Sugar dans « Sugar, Ma vie de chat », de Serge Baeken (2014)

Sommaire de l'article

  1. Page 1 :
  2. 1. De la littérature en estampes…
  3. 2. …à la bande dessinée
  4. 3. À partir des dernières années du 19ème siècle : des chats et des journaux
  5. 4. Les années 1920 : Felix, la star de la BD
  6. 5. Les années 1940-1950 : la traversée du désert
  7. 6. Les chats à l’heure du comix
  8. 7. Les nouvelles stars félines de la BD
  9. 8. Rire, pleurer et philosopher en compagnie des chats
  10. 9. Le chat, miroir du quotidien
  11. Page 2 : « Krazy Kat », de George Herriman (1913)
  12. Page 3 : « Felix le chat », de Otto Messmer et Pat Sullivan (1919)
  13. Page 4 : Hercule dans « Pif le chien », de José Cabrero Arnal (1949)
  14. Page 5 : Le chat dingue dans « Gaston Lagaffe », de Franquin (1957)
  15. Page 6 : Azraël dans « Les Schtroumpfs », de Peyo (1959)
  16. Page 7 : Salem dans « Sabrina, l’apprentie sorcière », de Dan Decarlo et George Gladir (1962)
  17. Page 8 : « Fritz le chat », de Robert Crumb (1965)
  18. Page 9 : « Garfield », de Jim Davis (1978)
  19. Page 10 : Le chat noir dans « Les yeux du chat », de Alejandro Jodorowsky et Moebius (1978)
  20. Page 11 : Les nazis dans « Maus », de Art Spiegelman (1980)
  21. Page 12 : « Le Chat », de Philippe Geluck (1983)
  22. Page 13 : « Billy the cat », de Stephen Desberg et Stéphan Colman (1989)
  23. Page 14 : Les hommes-chats dans « Chats », de Didier Convard (1992)
  24. Page 15 : « Blacksad », de Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido (2000)
  25. Page 16 : « Le Chat du rabbin », de Joann Sfar (2002)
  26. Page 17 : Tinker dans « Nou3 », de Grant Morrison (2004)
  27. Page 18 : Le chat qui change tout le temps de nom dans « Lou ! », de Julen Neel (2004)
  28. Page 19 : « Miss Annie », de Franck Le Gall et Flore Balthazar (2010)
  29. Page 20 : Sugar dans « Sugar, Ma vie de chat », de Serge Baeken (2014)
  30. Page 21 : Choupette dans « Karl’s Secret », de Tiffany Cooper (2015)
  31. Page 22 : « Léonid », de Frédéric Brrémaud et Stefano Turconi (2015)

Publié en 2014, Sugar, Ma vie de chat est une œuvre à part dans la bande dessinée contemporaine. Connu jusque-là pour ses illustrations et ses travaux graphiques expérimentaux, l’auteur belge Serge Baeken (né en 1967) y livre un récit profondément intime : l’histoire vraie de son chat Sugar, disparu après quinze années de vie commune. L’album s’ouvre sur cette absence et évoque avec pudeur la perte de cet être cher.


Son personnage principal est donc Sugar, est un chat noir à la silhouette souple. Grâce à un trait nerveux et expressif, son apparence mêle réalisme et abstraction. Ainsi, son pelage est granuleux et sa musculature anguleuse, mais son visage, dénué de bouche et de nez dans certaines cases, serait réduit à l’état d’ombre sans ses grands yeux jaunes au regard perçant. 


Comme d’autres auteurs de son époque, Serge Baeken raconte dans Sugar, Ma vie de chat un quotidien fait de gestes simples et de rituels partagés avec l’animal, qu’il illustre dans des pages souvent dépourvues de textes. 


Elle se distingue également par certains choix originaux faits par son auteur. En particulier, plutôt que de chercher à varier l’apparence des pages en utilisant des cases de taille différente, Serge Baeken choisit de les découper en 26 petites cases aux dimensions identiques, qui lui permettent de décmposer l’action. En outre, exit les couleurs : il fait le choix audacieux du noir et blanc, ce qui permet de vraiment mettre en valeur le personnage principal de son histoire. 


Sugar, ma vie de chat s’inscrit dans une tendance forte de la bande dessinée des années 2010 : celle du récit biographique animalier, popularisé par des auteurs cherchant à montrer la tendresse de leur quotidien au côté de leur animal préféré. Le chat n’est alors plus le clown divertissant qu’on connaissait au 20ème siècle : c’est un être qui possède une personnalité à part entière et qu’on traite avec la même attention que s’il s’agissait d’un humain. Ainsi, avec cette bande dessinée, Serge Baeken montre que la mort d’un proche est une épreuve difficile, même lorsqu’il s’agit d’un animal.


À sa sortie, l’album est salué pour sa sincérité et sa maîtrise graphique. Il remporte d’ailleurs en Belgique le prix Saint-Michel de la meilleure bande dessinée d’un auteur néerlandophone.