s’agit donc d’étapes très sensibles de sa vie.

La socialisation du chaton

Un chaton posant sa patte sur le museau d'un gros chien

La socialisation du chaton est un processus complexe qui s’étend de sa naissance jusqu’à l’âge d’environ un mois, et qui lui permet d’intérioriser qu’il est un chat.

Au cours de cette période, il assimile les comportements des membres de son espèce, comprend qu’il peut se reproduire avec eux, et acquiert leur langage corporel et verbal.

Dans le même temps, il découvre qu’il existe d’autres espèces que la sienne, et apprend à interagir avec. Au départ, son instinct le pousse à s’amuser à les « chasser », par exemple en leur sautant dessus comme s’il s’agissait de proies. Puis, si les conditions sont réunies, il développe rapidement des liens amicaux avec elles. Le terme « socialisation » vient d’ailleurs du fait qu’il devient à ce moment-là un être social, capable de créer des liens intra et inter-espèces.

Enfin, le chaton comprend que son environnement n’est pas composé que de vivant. Il apprend donc aussi à faire la distinction entre le mobile et l’inerte.

La sociabilisation du chaton

Un chaton tigré roux dans les bras de son nouveau maitre

La sociabilisation du chaton est la mise en pratique des « connaissances théoriques » emmagasinées pendant la phase de socialisation. Elle se déroule du premier au troisième mois, et se fait directement au contact de congénères, d’autres animaux, d’humains et/ou d’objets.

Le principe de la sociabilisation du chaton est simple : chaque fois qu’il vit une expérience sociale positive avec un autre être, il en garde un bon souvenir et est tenté de recommencer la même expérience la fois suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce que cela finisse par devenir une habitude. A contrario, chaque fois qu’une expérience se passe mal, il en garde un mauvais souvenir qui le rend davantage méfiant vis-à-vis de cette situation, jusqu’à ce qu'il finisse par développer une peur réflexe à son encontre si cela se répète à plusieurs reprises.

Cette étape est également celle de la découverte de son environnement, au cours de laquelle il apprend à faire face à toutes sortes de situations et stimuli nouveaux (bruits, odeurs…). Plus il est stimulé à cet âge, plus il apprend à gérer ces situations, et donc moins il a de chances de devenir craintif voire peureux une fois adulte.

L’imprégnation, phase clé du développement comportemental du chaton

Un chaton en train d'apprendre l'imprégnation grâce à sa mère

L’imprégnation, aussi appelée « empreinte », est le processus au cours duquel le chat apprend à reconnaître les membres de son espèce et à les différencier des autres. Cette étape cruciale de son développement est à cheval sur les phases de socialisation et sociabilisation, puisqu’elle commence dès la naissance et se poursuit jusqu’au sevrage, vers l’âge de 3 mois.

À la naissance, le chaton n’a pas conscience qu’il appartient à l’espèce féline. Il le comprend néanmoins dès les premiers jours de sa vie, au contact de ceux qui s’occupent de lui. Dans la très large majorité des cas, il s’agit de sa mère, dont il est totalement dépendant et qu’il ne quitte pas pendant plusieurs semaines. Mais s’il en est séparé pour une raison ou une autre, l’imprégnation se fait avec les êtres qu’il a le plus l’occasion de côtoyer, et ce même s’ils appartiennent à une autre espèce. Il peut donc s’assimiler à un chien, un humain, et même un objet mobile (par exemple un pendule), s’il s’agit du seul mouvement qu’il perçoit autour de lui les premiers jours de sa vie. L’imprégnation à un autre être ou à un objet repose sur les odeurs, la voix, la forme, les contacts… C’est ainsi que le chaton intègre progressivement (à raison ou à tort) qu’il est de la même espèce que lui.

 

Deux chats roux faisant leurs toilettes

Une fois l’idée « je suis un chat » comprise, il assimile le fait que tout ce qui ne ressemble pas à un chat appartient à une autre espèce que la sienne. Pour faire le distinguo, il se base principalement sur les odeurs et le comportement de ceux qu’il a en face de lui. Cette étape peut se faire très tôt (dès son deuxième mois) s’il est rapidement en contact avec des espèces différentes, ou relativement tard s’il n’en rencontre pas avant plusieurs mois.

