Créature rose avec une tête de chat sans bouche (comme Hello Kitty), des pattes de lapin et une queue gigantesque, Mew est un Pokémon de type Psy extrêmement polyvalent. Grâce à sa capacité à apprendre toutes les capacités techniques des autres créatures, il peut s’adapter à presque tous les styles de jeu.
Il est cependant presque impossible à débloquer, et pour cause : à l’origine, il ne devait même pas faire partie du casting.
Lorsque Satoshi Tajiri et Ken Sugimori conçoivent le tout premier jeu Pokémon, ils ne prévoient pas d’inclure plus de 150 créatures. Un 151ème Pokémon, baptisé Mew, est bien évoqué dans des documents consultables au sein de certains lieux visités au cours de la partie, mais il n’est pas censé exister dans le jeu : il doit s’agir simplement d’un monstre légendaire censé enrichir l’univers du titre.
Toutefois, alors que le développement touche à sa fin, Shigeki Morimoto, l’un des développeurs, décide de concevoir Mew et de l’ajouter en secret. Son but n’est pas pour autant de le rendre accessible aux joueurs, mais simplement de faire une petite plaisanterie au reste de l’équipe. Lorsqu’ils découvrent Mew, Tajiri et Sugimori décident de ne pas le supprimer, mais de toute façon il est en théorie impossible de le combattre ou de le capturer.
De fait, lorsque Pokémon Rouge et Pokémon Vert sortent au Japon en 1996, Mew n’est pas trouvable par des moyens classiques. Il ne l’est pas non plus dans Pokémon Bleu, la version qui remplace Pokémon Vert lors de la sortie du titre à l’étranger deux ans plus tard. Il apparaît néanmoins sur l’écran de certains joueurs en raison de bugs imprévus. Une myriade de rumeurs, de fausses pistes et de légendes urbaines se propagent alors à son sujet — notamment dans les cours de récréation.
Au printemps 1996, Tajiri décide d’admettre l’existence de ce Pokémon dans la presse spécialisée et annonce le lancement d’un concours permettant à une poignée de joueurs tirés au sort de recevoir Mew sur leur console. L’engouement est tel que 78.000 personnes s’y inscrivent. Les malchanceux qui ne sont pas tirés au sort n’ont quant à eux pas d’autre choix que de réaliser une suite d’actions très précise afin de générer un bug faisant apparaître ce personnage.
Les rumeurs autour de son existence ainsi que sa rareté jouent un rôle essentiel dans le succès du jeu, notamment auprès des plus jeunes. Pour Nintendo, cela permet de générer du buzz pendant des mois – et même des années - sans dépenser le moindre centime.
Le nom de Mew ne sort pas de nulle part. En effet, dans Pokémon Rouge et Pokémon Vert, le joueur est amené à croiser la route d’un Pokémon surpuissant baptisé Mewtwo. Sorte de chat humanoïde à la tête arrondie, aux oreilles pointues et au corps fin et souple, il s’agit ni plus ni moins que du Pokémon le plus puissant du jeu.
Pour avoir une chance de l’affronter (et de le capturer), il faut réussir à battre le boss final de ce dernier, puis se rendre dans une grotte peuplée de monstres rares et surpuissants dans lequel attend ce Pokémon pas comme les autres.
Alors que l’univers de Pokémon est globalement enfantin, l’histoire de Mewtwo a de quoi surprendre. En effet, il ne s’agit pas d’un Pokémon naturel, mais du fruit d’un clonage de l’ADN de Mew, dans le cadre d’une expérience scientifique menée par des humains en quête de puissance. Le résultat est une créature extrêmement intelligente, mais aussi profondément tourmentée. Conscient d’avoir été créé comme une arme, manipulé dès sa naissance, Mewtwo développe une vive amertume vis-à-vis de ses créateurs et finit par se révolter contre eux.
En 1998, il devient le personnage central du film d’animation Pokémon, le film : Mewtwo contre-attaque (Gekijōban Poketto Monsutā: Myūtsū no Gyakushū, en version originale) réalisé par le Japonais Kunihiko Yuyama (né en 1952). Il y est présenté comme une figure shakespearienne, hantée par sa condition, en quête de sens et de justice. La profondeur psychologique du personnage et la noirceur de ses origines marquent fortement le jeune public, surtout au Japon. En Occident, le film est largement censuré et édulcoré pour ne pas heurter la sensibilité du jeune public.
