Yoshkin kot (Ёшкин кот) est un juron russe un peu désuet et amusant que l’on pourrait traduire en français par « saperlipopette ». Littéralement, l’expression signifie « chat de Yorshkin ». Son origine demeure un mystère, mais elle pourrait être liée à un personnage du folklore russe.
La statue du Yoshkin Kot fait référence à ce juron et est une attraction touristique emblématique de Iochkar-Ola, la capitale de la république russe des Maris, située à environ 600 kilomètres à l’est de Moscou. On peut noter d’ailleurs une connexion linguistique entre le nom de la ville et celui de l’œuvre, puisque les deux débutent par la même syllabe.
Créée en 2011 par les sculpteurs locaux Sergey Yandubaev et Anatoly Shirnin, aidés du moscovite Alexey Shilov, cette statue en bronze représente un chat faisant à peu près la taille d’un homme, confortablement assis sur un banc, à la manière d’un humain, ses pattes croisées révélant ses attributs masculins. Il arbore un sourire malicieux et est installé sur une représentation d’un journal imaginaire déplié intitulé Golaya Pravda (« La Vérité nue »), clin d’œil humoristique au célèbre journal russe Pravda (« La Vérité »).
La statue a été conçue et installée pour être interactive : on peut ainsi s’asseoir à côté d’elle sur le banc pour la prendre dans ses bras ou poser elle avec pour une photo, ce qui en fait un lieu prisé par les touristes – d’autant qu’elle se situe dans le centre historique de la ville. Elle est aussi devenue l’objet de traditions et de rituels, notamment pour les étudiants de la toute proche Université d’État de Mari. En effet, selon la croyance populaire, frotter le nez du chat porterait chance, en particulier avant un examen ou tout autre événement important.
Sa popularité explique qu’une autre statue fut créée et érigée quelques rues plus loin en 2013, soit à peine deux ans plus tard. Dans un style tout aussi humoristique et grivois, celle-ci représente une chatte sensuellement féminisée, assise entre les pattes d’un gros chat qui affiche un air satisfait. Elle est nommée tout simplement Yoshkina Koshka, qui correspond à la féminisation de l’expression « yoshkin kot » : la chatte ainsi mise en scène est d’ailleurs souvent décrite comme la compagne du Yoshkin kot.
Célèbre pour son centre-ville éclectique qui mêle bâtiments inspirés du style européen et éléments de la culture des Maris, le peuple finno-ougrien autochtone, Iochkar-Ola est devenue depuis quelques années une destination touristique prisée. Certains voient dans la statue Yorshkin Kot le reflet de l’esprit de la ville : un mélange de tradition, de modernité et d’un certain sens de l’autodérision.