Enfin, en mimant les gestes de sa mère et des éventuels autres chats autour de lui, il apprend comment agir et se comporter avec ses semblables. Au fur et à mesure de son apprentissage et ses interactions, il comprend que les chats ne se reproduisent qu’entre eux, et non pas avec d’autres animaux. C’est grâce à cette prise de conscience que la survie de l’espèce est maintenue d’une génération à l’autre.

Les bienfaits de la socialisation du chaton

Un chaton roux se frottant à sa mère

Les phases de socialisation puis de sociabilisation du chaton sont les bases de ses futurs comportements sociaux. Elles lui permettent non seulement de s’habituer aux humains et aux autres animaux, mais aussi et surtout de créer des liens forts avec eux.

Ainsi, une socialisation réussie maximise les chances qu’une fois adulte il entretienne de bonnes relations avec les espèces qu’il aura été amené à fréquenter, et donc que la cohabitation se passe au mieux. Autrement dit, plus un chat fait de rencontres pendant les premières semaines de sa vie, plus il a des chances d’être sociable ensuite.

La socialisation avec les humains

Un enfant câlinant un petit chaton roux

Un chat qui n’a pas été habitué au contact avec les Hommes lors de son jeune âge a tendance à ne pas à s’approcher de son maître ou d’autres êtres humains par la suite, car il ne sait pas comment se comporter avec eux. Il développe donc un caractère très indépendant et solitaire. Il y a des chances qu’il s’accommode de la présence de son propriétaire parce qu’il comprend que c’est lui qui le nourrit, mais cela n’ira probablement pas beaucoup plus loin. Par exemple, toute tentative de jouer avec lui, le caresser ou le câliner risque d’être vaine.

A contrario, un individu habitué très tôt aux humains a de grandes chances d’être proche de son maître une fois adulte. En outre, s’il a aussi côtoyé régulièrement des étrangers, il est susceptible de créer des liens avec des personnes extérieures à son foyer. Dans le cas contraire, il ne noue une relation privilégiée qu’avec les membres de sa famille, et reste méfiant envers les autres. Il peut même développer un hyperattachement à son maître si celui-ci lui consacre trop d’attention ; cela se traduit par des difficultés à rester seul même pendant une courte durée, et/ou de la jalousie à l’encontre de tout nouvel individu (humain ou animal) intégrant le foyer.

La socialisation avec les animaux

Un chaton roux assis à côté d'un caneton

Comme avec les humains, la propension d’un chat à entretenir de bonnes relations avec les autres d’animaux (qu’il s’agisse de ses congénères ou des autres espèces) dépend du nombre et de la qualité des contacts qu’il a eus avec eux dès son plus jeune âge.

Dans la plupart des cas, un chaton sait interagir avec ses semblables dès l’âge d’un mois, car il est jusque-là resté sans cesse en présence de sa mère et de ses frères et sœurs. Toutefois, après avoir été adopté, il change de cadre de vie et peut ne plus être amené à côtoyer des congénères, ce qui le conduit à perdre peu à peu l’habitude d’interagir avec eux. Le cas échéant, une cohabitation - ou même une simple rencontre - avec un autre chat peut s’avérer très compliquée.

Pour ce qui est des autres espèces animales, tout dépend des contacts qu’il a ou non eus avec elles pendant ses premiers mois. S’il n’est pas rare de voir un chat méfiant face à un chien ou un autre animal, c’est tout simplement dû au fait qu’il n’a pas vraiment appris comment interagir avec, faute d’en avoir suffisamment rencontré lors de sa sociabilisation. Dans le doute, il adopte alors soit un comportement de défense (par exemple en émettant des feulements, voire en prenant la fuite s’il se sent menacé), soit un comportement plutôt d’attaque et de chasse s’il se sent en confiance (par exemple face à un animal de petite taille).

La sociabilisation avec l’environnement

Un chaton Siamois assis sur un robot aspirateur

Il serait erroné de croire que la sociabilisation du chaton se limite aux êtres vivants (les humains, ses congénères et les autres animaux) : elle concerne aussi les objets, et de manière plus générale son environnement.

Un animal bien sociabilisé a par exemple moins de difficultés à appréhender des situations nouvelles ou à supporter toutes sortes de bruits (aspirateur, sirène, véhicule…). Plus largement, il se montre davantage adaptable ; par exemple, il vit mieux un séjour temporaire dans un nouvel endroit, voire un déménagement, même si sa routine et ses repères sont alors modifiés.

