Dors, mignon chat blanc, dors
Reste à ronronner, reste couché,
Et ferme un peu tes yeux semés d'or ;
Les souris montrent leur nez aux trous du plancher.
Dors, mignon chat blanc, mignon chat gris,
Avec ton ruban de soie au cou ;
Les souris vont venir, les jolies souris
Que tu griffes à petits coups.
Elles vont s'attabler autour
De la bonne assiette au gâteau :
Dors, mignon chat blanc à pattes de velours,
Et ne t'éveille pas trop tôt.
La poésie de Tristan Klingsor (1874-1966) garde la fraicheur de la naïveté et de la spontanéité de l’enfance. Souvent présentés sous forme de berceuses et de comptines, ses poèmes écrits en termes simples et clairs sont à la portée des petits et des adultes désireux de s’évader dans le rêve. Le romancier et dramaturge Alexandre Arnoux (1884-1973), membre de l’Académie Goncourt, qualifiait d’ailleurs Klingsor de « poète exquis, délicat, aérien (…), abondant en images transparentes et irisées, un des plus purs et des plus nécessaires de son temps ».
Cette âme enfantine se ressent parfaitement dans « Le sommeil du chat » (paru en 1948 dans Chants d’hier et d’aujourd’hui), sur lequel Walt Disney lui-même aurait pu composer un court métrage rempli de jolies petites souris et de beaux gâteaux à la crème, rappelant les aventures de ses célèbres personnages…