Classique du cinéma familial sorti en 1993 et qui se distingue par un casting principal exclusivement composé d’animaux, L’incroyable voyage (Homeward Bound: the Incredible Journey en version originale) est en réalité la deuxième adaptation à l’écran d’un livre éponyme écrit en 1961 par la romancière britannique Sheilfa Burnford (1918-1984).
Produit comme la première adaptation de 1963 par les studios Disney, il conte les aventures de deux chiens (Shadow, un Golden Retriever mâle marron et Chance, un Bouledogue Américain mâle blanc) et d’une chatte Himalayenne au pelage seal point nommée Sassy. Se pensant abandonnés par leurs propriétaires, qui en fait se sont simplement rendus temporairement à San Francisco, les trois compères décident d’entreprendre pour les rejoindre un grand voyage à travers la chaîne montagneuse des Rocheuses, dans l’ouest des États-Unis.
Mise en scène par l’Américain Duwayne Dunham (né en 1952), cette deuxième adaptation reste fidèle à l’histoire du roman, mais diffère du film de 1963 sur un point essentiel : les dialogues. En effet, alors que dans le premier opus Ben, Chance et Sassy étaient muets (ce qui est somme toute normal, pour des animaux), ils sont cette fois doués de parole. Le choix est judicieux, car il permet aux spectateurs (en particulier les plus jeunes) de s’attacher davantage à eux. Les résultats sont au rendez-vous : le film fait un carton au box-office, générant au niveau mondial pas moins de 57 millions de dollars de recettes.
Une autre raison potentielle de son succès est que L’incroyable voyage suit à la lettre la classique formule du road-trip américain : les deux chiens et la chatte multiplient en chemin les rencontres amicales ou hostiles, murissent au fil de leurs aventures, apprennent à compter les uns sur les autres et à s’entraider.
Néanmoins, leurs relations sont parfois aussi ombrageuses, notamment parce que Sassy n’est pas des plus faciles à vivre : répondant en plein à certains stéréotypes sur les chats, elle est à la fois arrogante et sarcastique. Convaincue de la supériorité de son espèce sur celle de ses deux camarades de voyage, elle est en conflit permanent avec Chance, le jeune Bouledogue Américain immature.
L’incroyable voyage est néanmoins une œuvre pédagogique, cherchant à apprendre aux enfants à surmonter les différences et à leur enseigner la valeur de l’entraide. En effet, à mesure que le récit progresse, ces personnages qu’initialement tout oppose finissent par se rapprocher et par s’apprécier. Au demeurant, ce film n’insinue pas du tout que les chats et les chiens ne sont pas censés s’entendre : Sassy a d’emblée beaucoup d’estime pour Shadow, le Golden Retriever âgé et mature sur lequel elle sait pouvoir toujours compter.
En tout cas, le fait qu’un chat soit un des acteurs principaux du film est suffisamment rare pour être souligné. En effet, autant les chiens acteurs sont chose courante au cinéma, autant les chats acteurs le sont nettement moins. Ce n’est pas sans raison : il est beaucoup plus compliqué de faire jouer les représentants de cette espèce, connus pour avoir tendance à n’en faire qu’à leur tête.
C’est d’autant plus remarquable que rien ne prédisposait Tiki, l’actrice féline choisie pour incarner Sassy, à occuper ce rôle. Victime de maltraitances dans son enfance (elle appartient à un éleveur qui lui retire ses griffes et la garde en cage le plus clair du temps, ne l’utilisant qu’à des fins de reproduction), elle est secourue à l’âge déjà avancé de 11 ans et demi par Tammy Maples, une dresseuse basée en Californie et qui travaille pour Hollywood. Il faut des mois à cette dernière pour gagner la confiance de cet animal traumatisé, et elle n’a alors aucune intention d’en faire une actrice. Toutefois, Tiki est repérée par des producteurs de Disney qui travaillent sur le film. Contre toute attente, elle se montre parfaitement à l’aise devant une caméra, alors qu’elle n’a jamais été habituée à cela. Elle est en outre capable de nager : c’est un atout de taille pour réaliser une scène emblématique durant laquelle les trois compères manquent de se noyer dans une rivière. Néanmoins, la production prend soin d’employer un faux chat et un robot pour les scènes les plus dangereuses, afin d’éviter de la mettre en danger.
Fort de ce premier succès, Tiki devient une actrice très demandée. Sa carrière se poursuit principalement à la télévision, avec notamment un rôle récurrent dans la sitcom Caroline in the City. Toutefois, elle rempile en 1996 pour L’Incroyable Voyage 2 : À San Francisco (Homeward Bound 2: Lost in San Francisco), une suite se déroulant cette fois-ci exclusivement à San Francisco.