Réussir la socialisation et la sociabilisation d’un chaton

La socialisation et la sociabilisation sont deux étapes cruciales du développement comportemental du chaton, puisqu’elles influent grandement sur son comportement social à l’âge adulte. Il est donc essentiel que le maître et/ou l’éleveur fassent tout leur possible pour qu’elles soient bien menées.

Réussir la socialisation d’un chaton

Socialiser un chaton de quelques semaines

Une maitresse tenant un chaton de quelques semaines entre ses mains

Lors de ses deux ou trois premières semaines, le chaton ne voit pas, n’entend pas et ne sait pas marcher. Il ne sait pas non plus réguler sa température et ne quitte donc pas sa mère d’une semelle, afin de bénéficier de sa chaleur corporelle. C’est le début de la socialisation, et plus particulièrement de l’imprégnation. Si pour une raison ou une autre la chatte ne peut pas s’occuper de son petit, il est vivement recommandé de lui trouver une remplaçante, pour que l’imprégnation se fasse bien avec des chats et non avec des humains ou des représentants d’autres espèces. À défaut, il ne s’assimilerait pas à un chat, ce qui évidemment serait problématique pour son équilibre et ses relations sociales futures, tant avec ses congénères qu’avec ses maîtres et les autres animaux.

Si la maman est proche des humains avec lesquels elle vit, elle leur fait confiance et les autorise à s’approcher des petits, ce qui facilite leur socialisation. Le maître peut commencer par de légères caresses puis, si la mère accepte, prendre les chatons un par un dans ses mains pendant quelques secondes. Ainsi, ils s’habituent peu à peu à l’odeur d’une autre espèce.

Socialiser un chaton d’environ 1 mois

Un chaton jouant avec sa maitresse

C’est seulement vers la fin du premier mois que la socialisation du chaton devient réellement efficace, car ses yeux sont alors bien ouverts, ses oreilles bien redressées et ses appuis sur ses pattes un peu plus assurés. Tout cela le rend capable d’interactions plus complexes avec son environnement. C’est donc le moment idéal pour commencer à jouer avec son chat, ce qui est une bonne façon de lui apprendre à interagir amicalement avec les humains.

Ces nouvelles stimulations sensorielles et sociales doivent toutefois être limitées à de courtes durées (environ 10/15 minutes) afin de ne pas épuiser le chaton, d'autant qu'il n’est pas encore bien conscient de ses limites. Il faut également se montrer particulièrement doux et précautionneux, pour ne pas le blesser accidentellement.

Réussir la sociabilisation d’un chaton

Sociabiliser un chaton entre 1 et 2 mois

Un chaton tigré gris foncé mordillant la main de son maitre

À l’âge d’un mois, un chaton a déjà appris à reconnaître ses congénères et considère donc tout autre animal ou objet comme une proie à chasser. Il en va de même pour les jouets à sa disposition, et même pour les humains avec qui il joue.

Dans ce contexte, il faut s’attendre inévitablement à des coups de griffes ou de dents. Il est alors nécessaire de lui apprendre que ce comportement est à proscrire sur des personnes, mais il serait inutile et même contre-productif de le punir, le frapper ou lui hurler dessus (même si la situation se répète), car son objectif n’est pas de faire mal. Un simple « Non ! » ferme est amplement suffisant, puisque le ton de la voix suffit pour qu’il comprenne que son comportement pose problème. En revanche, il est recommandé de lui donner alors un jouet pour chat précisément à ce moment-là, afin qu’il intègre que ces comportements sont autorisés sur ce type d’objets, et non sur les humains.

Pour éviter qu’il ne s’attache à une seule personne, il est préférable que chaque membre du foyer prenne le temps de jouer avec lui. Il est également souhaitable de l’habituer aux étrangers : l’idéal est d’inviter régulièrement des amis ou connaissances au domicile pour qu’il ait également l’occasion d’interagir avec eux. Certains maîtres croient judicieux de protéger leur chaton en limitant les visites, mais ce n’est pas un cadeau à lui faire : cela l’empêche d’être confronté à des personnes et situations inconnues, et a donc toutes les chances de le rendre peureux et craintif. Cela dit, il est bien évidemment préférable que les personnes invitées à faire sa connaissance aiment les chats, car une rencontre qui tourne mal risquerait de laisser de mauvais souvenirs au petit félin. Or, s’il subit effectivement des expériences traumatisantes, il fera tout son possible pour ne pas revivre de telles situations, et se mettra donc à fuir les humains.

