« Un chat un chat », par François Gravel (2009)

Une photo de François Gravel

Texte du poème « Un chat un chat »

J'ai un chat, un vraiment chouette chat.
Et comme il faut appeler un chat un chat,
Je l'appelle toujours Chat-quelque-chose.
C'est plus joli que Roger ou que Rosa-Rose.

Chaque jour, je change son nom. Le lundi, c'est Chatouille.
Le mardi, je préfère Chasseur-de- grenouilles.
Le mercredi, je trouve Chapitre assez joli.
Le jeudi, je l'appelle Charrue-avant-les-boeufs,
Et je garde Charlatan pour le vendredi.
Le samedi, mon chat s'appelle Chartreux
Et le dimanche, il se nomme Charivari.

Mon chat a sept vies, c'est pourquoi il a sept noms.
Mais comme il ne vient jamais, de toute façon,
Ou alors seulement quand il a faim,
Je devrais plutôt l'appeler Chagrin.


Mais je n'ai pas vraiment de chat,
C'est plutôt lui qui m'a.
Et le vrai nom de ce chat que je n'ai pas,
C'est Chacun-pour-soi.

Informations sur l'auteur et explications

Le poète québécois François Gravel (né en 1951) a pour habitude de s’exprimer librement, avec des mots sans prétention et teintés d’humour. Portée par la culture québécoise, qui peut parfois choquer le Vieux Continent, son écriture sans fioritures est directe, mais dénuée de méchanceté. En ce sens, il est parfaitement représentatif des Québécois, connus pour « appeler un chat un chat », c’est-à-dire s’exprimer sans prendre des pincettes.

 

Son poème « Un chat un chat » (2009) rend hommage à la façon pragmatique et résiliente du peuple québécois de tolérer les aléas de la vie. On ne force pas le félin à s’adapter à soi, alors qu’il ne désire que liberté et l’indépendance : un chat reste un chat, et on ne peut rien y changer. Par conséquent, dans un esprit de bonne entente mutuelle, mieux vaut l’accepter tel qu’il est. Or, ce qui est valable pour un chat l’est pour tous les petits imprévus et autres contrariétés du quotidien : il s’agit de les affronter avec réalisme et objectivité, et de parvenir à avancer malgré tout.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Le chat dans la poésie
  2. Page 2 : « Épitaphe d’un chat », par Joachim du Bellay (1558)
  3. Page 3 : « Jubilate Agno », de Christopher Smart (1763)
  4. Page 4 : « Chats de partout », par Henry Monnier (1830)
  5. Page 5 : « Le chat noir de la palissade », par Henry Monnier
  6. Page 6 : « Le chat (1) », par Charles Baudelaire (1857)
  7. Page 7 : « Les chats », par Charles Baudelaire (1857)
  8. Page 8 : « Femme et chatte », par Paul Verlaine (1866)
  9. Page 9 : « À une chatte », par Charles Cros (1873)
  10. Page 10 : « Berceuse », par Charles Cros (1879)
  11. Page 11 : « Vieux frère », par Jules Lemaître (1880)
  12. Page 12 : « Le chat », par Maurice Rollinat (1883)
  13. Page 13 : « Elle aperçoit un Oiseau – piaule », de Emily Dickinson
  14. Page 14 : « Le petit chat », par Edmond Rostand (1890)
  15. Page 15 : « Le chat fatal », par Emile Nelligan (1899)
  16. Page 16 : « Les p’tits chats », par Gaston Couté
  17. Page 17 : « À la mémoire d’une chatte naine que j’avais », par Jules Laforgue (1901)
  18. Page 18 : « Le chat », par Guillaume Apollinaire (1911)
  19. Page 19 : « Chat », par Paul Eluard (1920)
  20. Page 20 : « Le chat et la Lune », de William Butler Yeats (1924)
  21. Page 21 : « Le chat qui ne ressemblait à rien », par Robert Desnos (1932)
  22. Page 22 : « Mon petit chat », par Maurice Carême (1947)
  23. Page 23 : « Le sommeil du chat », par Tristan Klingsor (1948)
  24. Page 24 : « Oda al Gato », par Pablo Neruda (1959)
  25. Page 25 : « Le chat et le soleil », par Maurice Carême (1972)
  26. Page 26 : « Devant la cheminée », par Pierre Menanteau (1972)
  27. Page 27 : « Poème du chat », par Jacques Roubaud (1983)
  28. Page 28 : « Goutte de lumière », par Marc Alyn (1986)
  29. Page 29 : « Un chat un chat », par François Gravel (2009)
  30. Page 30 : « Châtiment d’un chat renversé », par Sybille Rembard (2009)
  31. Page 31 : « Chat Fantôme », de Margaret Atwood (2020)