 

Trois chatons assis à côté de deux lapins

Enfin, il faut également l’habituer aux autres espèces animales, et pour ce faire lui donner des occasions d’en rencontrer des représentants. Cela doit se faire sous la surveillance du maître, afin que celui-ci s’assure que la situation ne dégénère pas. Instinctivement, les deux animaux se voient, s’entendent, se sentent, se jaugent, interagissent de différentes manières... Dans le cas où ils vivent sous le même toit, le temps fait progressivement son effet : ils s’habituent mutuellement l’un à l’autre, et une routine s’installe. En fonction de leurs caractères respectifs, leur cohabitation peut prendre la forme d’une bonne entente voire d’une forte complicité, tout comme elle peut conduire chacun à ignorer superbement l’autre et à vivre sa vie de son côté comme s’il n’existait pas. En effet, même une très bonne sociabilisation ne garantit pas qu’ils deviendront les meilleurs amis du monde : il reste une part d’alchimie difficile à prévoir.

Sociabiliser un chaton entre 2 et 3 mois

Un chaton tricolore couché dans sa cage de transport

Entre 2 et 3 mois, le chaton devient sevré : il mange désormais « comme les grands », se détache affectivement de sa mère et continue d’apprendre divers comportements sociaux.

Beaucoup de personnes adoptent leur petit alors qu’il n’a que 8 semaines, puisqu’il s’agit dans de nombreux pays (dont la France, la Belgique, la Suisse et le Canada) de l’âge légal à partir duquel cela est permis. Or, même s’il change de propriétaire et que ce point est parfois mal connu des maîtres, un chaton doit continuer à bénéficier d’un travail de sociabilisation après 2 mois.

Le début du troisième mois est le bon moment pour commencer à lui faire découvrir de nouveaux environnements et de nouveaux objets (par exemple sa cage de transport ou l’aspirateur), afin qu’il s’y habitue et ne soit pas effrayé une fois adulte. Bien entendu, l’habituation doit là encore être progressive : il serait inutile et même cruel de le placer directement à côté d’un objet qui l’effraie et d’espérer qu’il finira par s’en accommoder. Procéder ainsi aurait même au contraire toutes les chances de le traumatiser, et donc d’aboutir au résultat inverse de celui qui était recherché.

 

Un chaton tigré gris clair s'agrippant au siège conducteur de son maitre

Sa sociabilisation doit aussi conduire à l’habituer aux différents moyens de transport, et plus particulièrement la voiture, qui est souvent une expérience assez traumatisante pour les chats non habitués. Une fois qu’il n’a plus d’appréhension particulière vis-à-vis de sa cage, il est possible de commencer à lui faire faire de petits déplacements en l’y plaçant, puis d’augmenter les distances au fur et à mesure de ses progrès. De cette façon, il n’aura pas particulièrement d’appréhension une fois adulte : adieu le stress et les miaulements ininterrompus à chaque sortie !

Par ailleurs, il faut éviter de multiplier les interdits, car cela pourrait le stresser inutilement. Mieux vaut au contraire trouver un terrain d’entente entre ses besoins et ceux de son maître. Par exemple, il est probable que comme tout félin il aime être en hauteur et grimper sur les meubles : plutôt que de lui en interdire l’accès sans lui proposer d’alternative, il est judicieux de mettre à sa disposition un arbre à chats, un hamac de fenêtre ou une étagère murale spécialement à son intention. Ainsi, tout le monde est content.

Entretenir la sociabilisation du chaton après 3 mois

Deux jeunes chats gris et blanc jouant ensemble

Après 3 mois, la sociabilisation du chaton est normalement achevée : il a déjà son tempérament, ses phobies, ses goûts…

Pour autant, son caractère et ses peurs ne sont pas encore complètement figés : quelques nuances peuvent donc être apportées à son comportement, à condition de poursuivre les efforts et d’entretenir la sociabilisation effectuée jusque-là. Par exemple, il ne saurait être question de subitement cesser les jeux et les rencontres avec des étrangers, ou de laisser s’installer de mauvaises habitudes.

L’âge de 6 mois correspond globalement au tournant de la puberté du chat. Tout comme chez l’être humain, de gros changements de comportement s’opèrent à ce moment-là, tant chez les mâles que chez les femelles. Les jeux sont alors en grande partie remplacés par les marquages de territoire, la chasse aux femelles et les bagarres entre chats. C’est également à ce moment-là que les peurs comme les préférences se confirment. Après cet âge, il devient très difficile de revenir dessus : c’est donc un tournant à ne pas rater.

Les limites de la socialisation et de la sociabilisation du chaton

Un gros chat gris foncé assis au bord de la fenêtre

Socialiser et sociabiliser correctement un chaton est indispensable pour son équilibre futur. Toutefois, il s’agit de périodes délicates, qu’il n’est pas forcément aisé de réussir parfaitement : des échecs sont possibles. En outre, même en cas de réussite, le processus a ses limites...

En premier lieu, il ne faut pas croire que la socialisation et la sociabilisation du chaton sont la clé de tout, et qu’il suffit par exemple de le mettre dès ses premières semaines en présence d’humains (et plus particulièrement de ses propriétaires) pour qu’il devienne automatiquement un compagnon affectueux, avide de caresses. En effet, comme chez l’Homme, chaque individu possède un caractère qui lui est propre, et qui n’est pas dicté uniquement par les rencontres qu’il fait petit. La race peut avoir une influence importante : certaines sont plutôt câlines, alors que d’autres sont généralement distantes. Cela dit, elle non plus n’explique pas tout, ne serait-ce parce qu’il existe des exceptions : certains sujets ont dès leurs premières semaines un tempérament aux antipodes de leurs congénères de même race, voire de leurs frères et sœurs ayant pourtant les mêmes parents. En tout état de cause, même avec une socialisation et une sociabilisation menées dans les règles de l’art, un chaton très indépendant par nature le restera probablement plus que ses congénères à l’âge adulte.

Le maître ne doit pas non plus s’attendre à faire des miracles en socialisant son animal : un chat reste un chat. Par exemple, il est de notoriété publique que le petit félin est très attaché à son territoire et ses habitudes, et qu’il supporte mal les changements d’environnement - en particulier s’ils impliquent une réduction de son domaine. Une bonne socialisation permet de faciliter les choses, mais pas d’aller contre sa nature : même bien socialisé, un chat ne sera probablement pas très heureux s’il passe brusquement d’une vie à la campagne à un petit appartement.

 

Un chaton couché en dessous de sa mère

Par ailleurs, quand bien même le maître déploie tous les efforts possibles et remplit parfaitement son rôle, tout dépend aussi en grande partie de la mère. En effet, la socialisation se déroule au cours du premier mois de l’animal, période au cours de laquelle il est en permanence aux côtés de cette dernière : il s’imprègne à la gent féline par son intermédiaire, et découvre comment interagir avec son environnement en l’imitant. Par conséquent, si elle-même est de nature féroce et agressive, sa progéniture a toutes les chances de le devenir aussi. Si elle est plutôt angoissée et craintive, elle risque d’empêcher qu’on s’approche de ses petits, ce qui retarde le contact du chaton avec l’être humain : il a alors toutes les chances d’être ensuite moins réceptif aux jeux, aux caresses et aux contacts.

Enfin, dans la mesure où le caractère du chaton est en grande partie forgé au cours de son premier mois d’existence, il possède déjà une façon bien à lui d’appréhender son environnement lorsqu’il rencontre son futur maître, et il est utopique d’espérer pouvoir l’en faire changer radicalement. Qu’il soit alors âgé de 2 ou de 3 mois, il est trop tard pour par exemple transformer un chat peureux en animal bien dans sa peau, même si quelques progrès peuvent bien sûr être faits à force de temps et de patience. C’est pourquoi il est très important de connaître le caractère d’un chaton qu’on envisage d’adopter, pour s’assurer de lui procurer un cadre familial et un environnement correspondant bien à ses besoins.

Conclusion

La socialisation et la sociabilisation du chaton sont déterminantes pour l’apprentissage des comportements sociaux vis-à-vis de ses congénères, des autres animaux et des humains. Étant donné que les expériences vécues à ce moment-là conditionnent en bonne partie ses préférences, ses peurs et son caractère, il ne faut pas hésiter à les multiplier tant qu’il en est encore temps.

En effet, un chat domestique vit facilement une quinzaine d’années, qui peuvent être parsemées d’une multitude de rencontres et de bouleversements plus ou moins importants. En le socialisant correctement au cours de ses 3 premiers mois, on améliore sa capacité d’adaptation et sa tolérance au changement, ce qui est le meilleur moyen d’en faire un individu équilibré, apte à mener une vie épanouie.

Dernière modification : 01/02/2021.

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